Très critiquée, l’Otan s'engage à accélérer les évacuations d'Afghanistan

Des Afghans se rassemblent le long d'une route en attendant de monter à bord d'un avion militaire américain pour quitter le pays, dans un aéroport militaire de Kaboul le 20 août 2021, quelques jours après la prise de contrôle militaire de l'Afghanistan par les talibans. (Photo, AFP)
Des Afghans se rassemblent le long d'une route en attendant de monter à bord d'un avion militaire américain pour quitter le pays, dans un aéroport militaire de Kaboul le 20 août 2021, quelques jours après la prise de contrôle militaire de l'Afghanistan par les talibans. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 20 août 2021

Très critiquée, l’Otan s'engage à accélérer les évacuations d'Afghanistan

  • Des milliers de personnes, cherchant désespérément à fuir le pays, affluent toujours à l'aéroport
  • Les talibans ont appelé à l'unité avant la prière du vendredi, la première depuis leur prise du pouvoir

KABOUL: Plus de 18 000 personnes ont quitté Kaboul par avion depuis que les talibans ont pris le contrôle de la capitale afghane, a déclaré vendredi un responsable de l'Otan, s'engageant à redoubler d'efforts pour accélérer les évacuations, alors que les critiques sur la gestion de la crise par l'Occident s'intensifient.

Des milliers de personnes, tentant désespérément de fuir le pays, affluent toujours à l'aéroport, a déclaré à Reuters un responsable, qui a demandé à garder l’anonymat, même si les talibans ont exhorté les personnes sans documents de voyage légaux à rentrer chez elles.

La vitesse avec laquelle les combattants islamistes talibans ont conquis l'Afghanistan, alors que les troupes américaines et étrangères achevaient leur retrait, a surpris même leurs propres dirigeants, et a laissé un vide de pouvoir dans de nombreux endroits.

Les talibans ont appelé à l'unité avant la prière du vendredi, la première depuis leur prise du pouvoir, appelant les imams à persuader la population de ne pas quitter l'Afghanistan, en plein milieu du chaos à l'aéroport, des manifestations, et de scènes de violence.

Les habitants de Kaboul et de quatre autres grandes villes ont affirmé que les prières semblaient s'être déroulées sans incidents, bien que la participation ait été faible.

Un témoin a affirmé à Reuters que plusieurs personnes avaient été tuées jeudi dans la ville d'Assadabad, à l’est de l’Afghanistan, lorsque des combattants talibans ont tiré sur une foule manifestant son allégeance à la République afghane vaincue, les nouveaux maîtres du pays s'apprêtant à établir un émirat, régi par une loi islamique stricte.

Des manifestations similaires ont eu lieu dans deux autres villes – Jalalabad et Khost – à l'est du pays, les Afghans profitant des célébrations de l'indépendance du pays en 1919, pour exprimer leur colère contre la prise de contrôle par les talibans.

Un autre témoin a rapporté avoir entendu des coups de feu près d'un rassemblement à Kaboul, mais il s'agissait apparemment de talibans tirant en l'air.

Le porte-parole des talibans n'était pas disponible pour faire des commentaires.

Kaboul est demeurée en grande partie calme, sauf dans et autour de l'aéroport, où douze personnes ont été tuées depuis dimanche, ont déclaré des responsables de l'Otan et des talibans.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a affirmé dans une interview à NBC News que les États-Unis étaient «pleinement concentrés» sur «une attaque terroriste potentielle» par un groupe tel que l'État islamique, lors de l'évacuation.

Reproches

Les critiques contre l'Otan et d'autres puissances occidentales ont pris de l’ampleur, alors que des images du chaos et de la peur extrême à l’égard du régime taliban étaient diffusées dans le monde entier.

Dans une scène partagée sur les réseaux sociaux, une petite fille a été hissée au-dessus du mur d'enceinte de l'aéroport, et remise à un soldat américain.

Le président américain, Joe Biden, devait parler des efforts en cours concernant l'évacuation à 13 heures (17H00 GMT) vendredi, après avoir fait face à un torrent de critiques pour sa gestion du retrait des troupes, négocié par la précédente administration américaine.

Biden rejette les critiques concernant le retrait chaotique effectué par son administration en Afghanistan. Il pense que les retombées politiques aux États-Unis seront limitées, selon les alliés de la Maison Blanche et les responsables de l'administration.

Selon les médias britanniques, les responsables du renseignement pourraient être confrontés à des critiques acerbes concernant les dysfonctionnements du renseignement. Plusieurs responsables britanniques n’ont pas interrompu leurs vacances lorsque la débâcle afghane a éclaté, et le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab, a été violemment critiqué pour sa première réaction à la crise.

Les gouvernements allemand et australien ont également été appelés à agir davantage et à accélérer l'évacuation des citoyens et des Afghans qui craignent d'éventuelles représailles de la part des talibans.

Jeudi, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont appelé à une réponse internationale unie de l'ONU pour éviter que la crise ne s'aggrave, dans des observations reprises par divers pays dont la Russie.

La Chine a déclaré que le monde devrait soutenir l'Afghanistan, et non faire pression sur le pays.

Un porte-parole des talibans a affirmé aux médias officiels chinois que la Chine avait joué un rôle constructif dans la promotion de la paix et de la réconciliation en Afghanistan, et qu’elle était la bienvenue pour contribuer à sa reconstruction.

Peur des représailles

Depuis la prise de Kaboul dimanche, les talibans, qui ont régné d'une main de fer de 1996 à 2001 sur le pays, avant d'être renversés par les forces dirigées par les États-Unis pour avoir abrité les militants d'Al-Qaïda à l’origine des attentats du 11-septembre, ont présenté un visage plus modéré.

Ils ont dit cette semaine qu'ils voulaient la paix, qu’ils ne se vengeraient pas de vieux ennemis, et respecteraient les droits des femmes dans le cadre de la loi islamique.

Alors que les talibans s'efforcent de mettre en place un gouvernement, avec notamment des pourparlers avec un ancien président, Hamid Karzaï, ils font face à de nouveaux problèmes. Des centaines de responsables gouvernementaux n'ont par exemple pas été payés depuis deux mois, selon un responsable taliban. «Il est trop tôt pour dire comment ce problème sera résolu, mais c'est un défi immédiat», a affirmé le responsable.

Un groupe de renseignement norvégien a précisé dans un rapport que les talibans avaient commencé à établir une liste noire de personnes afghanes liées à l'administration précédente ou aux forces dirigées par les États-Unis qui la soutenaient. Les plaintes de certains journalistes afghans ont semé le doute sur les garanties fournies par les talibans sur l’autorisation de médias indépendants.

Amnesty International a déclaré qu'une enquête avait révélé que les talibans avaient assassiné neuf hommes de l'ethnie hazara, après avoir pris le contrôle de la province de Ghazni le mois dernier, faisant craindre que les talibans, dont les membres sont des musulmans sunnites, ne ciblent les hazaras, qui appartiennent pour la plupart à la minorité chiite.

Le porte-parole des talibans n'était pas disponible dans l'immédiat pour réagir à ces informations.

Un parlementaire américain a affirmé que les talibans utilisaient des fichiers de l'agence de renseignement afghane pour identifier les Afghans qui travaillaient pour les États-Unis.

«Ils intensifient méthodiquement leurs efforts pour trouver ces personnes», a affirmé Jason Crow, qui a dirigé les efforts du Congrès américain pour accélérer l'évacuation des Afghans affiliés aux États-Unis.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.


Vingt militaires turcs tués dans le crash d'un avion en Géorgie

L'avion avait décollé de Gandja, dans l'ouest de l'Azerbaïdjan, en direction de la Turquie. Il s'est écrasé peu après être entré dans l'espace aérien géorgien mardi après-midi. (AFP)
L'avion avait décollé de Gandja, dans l'ouest de l'Azerbaïdjan, en direction de la Turquie. Il s'est écrasé peu après être entré dans l'espace aérien géorgien mardi après-midi. (AFP)
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  • Les autorités turques, qui ont publié les noms et portraits des vingt victimes, n'ont pas communiqué pour l'heure sur les possibles raisons du crash de l'appareil C-130
  • Il n'y a aucun survivant, selon la Turquie, qui avait indiqué mardi que 20 militaires se trouvaient à bord de l'appareil

ISTANBUL: Vingt militaires turcs sont morts dans le crash mardi d'un avion cargo militaire turc dans l'est de la Géorgie, a annoncé mercredi le ministère turc de la Défense.

Les autorités turques, qui ont publié les noms et portraits des vingt victimes, n'ont pas communiqué pour l'heure sur les possibles raisons du crash de l'appareil C-130.

Il n'y a aucun survivant, selon la Turquie, qui avait indiqué mardi que 20 militaires se trouvaient à bord de l'appareil.

L'avion avait décollé de Gandja, dans l'ouest de l'Azerbaïdjan, en direction de la Turquie. Il s'est écrasé peu après être entré dans l'espace aérien géorgien mardi après-midi.

L'épave de l'appareil avait été localisée en fin d'après-midi à quelques kilomètres de la frontière azerbaïdjanaise.

Des vidéos amateurs filmées par des témoins du crash montrent un appareil qui chute en tournoyant, laissant un panache de fumée blanche dans son sillage, avant de s'écraser au loin en dégageant une épaisse colonne de fumée noire.

Sur ces images, l'appareil apparaît déjà en partie désintégré lors de sa chute.

Le président Recep Tayyip Erdogan avait évoqué dès mardi après-midi des "martyrs", sans toutefois faire état d'un bilan.

Les autorités géorgiennes ont annoncé l'ouverture d'une enquête pour éclaircir les circonstances du crash.

Les C-130 Hercules sont des avions militaires de fabrication américaine développés par Lockheed Martin et produits depuis les années 1950. Ils sont encore très populaires à travers le monde.