Afghanistan: l'émissaire Khalilzad, symbole de l'échec cuisant des Américains

L'envoyé spécial américain pour l'Afghanistan, Zalmay Khalilzad, regarde le hall d'un hôtel à Doha, la capitale du Qatar, lors d'une réunion internationale sur l'escalade du conflit en Afghanistan, le 12 août 2021. (Photo, AFP)
L'envoyé spécial américain pour l'Afghanistan, Zalmay Khalilzad, regarde le hall d'un hôtel à Doha, la capitale du Qatar, lors d'une réunion internationale sur l'escalade du conflit en Afghanistan, le 12 août 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 23 août 2021

Afghanistan: l'émissaire Khalilzad, symbole de l'échec cuisant des Américains

  • Ce diplomate de carrière, né en Afghanistan et âgé de 70 ans, a été le représentant de Washington dans les pourparlers avec les talibans à Doha, qui ont débouché sur l'accord en février 2020 prévoyant le retrait des forces américaines et étrangères
  • Avant de parvenir à cet accord, il a conduit pendant des mois d'intenses tractations qui l'ont mené de capitale en capitale, participé à des sommets dans de luxueux hôtels et donné des conférences dans de prestigieux centres de réflexion

KABOUL : L'émissaire américain Zalmay Khalilzad en était convaincu: si quelqu'un pouvait ramener la paix en Afghanistan, c'était lui-même. Au final, il aura surtout contribué au retour des talibans et à la mort de la république afghane.

Ce diplomate de carrière, né en Afghanistan et âgé de 70 ans, a été le représentant de Washington dans les pourparlers avec les talibans à Doha, qui ont débouché sur l'accord en février 2020 prévoyant le retrait des forces américaines et étrangères de ce pays.

Avant de parvenir à cet accord, qualifié à l'époque d'historique, il a conduit pendant des mois d'intenses tractations qui l'ont mené de capitale en capitale, participé à des sommets dans de luxueux hôtels et donné des conférences dans de prestigieux centres de réflexion.

Partout, il a assuré que les talibans étaient prêts à faire des concessions et à trouver un compromis.

Auparavant loquace sur les réseaux sociaux, M. Khalilzad est silencieux depuis que les talibans ont repris avec une vitesse stupéfiante le pouvoir le 15 août, après l'effondrement du gouvernement soutenu par les États-Unis.

Le département d’État américain a indiqué la semaine dernière qu'il était resté au Qatar, tentant de contribuer au téléphone à la conclusion d'un accord politique.

Mais c'est bien l'accord de 2020, et le désastre qui en a découlé, qui restera son héritage en Afghanistan.

Pour Husain Haqqani, un ancien ambassadeur pakistanais aux États-Unis désormais analyste au Hudson Institute, M. Khalilzad a répété aux présidents américains successifs qu'il tenait un accord de paix, quand ce n'était qu'une reddition déguisée.

"Il a mal négocié, enhardi les talibans et prétendu que les discussions déboucheraient sur un accord de partage du pouvoir, même si les talibans n'en avaient aucunement l'intention", explique M. Haqqani à l'AFP.

Vagues garanties

M. Khalilzad a été nommé émissaire pour l'Afghanistan en 2018, sous Donald Trump, pour négocier avec les talibans, après des années de guerre contre ceux que Washington avait chassés du pouvoir en 2001 juste après les attentats du 11-Septembre.

Né à Mazar-i-Sharif, dans le nord de l'Afghanistan, il parle couramment le pachtou et le dari, les deux principales langues du pays. Sa carrière reste associée aux "faucons" de l'administration de George W. Bush du début des années 2000, dont il était proche, en particulier le vice-président Dick Cheney. 

Il occupe divers postes au département d'État et au Pentagone avant d'être un très influent ambassadeur des États-Unis en Afghanistan de 2003 à 2005, puis d'occuper les mêmes fonctions en Irak. Il gagne une réputation de fin négociateur.

Ambassadeur des États-Unis à l'ONU de 2007 à 2009, il critique ensuite la gestion de la guerre afghane par le président Barack Obama, en particulier sa décision de retirer les troupes américaines.

Il revient sur le devant de la scène en 2018 sous Donald Trump, nommé conseiller à la Défense nationale d'une administration qui avait décidé de parler aux talibans.

Pour lancer le processus, M. Khalilzad obtient cette année-là la libération du mollah Abdul Ghani Baradar, cofondateur des talibans, détenu depuis 2010 au Pakistan.

Pendant ces mois de négociation au Qatar, il a semblé avoir développé une relation de proximité avec les délégués talibans. Des photos où il échange de franches rigolades avec eux font froncer bien des sourcils en Afghanistan, où la guerre fait toujours rage.

Le 29 février 2020 à Doha, les États-Unis signent en grande pompe avec les talibans un accord historique prévoyant le retrait de tous les soldats étrangers d'ici le 1er mai 2021. Mais ils obtiennent peu en échange.

"Khalilzad n'a arraché qu'un engagement fort: qu'ils n'attaqueraient pas les États-Unis et ses alliés", pendant la phase de retrait des troupes, a écrit Kate Clark, membre de l'Afghanistan Analyst Network, dans un rapport récent.

« Sa stratégie a échoué »

Les autres promesses des talibans de couper les ponts avec Al-Qaïda et autres groupes jihadistes, et de négocier avec le gouvernement afghan sont encore plus évasives.

Avec le recul, cet accord paraît n'avoir été qu'une série de concessions des Américains, qui devaient quitter l'Afghanistan sans avoir obtenu un cessez-le-feu, ni même établi le cadre d'un futur accord de paix.

Plutôt que tenter d'obtenir plus des talibans, M. Khalilzad a ces derniers mois encore accentué la pression sur le gouvernement afghan, le poussant à libérer des milliers de leurs prisonniers, qui sont immédiatement allés renforcer les insurgés.

La confirmation par le président Joe Biden en avril du retrait américain, dont il a juste repoussé l'échéance au 31 août, a convaincu les talibans de lancer une vaste offensive, qui les a menés en quelques mois à Kaboul et au pouvoir.

Deux jours avant leur entrée dans la capitale le 15 août, le parlementaire américain Michael Waltz, un vétéran de l'armée passé par l'Afghanistan, avait envoyé une lettre à M. Biden, dans laquelle il dénonçait les "mauvais conseils" de l'émissaire.

"Sa stratégie diplomatique a échoué dans les grandes largeurs", a-t-il écrit, estimant qu'"au regard de cette catastrophe", M. Khalilzad devait "immédiatement démissionner ou être relevé de ses fonctions."

 


Le Royaume-Uni, la France et l'Arabie saoudite discutent de la création d'un État palestinien

Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
Short Url
  • David Lammy, ministre des affaires étrangères : des discussions sont en cours avant la conférence de l'ONU en juin
  • "Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, ait vécu sans État pendant plus longtemps que je n'ai vécu"

LONDRES : Le gouvernement britannique est en pourparlers avec ses homologues français et saoudien au sujet de la reconnaissance officielle d'un État palestinien, a révélé le ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy.

Les discussions devraient avoir lieu lors d'une conférence aux Nations unies en juin, a rapporté The Guardian.

Jusqu'à présent, 160 pays reconnaissent la Palestine, dont récemment l'Espagne, la Norvège et l'Irlande. Si un accord peut être conclu, cela signifierait l'ajout de deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies - et alliés clés d'Israël - à cette liste.

M. Lammy a déclaré à la commission des relations internationales de la Chambre des Lords que la reconnaissance de la Palestine par les pays de l'UE n'avait fait que peu ou pas de différence dans la progression vers la création d'un État, et que le Royaume-Uni souhaitait faire plus qu'un geste symbolique.

"Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, vive sans État depuis plus longtemps que moi", a-t-il déclaré à la commission.

"Nous avons toujours dit que la reconnaissance n'était pas une fin en soi et que nous préférerions qu'elle fasse partie d'un processus menant à deux États.

"Le président (français) Emmanuel Macron a eu beaucoup à dire à ce sujet, tout récemment, aux côtés des Saoudiens, et nous sommes bien sûr en discussion avec eux en ce moment".

M. Lammy a déclaré qu'un État viable ne pouvait pas inclure le maintien du Hamas au pouvoir à Gaza, et qu'un processus de démilitarisation complète de l'enclave devrait être entrepris.

Il a ajouté que l'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie constituait une menace pour une solution à deux États et que la violence des colons contre les Palestiniens était "choquante".

Il s'en est également pris à Israël qui continue d'empêcher l'aide d'entrer dans la bande de Gaza : "Le blocus de l'aide nécessaire à Gaza est épouvantable, les souffrances sont terribles, les besoins sont immenses, les pertes en vies humaines sont extrêmes.

Le 9 avril, M. Macron a déclaré que la France reconnaîtrait probablement un État palestinien lors de la conférence de juin, à la suite d'une visite officielle en Égypte.

Il a ensuite déclaré que cette décision, qui serait le premier acte de reconnaissance d'un État du G7, visait à "déclencher une série d'autres reconnaissances [...], y compris la reconnaissance d'Israël par des États qui ne le font pas actuellement".

Michel Duclos, conseiller spécial à l'Institut Montaigne, un groupe de réflexion basé à Paris, a déclaré au Guardian que le résultat de la conférence de juin "pourrait n'être rien de plus qu'une feuille de route ou un ensemble de propositions".

Il a ajouté : "Le dilemme pour la France pourrait bientôt devenir plus difficile : peut-elle continuer à reporter sa reconnaissance de la Palestine en attendant une véritable dynamique de deux États ? Ou bien un nouveau report nuirait-il à sa crédibilité ?".

L'Arabie saoudite a clairement indiqué que la normalisation des liens avec Israël était subordonnée à la recherche d'une solution à deux États.


Le président russe Vladimir Poutine reçoit le ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis 

Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
Short Url
  • Les deux parties discutent d'initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police
  • Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police

DUBAI : Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur des Émirats arabes unis, lors d'une réunion officielle, a rapporté jeudi l'Agence de presse des Émirats.

Les deux parties ont discuté des relations bilatérales, soulignant leur engagement commun à promouvoir la paix et la coopération mondiale.

Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police, notamment les progrès réalisés dans le cadre du dialogue stratégique entre les services de police, les programmes de formation en matière de protection de l'enfance et d'autres efforts de collaboration.

Mohammed Ahmed Al-Jaber, ambassadeur des Émirats arabes unis auprès de la Fédération de Russie.


Ukraine: 7 morts après une frappe ukrainienne sur une ville occupée par Moscou

 Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
Short Url
  • La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou
  • Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne

MOSCOU: Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local.

"Vers 09H30, à Olechky, dans la zone du marché central, des soldats ukrainiens ont mené une frappe massive de drones (...) sur des civils. Beaucoup de gens se trouvaient au marché au moment de l'attaque", a affirmé sur Telegram Vladimir Saldo, le dirigeant régional nommé par Moscou.

"Selon des données préléminaires, il y a au moins sept morts et plus de 20 blessés", a-t-il ajouté.

Dans un message distinct, toujours sur Telegram, il a accusé l'armée ukrainienne d'avoir envoyé de nouveaux drones après la première vague de l'attaque pour "achever les survivants" sur place.

Il a publié une vidéo présumée des lieux de l'attaque, filmée depuis les airs et non authentifiée, montrant des volutes de fumée s'échappant de petits batîments.

La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou.

Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne.

Le fleuve Dnipro marque dans cette zone la ligne de front et les attaques de drones, de part et d'autre, sont constantes et font très régulièrement des victimes civiles.