Avec le sommet de Bagdad, l'Irak se voit en médiateur régional

Une photo fournie par l'agence de presse koweïtienne KUNA le 22 août 2021 montre le président du parlement koweïtien Marzouq al-Ghanim (à droite) recevant le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi au Koweït. (Photo, AFP / KUNA))
Une photo fournie par l'agence de presse koweïtienne KUNA le 22 août 2021 montre le président du parlement koweïtien Marzouq al-Ghanim (à droite) recevant le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi au Koweït. (Photo, AFP / KUNA))
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Publié le Mardi 24 août 2021

Avec le sommet de Bagdad, l'Irak se voit en médiateur régional

  • Dans l'entourage du Premier ministre Moustafa al-Kazimi, on assure vouloir doter l'Irak d'un rôle de «rassembleur dans la région»
  • La question iranienne et, par extension, la souveraineté de l'Irak devraient être évoquées

BAGDAD: Après 40 ans de conflits l'ayant marginalisé, l'Irak aimerait jouer un rôle de médiateur lors d'un sommet samedi à Bagdad avec pour ambition de "désamorcer" les tensions régionales, notamment entre les puissances saoudienne et iranienne.

Fini l'Irak du dictateur Saddam Hussein qui inspirait "crainte et mépris", finie aussi l'ère de l'"État (...) piétiné par ses voisins" après l'invasion emmenée par les États-Unis en 2003, assure la politologue irakienne Marsin Alshamary.

Dans l'entourage du Premier ministre Moustafa al-Kazimi, on assure vouloir doter l'Irak d'un rôle de "rassembleur pour désamorcer des crises qui secouent la région". 

Un défi cependant pour ce pays où l'Iran exerce sa mainmise et où l'État semble toujours impuissant à répondre aux attentes de sa propre population s'agissant des emplois, des services de base, de l'impunité... 

Le président français Emmanuel Macron, seul acteur extra-régional, est l'un des seuls à avoir confirmé sa venue avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi Abdallah II de Jordanie. Ont aussi été conviés les présidents turc et iranien ainsi que le roi d'Arabie saoudite, mais, de source irakienne, ces derniers n'ont pas encore dit s'ils comptaient faire le déplacement.

«Force médiatrice»

La présence des rivaux iraniens et saoudiens à ce sommet serait déjà un événement en soi et pourrait conforter Bagdad dans sa position de "force médiatrice", explique le chercheur Renad Mansour de Chatham House. 

Bagdad a déjà accueilli ces derniers mois des rencontres à huis clos entre représentants des deux puissances régionales. À présent, relève M. Mansour, l'objectif pour l'Irak est de passer du statut de "messager" à celui de "meneur" dans les pourparlers entre les deux pays qui ont rompu leurs relations en 2016.

Mais les organisateurs irakiens maintiennent le mystère sur les sujets à l'ordre du jour du sommet. 

Sans doute l'Irak entend-il aussi évoquer l'influence iranienne sur son sol. Une présence critiquée par nombre d'Irakiens et qui risque de saper la prétention de Bagdad à s'imposer comme médiateur un tant soi peu neutre entre Téhéran et Ryad.

"L''Irak veut reprendre le contrôle de sa trajectoire et, surtout, il ne veut plus subir sur son territoire les effets des tensions régionales", fait valoir un observateur étranger qui suit le dossier et a requis l'anonymat.

En clair: la question iranienne et, par extension, la souveraineté de l'Irak devraient être évoquées.

Les Irakiens ayant manifesté en 2019 entendaient conspuer une classe politique jugée incapable et corrompue mais aussi protester contre la mainmise de l'Iran sur l'Irak. La présence la plus visible de la République islamique dans le pays sont les groupes armés pro-Téhéran coalisés au sein du Hachd al-Chaabi et désormais intégrés à l'État.

Depuis le début de la révolte populaire, plus de 70 militants ont été victimes d'assassinats ou de tentatives d'assassinat.

Personne n'a revendiqué ces attaques mais les militants prodémocratie sont convaincus que les tueurs ne sont pas arrêtés car liés à l'Iran. 

Par ailleurs, les factions du Hachd al-Chaabi n'ont pas revendiqué les dizaines d'attaques menées ces derniers mois contre les intérêts américains en Irak, mais elles sont largement suspectées d'en être responsables. Elles réclament aussi le départ des 2 500 soldats américains encore sur le sol irakien. 

Corruption, pénuries d'électricité

Autre dossier brûlant concernant la souveraineté: les opérations militaires menées par la Turquie dans le nord de l'Irak, notamment au Kurdistan, contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), des "terroristes" selon Ankara. 

Les frappes à répétition qui tuent parfois des civils hérissent le gouvernement irakien, mais il peut difficilement hausser le ton face à l'un de ses principaux partenaires commerciaux.

Au plan intérieur, le sommet de samedi se tient à moins de deux mois d'élections législatives dans un pays qui traverse une grave crise sociale et économique sur fond de pandémie de coronavirus.

"Les Irakiens n'ont pas le sentiment que le gouvernement les représente (...). Beaucoup d'Irakiens sont victimes de la corruption", note Renad Mansour. Et cet été a été marqué par des incendies meurtriers dans des hôpitaux, des pénuries d'électricité et la sécheresse. 

S'il n'est pas candidat à un siège au Parlement, Moustafa al-Kazimi pourrait vouloir garder son poste grâce à une "nouvelle coalition gouvernementale où les différents partis doivent se mettre d'accord sur un Premier ministre", explique Marsin Alshamary. À charge pour lui de ne pas délaisser la crise sociale.


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté.