En Jordanie, l'extraction de cuivre dans une réserve naturelle soulève le débat

Le gouvernement jordanien est allé jusqu'à proposer de fournir une parcelle de terrain équivalente à celle qui sera amputée de la réserve en raison du minage du cuivre. (Reuters)
Le gouvernement jordanien est allé jusqu'à proposer de fournir une parcelle de terrain équivalente à celle qui sera amputée de la réserve en raison du minage du cuivre. (Reuters)
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Publié le Mardi 24 août 2021

En Jordanie, l'extraction de cuivre dans une réserve naturelle soulève le débat

  • Le Conseil international des monuments et des sites de Jordanie a exhorté la communauté internationale à protéger la réserve
  • La princesse Dana Firas, ancienne ambassadrice de bonne volonté de l'Unesco, a invité le gouvernement à revenir sur cette décision dans les plus brefs délais

AMMAN: Des représentants du gouvernement jordanien ont engagé un débat sur l’extraction de cuivre prévue dans certaines parties de la réserve naturelle de Dana, qui fait partie des sites que l'Unesco envisage d'intégrer aux réserves de biosphère mondiales.

Selon l'ancien ministre de l'Environnement Yaseen Khayyat, le moindre changement dans la superficie de la réserve amènerait l'Unesco à remettre en cause, voire à rejeter la candidature de la Jordanie.

M. Khayyat fait valoir que les projets d'exploitation minière risquent de perturber l'équilibre environnemental de cette réserve naturelle particulièrement riche.

À son tour, le Conseil international des monuments et des sites de Jordanie, placé sous la direction de la princesse Dana Firas, ancienne ambassadrice de bonne volonté de l'Unesco, a exhorté la communauté internationale à protéger cette réserve. Elle a donc invité le gouvernement à revenir sur cette décision dans les plus brefs délais.

La Société royale pour la conservation de la nature a pour sa part exprimé son opposition à toute redéfinition des frontières, assurant qu'elle n'hésiterait pas à «prendre toutes les mesures légales» et «à recourir à l'escalade, conformément à la loi jordanienne» en vue de préserver les réserves naturelles du pays.

Khalid al-Irani, le président de la Société royale pour la conservation de la nature (RSCN), chargée de la gestion du site, a indiqué que cette annonce était un «triste jour» pour la Jordanie.

La réserve naturelle de Dana, la plus grande du pays, est un espace de 320 kilomètres carrés de montagnes et de vallées qui borde la vallée du Grand Rift.

Elle abrite une faune et une flore variées, dont un grand nombre d'espèces sont rares et en voie de disparition.

Les écologistes soutiennent que cette décision illustre une vision à court terme, à la différence du gouvernement, qui affirme qu'elle est indispensable et qu'elle n'affectera pas durablement l'environnement.

Lors d'un événement organisé par la Coalition des organismes de développement de Jordanie (Jonaf), à l'occasion de la Journée mondiale de l'aide humanitaire, l'ancien ministre Youssouf Mansour a qualifié la décision de «myope».

Selon lui, la réserve de Dana a cessé d'être placée au centre des attractions touristiques de la Jordanie.

«Nous ne pouvons pas substituer un profit naturel majeur à un profit dérisoire».

Le gouvernement a fait état d'un accord conclu depuis 2016 avec une société contractante internationale destiné à examiner la possibilité d’une exploitation minière. Selon lui, la RSCN a empêché cette entreprise d'accéder aux sites concernés. S’il se dit parfaitement conscient de l'importance environnementale de Dana, il affirme que l'exploitation minière n'affectera en rien cette réserve naturelle.

Par ailleurs, le gouvernement est allé jusqu'à proposer de fournir une parcelle de terrain équivalente à celle qui sera amputée de la réserve en raison du minage du cuivre, estimant que les mines de cuivre apporteraient au pays des revenus dont il a cruellement besoin et qu’elles fourniraient de l'emploi à des milliers de Jordaniens.

Ces affirmations sont remises en question par un certain nombre d’écologistes et d’économistes qui considèrent que les bénéfices obtenus grâce à cette activité seront relativement faibles.

Maher Hijazin, ancien directeur de l'Autorité des ressources naturelles, explique que l'extraction du cuivre rapportera entre 3 et 4 milliards de dinars jordaniens (JOD), soit 4,23 milliards de dollars, au cours des vingt prochaines années et qu'elle fournira de l'emploi à mille Jordaniens.

Cependant, le volume de ces revenus est contesté par M. Mansour: «Les revenus annuels avoisineront les 30 millions de JOD dans vingt ans», écrit-il sur Twitter. «Il est inutile de se montrer avide.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Jordanie: 4 condamnations à 20 ans de prison dans une affaire liée aux Frères musulmans

La police jordanienne se tient devant le bureau du Front d'action islamique à Amman, en Jordanie, le 23 avril 2025. (Reuters)
La police jordanienne se tient devant le bureau du Front d'action islamique à Amman, en Jordanie, le 23 avril 2025. (Reuters)
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  • La Cour de sûreté de l'Etat en Jordanie a condamné mercredi à 20 ans de prison quatre personnes reconnues coupables de détention d'armes et d'actes "mettant en danger la sécurité nationale"
  • Le 15 avril, les autorités ont annoncé l'arrestation de 16 personnes, dont des membres des Frères musulmans, soupçonnées de plans "visant à nuire à la sécurité nationale, à semer le chaos et à commettre des actes de sabotage en Jordanie"

AMMAN: La Cour de sûreté de l'Etat en Jordanie a condamné mercredi à 20 ans de prison quatre personnes reconnues coupables de détention d'armes et d'actes "mettant en danger la sécurité nationale", dans une affaire liée aux Frères musulmans récemment interdits.

Le 15 avril, les autorités ont annoncé l'arrestation de 16 personnes, dont des membres des Frères musulmans, soupçonnées de plans "visant à nuire à la sécurité nationale, à semer le chaos et à commettre des actes de sabotage en Jordanie".

Quelques jours plus tard, elles ont interdit toutes les activités des Frères musulmans et fermé leurs bureaux, imputant à cette confrérie islamiste des "activités de nature à déstabiliser le pays", notamment la fabrication et le stockage de roquettes et explosifs.

Selon un communiqué, la Cour de sûreté de l'Etat a prononcé des peines de 20 ans de prison contre quatre des 16 accusés et les a condamnés à une amende non précisée.

Ils ont été reconnus coupables de "détention d'explosifs, d'armes et de munitions avec l'intention de les utiliser illégalement, et d'avoir commis des actes susceptibles de perturber l'ordre public et de mettre en danger la sécurité" nationale.

Le communiqué n'a pas précisé si parmi les personnes condamnées figuraient des membres des Frères musulmans.


Déploiement des forces de sécurité près de Damas après des violences meurtrières

Des membres des forces de sécurité syriennes se déploient dans une zone proche de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025, au milieu d'affrontements sectaires meurtriers. (AFP)
Des membres des forces de sécurité syriennes se déploient dans une zone proche de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025, au milieu d'affrontements sectaires meurtriers. (AFP)
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  •  Les forces de sécurité se sont déployées mercredi près de Damas après des heurts meurtriers entre combattants druzes et islamistes liés au pouvoir
  • Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a mené des frappes sur la région de Sahnaya près de Damas et menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences

DAMAS: Les forces de sécurité se sont déployées mercredi près de Damas après des heurts meurtriers entre combattants druzes et islamistes liés au pouvoir, l'ONU dénonçant ces violences "inacceptables" mais aussi l'intervention militaire d'Israël.

Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a mené des frappes sur la région de Sahnaya près de Damas et menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.

Ces affrontements ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait plus de 1.700 morts, en grande majorité parmi la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

Déclenchés lundi soir dans la localité à majorité druze de Jaramana, les heurts entre groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite et combattants druzes se sont étendus mercredi à Sahnaya, faisant 22 morts -tous des combattants- selon les autorités et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les combats à Jaramana ont fait 17 morts d'après l'OSDH.

Les forces de sécurité ont annoncé leur déploiement à Sahnaya pour "rétablir l'ordre" après les violences impliquant les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam chiite dont les membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Les autorités syriennes ont averti qu'elles "frapperaient d’une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie". Elles ont accusé des "groupes hors-la-loi" d'avoir attaqué "des postes et barrages" des forces de sécurité aux abords de Sahnaya, une localité située à 15 km au sud-ouest de Damas et où vivent des druzes.

Le pouvoir du président Ahmad al-Chareh a dans ce contexte réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze". Il a aussi exprimé "son rejet catégorique de toute ingérence étrangère" après l'intervention militaire israélienne.

- Sécurité rétablie -

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus tombent sur nos maisons", a raconté à l'AFP Samer Rafaa, un habitant de Sahnaya, durant les violences. "Où sont les autorités? Nous les implorons d'assumer leur rôle. Les gens meurent."

Un accord mardi soir entre des représentants du gouvernement et les responsables druzes de Jaramana a mis fin aux affrontements dans cette localité.

Mercredi, un responsable de la région de Damas, Amer al-Cheikh, a affirmé que la plupart des membres des "groupes hors-la-loi avaient été neutralisés" à Sahnaya et que la sécurité y avait été rétablie. Il a en outre fait état de deux morts dans la frappe israélienne menée dans la région de Sahnaya.

L'attaque contre Jaramana, une banlieue de Damas, a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s'est dit "alarmé" par le "potentiel d'escalade" après les violences et exigé que cessent les attaques israéliennes.

Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre.

- "Alliés locaux" -

Mercredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz ont annoncé conjointement que l'armée avait mené "une action d'avertissement" contre un "groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de Sahnaya".

L'armée israélienne a annoncé que ses forces étaient prêtes à frapper des cibles du pouvoir syrien si "la violence contre la communauté druze persistait".

Elle a en outre affirmé avoir évacué trois druzes syriens, blessés dans les heurts près de Damas, vers Israël.

"En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...)", estime Michael Horowitz, un analyste indépendant.

Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt a appelé les druzes à "rejeter toute ingérence israélienne".

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.

Début mars, après des escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Les dignitaires druzes avaient rejeté les menaces israéliennes.


Hajj: arrivée des premiers pèlerins turcs en Arabie saoudite

L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj. (SPA)
L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj. (SPA)
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  • Les autorités ont mobilisé un personnel qualifié, multilingue et équipé des technologies les plus récentes pour faciliter les procédures d’entrée
  • Elles sont également prêtes à accueillir les pèlerins arrivant par voie terrestre, maritime ou aérienne

Médine: Les premiers vols transportant des pèlerins du Hajj en provenance de Turquie ont atterri mercredi à l’aéroport international Prince Mohammed ben Abdelaziz de Médine. Le grand pèlerinage islamique se déroulera cette année du 4 au 9 juin.

Selon l’Agence de presse saoudienne (SPA), les autorités ont mobilisé un personnel qualifié, multilingue et équipé des technologies les plus récentes pour faciliter les procédures d’entrée. Elles sont également prêtes à accueillir les pèlerins arrivant par voie terrestre, maritime ou aérienne.

L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com