«Tout peut à tout instant s'interrompre»: le défi du pont aérien entre Kaboul et Paris

Les Marines américains apportent leur aide lors d'une évacuation à l'aéroport international Hamid Karzai, à Kaboul, en Afghanistan, le samedi 21 août 2021. (AP)
Les Marines américains apportent leur aide lors d'une évacuation à l'aéroport international Hamid Karzai, à Kaboul, en Afghanistan, le samedi 21 août 2021. (AP)
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Publié le Mardi 24 août 2021

«Tout peut à tout instant s'interrompre»: le défi du pont aérien entre Kaboul et Paris

  • Sous pression de ses alliés, le président américain Joe Biden a insisté sur le fait qu'il souhaitait s'en tenir à la date-butoir du 31 août, sans toutefois complètement exclure un éventuel report
  • Le ministre britannique de la Défense a indiqué que le Royaume-Uni avait évacué 8 600 personnes depuis le 14 août

PARIS: "Tout cela peut à tout instant s'interrompre": pour les diplomates et militaires chargés de mettre à l'abri des milliers d'Afghans menacés par les talibans, chaque évacuation tourne à l'exploit.


"Nous ne savons pas de combien de temps nous disposons encore", confie une source française alors que les embûches ne cessent de s'accumuler à l'entrée de l'aéroport et que la date butoir du 31 août se rapproche dangereusement.


Si les Etats-Unis suivent leur objectif de retrait total le 31 août, "pour nous, en termes de rétroplanning, cela veut dire que notre opération se termine jeudi soir. Donc il nous reste trois jours", a expliqué le directeur de cabinet du ministre français des Affaires étrangères, Nicolas Roche, au Premier ministre Jean Castex.


Les Etats-Unis, qui ont déployé 5.000 soldats pour sécuriser l'aéroport, n'excluent pas de rester au-delà. Mais les talibans, qui ont reconquis le pays au terme d'une offensive éclair, s'opposent à tout report.


"Les conditions sont de plus en plus difficiles, elles nous obligent à nous adapter en permanence, heure par heure, demi-journée par demi-journée", résume l'ambassadeur de France à Kaboul, David Martinon, lors d'un briefing à distance avec son ministre, Jean-Yves Le Drian, et la ministre des Armées, Florence Parly, venus visiter le dispositif français d'évacuation sur la base d'Al-Dhafra aux Emirats arabes unis.


Les trois portes d'accès à l'aéroport sont régulièrement fermées, compliquant d'autant la tâche pour les diplomates retranchés dans l'enceinte qui doivent récupérer les personnes sur leurs listes bloquées à l'extérieur.


"A la porte sud, le portail est tombé (dans une bousculade), il a été remplacé par des containers blindés qui obstruent complètement l'accès et obligent les parachutistes britanniques à faire des acrobaties pour faire rentrer" les Afghans qu'ils veulent exflitrer, raconte David Martinon. 


A l'extérieur, les candidats au départ doivent attendre des heures, parfois des jours dans une chaleur écrasante, avant de se frayer un chemin au milieu d'une foule compacte qui tente par tous les moyens de fuir. 

 

«Peu probable» que les Etats-Unis prolongent le délai pour les évacuations, estime Londres

Le gouvernement britannique a estimé "peu probable" mardi que les Etats-Unis reportent leur retrait d'Afghanistan au-delà de la date prévue du 31 août pour permettre la poursuite des évacuations, avant un sommet virtuel du G7 consacré à la crise dans ce pays.


"Je pense que c'est peu probable. Pas seulement à cause de ce que les talibans ont dit, mais je pense que c'est peu probable si vous regardez les déclarations publiques du président Biden", a déclaré le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, sur la chaîne Sky News.


Les dirigeants du G7 - Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni - ainsi que les secrétaires généraux de l'Otan et de l'ONU doivent se retrouver virtuellement mardi  après-midi pour un sommet convoqué en urgence par Londres, qui préside actuellement le groupe. 


Ils doivent faire le point sur les évacuations depuis l'aéroport de Kaboul, où des milliers de candidats au départ, terrifiés par le retour au pouvoir des islamistes, sont toujours massés dans de rudes conditions, dans l'espoir de s'envoler vers l'Occident.


Plusieurs pays du G7, dont le Royaume-Uni et la France, pourraient plaider auprès de Joe Biden pour qu'il maintienne des troupes américaines au-delà du 31 août, date fixée pour un retrait total des forces américaines d'Afghanistan, afin d'achever ces évacuations. 


"Cela vaut assurément la peine d'essayer, et nous allons le faire", a souligné Ben Wallace.


Sous pression de ses alliés, le président américain Joe Biden a insisté sur le fait qu'il souhaitait s'en tenir à la date-butoir du 31 août, sans toutefois complètement exclure un éventuel report. 


Les talibans se sont eux fermement opposés à délai du départ des Américains, prévenant qu'une prolongation entraînerait des "conséquences". 


Lors du sommet, le Premier ministre britannique Boris Johnson souhaite "convenir d'une approche commune à long terme" avec ses alliés sur l'Afghanistan, et a appelé dans un communiqué diffusé lundi soir les dirigeants des grandes puissances à renforcer leur "soutien aux réfugiés et l'aide humanitaire".


"Avec nos partenaires et alliés, nous continuerons à utiliser tous les leviers humanitaires et diplomatiques pour sauvegarder les droits humains et protéger les acquis des deux dernières décennies" en Afghanistan, a-t-il promis. Il a prévenu que les talibans seraient "jugés sur leurs actes".


Le ministre britannique de la Défense a indiqué que le Royaume-Uni avait évacué 8.600 personnes depuis le 14 août.

«Acrobaties»

"Ils subissent des tirs de balles en caoutchouc, des tirs de grenades de désencerclement, pour certains les coups des check-point talibans mais les plus déterminés y arrivent", souligne David Martinon.  


Les Etats-Unis, le Canada et les Britanniques exfiltrent les milliers d'auxiliaires qui travaillent pour eux et qui passent désormais pour autant de traîtres aux yeux des nouveaux maîtres de Kaboul. 


La France, qui n'a plus de présence militaire sur place depuis 2014, extrait surtout des Afghans menacés pour leur engagement en faveur des droits des femmes, de l'éducation ou de la culture.


Elle en a déjà exfiltré près de 2.000 dans un pont aérien désormais bien rôdé entre Kaboul, Abou Dhabi et Paris. Mais doit encore traiter des "milliers de signalements" d'Afghans menacés, vérifiant leur biographie en accéléré, par téléphone, auprès de sources françaises ou locales, explique une source au ministère des Affaires étrangères.


A l'aéroport même, la menace d'attentats est très prégnante et les Etats-Unis déconseillent désormais à leurs ressortissants de s'en approcher sauf consignes strictes en ce sens.


"Les talibans sont présents en ville, sur la partie civile de l'aéroport, donc à proximité des pistes. Ils n'ont pas démontré pour l'instant d'hostilité avérée, néanmoins (...) ils possèdent un certain nombre d'armements qui pourraient constituer des menaces pour nos avions", relève le colonel Yannick Desbois, qui commande la base 104 à Al-Dhafra.

Magistrats, médecins... un profil qui «va faciliter l'intégration» des Afghans évacués en France

Issus des élites, pour moitié des femmes, les Afghans qui ont fui le régime taliban présentent un visage différent de la demande d'asile afghane traditionnelle, des profils propices à une meilleure intégration, estime Didier Leschi, patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration.

Question: quel est le profil des Afghans exfiltrés vers la France ? 


Réponse: "Les personnes qui arrivent ont soit travaillé pour la France, soit appartiennent à l'ancienne structure administrative, comme des magistrats, ou sont des élites urbaines ou sociales comme les médecins. Il y a aussi des journalistes ou des artistes.


Ces dernières années, 90% des demandeurs d'asile afghans (en moyenne 10.000 par an) étaient des hommes célibataires ayant une moyenne d'âge de 27 ans.


Les dernières arrivées prises en charge par la France sont composées à 90% de familles, avec un équilibre femme/homme et un tiers d'enfants. C'est socialement et démographiquement une autre demande d'asile.


Il s'agit de personnes qui, pour des raisons de position sociale, d'activité dans la société civile ou de prise de position sont considérées comme hostiles par les talibans et donc sont manifestement en besoin de protection.

Q: Cela peut-il permettre une meilleure intégration que la moyenne des Afghans, premiers demandeurs d'asile en France ?


R: La présence de familles, grâce en particulier à la présence d'enfants, va faciliter l'intégration. De même qu'un niveau scolaire élevé facilite l'apprentissage du français, c'est une situation inverse à celle des hommes célibataires, non lecteurs, non scripteurs que nous avons eu à prendre en charge ces dernières années.


On peut donc espérer un accès plus rapide à l'autonomie, ce qui suppose en particulier d'accéder à un logement et un emploi.


Or, le logement n'est plus uniquement une compétence de l'Etat. C'est pour cela que nous n'attendons pas tant que les villes qui se déclarent ouvertes à l'accueil proposent de l'hébergement temporaire, mais plutôt qu'elles travaillent avec nous à l'accès au logement. 


Actuellement, la durée moyenne de séjour dans les hébergements (d'urgence) est de plus de 620 jours. Et les Afghans constituent la première nationalité dans cette situation qui peut être vécue comme une impasse frustrante.


La France est depuis plusieurs années le principal pays d'accueil des demandeurs d'asile afghans, avec un très haut taux de protection, supérieur à ceux pratiqués en Allemagne, en Suède et dans d'autres pays vers lesquels avaient souhaité se diriger les Afghans.


C'est pour cela qu'avant la chute de Kaboul, un sur deux avait déjà été débouté dans un autre pays ou relevait d'un autre pays.


L'enjeu pour la France, au-delà même du cas afghan, est l'harmonisation (européenne) dans les taux de protection et, pour les Afghans qui ont déjà été déboutés dans un autre pays, que les pays qui demeurent responsables de ces personnes réexaminent les décisions négatives.

Q: Qu'est-ce que l'expérience de la crise migratoire syrienne nous a appris pour mieux gérer l'accueil des Afghans ?


R: La poussée migratoire de 2015-2016 nous a appris que les passeurs utilisent les crises pour permettre l'arrivée de personnes qui ne sont pas nécessairement en besoin de protection.


Il faut rappeler que sur les 1,2 million de personnes rentrées en Allemagne à l'époque, seules 36% étaient Syriennes. Le même phénomène peut se reproduire, d'où la vigilance nécessaire car la prise en charge de ceux qui ont un réel besoin de protection peut être entravée par l'arrivée de personnes dont le motif de migration ne relève pas de la convention de Genève.


Enfin, elle a été la démonstration que les parcours migratoires sont aussi liés à l'appréciation que les personnes ont de leurs capacités à s'intégrer dans la société qu'ils souhaitent rejoindre.


C'est pour cela que les classes moyennes ou supérieures syriennes, souvent anglophones, ont préféré d'autres pays que la France. Nous allons voir ce qui va se passer avec les Afghans qui fuient aujourd'hui la prise de pouvoir par les talibans."

«Défi de l'empathie»

Le groupe Etat islamique, rival des talibans, revendique aussi régulièrement des attentats dans le pays.


Face à la menace, les A400M français descendent en piqué et sont équipés de leurres pour mieux esquiver d'éventuels tirs de missiles.


Une fois les portes de l'aéroport passées, les Afghans exfiltrés par les Français s'engouffrent dans l'un d'eux, destination les Emirats.


Sur la piste, l'appareil stationne une demi-heure tout au plus, au milieu d'une noria de gros porteurs.


"On arrive, on fait rentrer les personnes qu'on doit ramener et on repart tout de suite, sans quitter l'avion", raconte le commandant Stephen, aux commandes d'un A400M.


Outre le défi du vol, "il y a un vrai défi qui est celui de ne pas tomber dans le trop d'empathie, vouloir charger trop de réfugiés, dépasser les limitation de l'avion et puis finalement conduire jusqu'au drame", pointe le colonel Desbois.


Royaume-Uni, Canada, Australie et Portugal reconnaissent l'Etat de Palestine

Le chef de la mission palestinienne au Royaume-Uni, Husam Zomlot, réagit en regardant une émission télévisée dans laquelle le Premier ministre britannique Keir Starmer reconnaît officiellement l'État palestinien, le 21 septembre 2025, à leur mission située dans l'ouest de Londres. (AFP)
Le chef de la mission palestinienne au Royaume-Uni, Husam Zomlot, réagit en regardant une émission télévisée dans laquelle le Premier ministre britannique Keir Starmer reconnaît officiellement l'État palestinien, le 21 septembre 2025, à leur mission située dans l'ouest de Londres. (AFP)
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  • Israël voit la pression internationale s'accentuer face à la situation humanitaire désastreuse dans le territoire palestinien assiégé
  • Le Premier ministre britannique Keir Starmer a justifié cette décision par la volonté de "raviver l'espoir de paix et d'une solution à deux Etats", dans un message vidéo diffusé sur les réseaux sociaux

LONDRES: Le Royaume-Uni, l'Australie le Canada et le Portugal ont officiellement reconnu dimanche l'Etat de Palestine, à la veille d'annonces similaires d'autres pays - dont la France - et avant l'Assemblée générale de l'ONU, une décision historique mais surtout symbolique fustigée par Israël qui menace d'étendre la colonisation en Cisjordanie occupée.

Cette reconnaissance, de la part notamment d'alliés historiques d'Israël, intervient alors que l'armée israélienne a intensifié son offensive à Gaza, déclenchée par une attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien Hamas en 2023.

Israël voit la pression internationale s'accentuer face à la situation humanitaire désastreuse dans le territoire palestinien assiégé.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a justifié cette décision par la volonté de "raviver l'espoir de paix et d'une solution à deux Etats", dans un message vidéo diffusé sur les réseaux sociaux.

Le Premier ministre canadien Mark Carney a avancé le même argument, affirmant dans un communiqué l'inscrire "dans le cadre d'un effort international concerté visant à préserver la possibilité d'une solution à deux Etats".

En Australie, le chef du gouvernement, Anthony Albanese, a fait valoir "les aspirations légitimes et de longue date du peuple de Palestine à un Etat qui lui soit propre".

Leur emboitant le pas, le ministre des Affaires étrangères portugais Paulo Rangel a expliqué que "reconnaître l'Etat de Palestine est (...) l'accomplissement d'une politique fondamentale, cohérente et largement acceptée", ajoutant que la solution à deux Etats est "la seule voie vers une paix juste et durable".

"Danger" 

Un nombre croissant d'autres Etats, longtemps proches d'Israël, ont déjà franchi ce pas symbolique ces derniers mois, et ce malgré les fortes pressions des Etats-Unis et d'Israël.

Lors d'un sommet lundi coprésidé par la France et l'Arabie saoudite - qui doit se pencher sur l'avenir de la solution à deux Etats à la veille de l'Assemblée générale de l'ONU -, une dizaine de pays doivent confirmer leur reconnaissance formelle de l'Etat palestinien.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui affirmé dimanche vouloir étendre la colonisation en Cisjordanie occupée et martelé qu'il n'y aurait pas d'Etat palestinien. "Cela n'arrivera pas. Aucun Etat palestinien ne verra le jour à l'ouest du Jourdain", a-t-il dit dans une vidéo diffusée par son bureau.

Le président israélien Isaac Herzog a évoqué un "jour triste pour ceux qui recherchent la vraie paix": "Cela n'aidera aucun Palestinien, cela ne libérera aucun otage, et cela ne nous aidera pas à parvenir à un accord entre Israéliens et Palestiniens. Cela ne fera que renforcer les forces des ténèbres", selon un communiqué.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a lui proposé de répondre par l'annexion "immédiate" de la Cisjordanie.

"Victoire" 

A l'inverse, le président palestinien Mahmoud Abbas a estimé que la décision britannique est "un pas important et nécessaire vers la concrétisation d'une paix juste et durable".

Un haut responsable du Hamas, Mahmoud Mardawi, a jugé auprès de l'AFP qu'elle était une "victoire pour les droits du peuple palestinien".

Face aux accusations du gouvernement, israélien Keir Starmer a répété que sa décision n'était "pas une récompense envers le Hamas" qui "ne peut avoir aucun avenir, aucun rôle" à l'avenir en Palestine.

Londres prendra de nouvelles sanctions contre le mouvement islamiste "dans les prochaines semaines", a-t-il dit, réitérant son appel pour la libération des otages israéliens détenus par le Hamas et pour un cessez-le-feu.

Le président français Emmanuel Macron a lui précisé, dans un entretien diffusé dimanche sur la chaîne américaine CBS, que Paris posait comme "condition claire" à l'ouverture d'une ambassade en Palestine la libération des otages israéliens détenus à Gaza par le Hamas.

Divergences avec les Etats-Unis 

Avec cette annonce, ces pays accentuent encore un peu plus leurs divergences avec l'administration américaine sur le conflit au Moyen Orient.

Les Etats-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, ont critiqué l'initiative franco-saoudienne.

En visite d'Etat cette semaine au Royaume-Uni, le président américain Donald Trump a affirmé son désaccord avec le choix britannique.

Les trois quarts environ des 193 Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.

Cette vaste offensive diplomatique intervient alors qu'Israël a lancé cette semaine une vaste campagne militaire terrestre et aérienne à Gaza-ville, dans le nord du territoire palestinien, pour y anéantir le Hamas.

Mardi, une commission d'enquête indépendante mandatée par l'ONU a établi qu'Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza, ce que les autorités israéliennes ont nié.

L'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël par le Hamas a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon des données officielles.

Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, les représailles israéliennes ont coûté la vie à 65.062 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.

A Paris, les drapeaux palestinien et israélien, reliés par le dessin d'une colombe tenant dans son bec un rameau d'olivier, ont été projetés dimanche soir sur la tour Eiffel.


Zelensky dit qu'il rencontrera Trump en marge de l'Assemblée générale de l'ONU

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu'il rencontrerait son homologue américain Donald Trump en marge de l'Assemblée générale des Nations unies la semaine prochaine, dans des propos publiés samedi. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu'il rencontrerait son homologue américain Donald Trump en marge de l'Assemblée générale des Nations unies la semaine prochaine, dans des propos publiés samedi. (AFP)
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  • Volodymyr Zelensky rencontrera Donald Trump en marge de l’AGNU, pour discuter des sanctions contre la Russie et des garanties de sécurité pour l’Ukraine
  • La Russie et l’Ukraine multiplient les frappes meurtrières, avec des attaques de drones ukrainiens en profondeur sur le territoire russe, et une vague massive de missiles et drones russes visant les civils et infrastructures ukrainiennes

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé qu'il rencontrerait Donald Trump la semaine prochaine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, alors que les efforts diplomatiques pour mettre fin à l'invasion russe semblent dans l'impasse.

Le conflit ne montre aucun signe d'apaisement. Moscou a intensifié ses frappes, envoyant encore des centaines de drones et missiles contre le pays dans la nuit de vendredi à samedi.

Et en Russie, quatre personnes ont été tuées par une attaque de drones ukrainiens dans la région de Samara, à plus de 800 kilomètres du front, selon les autorités locales.

Donald Trump a lancé des ultimatums, sous peine de sanctions, pour pousser Vladimir Poutine à un compromis et mettre fin à la guerre. Mais le président russe n'a pas plié, et son homologue américain n'a pas mis ses menaces à exécution.

Volodymyr Zelensky a déclaré à un groupe de journalistes, dont l'AFP, qu'il aurait "une réunion avec le président des Etats-Unis" dans le cadre de son déplacement à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU la semaine prochaine.

Le président ukrainien, dont les commentaires étaient placés sous embargo jusqu'à samedi, a affirmé qu'il soulèverait la question des sanctions contre Moscou.

"Je pense que nous perdons beaucoup de temps si nous attendons, n'imposons pas de sanctions ou ne prenons pas les mesures que nous attendons vraiment de lui", a-t-il dit.

Donald Trump s'est dit prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, mais à la condition que les Européens arrêtent d'acheter des hydrocarbures russes.

Il s'était montré initialement optimiste quant à sa capacité de convaincre Vladimir Poutine mais s'est depuis dit déçu, affirmant jeudi que le président russe l'avait "laissé tomber".

Volodymyr Zelensky juge lui que Vladimir Poutine, dont l'armée est à l'offensive sur le front, n'acceptera la paix que s'il y est contraint.

Le prédisent ukrainien a aussi dit qu'il discuterait avec Donald Trump des "garanties de sécurité" que son pays demande à ses alliés occidentaux en cas d'accord de paix.

Elles sont censées protéger l'Ukraine d'une autre attaque russe à l'avenir, que Kiev juge quasi inévitable.

- "Terroriser les civils" -

Le gouverneur de la région russe de Samara, Viatcheslav Fedorichtchev, a affirmé que des drones ukrainiens avaient tué quatre personnes et blessé une autre dans la nuit de vendredi à samedi.

L'Ukraine vise régulièrement la Russie avec des drones, en répondant à l'invasion lancée en 2022, mais il est rare que ces frappes soient aussi meurtrières, surtout si loin de ses frontières.

Viatcheslav Fedorichtchev n'a pas indiqué la localisation exacte de l'attaque, mais avait dit plus tôt que des drones avaient ciblé des "installations du complexe énergétique et pétrolier".

L'Ukraine cherche à endommager ces infrastructures, source de revenus majeure pour Moscou, pour attaquer le pays au porte-monnaie.

Le commandement de l'armée ukrainienne avait mentionné samedi matin des attaques de drones contre des installations pétrolières dans la région de Samara. Il avait affirmé qu'un incendie s'était déclaré dans l'une d'elles, sans évoquer de victimes.

La Russie a de son côté lancé 40 missiles et quelque 580 drones contre l'Ukraine dans la nuit de vendredi à samedi, faisant trois morts et des dizaines de blessés, selon Volodymyr Zelensky.

Peu avant, les autorités de la région de Dnipropetrovsk, dans le centre-est de l'Ukraine, avait fait état d'une importante attaque russe de missiles et de drones ayant fait un mort et 26 blessés.

M. Zelensky a dénoncé une "stratégie délibérée de la Russie visant à terroriser les civils et à détruire (les) infrastructures" de l'Ukraine.

- Défense commune -

Volodymyr Zelensky a par ailleurs appelé à la construction d'une défense antiaérienne commune avec certains des pays voisins de l'Ukraine pour abattre les drones russes.

Il s'agit d'une demande ukrainienne de longue date, remise en lumière ces dernières semaines par l'intrusion de drones russes en Pologne ou encore, l'interception d'avions de chasse russes en Estonie vendredi.

Sur le front, la Russie a revendiqué samedi la prise d'un nouveau village dans la région de Dnipropetrovsk, Berezové.

Volodymyr Zelensky a affirmé que des combats avaient lieu dans le centre de Koupiansk, forteresse de l'est ukrainien où la situation se détériore.


Le traité historique pour protéger la haute mer peut entrer en vigueur en janvier

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une interview accordée à l'AFP avant la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies (UNGA 80) au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2025. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une interview accordée à l'AFP avant la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies (UNGA 80) au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2025. (AFP)
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  • Le traité pour la protection de la haute mer, ratifié par 60 pays, entrera en vigueur fin janvier 2026
  • Il permet enfin de créer des aires marines protégées dans les eaux internationales, longtemps laissées sans cadre juridique contraignant

NATIONS UNIES: Après des années d'attente pour les défenseurs des océans, le traité pour protéger la haute mer, désormais ratifié par 60 pays, prendra enfin vie fin janvier, donnant au monde un outil inédit pour mettre à l'abri des écosystèmes marins vitaux pour l'humanité.

"Je salue cette réussite historique pour l'océan et le multilatéralisme", a réagi vendredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un communiqué publié immédiatement après l'annonce.

"Alors que nous faisons face une triple crise planétaire, changement climatique, perte de biodiversité et pollution, cet accord est une ligne de vie pour l'océan et l'humanité", a-t-il ajouté.

Avec le dépôt des ratifications par le Maroc et la Sierra Leone vendredi, le traité a atteint les 60 requises pour enclencher les 120 jours avant son entrée en vigueur.

Le texte, adopté en juin 2023 après des années de négociations, vise à contrecarrer les multiples menaces qui pèsent sur les océans.

Alors que les écosystèmes marins sont menacés par le changement climatique, les pollutions et la surpêche, la science a prouvé l'importance de protéger tout entier ces océans foisonnant d'une biodiversité souvent microscopique, qui fournissent la moitié de l'oxygène que nous respirons et limitent le réchauffement en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines.

La haute mer commence là où s'arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à un maximum de 200 milles nautiques (370 km) des côtes et n'est sous la juridiction d'aucun Etat.

Même si elle représente près de la moitié de la planète et plus de 60% des océans, elle a longtemps été ignorée dans le combat environnemental.

"L'ère de l'exploitation et de la destruction doit prendre fin" et ce traité "est l'outil pour rendre cela possible", a salué Mads Christensen, patron de Greenpeace, appelant les parties à faire en sorte de le rendre opérationnel le plus vite possible.

- Universel ? -

L'outil phare du nouveau traité prévoit la création d'aires marines protégées en haute mer.

Ce chantier devra toutefois s'articuler avec d'autres instances qui gouvernent certains morceaux de l'océan, comme les organisations régionales de pêche ou encore l'Autorité internationale des fonds marins chargée des règles de l'exploitation minière sous-marine dans les eaux internationales.

Aujourd'hui, environ 1% seulement de la haute mer fait l'objet de mesures de conservation. Mais en 2022, l'ensemble des Etats de la planète s'est engagé lors de la COP15 sur la biodiversité à protéger, d'ici 2030, 30% des terres et des océans de la planète.

Pour y parvenir, le nouveau traité est capital. Alors les pays signataires travaillent déjà d'arrache-pied, en avançant notamment sur les préparatifs des premières aires marines protégées, comme celle portée par le Chili autour des dorsales de Nazca et de Salas y Gomez, dans le Pacifique.

"On pourrait voir les premières zones protégées adoptées peut-être fin 2028, ou 2029", estime Lisa Speer, de l'organisation environnementale NRDC.

La France avait espéré atteindre les 60 ratifications à l'occasion de la Conférence de l'ONU sur les océans en juin à Nice, mais il aura fallu finalement quelques mois de plus.

Alors que le traité a désormais 143 signataires, les défenseurs des océans vont désormais tenter de convaincre le maximum de pays de le signer et de le ratifier pour en faire un outil le plus universel possible.

"Il est vraiment important d'aller vers une ratification mondiale, universelle pour que le traité soit aussi efficace que possible", a plaidé Rebecca Hubbard, patronne de la coalition d'ONG High Seas Alliance, appelant même les pays sans accès à la mer à le rejoindre.

Mais cette perspective est toutefois assombrie par la position de deux puissances maritimes majeures: la Russie et les Etats-Unis.

Moscou avait pris ses distances avec le texte dès son adoption, jugeant certains éléments inacceptables, sans pour autant empêcher son adoption.

Quant aux Etats-Unis, qui avaient signé le traité sous la présidence de Joe Biden, il est peu probable qu'ils le ratifient tant que Donald Trump est à la Maison Blanche.