A Washington, Bennett en quête d'un nouveau départ pour les liens Israël-USA

Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett (Photo, AFP).
Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 24 août 2021

A Washington, Bennett en quête d'un nouveau départ pour les liens Israël-USA

  • Sur le tarmac de l'aéroport de Tel-Aviv, M. Bennett a déclaré à des journalistes vouloir partager «un nouvel esprit de coopération» avec le président démocrate
  • «Je dirai au président Biden qu'il est temps d'arrêter les Iraniens, (...) de ne pas leur lancer une bouée de sauvetage en réintégrant un accord dépassé sur le nucléaire» avait-il annoncé dimanche

TEL-AVIV: En route mardi pour Washington où il doit s'entretenir avec le président Joe Biden, le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, entend donner un nouvel élan aux relations avec les Etats-Unis, grand allié de l'Etat hébreu qui partage la même aversion pour l'Iran.

M. Bennett a quitté Israël dans l'après-midi pour sa première visite d'Etat depuis sa prise de fonction en juin, durant laquelle il doit renouer avec le camp démocrate au pouvoir à Washington des liens qui s'étaient distendus sous Benjamin Netanyahu, ouvertement aligné avec les républicains.

Son prédécesseur avait affiché un soutien indéfectible à l'ex-président Donald Trump et sans cesse critiqué l'accord sur le nucléaire iranien, négocié par l'administration Obama lorsque M. Biden était vice-président.

Sur le tarmac de l'aéroport de Tel-Aviv, M. Bennett a déclaré à des journalistes vouloir partager "un nouvel esprit de coopération" avec le président démocrate, qu'il doit rencontrer jeudi.

En juin, lorsqu'il a rencontré son homologue américain Antony Blinken, le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, avait estimé que "des erreurs avaient été commises ces dernières années" et que "la position bipartisane d'Israël avait été mise à mal". "Nous corrigerons ces erreurs ensemble", avait-il assuré.

Mais certaines questions comme l'Iran restent des sujets de discorde.

Point d'interrogation

"Je dirai au président Biden qu'il est temps d'arrêter les Iraniens, (...) de ne pas leur lancer une bouée de sauvetage en réintégrant un accord dépassé sur le nucléaire", a affirmé dimanche M. Bennett, alors que les grandes puissances discutent avec l'Iran pour tenter de sauver ce pacte conclu en 2015.

L'accord, censé encadrer le programme nucléaire iranien, est moribond depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis qui ont rétabli de sévères sanctions visant Téhéran. En représailles, l'Iran s'est affranchi de la plupart de ses engagements clés.

Le pacte, auquel sont toujours parties le Royaume-Uni, la Chine, la France, l'Allemagne et la Russie, "n'est plus pertinent", selon M. Bennett.

"Nous présenterons (à Washington) un plan ordonné que nous avons préparé ces deux derniers mois pour freiner les Iraniens", a-t-il ajouté, sans épiloguer.

Israël veut une nouvelle stratégie face au rythme "effréné et inquiétant" auquel Téhéran enrichit de l'uranium ainsi que ses "agressions" dans la région, a affirmé sous le couvert de l'anonymat un haut responsable israélien.

Pour l'heure à Washington, le retour à l'accord "n'est qu'un gros point d'interrogation", a récemment résumé l'émissaire américain pour l'Iran, Robert Malley, au média Politico, alors que les pourparlers pour tenter de relancer le pacte semblent dans l'impasse depuis fin juin.

Le nouveau président iranien, l'ultra-conservateur Ebrahim Raïssi, s'est dit ouvert à "tout plan diplomatique" pour une levée des sanctions imposées à son pays, prévenant néanmoins qu'il ne cèderait pas devant une "politique de pression et de sanctions".

Statut de Jérusalem

Sur la question israélo-palestinienne, il est peu probable que le président Biden ambitionne de raviver un quelconque processus de paix, au point mort depuis 2014, d'après des analystes.

"Si jamais ils parlent des Palestiniens, ils parleront de la façon d'améliorer leurs vies sous l'occupation (israélienne, NDLR), donc rien ne change", estime Ali Jarbawi, professeur de science politique à l'université de Bir Zeit en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967: "Biden ne va pas résoudre le conflit".

Selon Shira Efron, chercheuse à l'Institut national d'études sécuritaires (INSS) à Tel-Aviv, l'administration Biden devrait se contenter de revenir sur certaines décisions pro-israéliennes de M. Trump, comme elle l'a déjà fait en rétablissant des millions de dollars d'aides aux Palestiniens.

Un point de friction pourrait être la volonté de Joe Biden de rouvrir à Jérusalem le consulat général chargé des affaires palestiniennes, fermé par M. Trump malgré la réprobation internationale.

Une réouverture du consulat se heurtera à la vive opposition de Naftali Bennett, "idéologiquement et fondamentalement" engagé en faveur de l'indivisibilité de Jérusalem, estime Eugene Kontorovich, qui a conseillé l'administration Trump sur les questions israéliennes.

Le statut de la Ville sainte est l'un des problèmes les plus épineux du conflit, les Palestiniens souhaitant faire de Jérusalem-Est, occupée depuis 1967 par Israël puis annexée, la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."


Trump reproche à Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions concernant le conflit Iran-Israël

Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
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  • Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran.
  • Il a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

CALGARY, CANADA : Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran, et a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

« Le président Emmanuel Macron, de France, a dit par erreur, dans le but de faire de la publicité, que j'avais quitté le sommet du G7 au Canada pour retourner à Washington afin de travailler à un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran. Faux ! Il n'a aucune idée de la raison pour laquelle je suis maintenant en route pour Washington, mais cela n'a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C'est beaucoup plus gros que ça », a-t-il tempêté sur son réseau Truth Social.

« Emmanuel ne comprend jamais rien, que ce soit volontairement ou non », a asséné le président américain, peu après avoir quitté le rassemblement des chefs d'État et de gouvernement du G7 dans les Rocheuses canadiennes, un jour plus tôt que prévu.

Le président français avait affirmé plus tôt, lors d'un point presse en marge du sommet, qu'« une offre avait été faite » de la part des Américains pour « une rencontre et des échanges » avec les Iraniens, ajoutant : « Si les États-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c'est une très bonne chose. » 

Ces dernières heures, Donald Trump a envoyé des signaux confus sur le conflit en cours entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations vont bon train sur un éventuel engagement militaire direct des États-Unis.

Tout en exhortant l'Iran à conclure un « accord » sur son programme nucléaire « avant qu'il ne soit trop tard », il a aussi appelé à « évacuer » Téhéran dans un message particulièrement alarmiste sur Truth Social.

Le gouvernement américain a toutefois assuré que la posture des forces américaines dans la région restait « défensive ».

Selon le site Axios, l'exécutif américain n'a pas abandonné la voie diplomatique et discute d'une possible rencontre entre l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.