Maroc-Algérie: Coulisses et conséquences de la décision algérienne

"La patience a des limites" titrait le quotidien algérien Al-Khabar mercredi matin. (AFP).
"La patience a des limites" titrait le quotidien algérien Al-Khabar mercredi matin. (AFP).
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Publié le Vendredi 27 août 2021

Maroc-Algérie: Coulisses et conséquences de la décision algérienne

  • Abdelmadjid Tebboune a annoncé qu’il était amené à «revoir» ses relations avec le Maroc après ce qu'il a qualifié d'«actes hostiles incessants» de la part de l’Empire chérifien
  • Le 24 août 1994, l’attentat à la bombe perpétré à l’hôtel Atlas-Asni de Marrakech avait provoqué une crise et fermé la frontière algérienne avec le Maroc

PARIS: La multiplication des tensions avec Rabat semble laisser penser qu’Alger a franchi le Rubicon. Le 24 août, le ministère algérien des Affaires étrangères a annoncé la rupture de relations diplomatiques avec le Maroc. Quels sont les dessous de cet acte irréparable et quelles pourraient en être les conséquences sur l’avenir des liens entre les deux frères ennemis et sur les mutations géopolitiques dans le Grand Maghreb?

La décision algérienne n’intervient pas subitement, mais quelques jours après une réunion extraordinaire du Conseil suprême de la sécurité algérienne, dirigé par le président Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier a annoncé qu’il était amené à «revoir» ses relations avec le Maroc après ce qu'il a qualifié d'«actes hostiles» incessants de la part de l’Empire chérifien.

On se souvient que le 24 août 1994 – ironie du sort ou simple coïncidence –, l’attentat à la bombe perpétré à l’hôtel Atlas-Asni de Marrakech avait provoqué une crise et fermé la frontière algérienne avec le Maroc.

Avec cette rupture diplomatique, l’histoire se répète donc. Les relations troubles qu’entretiennent ces deux pays semblent même prendre un nouveau tournant. La cause évoquée pour justifier la décision algérienne ne semble pas «suffisante» pour convaincre. L’accusation portée contre Rabat concerne des incendies meurtriers qui ont ravagé le nord de l’Algérie au début du mois d’août.

Pic de tension

Ce pic de tension a donc pour motif, selon Alger, des feux «d'origine criminelle» qui auraient été provoqués par le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation classée comme «terroriste» par l’Algérie au mois de mai dernier. Selon la version des autorités algériennes, ce mouvement recevrait «le soutien et l'aide de parties étrangères», parmi lesquelles le Maroc et Israël.

Il faut néanmoins rappeler que l’Algérie et le Maroc entretiennent des relations houleuses depuis leurs indépendances. La première des discorde entre les deux États remonte à 1963 avec la «guerre des sables», d’ailleurs citée dans le long communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères qui annonce la rupture.

Plus tard, d’autres sujets occasionneront des frictions comme le positionnement contradictoire de ces deux pays pendant la guerre froide ou l’épineuse question du Sahara occidental, qui, depuis 1975, ne cesse d'envenimer les relations entre Alger et Rabat. Ce dernier litige prend une nouvelle tournure à la fin de l’année 2020 lorsque Washington, sous l’administration Trump, reconnaît la «souveraineté» marocaine sur ce territoire disputé en contrepartie d’une normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. Ce «succès» marocain conduit à une détérioration des liens avec l’Algérie, qui dénonce des «manœuvres étrangères» visant à la déstabiliser.

Tollé

En 2021, l’allusion à l’autodétermination de la Kabylie formulée par un diplomate marocain provoque un tollé en Algérie. En outre, le Maroc est accusé d’«utiliser à grande échelle à l’intérieur du Royaume» le logiciel d’espionnage Pegasus, conçu par une société israélienne, pour agir «contre plusieurs États, notamment la France et l’Algérie».

La succession de ces pics de tension explique en partie le fondement de la décision algérienne. Mais ce sont sans doute des considérations internes en Algérie qui justifient ce durcissement. Depuis 2019, en effet, le pays est en proie à un «Hirak» (mobilisation populaire) qui dérange bien un pouvoir secoué par ses divisions internes et ses incuries. Il n’est donc pas exclu que, à travers ce bras de fer avec le Maroc, les véritables tenants du pouvoir cherchent une «distraction» susceptible de détourner les yeux des problèmes internes en Algérie.

Le renforcement des liens entre le Maroc et Israël inquiète profondément Alger, historiquement très hostile à toute normalisation avec Israël. De surcroît, la déclaration que le ministre israélien des Affaires étrangères a faite à Rabat contre la coordination entre Téhéran et Alger provoque des remous, car ces prises de position font transférer la «guerre des axes» de l’Orient vers l’Afrique du Nord.

La décision algérienne a conduit la France à appeler à la reprise du dialogue afin de maintenir «la stabilité régionale». L’Arabie saoudite a elle aussi plaidé pour que des solutions diplomatiques soient mises en place pour apaiser les litiges entre les frères arabes. Derrière ces souhaits et ces mises en garde, on redoute une flambée de violence ou une «nouvelle guerre de sables», qui menacerait la stabilité d’une région déjà ébranlée par la longue crise libyenne et l’état d’exception en Tunisie.


Israël a approuvé un plan majeur de colonisation en Cisjordanie occupée

Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, et une femme tiennent une carte montrant le plan de colonisation E1, qui séparerait Jérusalem-Est de la Cisjordanie occupée. (Fichier/Reuters)
Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, et une femme tiennent une carte montrant le plan de colonisation E1, qui séparerait Jérusalem-Est de la Cisjordanie occupée. (Fichier/Reuters)
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  • sraël a validé la construction de 3.400 logements dans la zone stratégique d’E1, entre Jérusalem et Maalé Adoumim. Ce projet diviserait la Cisjordanie, rendant impossible un État palestinien contigu

Jérusalem: Israël a approuvé mercredi un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie occupée, qui, selon ses détracteurs, couperait ce territoire palestinien en deux et empêcherait la création d'un éventuel Etat palestinien avec une continuité territoriale.

"Je suis heureux d'annoncer qu'il y a une heure à peine, l'administration civile a approuvé la planification pour la construction du quartier E1!" a annoncé dans un communiqué Guy Yifrah, maire de la colonie israélienne de Maalé Adoumim.

La perspective de l'approbation de ce projet emblématique et controversé par un comité technique israélien avait suscité la semaine dernière une levée de boucliers dans le monde. L'ONU et l'Union européenne avaient appelé Israël à y renoncer.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne a "condamné dans les termes les plus forts" cette décision qui "compromet les perspectives de mise en œuvre de la solution à deux Etats (...) en fragmentant l'unité géographique et démographique de l'Etat palestinien".

"Cela ancre la division de la Cisjordanie occupée en zones et cantons isolés, déconnectés géographiquement et ressemblant à de véritables prisons où les déplacements entre eux ne sont possibles qu'à travers des points de contrôle d'occupation, au milieu de la terreur des milices de colons armés disséminées dans toute la Cisjordanie", a estimé l'Autorité palestinienne.

Le projet "E1", avec "la construction de milliers d'unités de colonies à Jérusalem et dans ses environs, conduit à l'isolement complet" de cette ville "dans toutes les directions par rapport à son environnement palestinien et l'immerge dans d'immenses clusters et villes de colonies reliées à l'intérieur israélien".

L'Autorité y voit un nouveau "crime de colonisation" et une nouvelle étape de "l'annexion progressive de la Cisjordanie". L'accord israélien au projet "nécessite une reconnaissance urgente de l'Etat de Palestine", souligne le ministère palestinien.

Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, une figure de l'extrême droite, avait appelé jeudi à accélérer sa mise en oeuvre et à annexer la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, en riposte aux annonces de plusieurs pays de leur intention de reconnaître un Etat de Palestine.

L'ONG israélienne anti-colonisation, La Paix maintenant, a mis en garde contre un "plan fatal pour l'avenir d'Israël et pour toute chance d'une solution à deux Etats".

Hors Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d'environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967.

Elle s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, particulièrement depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël.

Les affrontements, parfois meurtriers, entre populations locales palestiniennes, armée et colons juifs s'y sont multipliés.

Les autorités israéliennes restreignent fortement les déplacements des Palestiniens de Cisjordanie, tributaires de permis pour franchir les points de contrôle et entrer dans Jérusalem-Est ou en Israël.

L'ONG Ir Amim, qui travaille sur les droits des Palestiniens, a estimé sur X que l'approbation de "E1 démontre à quel point Israël est déterminé à poursuivre ce que le ministre Smotrich a décrit comme un programme stratégique visant à enterrer la possibilité d'un Etat palestinien et à annexer effectivement la Cisjordanie".

Pour cette ONG, "il s'agit d'un choix délibéré d'Israël pour mettre en œuvre un régime d'apartheid". "Si la communauté internationale est sérieuse au sujet de la paix et d'un Etat palestinien, il est urgent de prendre des mesures efficaces pour empêcher Israël d'expulser les Palestiniens dans la zone E1 et de construire cette grande nouvelle colonie au cœur de la Cisjordanie", souligne-t-elle.


Le Liban plaide pour une prolongation du mandat de la force de paix de l'ONU

Le 25 août, les 15 membres du Conseil de sécurité doivent comme chaque année voter sur le projet de résolution, avant l'expiration du mandat de la Finul à la fin du mois. (AFP)
Le 25 août, les 15 membres du Conseil de sécurité doivent comme chaque année voter sur le projet de résolution, avant l'expiration du mandat de la Finul à la fin du mois. (AFP)
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  • L'instance onusienne a entamé lundi les discussions autour d'un projet de résolution présenté par la France visant à renouveler pour un an ce mandat
  • La résolution, consultée par l'AFP, prolongerait le mandat de la Finul jusqu'au 31 août 2026, tout en exprimant "l'intention (du Conseil) de travailler à un retrait"

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a plaidé mardi pour une prorogation du mandat de la force de maintien de la paix de l'ONU dans le sud du Liban (Finul), en cours d'examen au Conseil de sécurité.

L'instance onusienne a entamé lundi les discussions autour d'un projet de résolution présenté par la France visant à renouveler pour un an ce mandat.

La résolution, consultée par l'AFP, prolongerait le mandat de la Finul jusqu'au 31 août 2026, tout en exprimant "l'intention (du Conseil) de travailler à un retrait".

Selon plusieurs médias, Israël et les Etats-Unis s'opposent toutefois à l'extension du mandat de la mission déployée pour faire tampon à la frontière libanaise avec Israël depuis 1978.

Ces débats interviennent alors que les autorités libanaises se sont engagées à désarmer le Hezbollah d'ici la fin de l'année, sous pression de Washington et dans le cadre de l'application du cessez-le-feu ayant mis fin à la guerre entre le Hezbollah et Israël en 2024.

"Toute limitation temporelle du mandat de la Finul (...) aurait un impact négatif sur la situation, alors qu'Israël continue d'occuper certaines portions du territoire libanais", a déclaré M. Aoun, selon un communiqué de la présidence.

Le Liban a "mené des contacts (...) afin de garantir la prorogation du mandat de la Finul".

Lors d'un entretien avec le commandant de la Finul, le général Diodato Abagnara, il a ajouté que ces efforts visaient à "préserver la sécurité et la stabilité dans le sud (du Liban), parallèlement au redéploiement de l'armée".

"Notre étroite coordination avec les forces armées libanaises demeure essentielle pour contribuer au rétablissement de la stabilité", a déclaré le général Abagnara sur X.

L'accord de cessez-le-feu prévoit que la formation chiite retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays, où l'armée libanaise et les Casques bleus doivent se déployer complètement.

Il prévoit également un retrait israélien de la zone, mais Israël, dont les forces ont connu plusieurs accrochages avec les Casques bleus, maintient des troupes dans des positions frontalières jugées stratégiques et mène régulièrement des frappes chez son voisin.

Israël menace de lancer une nouvelle offensive militaire si le Hezbollah, soutenu par l'Iran, n'est pas désarmé.

Le 25 août, les 15 membres du Conseil de sécurité doivent comme chaque année voter sur le projet de résolution, avant l'expiration du mandat de la Finul à la fin du mois.


Vladimir Poutine informe le prince héritier saoudien de ses entretiens avec Trump

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine. (File/SPA/AFP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine. (File/SPA/AFP)
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  • Le président russe a réitéré ses remerciements pour la position constante du Royaume et les efforts constructifs du prince héritier en faveur de la paix

RIYAD : Le président russe Vladimir Poutine a informé le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane des résultats de ses récents entretiens avec l’ancien président américain Donald Trump, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Au cours de cet échange téléphonique, Poutine a également réitéré ses remerciements et sa reconnaissance pour la position constante du Royaume et les efforts constructifs du prince héritier en faveur de la paix.

Le prince héritier a de son côté réaffirmé le soutien continu du Royaume au dialogue diplomatique comme moyen de résoudre les différends internationaux.

Les deux dirigeants ont également évoqué les domaines de coopération existants entre le Royaume et la Russie, ainsi que les opportunités pour les renforcer davantage.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com