L'impossible cohabitation de l'élite afghane avec les talibans

Le juge Folkmar Broszukat porte des documents avant le début d'un procès contre un homme accusé d'avoir commis une attaque au couteau sur une femme enceinte au tribunal de Bad Kreuznach, dans l'ouest de l'Allemagne, le 3 juillet 2019. (Andreas Arnold/Pool/AFP)
Le juge Folkmar Broszukat porte des documents avant le début d'un procès contre un homme accusé d'avoir commis une attaque au couteau sur une femme enceinte au tribunal de Bad Kreuznach, dans l'ouest de l'Allemagne, le 3 juillet 2019. (Andreas Arnold/Pool/AFP)
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Publié le Samedi 28 août 2021

L'impossible cohabitation de l'élite afghane avec les talibans

  • Des milliers de membres de l'élite intellectuelle du pays ont pris le chemin de l'exil, terrorisés à l'idée de se retrouver à nouveau sous le joug des « étudiants en religion »
  • Hauts fonctionnaires, médecins, ingénieurs... s'exilent à l'unisson, incapables de croire les nouveaux maîtres du pays

PARIS : Juge en Afghanistan, Omar dit avoir fait emprisonner "500 à 1.000 talibans". Sa femme Farhat, diplomate, les épinglait régulièrement pour leurs atteintes aux droits humains. Le couple, réfugié à Paris, incarne malgré lui l'impossible cohabitation des élites afghanes avec les nouveaux maîtres du pays.

Leur histoire épouse celle de l'Afghanistan moderne, au dénouement tragique. Vingt années de présence internationale ont permis au couple, issu de la classe moyenne de Kaboul, d'accéder à une bonne éducation puis à un statut social élevé. Mais ces mêmes atouts leur interdisent de rester dans leur pays, que gouvernent désormais les talibans.

Comme eux, des milliers de membres de l'élite intellectuelle du pays ont pris le chemin de l'exil, terrorisés à l'idée de se retrouver à nouveau sous le joug des "étudiants en religion", dont le premier passage au pouvoir (1996-2001) avait été marqué par d'innombrables brutalités.

Âgé de 39 ans, Omar qui, comme sa femme, requiert d'apparaître sous pseudonyme pour éviter des représailles contre sa famille restée en Afghanistan, a étudié durant huit ans pour atteindre son "rêve", devenir magistrat.

"Au début, je travaillais comme interprète pour l'armée française la journée, et j'étudiais le droit le soir. Puis j'ai passé le concours pour devenir juge. Sur 10.000 candidats, 125 ont été pris. J'étais l'un d'entre eux", se souvient-il, un sourire de fierté lui traversant le visage.

- Liste noire -

Son premier poste en 2011 l'emmène dans le sud-est de l'Afghanistan, le berceau du réseau Haqqani, un groupe affilié aux talibans qualifié de terroriste par les États-Unis. Le réseau Haqqani est accusé d'être derrière les attaques les plus meurtrières ayant secoué le pays ces dernières années.

"Les talibans me menaçaient. J'étais sur leur liste noire parce que je condamnais les leurs à 15 ou 20 ans de prison", se remémore-t-il.

D'ethnie pachtoune, comme les insurgés d'alors, il reste trois ans dans le Sud-Est, avant de se marier à Farhat, une femme d'ethnie tadjike, ayant grandi dans la capitale. Un signe d'ouverture, quand les communautés se mélangent rarement dans le pays, notamment en milieu rural.

"Nos parents nous ont présentés. Elle était éduquée. Nous nous sommes mariés un mois plus tard", se souvient-il. Et d'ajouter, avec orgueil: "Elle est beaucoup plus intelligente que moi".

Farhat, 35 ans, est elle aussi une fille de la méritocratie afghane. Cadette d'une fratrie de quatre sœurs, dont deux sont diplômées et deux étudient encore, elle réussit brillamment le concours d'entrée du ministère des Affaires étrangères: seule femme parmi 31 lauréats, pour plus de 800 postulants.

"Je n'avais aucun soutien politique", précise-t-elle, quand la fonction publique afghane est gangrénée par la corruption et le népotisme. "Je n'avais obtenu ce poste que grâce à mes qualités."

En 2016, Farhat est envoyée en poste en Europe. Omar la suit. Il y auront un premier enfant. Un second naîtra en 2020, après le retour au pays du couple, alors que les insurgés se font de plus en plus menaçants.

- 'Un désastre pour l'Afghanistan' -

Omar continue ensuite de juger des talibans, cette fois-ci à Kaboul. Farhat dénonce leur mépris des droits de l'homme. Lorsque Kaboul tombe le 15 août, ils libèrent les prisonniers de la ville.

"Les gens que j'ai fait incarcérer sont devenus une menace directe pour ma vie. Je ne pouvais pas rester dans le pays", se lamente Omar. "Mon travail me mettait en danger", acquiesce Farhat.

Jeudi dernier, le couple et leurs deux jeunes enfants fuient l'Afghanistan pour la France. Des milliers d'autres hauts fonctionnaires, médecins, ingénieurs... s'exilent à l'unisson, incapables de croire les nouveaux maîtres du pays, qui affirment avoir changé. Leur départ est un coup rude pour les talibans, qui ont besoin d'eux pour faire fonctionner l'Afghanistan, à l'économie ravagée par des décennies de guerre.

Omar connaît une vingtaine de personnes ayant fui à l'étranger avec leur famille, dont une dizaine de juges. Farhat sait que "trente à quarante" de ses collègues du ministère ont également franchi le pas. Beaucoup d'autres les suivront à la première opportunité, assurent-ils.

"C'est un désastre pour l'Afghanistan. Vingt ans d'acquis ont été balayés en dix jours, parce que tous ces gens sont partis", dit-elle.

"Le jour où les talibans ont pris le pouvoir, aucune fille n'est allée à l'université ou au travail", remarque Omar. "Nous (l'Afghanistan) avons tout perdu. Il est maintenant très difficile pour moi d'avoir de l'espoir pour mon pays.


De fortes explosions à Tel-Aviv et Jérusalem après des tirs de missiles iraniens

Des membres des forces de sécurité israéliennes inspectent un cratère à l'endroit où un missile iranien a frappé un dépôt de bus à Herzliya, près de Tel-Aviv, le 17 juin 2025. (Photo de Jack GUEZ / AFP)
Des membres des forces de sécurité israéliennes inspectent un cratère à l'endroit où un missile iranien a frappé un dépôt de bus à Herzliya, près de Tel-Aviv, le 17 juin 2025. (Photo de Jack GUEZ / AFP)
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  • « Des sirènes ont retenti dans plusieurs régions d'Israël après l'identification de missiles lancés depuis l'Iran en direction de l'État d'Israël », a déclaré l'armée dans un communiqué.
  • Dans un message sur Telegram, la police israélienne a rapporté que des missiles et des éclats d'obus étaient tombés dans la région de Tel-Aviv, causant des dégâts matériels mais sans faire de blessés.

JERUSALEM : De fortes explosions ont été entendues au-dessus de Tel-Aviv et Jérusalem mardi matin par des journaliste de l'AFP après le retentissement des sirènes d'alerte dans certaines régions d'Israël à la suite de tirs de missiles depuis l'Iran, selon l'armée.

« Des sirènes ont retenti dans plusieurs régions d'Israël après l'identification de missiles lancés depuis l'Iran en direction de l'État d'Israël », a déclaré l'armée dans un communiqué.

Elle a ajouté que l'armée de l'air « opérait pour intercepter et frapper là où c'était nécessaire pour éliminer la menace ».

Une vingtaine de minutes plus tard, l'armée a publié un communiqué indiquant que la population était autorisée à quitter les abris dans plusieurs régions du pays, ajoutant que des équipes de secours étaient à l'œuvre dans plusieurs endroits où des informations sur la chute de projectiles avaient été reçues.

Dans un message sur Telegram, la police israélienne a rapporté que des missiles et des éclats d'obus étaient tombés dans la région de Tel-Aviv, causant des dégâts matériels mais sans faire de blessés.

Les services d'incendie et de secours ont indiqué de leur côté avoir reçu les premières indications concernant un « tir de missile et un incendie » dans une ville du district de Dan, une zone entourant Tel-Aviv.

« Vers 8 h 45 (5 h 45 GMT), de nombreux appels ont été reçus concernant un tir de missile et un incendie dans la région de Gush Dan. Les équipes de lutte contre les incendies se rendent sur les lieux », ont-ils indiqué dans un communiqué.


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."