Pass sanitaire et campagne électorale: la rentrée agitée du président Macron

Malgré le poids de l’épidémie, on perçoit également un phénomène rare: le pays connaît un état de tension permanente depuis la prise de fonction de Macron, en 2017. (AFP).
Malgré le poids de l’épidémie, on perçoit également un phénomène rare: le pays connaît un état de tension permanente depuis la prise de fonction de Macron, en 2017. (AFP).
Short Url
Publié le Mardi 31 août 2021

Pass sanitaire et campagne électorale: la rentrée agitée du président Macron

  • L’incapacité du président Macron à faire passer les réformes qu’il avait promises réduit sa marge de manœuvre
  • Les dernières statistiques montrent que, le 23 août, la couverture vaccinale a dépassé 71% en France

PARIS: À huit mois de l’élection présidentielle, la rentrée politique du président français, Emmanuel Macron, apparaît agitée. Elle sera marquée par une contestation de la stratégie sanitaire de l’exécutif qui s’annonce particulièrement «musclée» avec l’arrivée de la quatrième vague de Covid-19.

Au-delà de cette polémique sur la politique sanitaire, l’incapacité du président Macron à faire passer les réformes qu’il avait promises réduit sa marge de manœuvre et a pour effet de radicaliser une partie des contestataires dans le contexte d’un paysage politique éclaté.

Au début de l’été, malgré la défaite de son parti (La République en marche, ou LREM) aux élections régionales au mois de juin dernier, Emmanuel Macron avait pourtant créé la surprise: sa cote de popularité a grimpé.

Khattar Abou Diab

En de telles circonstances, la campagne électorale pourrait se caractériser par l’absence des thématiques classiques, la gestion de la crise et la méthode de la gouvernance s’invitant aux premières loges.

Au début de l’été, malgré la défaite de son parti (La République en marche, ou LREM) aux élections régionales au mois de juin dernier, Emmanuel Macron avait pourtant créé la surprise: sa cote de popularité a grimpé, malgré une période critique de l’épidémie. En effet, la réouverture du pays et le calendrier vaccinal ont permis de redorer le blason du président français.

Abstention massive

S’appuyant sur les réactions de l’opinion publique pendant cette époque pré-électorale, François Miquet-Marty, responsable de l'institut de sondages Viavoice, affirme que l’abstention massive constatée lors des élections régionales trouve ses racines dans une certaine apathie des Français qui remonterait au début de l’année 2000. L'épidémie de coronavirus que connaît le pays – comme le monde entier – depuis vingt mois ne saurait donc être utilisée par le gouvernement comme un argument pour expliquer les réticences des électeurs.

Pour les observateurs de la vie politique, c’est ailleurs qu’il convient de chercher la cause de cette réticence: dans le fait que peu d'offres politiques répondent aux aspirations des Français, bien que ces derniers soient toujours politisés. L’entourage de Macron minimise l’impact de cette désertion des urnes, estimant qu’elle s’est manifestée à l’occasion d’une échéance locale. Il mise sur le regain d’intérêt des Français devant un scrutin national – l’élection présidentielle. Nul doute que l'identité de candidats pèsera dans leurs choix.

Toutefois, les signes avant-coureurs d’une nouvelle vague d’épidémie causée par le variant Delta ont obligé le président français à intervenir au beau milieu de ses vacances d’été afin d’annoncer des mesures drastiques destinées à contenir la propagation du virus. Il n’en fallait pas davantage pour que le plan de vaccination et le passe sanitaire deviennent aussitôt l’objet d’un bras de fer entre le gouvernement et une minorité contestataire.

220 manifestations

Le samedi 21 août à l’approche de la rentrée et pour le sixième week-end consécutif, les opposants au passe sanitaire et à la vaccination ont tenté d’accroître la pression sur le gouvernement. Un peu partout dans le pays, 220 manifestations ont rassemblé 175 000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur.

On reproche au locataire de l’Élysée de cultiver la verticalité dans sa pratique du pouvoir et dans son rapport aux Français

Khattar Abou Diab

Malgré une baisse sensible du nombre de manifestants, la contestation a maintenu une certaine ampleur, portant haut certaines revendications, comme à Marseille, où les manifestants se sont réunis devant l’institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses dirigé par Didier Raoult. Ils ont en effet appris que ce fameux microbiologiste, considéré comme le héraut de l’antisystème médical et politique par ceux qui tiennent un discours complotiste à propos de la Covid-19, ne serait pas reconduit à la tête de l’institut.

Dans la cité phocéenne, les manifestants ont entonné La Marseillaise. Entre les drapeaux français, tout le long du cortège, des militants du parti d’extrême droit Les Patriotes (présidé par Florian Phillipot) portent des panneaux où l’on peut lire: «Touche pas à Raoult». Cet exemple illustre à la fois la politisation de la manifestation et le fait qu’Emmanuel Macron et le gouvernement français se trouvent plus que jamais dans le collimateur des contestataires.

Signes encourageants

Les dernières statistiques montrent que, le 23 août, la couverture vaccinale a dépassé 71% en France. Elles confirment le grand succès du plan de l’exécutif. En outre, en dépit des manifestations, les Français semblent plébisciter le passe sanitaire: selon un sondage Elabe relatif à l’épidémie de Covid-19 réalisé sur les Français, il serait approuvé par 64% à 77% d’entre eux selon les lieux. Ces chiffres sont en hausse depuis le mois de juillet. Malgré ces signes encourageants pour l’exécutif, le président se positionne seul face à la rue. Au fil du temps, cette politique qui se caractérise par une présence sur le devant de la scène «par le haut» pourrait se révéler dangereuse.

De fait, on reproche au locataire de l’Élysée de cultiver la verticalité dans sa pratique du pouvoir et dans son rapport aux Français. Selon ses détracteurs, c’est Emmanuel Macron qui a lui-même instauré ce face-à-face avec le peuple qui s’exprime notamment lors des manifestations.

Emmanuel Macron voit donc sa politique sanitaire contestée dans la rue. Bien que le Conseil constitutionnel ait validé dans les grandes lignes le passe sanitaire, les «antivax» et les «antipasse» ne désarment pas et signent même, en plein été, une performance.

Dans les faits, Emmanuel Macron se trouve souvent surexposé. Il aurait pu apprécier la mise en scène des confrontations avec les contestataires, comme celle qui a eu lieu récemment avec les «antipasse». C’est aussi un moyen pour lui de s’affirmer comme l’homme de la raison et du progrès devant des forces «obscurantistes.

Khattar Abou Diab

Les contestations contre le pouvoir ne constituent pas une nouveauté dans l’histoire de la Cinquième République. En effet, chaque président a connu son lot de cortèges. Toutefois, ceux qui défilent depuis le début du présent quinquennat sont inédits: ils ont commencé avec le phénomène des «Gilets jaunes» chaque samedi et se sont poursuivis avec la mobilisation contre le passe sanitaire, toujours chaque samedi, et pendant la saison estivale.

De surcroît, ces cortèges contre la politique présidentielle et contre le président apparaissent singuliers dans la mesure où ils se sont développés de manière spontanée, sans chef – avant que des leaders des extrêmes ne les rejoignent. Par ailleurs, ils s’inscrivent dans le temps: le mouvement contre les retraites s’est ainsi déroulé sur une plus longue période que les manifestations de 1995.

Peu de concurrents

Cette situation ne semble pas perturber outre mesure un président que l’on a surnommé «Jupiter». Il est vrai que l’on voit peu de concurrents issus de l’establishment susceptibles de le menacer sérieusement lors de la prochaine échéance présidentielle. Toutefois, cette idée n’est pas partagée Jérôme Fourquet, directeur du département «opinion et stratégies d’entreprise» de l’Ifop (Institut français d’opinion publique, NDLR): «Macron n’est pas le premier président impopulaire; pourtant, pour la première fois peut-être, cette impopularité ne se matérialise pas seulement dans les sondages, mais aussi dans la rue, de manière récurrente», observe le politologue.

Malgré le poids de l’épidémie, on perçoit également un phénomène rare: le pays connaît un état de tension permanente depuis la prise de fonction de Macron, en 2017.

Cet état des lieux n’est pas le fruit du hasard. Il pourrait résulter de l’image du président que se fait une partie de l’opinion publique qui fustige sa posture bonapartiste. Dans les faits, Emmanuel Macron se trouve souvent surexposé. Il aurait pu apprécier la mise en scène des confrontations avec les contestataires, comme celle qui a eu lieu récemment avec les «antipasse». C’est aussi un moyen pour lui de s’affirmer comme l’homme de la raison et du progrès devant des forces «obscurantistes» et des «antivax» souvent tenus pour radicaux et violents – des gens à qui l’on reproche de «tout confondre» et de mettre en danger la démocratie.


Moyen-Orient: À force de se vouloir équilibrée, la posture française en devient illisible

Le président français Emmanuel Macron est vu lors d'une cérémonie d'arrivée au sommet du Groupe des Sept (G7) au Pomeroy Kananaskis Mountain Lodge à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron est vu lors d'une cérémonie d'arrivée au sommet du Groupe des Sept (G7) au Pomeroy Kananaskis Mountain Lodge à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • En rappelant que l’Iran dispose de missiles pouvant atteindre le territoire français et qu’il soutient activement le Hamas et le Hezbollah, Barrot a justifié la fermeté de la diplomatie française à l’égard de Téhéran
  • Mais aussitôt, il a tempéré ses propos, indiquant qu’à ce stade, « les moyens militaires français n’ont pas été mobilisés », avant de renouveler un appel classique « à la retenue »

PARIS: Alors que la guerre entre Israël et l’Iran s’intensifie, la France tente de maintenir une ligne diplomatique fondée sur la retenue, la désescalade et l’équilibre.
Mais cette posture, censée affirmer une voix autonome au sein du concert international, peine désormais à convaincre. À force de vouloir ménager toutes les parties, la position française en devient brouillée, voire illisible.
S’exprimant le dimanche 15 juin, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s’est montré ferme : « Le programme nucléaire iranien a une vocation militaire. C’est une menace existentielle pour Israël, pour les pays de la région et pour nous aussi », a-t-il affirmé.
En rappelant que l’Iran dispose de missiles pouvant atteindre le territoire français et qu’il soutient activement le Hamas et le Hezbollah, Barrot a justifié la fermeté de la diplomatie française à l’égard de Téhéran.
Mais aussitôt, il a tempéré ses propos, indiquant qu’à ce stade, « les moyens militaires français n’ont pas été mobilisés », avant de renouveler un appel classique « à la retenue » à l’adresse de toutes les parties.
Le vendredi 13 juin, à la suite des frappes israéliennes contre des cibles iraniennes, Emmanuel Macron avait rappelé « le droit d’Israël à se protéger », tout en insistant sur la nécessité de « ne pas mettre en péril la stabilité de la région ».
Il est même allé jusqu’à affirmer que la France participerait « aux opérations de protection et de défense » d’Israël en cas de « représailles » menées par l’Iran, « si elle est en situation de le faire ».

La logique française se veut cohérente : elle soutient le droit d’Israël à se défendre, mais sans donner un chèque en blanc à la politique de Benyamin Netanyahou.

« J’ai marqué notre disponibilité en ce sens », a ajouté le président français lors d’une conférence de presse, et « à l’inverse, je n’envisage aucunement de participer à quelque opération offensive que ce soit. Ce n’est pas notre rôle », a-t-il fait valoir.
La condamnation française du programme nucléaire iranien est ancienne, tout comme son soutien au droit d’Israël à se défendre. Mais, par ailleurs, la France dénonçait, il y a quelques semaines, le blocus humanitaire imposé par Israël à Gaza, le qualifiant de « honte ».
La logique française se veut cohérente: elle soutient le droit d’Israël à se défendre, mais sans donner un chèque en blanc à la politique de Benyamin Netanyahou.
Cette même logique fait dire à Paris: oui à une riposte contre Téhéran si une ligne rouge est franchie, mais toujours dans une optique diplomatique.
À l’approche du sommet du G7 au Canada, Macron entend plaider cette voie médiane, espérant maintenir la France comme puissance d’équilibre. Mais encore faut-il être entendu et compris.
Dans les faits, Paris semble marginalisé. L’ambassadeur d’Israël en France, Joshua Zarka, a reconnu que Tel-Aviv n’avait pas informé la France de ses frappes.
« La relation n’est plus aussi proche qu’avant », a-t-il déclaré. Pour lui, la France reste un allié, « mais pas au point d’avoir été alertée », signifiant clairement que la critique française de la guerre à Gaza a éloigné les deux capitales.
Côté iranien, les leviers français sont tout aussi limités. Malgré les pressions exercées sur Téhéran, y compris une résolution récente de l’AIEA dénonçant l’enrichissement d’uranium par l’Iran, la République islamique reste sourde aux avertissements.

Les frappes croisées entre Israël et l’Iran ont aussi eu une conséquence immédiate : le report de la conférence de New York, prévue pour discuter de la reconnaissance d’un État palestinien, initiative portée conjointement par la France et l’Arabie saoudite.


Les menaces françaises de déclencher la procédure de « snap back » pour rétablir les sanctions, en cas d’absence d’accord sur le nucléaire, sont prises au sérieux, mais elles n’inversent pas la dynamique de confrontation.
Les frappes croisées entre Israël et l’Iran ont aussi eu une conséquence immédiate : le report de la conférence de New York, prévue pour discuter de la reconnaissance d’un État palestinien, initiative portée conjointement par la France et l’Arabie saoudite.
À Paris, on parle d’un simple report technique, mais en vérité, la flambée de violence a démontré le décalage entre la réalité sur le terrain et cette initiative diplomatique pourtant centrale.
Le président Macron, qui souhaitait inscrire cette reconnaissance dans une dynamique plus large d’accords régionaux, avec une normalisation entre Israël et certains pays arabes en contrepartie, doit composer avec un terrain à feu et à sang.
L’idée d’une « reconnaissance réciproque » (d’un État palestinien et de l’État d’Israël par de nouveaux acteurs) reste d’actualité, mais semble désormais hors de portée dans le contexte actuel.
Ce flou diplomatique se heurte aussi à une opinion publique française de plus en plus sceptique. Et Macron, en chute libre dans les sondages, doit composer avec un climat politique intérieur tendu.
Son autorité sur la politique étrangère, pourtant historiquement l’un des leviers du pouvoir présidentiel en France, semble contestée et contrariée.
Pour redevenir lisible et audible, Paris devra clarifier ses priorités : la dénonciation du programme nucléaire iranien ne peut s’accompagner d’une ambiguïté persistante sur la politique israélienne à Gaza et sur la reconnaissance par la France de l’État palestinien.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Short Url
  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Short Url
  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.