La levée des subventions sur le carburant freinera-t-elle la chute du Liban vers les ténèbres?

Des personnes font la queue devant une station-service à Zalka, au Liban, au début du mois, pour remplir le réservoir de leurs voitures. Le carburant est la dernière victime d'une série complexe de crises qui ont épuisé toutes les réserves du Liban en devises étrangères. (Reuters)
Des personnes font la queue devant une station-service à Zalka, au Liban, au début du mois, pour remplir le réservoir de leurs voitures. Le carburant est la dernière victime d'une série complexe de crises qui ont épuisé toutes les réserves du Liban en devises étrangères. (Reuters)
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Publié le Lundi 30 août 2021

La levée des subventions sur le carburant freinera-t-elle la chute du Liban vers les ténèbres?

  • Les conditions de vie se sont détériorées depuis la levée par le gouvernement des subventions sur l'essence et le diesel
  • Le carburant est la dernière victime d'une série complexe de crises qui ont asséché les caisses de l'État

DUBAÏ: Les rues de Beyrouth palpitaient autrefois de vie à chaque coucher de soleil. Désormais, ces mêmes rues ne sont que les fantômes des jours révolus, à chaque fois que la nuit jette son voile sur la ville. Pourquoi? Les caisses de l'État manquent d'argent pour acheter le carburant qui alimente les centrales électriques du Liban.

Les générateurs privés sont également à court d'approvisionnement, le carburant étant la dernière victime d'une série complexe de crises qui ont épuisé toutes les réserves du Liban en devises étrangères.

Ainsi, le prix du carburant au Liban a grimpé la semaine dernière pour la deuxième fois en moins de deux mois. Le gouvernement a supprimé les subventions sur l'essence et le diesel, dans une tentative de résorber les pénuries, ce qui a entraîné une hausse des prix à hauteur de 66 % par rapport à la dernière augmentation, datant de la fin du mois de juin.

À l'heure où la livre a perdu près de 90 % de sa valeur (depuis le début des manifestations de masse à la fin de l'année 2019) et où les salaires plafonnent, les Libanais peinent à couvrir leurs dépenses.

Moustafa Naboulsi vit à Al-Qalamoun, ville située dans le nord du Liban, où il exerce le métier de pompier depuis onze ans. Le 23 août, sa famille est partie vivre en France en raison de la situation économique précaire du pays.

«Il nous arrive de dormir dans la voiture pour faire le plein le matin. Nous passons souvent deux à trois heures dans les files d'attente, pour qu'ils nous disent qu'il ne reste plus d'essence et que nous devrons revenir le lendemain», raconte Moustafa à Arab News.

Cela fait plus de dix jours que Khaled Zakaria n'a pas mis d'essence dans son réservoir. Pour y parvenir, il a parcouru près de 50 km de Tripoli à Byblos et attendu pendant plus d'une heure dans la file d'attente.

La forte demande d'essence et son indisponibilité ont, comme on pouvait s'y attendre, donné naissance à un marché noir, dans lequel la marchandise se vend sept à dix fois plus cher que le prix officiel. M. Zakaria refuse d'acheter de l'essence de cette manière, afin de ne pas encourager la thésaurisation et la corruption, qui ne feront que compliquer une situation déjà difficile, selon lui.

Le pompier Moustafa Naboulsi, qui soigne également les brûlures, se sent impuissant puisqu'il ne peut pas se déplacer librement.

«On me demande parfois d'intervenir dans des régions situées en dehors de ma ville. Je veux bien soulager les souffrances de ces personnes-là, mais je ne peux même pas les atteindre», confie-t-il à Arab News.

Un incendie ravage un bâtiment non loin de l'endroit où un réservoir de carburant a explosé dans l’Akkar, dans le nord du Liban, le 15 août 2021. (Photo d'archive AFP)

«Surtout après l'incident survenu au Akkar. Je ne trouve pas de mots pour décrire ma douleur. C'était très éprouvant. Vous avez l'impression de ne pas en faire assez, même si la situation vous échappe», explique-t-il.

Le matin du 15 août, une citerne d'essence a explosé au Akkar, faisant vingt-huit morts et près de quatre-vingts blessés. L'incident a incité les pays voisins à apporter leur aide au Liban qui traverse également une crise médicale.

Au début du mois d'août, Riad Salamé, le gouverneur de la Banque centrale du Liban, a imputé aux commerçants du pays la responsabilité de la pénurie de carburant.

«Il est inacceptable que nous importions pour 820 millions de dollars (1 dollar = 0,85 euro) de carburant et que nous ne puissions pas obtenir de diesel, d'essence ou d'électricité. Ceci, et non les positions que nous avons adoptées, est une humiliation en soi pour les Libanais», a-t-il déclaré dans une émission d’une radio locale.

La quantité de carburant importée devait couvrir les besoins du pays pour trois mois, mais elle n'a même pas permis de tenir un mois.

Bachar el-Halabi, analyste principal pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord chez ClipperData, estime que la politique du Liban fondée sur la mouhassassa, soit la répartition sectaire des sièges ministériels entre dix-huit confessions, a offert à chaque dirigeant sa «part du gâteau».

«Il en va de même pour les allocations de fonds, les projets, les contrats, et ainsi de suite. Malheureusement, le secteur de l'énergie fait partie de cette mouhassassa. Elle constitue probablement la principale poule aux œufs d'or pour les dirigeants des partis confessionnels», déclare-t-il.

Alors que le gouvernement intérimaire s'efforce de sauver le pays de la famine et d'un effondrement économique généralisé, une faction politique a su profiter de la situation pour en tirer parti.

Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah soutenu par l'Iran, a annoncé vendredi sa décision d’acheminer une troisième cargaison de pétrole d'Iran.

«Nous avons décidé de faire venir un troisième navire-citerne», a rapporté l'agence de presse Reuters, citant Hassan Nasrallah. «Les prochains jours donneront tort à ceux qui mettent en doute l'arrivée des navires de carburant et notre message sera clair le jour où le premier navire arrivera au Liban.»

L'annonce par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, selon laquelle son groupe fournira du pétrole d'Iran a suscité un tollé, cette décision pourrait assujettir le Liban à des sanctions économiques de la part des États-Unis. (Photo d'archive Reuters)

En début de semaine dernière, M. Nasrallah a annoncé que le premier navire-citerne avait quitté l'Iran à destination du Liban.

Selon des analystes, l'importation de carburant iranien pourrait exposer le Liban à un défi incommensurable: les sanctions américaines. Bachar el-Halabi prend néanmoins Hassan Nasrallah au sérieux car cette initiative, que les navires arrivent ou non au Liban, servira toujours les intérêts du Hezbollah.

«Le Liban et les différentes parties prenantes sont dans une impasse, et cela concerne également les opposants à M. Nasrallah. Si le pétrolier accoste dans un port libanais, le personnel risque de souffrir d’une très mauvaise image s'il refuse de décharger le carburant», souligne M. El-Halabi.

Si, dans un premier temps, le pétrole iranien finit par arriver au Liban, Hassan Nasrallah aura réussi à se donner l'image d'acteur performant et autonome par rapport au gouvernement. En revanche, si la communauté internationale – plus précisément les États-Unis – inflige des sanctions au Liban pour avoir importé du pétrole iranien, M. Nasrallah récoltera les gratifications politiques qui en découleront, affirme M. El-Halabi.

Depuis que la crise économique et financière a frappé le Liban à la fin de l’année 2019, le gouvernement continue de subventionner le blé, le gaz, le carburant, la nourriture et d'autres produits de base qui se vendent à des prix inférieurs à ceux du marché.

«Les pénuries de carburant peuvent être attribuées à l'inefficacité du programme de subventions vieux de plusieurs décennies», explique à Arab News Jean Tawilé, économiste et ancien conseiller auprès du gouvernement.

«Ces subventions ont préparé le terrain pour une série d'abus tels que la thésaurisation, le stockage et la contrebande.»

Des pharmaciens libanais manifestent à Achrafieh, à Beyrouth, le 16 août 2021, en brandissant des pancartes sur lesquelles on peut lire: «pas d'essence = pas d'ambulances», «pas d'électricité = pas d'hôpitaux» et «pas de sérum = pas de traitement». (AFP)

La plupart des produits subventionnés du Liban sont acheminés en contrebande vers la Syrie «où les prix ont explosé dans le sillage de la guerre», ajoute-t-il.

Les statistiques indiquent que le Liban a importé 5,7 millions de tonnes de carburant en 2011, précise M. Tawilé. Ce chiffre a grimpé à 7,6 millions de tonnes à la fin de l’année 2012, après que la guerre civile a éclaté en Syrie.

«Pour le dire autrement, les épargnants libanais ont subventionné le carburant consommé par la Syrie», dit-il.

Selon Jean Tawilé, la levée des subventions supprimera les différences de prix des carburants dans les deux pays, ce qui mettra fin à la contrebande.

Par ailleurs, le stockage de carburant va lui aussi diminuer, puisque les distributeurs n'auront plus d'intérêt à faire des réserves, contrairement à ce qu'ils font actuellement pour anticiper les hausses de prix.

Mohamed Ramady, ancien cadre bancaire et professeur de finance et d'économie à la King Fahd University of Petroleum and Minerals (KFUPM), souligne que les prêteurs internationaux ont fait pression sur le Liban pour qu'il lève les subventions.

«Le Liban traverse une période de crise. La décision d'alléger les subventions sur le carburant relève de considérations d'ordre économique plutôt que politique», explique M. Ramady à Arab News.

Une manifestante portant le drapeau libanais traverse une route bloquée lors d'une manifestation contre les difficultés économiques croissantes, à proximité du siège de la Banque centrale à Beyrouth, le 16 mars 2021. (REUTERS/File Photo)

Selon M. Ramady, la réduction des subventions constitue également une mesure de prudence financière pour le gouvernement.

«Les droits de douane font défaut. Les échanges commerciaux sont précaires car le Liban a cessé d'exporter des légumes et des fruits comme il le faisait autrefois. Les recettes du tourisme ont chuté de façon spectaculaire. Autrement dit, les sources de revenus du Liban se sont amenuisées», affirme-t-il.

Pour M. Tawilé, le gouvernement pourra atténuer l’incidence de la réduction des subventions sur la population en instaurant un filet de sécurité sociale, notamment en offrant aux plus pauvres des paiements directs en espèces.

En mai, le gouvernement intérimaire a proposé de remplacer les subventions par la distribution de cartes de rationnement aux familles les plus démunies. Ce programme évalué à 556 millions de dollars devrait bénéficier à plus de 500 000 familles dans le besoin.

Cependant, comme pour tant d'autres initiatives prévues au Liban, ce plan reste gelé faute de source de financement bien définie.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


L’autorité saoudienne Nazaha révèle les détails de cas de corruption récents

Un porte-parole de l’Autorité saoudienne de surveillance et de lutte contre la corruption, mieux connue sous le nom de «Nazaha», a fait part dimanche des détails de plusieurs procédures pénales sur lesquelles elle a récemment enquêté. (Photo fournie)
Un porte-parole de l’Autorité saoudienne de surveillance et de lutte contre la corruption, mieux connue sous le nom de «Nazaha», a fait part dimanche des détails de plusieurs procédures pénales sur lesquelles elle a récemment enquêté. (Photo fournie)
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  • Présentant vingt des cas de corruption les plus importants, le porte-parole a déclaré que des procédures judiciaires avaient été engagées contre tous les auteurs
  • Nazaha entend poursuivre toute personne qui, dans le Royaume, serait impliquée dans le détournement de fonds publics ou reconnue coupable d’abus d’autorité

RIYAD: Un porte-parole de l’Autorité saoudienne de surveillance et de lutte contre la corruption, mieux connue sous le nom de «Nazaha», a fait part dimanche des détails de plusieurs procédures pénales sur lesquelles elle a récemment enquêté.

Présentant vingt des cas de corruption les plus importants, il a déclaré que des procédures judiciaires ont été engagées contre tous les auteurs.

Dans l’une de ces affaires, deux employés de la Banque centrale ont été arrêtés pour avoir reçu des sommes d’argent d’un résident en échange du dépôt de plus de 7,3 millions de riyals saoudiens, ou SAR (1 SAR = 0,25 euro), sans vérifier la source, sur des comptes bancaires qui appartenaient à des entités commerciales sur une période de deux ans. Le résident en question a également été arrêté.

Dans une autre affaire, un agent de sécurité qui travaillait au département général de la circulation a été arrêté pour avoir reçu 387 000 SAR du propriétaire d’un bureau de services publics, également arrêté, en échange de la modification illégale des données essentielles d’un groupe de véhicules.

Par ailleurs, un troisième cas de corruption fait la lumière sur l’employé d’un hôpital universitaire. Il avait été arrêté pour avoir empoché 100 000 SAR de la part de citoyens en échange d’une promesse de les nommer à des postes à l’université.

Nazaha entend continuer de travailler pour identifier et poursuivre toute personne qui, dans le Royaume, serait impliquée dans le détournement de fonds publics, reconnue coupable d’abus d’autorité à des fins personnelles ou accusée de nuire de toute autre manière à l’intérêt public.

L’autorité saoudienne a souligné que les coupables seraient tenus pour responsables et poursuivis. Elle a ajouté qu’il n’y aurait pas de délai de prescription pour de tels crimes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


Gaza: Israël «encourage» les habitants de l'est de Rafah à rejoindre des «zones humanitaires»

Des Palestiniens déplacés, qui ont fui leur maison en raison des frappes israéliennes, s'abritent dans un camp de tentes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mai 2024 (Photo, Reuters).
Des Palestiniens déplacés, qui ont fui leur maison en raison des frappes israéliennes, s'abritent dans un camp de tentes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mai 2024 (Photo, Reuters).
Des Palestiniens transportent un homme blessé extrait des décombres d'une maison détruite lors d'une frappe israélienne dans le centre de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Des Palestiniens transportent un homme blessé extrait des décombres d'une maison détruite lors d'une frappe israélienne dans le centre de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Des Palestiniens transportent un homme blessé extrait des décombres d'une maison détruite lors d'une frappe israélienne dans le centre de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Des Palestiniens transportent un homme blessé extrait des décombres d'une maison détruite lors d'une frappe israélienne dans le centre de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Les personnes en deuil réagissent près des corps des Palestiniens tués lors d'une frappe israélienne, au milieu du conflit en cours entre Israël et les Palestiniens, à l'hôpital Abu Yousef al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Les personnes en deuil réagissent près des corps des Palestiniens tués lors d'une frappe israélienne, au milieu du conflit en cours entre Israël et les Palestiniens, à l'hôpital Abu Yousef al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Les personnes en deuil réagissent près des corps des Palestiniens tués lors d'une frappe israélienne, au milieu du conflit en cours entre Israël et les Palestiniens, à l'hôpital Abu Yousef al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Les personnes en deuil réagissent près des corps des Palestiniens tués lors d'une frappe israélienne, au milieu du conflit en cours entre Israël et les Palestiniens, à l'hôpital Abu Yousef al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon l'ONU, environ 1,2 million d'habitants, en majorité poussés là par les combats, s'entassent dans Rafah
  • Des habitants préparent leurs affaires, sous une pluie abondante qui inonde les tentes

RAFAH: L'armée israélienne, qui prépare une offensive d'ampleur contre Rafah, a entamé lundi une "opération d'ampleur limitée" visant à faire évacuer "temporairement" des dizaines de milliers de familles palestiniennes installées dans l'est de cette ville de la bande de Gaza, les appelant à rejoindre des "zones humanitaires".

Selon des habitants, des tracts largués sur les quartiers est de Rafah dans la matinée avertissent que "l'armée israélienne s'apprête à agir avec force contre les organisations terroristes" et que quiconque reste "dans la zone met en danger sa vie et celles de sa famille".

"Pour votre sécurité, l'armée israélienne vous demande d'évacuer immédiatement vers la zone humanitaire élargie d'al-Mawasi", à une dizaine de kilomètres de Rafah, est-il indiqué.

"Le processus d'évacuation a commencé sur le terrain, de façon limitée. Les habitants évacuent dans la terreur et la panique", a déclaré à l'AFP Ossama al-Kahlout, un responsable du Croissant-Rouge palestinien dans l'est de Rafah, précisant que les zones désignées à évacuer abritaient environ 250.000 personnes, dont de nombreuses personnes déjà déplacées depuis d'autres zones de la bande de Gaza.

L'armée israélienne a confirmé avoir "commencé une opération d'ampleur limitée pour évacuer temporairement les personnes résidant dans l'est de Rafah". "C'est une opération d'ampleur limitée", a insisté un porte-parole militaire, estimant à "environ 100.000" le nombre de personnes concernées.

Les habitants seront aussi informés par SMS, appels téléphoniques et messages en arabe relayés par les médias, selon ce porte-parole qui a précisé qu'ont été installés dans la "zone humanitaire élargie" entre autres "des hôpitaux de campagne, des tentes et un volume croissant de nourriture, d'eau, de médicaments et autres".

Cette opération "fait partie de nos plans de démantèlement du Hamas" dont "nous avons eu un rappel violent de la présence et de la capacité opérationnelle à Rafah hier", a-t-il souligné. Dimanche, selon l'armée, trois soldats israéliens ont été tués et douze blessés par des roquettes tirées depuis l'est de Rafah autour du point de passage de Kerem Shalom, entre Israël et la bande de Gaza.

Les tirs ont été revendiqués par les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas.

Où aller ?

Un couple de Rafah a indiqué à l'AFP avoir appris la nouvelle de l'évacuation à son réveil, après une nuit d'angoisse rythmée par une dizaine de frappes israéliennes. Des habitants préparent leurs affaires, sous une pluie abondante qui inonde les tentes.

"Tous ceux résidant dans les zones désignées évacuent leurs maisons", a indiqué à l'AFP un habitant souhaitant garder l'anonymat", dont la soeur vit dans un quartier concerné.

"Ma famille et moi, 13 personnes, ne savons pas où aller", a déclaré à l'AFP Abdul Rahman Abu Jazar, 36 ans, habitant d'un quartier à évacuer: les "zones humanitaires" indiquées par l'armée israéliennes sont déjà "surpeuplées", sans "place pour planter des tentes ou écoles où nous abriter".

"Il n'y aucun hôpital dans cette zone", poursuit-il, "la femme de mon oncle suit un traitement rénal" dans un hôpital de Rafah, situé dans une zone à évacuer, "comment va-t-on faire avec elle? Attendre qu'elle meure et regarder sans pouvoir rien faire?"


Les Houthis revendiquent la victoire contre la marine américaine en mer Rouge

Le destroyer lance-missiles Arleigh Burke USS Carney (DDG 64) abat plusieurs véhicules aériens sans pilote et missiles houthis en mer Rouge. (AFP)
Le destroyer lance-missiles Arleigh Burke USS Carney (DDG 64) abat plusieurs véhicules aériens sans pilote et missiles houthis en mer Rouge. (AFP)
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  • Le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Sarea, a rapporté, vendredi, que les frappes contre les navires ayant des liens avec Israël seraient étendues à la Méditerranée
  • Les attaques seraient intensifiées pour inclure toute entreprise interagissant avec Israël si le pays en venait à mener l’attaque prévue contre la ville palestinienne de Rafah

AL-MOUKALLA: Les Houthis ont réitéré leurs menaces de prendre pour cible des navires à destination d’Israël ou ayant des liens avec le pays – y compris ceux qui sont en Méditerranée – au moment où ils revendiquent la victoire contre la marine américaine en mer Rouge.

L’agence de presse Saba, sous contrôle houthi, a rapporté que la quatrième phase de la campagne propalestinienne de la milice ciblerait tous les navires se dirigeant vers Israël qui se trouvent à portée de leurs drones et missiles, notant que les marines américaine et britannique, entre autres marines occidentales, «sont impuissantes» face à leurs attaques.

«La quatrième phase met en lumière la puissance des forces armées yéménites dans la lutte contre les armes navales les plus puissantes du monde, les flottes américaine, britannique et européenne, ainsi que la marine sioniste (israélienne)», déclare l’agence Saba.

Le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Sarea, a rapporté, vendredi, que les frappes contre les navires ayant des liens avec Israël seraient étendues à la Méditerranée. Les attaques seraient intensifiées pour inclure toute entreprise interagissant avec Israël si le pays en venait à mener l’attaque prévue contre la ville palestinienne de Rafah.

Depuis novembre, les Houthis ont lancé des centaines de missiles balistiques et de drones sur des navires commerciaux et militaires en mer Rouge, dans le détroit de Bab al-Mandab et dans le golfe d’Aden. Ils affirment que les attaques visent uniquement les navires ayant des liens avec Israël dans le but de mettre fin au blocus imposé à la bande de Gaza.

Ils ont également tiré sur des navires commerciaux et militaires américains et britanniques dans les eaux internationales au large du Yémen après que les deux pays ont lancé des frappes contre les zones contrôlées par les Houthis.

Samedi, le ministre houthi de l’Information, Dhaif Allah al-Chami, a affirmé que les États-Unis avaient été contraints de retirer leurs porte-avions et autres navires de guerre de la mer Rouge après avoir échoué à contrecarrer les attaques. Il a ajouté que de nouvelles offensives seraient lancées contre les navires israéliens en Méditerranée dans les jours à venir.

«Ils ont lamentablement échoué. Les missiles et drones yéménites ont battu la marine américaine. Ses militaires, croiseurs, destroyers et porte-avions ont par ailleurs commencé à se retirer de nos mers», soutient Al-Chami dans un entretien accordé à la chaîne d’information libanaise Al-Mayadeen.

Les spécialistes du Yémen ont contesté les affirmations des Houthis selon lesquelles ils disposeraient d’armes militaires capables d’atteindre les navires israéliens en Méditerranée.

Dimanche, le général Mohammed al-Kumaim, un analyste militaire yéménite, a informé Arab News que les Houthis ne seraient en mesure de mener de telles attaques que s’ils disposaient d’armes avancées. Il a déclaré que les Houthis élargissaient leur campagne contre les navires pour éviter un ressentiment croissant du public dans les zones sous leur contrôle, après que la milice n’a ni payé pour les services de réparation ni versé leur dû aux employés du secteur public.

Le général Al-Kumaim ajoute que les Houthis pourraient revendiquer la responsabilité d’une attaque contre un navire en Méditerranée, menée par un groupe soutenu par l’Iran dans la région.

«Des points de vue théorique et technologique, les Houthis n’ont aucune capacité technique ou militaire pour atteindre leurs objectifs (en Méditerranée)», conclut le général Al-Kumaim.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com