L’exode des Libanais a atteint un point critique alors que la crise s’accélère

Des voyageurs assis à côté de leurs bagages au terminal de départ de l’aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, au Liban, le mardi 20 août 2019. (Photo, AP)
Des voyageurs assis à côté de leurs bagages au terminal de départ de l’aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, au Liban, le mardi 20 août 2019. (Photo, AP)
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Publié le Mercredi 01 septembre 2021

L’exode des Libanais a atteint un point critique alors que la crise s’accélère

  • L’année dernière, l’ancien député Élias Hankach a révélé que le nombre de demandes d’immigration présentées au Liban dépassait les 380000
  • La monnaie nationale libanaise a perdu quelque 90% de sa valeur depuis que des manifestations de masse ont éclaté fin 2019

DUBAÏ: L’immigration en provenance du Liban entre dans un état d’«exode», car les nombreuses crises qui frappent le petit pays méditerranéen ne sont pas résolues, selon l’Observatoire de la crise, un programme de recherche interdisciplinaire lancé par l’Université américaine de Beyrouth (AUB).

L’immigration continue de milliers de Libanais a atteint un point critique, note le programme de recherche, et des indicateurs alarmants suggèrent que des dizaines de personnes fuient les difficultés politiques, économiques et sociales.

«Les données de l’aéroport sont trompeuses, car un certain nombre de ceux qui quittent le pays pourraient le faire pour le tourisme ou des voyages d’affaires», a souligné Nasser Yassine, directeur du programme, à Arab News.

Pourtant, plusieurs tendances suggèrent que le Liban est sur le point d’entamer une vague d’exode massif, la troisième de son histoire.

Quelque 330 000 personnes ont quitté le Mont Liban durant la Première Guerre mondiale, tandis que 990 000 autres ont échappé au carnage de la guerre civile de 1975-1990.

«Le pourcentage alarmant de jeunes libanais qui veulent quitter le pays, la migration massive du personnel médical et éducatif et la chronicité attendue de la crise libanaise sont des signes inquiétants», selon M. Yassine.

L’Arab Youth Opinion Survey a révélé l’année dernière que 77% des jeunes libanais envisageaient d’immigrer. Ce taux est le plus élevé de tous les pays arabes.

Il s’agit d’une conséquence directe de l’effondrement du Liban, indique le rapport. La crise a contraint 61% des entreprises libanaises à réduire leurs effectifs permanents de 43% en moyenne.

L’année dernière, l’ancien député Élias Hankach a révélé que le nombre de demandes d’immigration présentées au Liban dépassait les 380 000, citant une source proche de l’ambassade du Canada au Liban. Ces demandes concernaient uniquement le Canada, l’Europe et les États-Unis, a-t-il précisé.

Les secteurs de l’éducation et de la santé, autrefois piliers de l’identité du Liban, ont également été durement touchés. Selon les données analysées par l’Observatoire, 1 600 infirmières ont immigré depuis 2019, tandis que des centaines d’éducateurs sont partis pour le Golfe ou l’Amérique du Nord.

«À l’AUB seulement, 190 enseignants ont immigré, ce qui constitue 15% du corps professoral», d’après le rapport.

Les différentes crises que traverse le Liban n’ayant pas de fin en vue, «des centaines de milliers de personnes seront contraintes de quitter leur pays pour investir, travailler, étudier ou prendre leur retraite», ajoute le rapport.

Selon les données de la Banque mondiale, le Liban a besoin au mieux de douze ans pour retrouver ses niveaux de PIB de 2017, et dans le pire des cas, jusqu’à dix-neuf ans.

Cela laisse supposer un «effondrement délibéré étant donné l’absence de décision politique avec une approche sérieuse de la crise libanaise», a souligné l’Observatoire.

«Si nous ajoutons à ces trois indicateurs locaux un autre facteur, à savoir le besoin croissant de main-d’œuvre, de professionnels et de jeunes dans un grand nombre des pays les plus avancés du monde, qui connaissent une baisse du taux de croissance démographique et une augmentation de la proportion de personnes âgées, nous pourrons alors prévoir une grande vague d’immigration libanaise dans les années à venir», conclut le rapport.

La monnaie nationale libanaise a perdu quelque 90% de sa valeur depuis que des manifestations de masse ont éclaté fin 2019, et plus de 50% de la population s’est retrouvée sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.

La crise n’a épargné personne, le ministre sortant de l’Intérieur, Mohammed Fahmi, déplorant une hausse des désertions dans les rangs des Forces de sécurité intérieure qui ont vu leur pouvoir d’achat s’effondrer.

Dans un entretien accordé mardi au quotidien libanais Al-Joumhouria, M. Fehmi a déclaré que «le taux de désertion des agents des FSI a récemment augmenté, car certains ont trouvé de nouvelles sources de revenus».

Les salaires de la plupart des agents et des officiers de sécurité ont chuté à moins de 50 dollars par mois (1 dollar = 0,85 euro), à un moment où les affrontements entre Libanais, dus à une grave pénurie de carburant, se multiplient.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.