Des gouverneurs pro-Trump rivalisent à droite, la présidentielle déjà en vue

«La question n'est pas tant qui sera le prochain Trump mais qui est en meilleure position pour attirer les électeurs de Trump». (AFP)
«La question n'est pas tant qui sera le prochain Trump mais qui est en meilleure position pour attirer les électeurs de Trump». (AFP)
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Publié le Jeudi 02 septembre 2021

Des gouverneurs pro-Trump rivalisent à droite, la présidentielle déjà en vue

  • Près de huit mois après son départ de la Maison Blanche, l'ex-président américain Donald Trump reste le grand faiseur de rois chez les républicains
  • 666 nouvelles lois ont commencé à être appliquées au Texas, dont une qui permet aux Texans de porter leur arme à feu partout avec eux, sans autorisation spéciale

WASHINGTON: Lutte contre l'avortement, levées de restrictions sur les armes à feu ou combat farouche contre les mesures anti-Covid: trois gouverneurs républicains rivalisent de décisions conservatrices avec déjà un oeil sur la prochaine présidentielle américaine, comme engagés dans une course au plus trumpiste des trumpistes.


Car près de huit mois après son départ de la Maison Blanche, l'ex-président américain Donald Trump reste le grand faiseur de rois chez les républicains.


Certes, le milliardaire flirte ouvertement avec une nouvelle candidature lors de la présidentielle de 2024. 


Mais en attendant son éventuelle annonce, qui n'arriverait que bien plus près de cette échéance, ses héritiers apparents occupent le terrain sans confirmer leurs ambitions présidentielles, en tentant de s'attirer les suffrages des électeurs trumpistes. 


Avec en première ligne trois gouverneurs qui jouent leur réélection dès 2022: les dirigeants de deux des plus gros Etats républicains, Greg Abbott, gouverneur du Texas et Ron DeSantis en Floride, ainsi que la gouverneure du petit Etat conservateur du Dakota du Sud, célèbre pour son Mont Rushmore, Kristi Noem. 


"La question n'est pas tant qui sera le prochain Trump mais qui est en meilleure position pour attirer les électeurs de Trump", souligne le stratège républicain John Feehery. 


"Qui peut le mieux se faire entendre des électeurs ouvriers qui se sentent méprisés par l'establishment politique? Qui peut remporter la primaire des téléspectateurs de Fox", la chaîne prisée des conservateurs, dit-il à l'AFP. 

«Les bonnes grâces de Trump»
Au Texas, Greg Abbott, 63 ans, a signé une loi ultra-controversée, entrée en vigueur mercredi, qui rend l'immense majorité des avortements illégaux. Ce même jour, 666 nouvelles lois ont commencé à être appliquées dans ce vaste Etat, dont une qui permet aux Texans de porter leur arme à feu partout avec eux, sans autorisation spéciale.


En Floride, Ron DeSantis, 42 ans, a notamment limité les restrictions imposées sur le port d'armes et compliqué l'accès à l'avortement. Face à la pandémie de la Covid-19, il a opté pour une relance rapide de l'économie après les premiers mois de fermeture.


Occupant une place de choix dans les grands rassemblements conservateurs et dans les émissions phare ces derniers mois, Kristi Noem, 49 ans, s'est aussi imposée en rivale potentielle. 


Cet été dans l'Iowa -- une étape traditionnelle des candidats qui veulent signaler leur intérêt pour la Maison Blanche -- elle a déclaré qu'elle "détest(ait) réellement" l'Amérique sous la présidence du démocrate Joe Biden.


De façon plus surprenante, celle qui se pose en grande défenseure de la liberté face aux mesures anti-Covid a aussi décoché des flèches en direction d'autres gouverneurs républicains, les accusant d'avoir "réécrit l'Histoire" en "prétendant" qu'ils n'avaient pas fermé leurs économies pendant la pandémie.


Une pique que beaucoup ont vue comme destinée à Ron DeSantis. 


En plus de ces batteries de mesures, les trois gouverneurs s'emparent régulièrement des grands sujets qui embrasent la politique américaine, comme les mesures anti-racisme défendues par les démocrates.


"Parfois en politique, il s'agit plus de ceux qui sont contre vous plutôt que de ce que vous soutenez", explique à l'AFP Kyle Kondik, politologue de l'université de Virginie. "Ces trois gouverneurs ont cherché la bagarre avec la gauche à plusieurs reprises, et je pense que leurs militants apprécient."


Pour les élections parlementaires de mi-mandat, prévues en novembre 2022, Donald Trump a déjà déclaré son soutien à Greg Abbott, "un combattant", mais n'a pas encore décerné son précieux parrainage aux deux autres. 


Quant à la présidentielle encore lointaine de 2024, c'est Ron DeSantis -- "un type super" selon l'ex-président -- qui apparaît le mieux placé dans les sondages informels républicains ne prenant pas en compte Donald Trump. 


Selon John Feehery, le plus important pour les candidats républicains est de "rester dans les bonnes grâces de Trump et de ne pas se mettre à dos" ses électeurs. 


Mais tous les pronostics resteront purement théoriques si, comme il le prédit, le 45e président des Etats-Unis entre dans l'arène: 


"Je pense que Trump va se représenter et qu'il remportera la nomination." 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.