Pour le Guide iranien, Biden et Trump, c'est bonnet blanc et blanc bonnet

Le guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, s'entretient avec le président iranien Ebrahim Raïssi et les membres de son Cabinet, à Téhéran (Iran), le 28 août 2021. (Photo, Reuters)
Le guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, s'entretient avec le président iranien Ebrahim Raïssi et les membres de son Cabinet, à Téhéran (Iran), le 28 août 2021. (Photo, Reuters)
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Publié le Samedi 28 août 2021

Pour le Guide iranien, Biden et Trump, c'est bonnet blanc et blanc bonnet

  • Khamenei a tenu ces propos alors qu'Occidentaux, Russes et Chinois attendent depuis fin juin un signe de la volonté de Téhéran de reprendre les discussions
  • Joe Biden a affirmé à son allié israélien que les États-Unis s'engageaient à s'assurer que «l'Iran ne développerait jamais une arme nucléaire»

TÉHÉRAN: Joe Biden et Donald Trump, c'est du pareil au même, a estimé samedi le guide suprême iranien dans un discours ne donnant aucun signe d'inclination à une reprise rapide des négociations sur le nucléaire iranien.

"Le gouvernement américain actuel (du président Biden) n'est en rien différent du précédent parce que ce qu'il exige de l'Iran sur la question nucléaire est la même chose que ce que Trump exigeait", a déclaré l'ayatollah Ali Khamenei selon un extrait vidéo de cette allocution devant les membres du gouvernement.

"Lui (Donald Trump, NDLR) le disait d'une façon et eux (l'équipe Biden) avec des mots différents", a ajouté le numéro un iranien dans cet extrait diffusé sur son site internet. 

M. Khamenei a tenu ces propos alors qu'Occidentaux, Russes et Chinois attendent depuis fin juin un signe de la volonté de Téhéran de reprendre les discussions entamées à Vienne en avril pour tenter de sauver l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015, torpillé trois ans plus tôt par M. Trump.  

Son discours survient aussi au lendemain d'une rencontre entre M. Biden et le Premier ministre israélien Naftali Bennett, fervent détracteur, comme son prédécesseur Benjamin Netanyahu, de cet accord.

Joe Biden a affirmé à son allié israélien que les États-Unis s'engageaient à s'assurer que "l'Iran ne développerait jamais une arme nucléaire".

"Nous privilégions la diplomatie (...). Mais si la diplomatie échoue, nous sommes prêts à nous tourner vers d'autres options", a-t-il mis en garde.

Téhéran a toujours nié vouloir se doter l'arme atomique.

«Loup cruel» et «renard rusé»

Les propos de M. Biden sont "une menace illégale" et autorisent l'Iran "à une réponse réciproque contre ces +options disponibles+", a tweeté le secrétaire général iranien du Conseil suprême de la sécurité nationale, Ali Chamkhani.

Selon la transcription d'un extrait de son discours, l'ayatollah Khamenei a estimé d'autre part que, "dans les coulisses de la politique étrangère américaine, il y a un loup cruel qui se transforme parfois en renard rusé".

Dirigé par le président Ebrahim Raïssi, un ultraconservateur, le nouvel exécutif iranien est entré en fonction mercredi après avoir obtenu la confiance du Parlement.

M. Raïssi a succédé début août au modéré Hassan Rohani, principal architecte, côté iranien, de l'accord de 2015.

Conclu à Vienne, cet accord offre à l'Iran un allègement des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l'arme atomique, et d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle de l'ONU.

Mais il menace de voler en éclats depuis que M. Trump en a sorti unilatéralement les États-Unis en mai 2018 avant de rétablir les sanctions américaines contre l'Iran que l'accord avait permis de lever.

«Voisins et Asie»

En riposte, l'Iran a progressivement abandonné à partir de mai 2019 la plupart des limites à ses activités nucléaires prévues par l'accord.

M. Biden dit vouloir faire revenir Washington dans le giron de l'accord, et des discussions se sont ouvertes en avril entre Iraniens, Occidentaux, Russes et Chinois à Vienne en vue de permettre cette réintégration.

La dernière session s'était achevée le 20 juin, avec des représentants du gouvernement iranien sortant de M. Rohani, deux jours après la présidentielle remportée par M. Raïssi.

M. Khamenei, qui à la haute main sur le dossier nucléaire iranien, avait averti en avril que les négociations de Vienne "ne devraient pas traîner en longueur" car cela serait alors "nuisible" aux intérêts de l'Iran.

Dans deux messages publiés mercredi, le soir de sa prise de fonction, le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, n'a fait aucune référence à l'accord de 2015, affirmant que les pays "voisins et l'Asie" étaient "la priorité numéro 1" du gouvernement en matière de politique étrangère.

En matière de politique intérieure, le guide a déclaré à M. Raïssi et à ses ministres que "la confiance du peuple" était "le plus grand capital" dont dispose un gouvernement.

"Malheureusement (elle a) été quelque peu endommagée" et "vous devez la restaurer".

Sur fond de ras-le-bol général face à la grave crise économique, sociale et sanitaire qu'endure le pays, l'élection remportée par M. Raïssi en juin a été marquée par une abstention record pour une présidentielle iranienne et l'absence de concurrent susceptible de lui faire de l'ombre. 


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.