Un procès en Suède soulève des questions sensibles sur le passé du régime iranien

Des Irano-Suédois se rassemblent devant la salle d'audience pour attirer l'attention sur les crimes de Noury. (Photo par Ann Tornkvist)
Des Irano-Suédois se rassemblent devant la salle d'audience pour attirer l'attention sur les crimes de Noury. (Photo par Ann Tornkvist)
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Publié le Jeudi 26 août 2021

Un procès en Suède soulève des questions sensibles sur le passé du régime iranien

  • Le procès donne un aperçu des atrocités commises par des responsables du régime islamique contre des dissidents de gauche en 1988
  • Les militants ont réussi à attirer Noury en Scandinavie grâce à une offre de croisière de luxe frauduleuse; ils ont ensuite averti la police locale de son arrivée

STOCKHOLM: Les murs épais de pierre du Stockholm District Court n'ont manifestement pas réussi à empêcher les protestations de s’exprimer. Depuis le début du procès de Hamid Noury, 60 ans, le 10 août, les Irano-Suédois se rassemblent chaque jour devant ce palais de justice centenaire afin d’attirer l'attention du monde sur ses crimes présumés.

La semaine dernière, lors d'une comparution devant le tribunal, Noury s'est plaint du fait que les slogans des manifestants étaient «insultants», ce qui a contraint le juge à demander à la police de calmer la foule à l'extérieur.

Le procès porte sur l'exécution massive, aux mois de juillet et d’août 1988, de prisonniers politiques membres ou sympathisants du MEK, un groupe armé de gauche également connu sous le nom d'«Organisation des moudjahidines du peuple iranien» ou «Ompi».

En tant qu'adjoint présumé de l'un des procureurs du tribunal spécial, Noury aurait joué un rôle clé dans les exécutions qui ont eu lieu dans la prison de Gohardasht, un établissement situé dans la banlieue nord de Karadj, à environ 20 kilomètres à l'ouest de Téhéran, la capitale iranienne.

Le parquet affirme que Noury a rendu possible les condamnations, qu’il a envoyé des prisonniers à la mort et qu’il a aidé les procureurs à recueillir leurs noms. L’intéressé a nié toutes ces accusations et il a prétendu que les peines étaient justifiées en raison d'une fatwa (décision religieuse) prononcée par l'ayatollah Rouhollah Khomeini, Guide suprême de l'Iran à l'époque.

Cette fatwa, émise en 1988, visait l'Ompi, interdite par le régime islamique en 1981 et tenue pour responsable d'une série d'attaques contre lui à la fin de la guerre Iran-Irak de 1980-1988. L'Ompi opérait depuis 1986 de l'Irak, alors dirigée par Saddam Hussein, l'ennemi juré de l'Iran.

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Massoud Radjavi et son épouse Maryam (à droite), dirigeants de l’Organisation des moudjahidines du peuple (Ompi), un mouvement d'opposition iranien, célèbrent leur mariage en compagnie de militants le 19 juin 1985 au siège du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI). (AFP/Archive Photo)

Les familles des victimes de ces exécutions attendent depuis trois décennies que justice soit rendue. Aujourd’hui, après une enquête policière suédoise complexe sur les meurtres présumés de prisonniers politiques, elles pourraient bientôt être en mesure de tourner la page.

Les survivants de la purge contre le MEK ont révélé au cours de leurs témoignages que plusieurs détenus avaient déjà le nœud coulant du bourreau autour du cou lorsque Noury les a conduits vers ce que les prisonniers appelaient le «couloir de la mort » pour qu’ils soient auditionnés.

Noury aurait lu les noms de ceux qui faisaient face au tribunal spécial, surnommé la «commission de la mort». Certains ont renoncé à leur allégeance à l'Ompi et ont ainsi réussi à éviter la peine de mort.

Shahin Gobadi, le porte-parole du Conseil national de la résistance iranienne, affilié au MEK, participait, la semaine dernière, à une manifestation d’exilés iraniens qui rassemblait, à l'extérieur du Stockholm district Court, d’anciens prisonniers politiques et des familles de victimes de ces exécutions secrètes. Il a déclaré à Arab News: «C'était un tribunal populaire où le prétendu procès durait une à deux minutes.»

Gobadi ajoute: « Noury servait des pâtisseries aux juges de la “commission de la mort” ainsi qu’aux gardiens de prison pour fêter une “bonne journée de travail”».

Un témoin décrit Noury comme « particulièrement implacable » par rapport à d'autres responsables impliqués dans ce massacre qui apparaît comme un véritable système d'abattage à la chaîne d’une production industrielle.

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Kenneth Lewis (à gauche) représente plusieurs des plaignants. Le procès se déroule au Stockholm District Court. (Photos par Ann Tornkvist)

Les militants ont réussi à attirer Noury en Scandinavie grâce à une offre de croisière de luxe frauduleuse; ils ont ensuite averti la police locale de son arrivée. Depuis son arrestation à l'aéroport de Stockholm, au mois de novembre 2019, le dossier constitué contre lui s'est étoffé.

Kenneth Lewis, qui représente plusieurs des plaignants, affirme au tribunal que cinq cents à six cents prisonniers sont morts à Gohardasht en l'espace de quelques semaines, mais qu’il ne s’agit que l’une des nombreuses prisons où des exécutions ont eu lieu.

Un rapport d’Amnesty International, l’observateur des droits humains, qui date de 2018 et a pour titre «Blood-Soaked Secrets: Why Iran’s 1988 prison massacres are current crimes against humanity» («Secrets couverts de sang: pourquoi les massacres des prisons iraniennes de 1988 sont des crimes actuellement commis contre l’humanité»), estime le nombre de morts dans les prisons du régime à environ cinq mille.

Une répression plus importante, qui n'était pas réservée aux prisons, aurait fait trente mille victimes parmi les dissidents iraniens. Lewis souligne que ce bilan dépasse, et de loin, d'autres atrocités tristement célèbres, comme celles qui ont été commises à Srebrenica, en Bosnie.

«Je suis pourtant convaincu que c’est le motif, et non les chiffres, qui définit le génocide», affirme Lewis à la cour dans sa déclaration préliminaire. En effet, le fils et le bras droit de Rouhollah Khomeini, Ahmed, aurait fermement plaidé en faveur de la fatwa en question, affirmant qu'il était temps d’«exterminer» l'Ompi en représailles aux activités qu’il mène contre le régime.

«Selon nous, ces exécutions constituent un génocide parce que la fatwa a été émise dans le but d'exterminer l'Ompi sur la base de l'opinion religieuse du régime», estime Lewis.

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À gauche, photo de Hamid Noury; à droite, sa fiche d’information établie par la police suédoise. (Photo par Ann Tornkvist)

Ali Doustkam, qui a fui en Suède en 1994 et a assisté aux manifestations à Stockholm, dit que le traumatisme de la fatwa de 1988 persiste en dépit du temps passé. «Les prisonniers qui ont été exécutés ont été jetés dans des fosses communes. Leurs familles n'ont toujours pas pu les enterrer», révèle-t-il à Arab News.

Selon lui, les membres présumés de l'Ompi éliminés par le régime en dehors du système pénitentiaire ont tous été traités avec le même irrespect. Ennemis de Dieu, ils se sont vu refuser le droit d'être enterrés dans des cimetières communaux parmi les personnes pieuses. «Les parents ont été forcés d'enterrer leurs enfants dans leur jardin», raconte Doustkam.

Selon Gobadi, «le gouvernement des meurtriers de masse» iranien a non seulement évité de rendre des comptes pour ses actions, mais il a récompensé ses fonctionnaires pour leur «sauvagerie impitoyable». Parmi ces bourreaux figure le nouveau président iranien, Ebrahim Raïssi, qui fut chef de la justice. Amnesty International l’accuse d’avoir fait partie de la «commission de la mort» et d’être derrière les exécutions secrètes.

Raïssi a nié toute implication; en revanche, il a salué «l'ordre» donné par Khomeini de procéder à la purge.

«Notre souhait le plus profond est qu'une condamnation ici conduise Noury ainsi que des membres du régime iranien à être jugés pour crimes contre l'humanité devant un tribunal international», souligne Doustkam.

Les avocats de Noury ont contesté les preuves qui accablent leur client, mettant en évidence des incohérences et des témoignages irrecevables. Ils ont également laissé entendre que des groupes sur les réseaux sociaux se sont fait l’écho d’inexactitudes véhiculées pendant de nombreuses années et qui ont transformé de simples ouï-dire en faits présumés.

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Le procès porte sur l'exécution massive, aux mois de juillet et d’août 1988, de prisonniers politiques membres ou sympathisants du MEK, un groupe armé de gauche. (Photo par Ann Tornkvist)

La défense signale également qu'aucun des témoins n'a véritablement identifié Noury comme un membre du tribunal de la «commission de la mort», ce qui signifie qu'il n'avait aucun pouvoir formel de décision ou de condamnation. Elle va jusqu’à nier le fait que Noury ait travaillé dans la prison.

Même si de tels arguments peuvent peser devant un tribunal, les familles des victimes présumées de Noury restent convaincues de sa culpabilité morale.

«Il est possible qu’il ait été au bas de l’échelle; mais il faisait partie intégrante du régime impitoyable de l’Iran», rétorque Gobadi.

Bien qu'un seul individu soit jugé, les familles des victimes de ces exécutions secrètes ont saisi la valeur symbolique d’une comparution réussie et ses répercussions éventuelles.

«Ce qui est inhabituel dans ce procès, c'est qu'il s'agit surtout d'un acte d'accusation contre l'ensemble du régime iranien, et c'est un problème considérable pour ses responsables», déclare Lewis, l'avocat des plaignants, à Arab News.

Kristina Lindhoff Carleson, le procureur principal de cette affaire, a jugé qu'il y avait suffisamment de preuves pour inculper Noury de cent meurtres. La vision d’un tel suspect conduit dans une salle d'audience menottes aux poignets est sans précédent.

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La semaine dernière, lors d'une comparution devant le tribunal, Noury s'est plaint du fait que les slogans des manifestants étaient «insultants», ce qui a contraint le juge à demander à la police de calmer la foule à l'extérieur. (Photo par Ann Tornkvist)

«Le procès marquant qui se déroule en Suède intervient après des décennies de persévérance de la part des familles iraniennes et des victimes des exécutions massives de 1988», indique Balkees Jarrah, directrice adjointe de la justice internationale à Human Rights Watch (HRW), dans un communiqué. «Cette affaire rapproche les victimes de la justice pour des crimes commis il y a plus de trente ans», ajoute-t-elle.

Ce procès n'était possible qu'en Suède. En effet, ce pays reconnaît la compétence universelle pour certains crimes particulièrement graves comme les exécutions en masse, ce qui permet d’ouvrir une enquête et d’engager des poursuites quel que soit le lieu où les faits ont été commis.

HRW déclare que les affaires de compétence universelle sont importantes car elles garantissent le fait que ceux qui se sont livrés à des atrocités sont tenus responsables. L’organisation affirme que ce processus rend justice aux victimes qui n'ont aucun recours et qu'il prévient de futurs crimes en veillant à ce que les pays ne deviennent pas des refuges pour ceux qui violent les droits.

«Les lois de compétence universelle sont un outil clé contre l'impunité qui accompagne les crimes odieux, en particulier lorsqu'il n'existe aucune autre option de justice viable», explique Jarrah.

Des membres de la communauté suédo-iranienne déclarent aux médias locaux à quel point ils sont fiers de voir les autorités de leur pays d'adoption traduire en justice l'un de leurs bourreaux.

Le verdict est attendu au mois d’avril 2022.


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.