Macron annonce des aides pour Marseille mais sans «chèque en blanc»

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours au Palais du Pharo, le 2 septembre 2021, dans le cadre d'une visite de trois jours à Marseille, dans le sud de la France. (Guillaume Horcajuelo / Pool / AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours au Palais du Pharo, le 2 septembre 2021, dans le cadre d'une visite de trois jours à Marseille, dans le sud de la France. (Guillaume Horcajuelo / Pool / AFP)
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Publié le Vendredi 03 septembre 2021

Macron annonce des aides pour Marseille mais sans «chèque en blanc»

  • Au terme de deux jours de visite où il a pu entendre les «attentes colossales», le président a annoncé que l'État aiderait à financer des projets de transports, pour désenclaver les quartiers les plus déshérités
  • Parmi les projets que l'État aidera, Emmanuel Macron a cité notamment l'automatisation du métro -dans une ville qui ne compte que deux lignes pour 870.000 habitants-, la création de quatre nouvelles lignes de tramways et de cinq lignes de bus à haut nivea

MARSEILLE, France : «Ni grand plan, ni chèque en blanc»: Emmanuel Macron a annoncé jeudi des aides pour donner un nouvel élan à Marseille, «plus pauvre que d'autres», mais sans chiffrer l'apport de l'Etat pour rénover les écoles délabrées de la deuxième ville de France.

«Je pense qu'aider aujourd'hui Marseille à réussir, c'est bon pour le pays tout entier», a-t-il insisté devant un parterre d'élus, d'enfants et de personnalités dont le joueur de l'OM Dmitri Payet.

Au terme de deux jours de visite où il a pu entendre les «attentes colossales», le président a annoncé que l'État aiderait à financer des projets de transports, pour désenclaver les quartiers populaires du nord de la ville, les plus déshérités et touchés par la violence découlant du trafic de drogue.

Il s'est toutefois refusé à toute grande annonce chiffrée. Le montant total des nouvelles aides de l'Etat -- 1,5 milliard d'euros, hors rénovation des écoles -- a été précisé par la suite par un de ses conseillers.

«Vous avez entendu beaucoup de discours et beaucoup de chèques. Je ne sais pas si nous allons réussir. Je veux que ces promesses deviennent des faits», a plaidé le président.

Quant à la contribution de l'Etat pour aider à rénover 174 écoles insalubres, il a demandé quelques semaines supplémentaires pour la chiffrer. Il a aussi annoncé qu'il reviendrait en octobre et en février pour un premier bilan.

Nouvelles lignes de tram 

«Ce plan on y travaille depuis des mois et des mois et dans quelques jours, quelques semaines on en dévoilera le contenu exact. Le président a décidé de faire les choses de façon sérieuse, nous aussi», a brièvement commenté le maire Benoît Payan.

Parmi les projets que l'État aidera, Emmanuel Macron a cité notamment l'automatisation du métro -dans une ville qui ne compte que deux lignes pour 870.000 habitants-, la création de quatre nouvelles lignes de tramways et de cinq lignes de bus à haut niveau de service.

Après deux mois marqués par une hausse des règlements de compte meurtriers, même si leur nombre reste moins élevé que dans les années 1980 ou 2010, il a aussi annoncé une accélération de l'arrivée à Marseille des 300 policiers de plus déjà promis, qui seront là en 2022 et non plus 2023, et le financement de 500 caméras de vidéosurveillance.

Dans son long discours devant le palais du Pharo, interrompu par une averse puis par une coupure du son, Emmanuel Macron a adopté un ton parfois tranchant pour critiquer les problèmes de gouvernance de la Métropole, dirigée par la LR Martine Vassal, ainsi que les dysfonctionnements des services de la mairie, dirigée par la gauche, touchés par l'absentéisme et les grèves.

«On ne va pas se substituer à un système qui n'arrive pas à se financer, car on a construit une mécanique qui n'avance plus, par des petits arrangements (...), la deuxième ville de France ne peut pas supporter cette situation», a-t-il lancé.

Ecoles laboratoire

Le chef de l'Etat a aussi suggéré de nouvelles méthodes, dont des expérimentations éducatives pour permettre aux directeurs d'école de choisir les enseignants ou la mise en place d'un service militaire adapté, comme en Outre-mer, pour redonner des repères à des jeunes.

«Marseille est touchée en son coeur par les trafics d'armes, les assassinats, les quartiers abandonnés, qui se referment dans la peur et l'économie informelle», avait averti en introduction Benoît Payan. «Il faut répondre à l'urgence» et «recoudre une ville fracturée».

Les annonces du chef de l'Etat constituent le point d'orgue d'un séjour très médiatisé, où il s'est montré au côté des habitants, des associations, des policiers, des enfants ou encore des médecins.

Mercredi, il avait notamment été accueilli chaleureusement par les habitants d'une cité qui lui ont raconté durant deux heures leurs problèmes de logement, de violences ou de discriminations.

Il a aussi promis de ne «rien lâcher» dans la lutte contre le trafic de drogue.

Malgré l'accueil chaleureux, des habitants et élus locaux restaient sceptiques sur le résultat de cette visite, alors que de nombreux plans ont été annoncés depuis des décennies pour Marseille.

A huit mois de la présidentielle, ce déplacement est largement commenté sur la scène politique, l'opposition de droite concentrant ses critiques sur le bilan sécuritaire d'Emmanuel Macron à Marseille, et au-delà au niveau national, tandis que la gauche demande que l'Etat mette plus de moyens dans les services sociaux.

Après un dîner jeudi avec le chef du gouvernement italien Mario Draghi, Emmanuel Macron consacrera la journée de vendredi à l'environnement, avec une sortie en mer dans le Parc national des Calanques et l'ouverture du Congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui se tient à Marseille jusqu'au 11 septembre.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.