Larcher critique la «verticalité» de la présidence Macron

«Nous allons avoir un président à temps partiel», a-t-il assuré, accusant Emmanuel Macron d'avoir «fait le choix que la présidence française soit un élément du tremplin de sa réélection». (Photo, AFP)
«Nous allons avoir un président à temps partiel», a-t-il assuré, accusant Emmanuel Macron d'avoir «fait le choix que la présidence française soit un élément du tremplin de sa réélection». (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 05 septembre 2021

Larcher critique la «verticalité» de la présidence Macron

  • «Notre pays n'a jamais été aussi fracturé, archipelisé. Le président doit être père de la nation qui rassemble, qui rassure et raccorde», a-t-il lancé
  • Déplorant «une crise des résultats», Larcher a appelé à «réformer, libérer mais aussi rassurer, donner confiance»

PARIS: Le président du Sénat Gérard Larcher a critiqué la "verticalité" du pouvoir d'Emmanuel Macron, et l'a mis en garde contre l'idée d'utiliser la présidence française de l'UE comme un "tremplin" pour sa réélection, dimanche au deuxième jour de la rentrée des Républicains.

"Notre pays n'a jamais été aussi fracturé, archipelisé. Le président doit être père de la nation qui rassemble, qui rassure et raccorde", a-t-il lancé.

Or "les décisions se prennent en conseil de défense, se prennent autour de trois hommes, (...) cela ne peut pas durer", a-t-il ajouté, en préambule d'une session de questions-réponses avec les jeunes LR rassemblés au Parc floral de Paris pour leurs universités d'été.

Déplorant "une crise des résultats", M. Larcher a appelé à "réformer, libérer mais aussi rassurer, donner confiance", et estimé qu'il fallait "retrouver la proximité avec les Français" et "la voix du respect des uns et des autres".

À l'approche de la présidence française de l'Union européenne au premier semestre 2022, M. Larcher a regretté qu'Emmanuel Macron n'ait pas cherché à déplacer ce mandat au second semestre, pour qu'il ne chevauche pas le calendrier de la présidentielle.

"Nous allons avoir un président à temps partiel", a-t-il assuré, accusant Emmanuel Macron d'avoir "fait le choix que la présidence française soit un élément du tremplin de sa réélection".

Or "nous allons avoir des sujets majeurs" tels que "la sécurité et la défense" européennes que "nous devons prendre à bras le corps", a-t-il dit.

Quant à la question du droit d'asile, "on ne pourra pas continuer à se cacher d'un sujet à traiter avec nos valeurs humaines, républicaines, mais aussi avec la réalité que notre pays n'est plus en capacité d'accueillir et d'intégrer" pour préserver "sa cohésion", a affirmé M. Larcher.

Enfin à huit mois de la présidentielle, "nous entamons une ligne droite, nous ne pouvons pas être les derniers à sortir du virage car nous risquons de ne pas être au rendez vous", a-t-il averti.

Un peu plus tôt dans la journée, Laurent Wauquiez avait fait un passage remarqué à ces universités d'été, cheminant aux cris de "Merci Laurent", ou encore "Lui il est de droite!"

Ces universités de la jeunesse, avec plus de 1 500 inscrits selon les organisateurs, avaient vu la veille le passage des quatre principaux candidats à une éventuelle primaire: Michel Barnier, Eric Ciotti, Philippe Juvin et Valérie Pécresse.


Macron appelle à soutenir la Tunisie pour contenir la «pression migratoire»

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse après un sommet de l'UE, au siège de l'UE à Bruxelles, le 24 mars 2023. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse après un sommet de l'UE, au siège de l'UE à Bruxelles, le 24 mars 2023. (Photo, AFP)
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  • La Tunisie négocie depuis plusieurs mois avec le Fonds monétaire international un prêt de près de deux milliards de dollars mais les discussions entre les deux parties semblent faire du surplace
  • «Si nous n'affrontons pas ces problèmes de manière adéquate, il existe un risque de voir se déclencher une vague migratoire objectivement sans précédent», a estimé Mme Meloni

BRUXELLES: Le président Emmanuel Macron et la Première ministre italienne Giorgia Meloni ont appelé vendredi à soutenir la Tunisie, confrontée à une grave crise financière, afin de contenir la "pression migratoire" que ce pays représente pour l'Europe.

"En Tunisie, la très grande tension politique, la crise économique et sociale qui sévit en absence d’accord avec le Fonds monétaire international, (sont) très préoccupantes", a déclaré le Emmanuel Macron au cours d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet européen.

Cela "conduit à une très grande déstabilisation du pays et de la région et à une pression migratoire accrue sur l’Italie et l'Union européenne", a-t-il dit, appelant à "agir ensemble" au niveau européen pour aider la Tunisie et permettre une "maîtrise de l'émigration".

"Il nous faut à très court terme réussir à stopper les flux migratoires qui partent de Tunisie et accroissent (cette) pression", a insisté le président français, précisant en avoir parlé avec la cheffe du gouvernement italien au cours d'une réunion bilatérale.

Mme Meloni, évoquant la crainte d'une "vague migratoire", a expliqué" avoir "abordé" le sujet pendant le sommet car "tout le monde n'a peut-être pas conscience des risques créés par la situation en Tunisie".

Interrogée sur une éventuelle mission italo-française en Tunisie avec la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, elle a répondu : "Oui, il y a une mission au niveau des ministres des Affaires étrangères, il y en  plusieurs en ce moment qui se rendent en Tunisie".

"Si nous n'affrontons pas ces problèmes de manière adéquate, il existe un risque de voir se déclencher une vague migratoire objectivement sans précédent", a estimé Mme Meloni, dont le gouvernement d'extrême droite suit sur une ligne antimigrants.

Elle a aussi abordé la situation en Tunisie avec le commissaire européen à l'Economie Paolo Gentiloni, qui "se rendra là-bas dans les prochains jours". "Un travail au niveau diplomatique doit être fait pour convaincre les deux parties, le FMI et le gouvernement tunisien, de conclure un accord pour stabiliser financièrement la région", a-t-elle souligné.

La Tunisie négocie depuis plusieurs mois avec le Fonds monétaire international un prêt de près de deux milliards de dollars mais les discussions entre les deux parties semblent faire du surplace depuis un accord de principe annoncé mi-octobre.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a quant à lui averti lundi que la situation en Tunisie était "très dangereuse", évoquant même un risque d'"effondrement" de l'Etat susceptible de "provoquer des flux migratoires vers l'UE et d'entraîner une instabilité dans la région MENA" (Moyen-Orient et Afrique du Nord).

Une analyse qualifiée de "disproportionnée" et rejetée par Tunis.


Au tour de la France d'interdire TikTok, les contours de la mesure restent à préciser

Parmi les applications désormais bannies figure "le triptyque applications de jeux comme Candy Crush, de streaming comme Netflix et récréatives comme TikTok". (Photo, AFP)
Parmi les applications désormais bannies figure "le triptyque applications de jeux comme Candy Crush, de streaming comme Netflix et récréatives comme TikTok". (Photo, AFP)
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  • Le nombre précis de téléphones professionnels concernés par l'interdiction n'était pas disponible dans l'immédiat
  • L'interdiction, notifiée aux différents ministères par le biais d'une instruction « contraignante» selon le gouvernement, entre immédiatement en vigueur, et ne concerne pas les téléphones personnels des fonctionnaires d'Etat

PARIS: Haro sur TikTok et les "applications récréatives" dans leur ensemble: le gouvernement français a interdit vendredi le téléchargement et l'utilisation du réseau social chinois controversé sur les téléphones professionnels des 2,5 millions de fonctionnaires d'Etat, emboîtant le pas à de nombreux exécutifs et parlements occidentaux.

Ces applications présentent des "risques en matière de cybersécurité et de protection des données des agents publics et de l'administration", a conclu l'entourage du ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini à l'issue d'une analyse menée par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) et la Direction interministérielle du numérique (Dinum).

Le nombre précis de téléphones professionnels concernés par l'interdiction n'était pas disponible dans l'immédiat.

Parmi les applications désormais bannies figure "le triptyque applications de jeux comme Candy Crush, de streaming comme Netflix et récréatives comme TikTok", explique l'entourage de Stanislas Guerini.

Twitter, dont la politique de modération des contenus fait débat depuis son rachat par Elon Musk, est également mis à l'index, précise-t-il.

Pour autant, le gouvernement n'a pour l'heure pas dressé de liste précise des applications interdites, qui s'appliquerait à tous les ministères.

Par principe, c'est donc l'ensemble des applications pouvant être considérées comme récréatives qui seront bannies. Seules quelques dérogations individuelles pourront être accordées pour des besoins de communication institutionnelle par exemple, selon le ministère.

L'interdiction, notifiée aux différents ministères par le biais d'une instruction "contraignante" selon le gouvernement, entre immédiatement en vigueur, et ne concerne pas les téléphones personnels des fonctionnaires d'Etat.

En cas de violation de cette nouvelle règle, aucun système unifié de sanctions n'est prévu à ce stade, d'éventuelles mesures étant laissées à la discrétion de chaque ministère.

La Maison Blanche, la Commission européenne, les gouvernements canadien et britannique ont récemment interdit à leurs fonctionnaires d'utiliser TikTok sur leurs téléphones professionnels.

Interdiction élargie ?

Jeudi, le patron de l'application Shou Zi Chew a été étrillé pendant plusieurs heures par les membres du Congrès américain, Washington envisageant une interdiction totale de TikTok dans le pays.

Au centre des craintes se trouve une loi chinoise de 2017 qui impose aux entreprises locales de remettre sur demande des autorités des données personnelles qui relèveraient de la sécurité nationale.

Le gouvernement chinois "n'a jamais demandé ni ne demandera à quelconque entreprise ou individu de collecter ou de (lui) remettre des données provenant de l'étranger, d'une façon qui violerait les lois locales", a assuré vendredi une porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning.

TikTok compte plus d'un milliard d'utilisateurs actifs dans le monde, dont 125 millions dans l'Union européenne.

L'interdiction dégainée vendredi par Paris a un spectre plus large que celles décidées dans d'autres pays occidentaux car elle vise l'ensemble des applications récréatives plutôt que le seul réseau TikTok.

"Ces applications n'ont pas été conçues pour être déployées sur des réseaux professionnels", se justifie le ministère de la Fonction publique.

Les mesures annoncées ces derniers jours par les Pays-Bas ou la Norvège sont moins contraignantes: les deux pays ont simplement déconseillé à leurs fonctionnaires l'usage de TikTok.

Le périmètre des mesures restrictives varie fortement d'un Etat à l'autre, plusieurs ayant choisi d'interdire l'application au personnel politique (députés, ministres) plutôt qu'aux fonctionnaires.

En dehors des préoccupations concernant la sécurité des données, TikTok est également critiqué pour l'opacité de son algorithme et régulièrement accusé d'héberger des vidéos de désinformation, de défis dangereux et des images à connotation sexuelle.

"Demain, il conviendra de nous interroger sur l'élargissement de cette interdiction aux enfants", a tweeté vendredi la secrétaire d'Etat à l'Enfance Charlotte Caubel.

"Algorithmes addictifs, incitation à l'automutilation, surexposition aux écrans, contenus inadaptés, risques pour les données personnelles, cyberharcèlement, désinformation… Les risques sont nombreux pour les enfants", a-t-elle énuméré.

L'AFP, parmi plus d'une dizaine d'organisations de fact-checking, est rémunérée par TikTok dans plusieurs pays d'Asie et d'Océanie, d'Europe, du Moyen-Orient et d'Amérique latine hispanophone pour vérifier des vidéos qui contiennent potentiellement de fausses informations. Elles sont supprimées par TikTok si les équipes de l'AFP démontrent que l'information véhiculée est fausse.


La visite en France du roi Charles III reportée in extremis en raison des violences

Charles III devait honorer en France sa première visite à l'étranger depuis son accession au trône. (AFP).
Charles III devait honorer en France sa première visite à l'étranger depuis son accession au trône. (AFP).
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  • Le roi Charles III aurait dû se rendre en France de dimanche à mercredi, mais l'Elysée a annoncé son report dans la matinée
  • « Nous ne serions pas sérieux (...) à proposer à sa majesté le roi et à la reine consort de venir faire une visite d'Etat au milieu des manifestations», a expliqué le président français Emmanuel Macron depuis Bruxelles

PARIS: La visite en grande pompe du couple royal britannique en France a été reportée in extremis, victime collatérale des manifestations et violences qui secouent le pays après l'adoption d'une réforme controversée sur le recul de l'âge de la retraite.

Le roi Charles III aurait dû se rendre en France de dimanche à mercredi, mais l'Elysée a annoncé son report dans la matinée.

"Nous ne serions pas sérieux (...) à proposer à sa majesté le roi et à la reine consort de venir faire une visite d'Etat au milieu des manifestations", a expliqué le président français Emmanuel Macron depuis Bruxelles.

"Nous avons proposé qu'au début de l'été, en fonction de nos agendas respectifs, nous puissions ensemble caler une nouvelle visite d'Etat" du monarque britannique, a-t-il expliqué.

"Leurs majestés se réjouissent de l'opportunité de se rendre en France dès que des dates pourront être trouvées", a précisé Buckingham Palace.

Alors que la journée de mobilisation de jeudi contre la réforme, qui prévoit notamment le recul de l'âge de la retraite de 62 à 64 ans, a été émaillée de nombreux heurts, M. Macron a affirmé, toujours à Bruxelles, que l'exécutif "ne cèderait rien à la violence".

"Face aux violences, que je distingue des manifestations, nous continuerons à avoir la plus grande fermeté", a-t-il souligné.

"Pour le reste, nous continuons d'avancer, le pays le mérite", a-t-il dit, ajoutant: la France "ne peut pas être à l'arrêt. Nous avons des tas de défis".

'Calmer le jeu'

M. Macron s'est montré inflexible quant à la réforme des retraites, soulignant qu'elle devait poursuivre son parcours jusqu'à une décision du Conseil constitutionnel.

Il s'est dit en revanche "à disposition" de l'intersyndicale pour avancer sur les conditions de travail ou de rémunération des salariés.

Le secrétaire général du syndicat modéré CFDT Laurent Berger avait proposé quelques heures plus tôt vendredi que le gouvernement mette "sur pause" la réforme et ouvre une négociation plus globale avec les syndicats.

"Tout le monde est inquiet ce matin parce qu'il y a eu des violences qui sont inacceptables (...), il faut calmer le jeu maintenant, avant qu'il y ait un drame", avait plaidé le dirigeant syndical.

Au total, 3,5 millions de personnes ont manifesté dans plus de 300 villes de France jeudi, selon le syndicat CGT, et 1,08 million selon le ministère de l'Intérieur, pour la 9e journée de mobilisation nationale.

Au cours de cette journée marquée par les violences les plus graves depuis le début du mouvement en janvier, plus de 450 personnes ont été interpellées et "441 policiers et gendarmes" blessés, a indiqué le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Il a dénoncé la violence de "casseurs souvent venus de l'extrême gauche".

Porte de la mairie de Bordeaux (sud-ouest) incendiée, "scènes de chaos" dénoncées par la maire de Rennes (ouest), canons à eau à Lille (nord) et Toulouse (sud-ouest), manifestante avec un pouce arraché à Rouen (nord-ouest), commissariat pris pour cible à Lorient (ouest): les violences sont montées d'un cran presque partout.

Nouvelle mobilisation mardi

A Paris, des heurts ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis en soirée dans le sillage de cortèges dits "sauvages". A rebours d'un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.

Feux de poubelle, sirènes et gyrophares ont strié une nuit où des grappes de manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre.

Le recours au 49.3, article de la Constitution française dégainé par le gouvernement pour faire passer en force à l'Assemblée sa réforme des retraites, et l'intervention mercredi du président Emmanuel Macron ont attisé les ardeurs des opposants, selon les détracteurs de la réforme.

Forte de la mobilisation, l'intersyndicale a d'ores et déjà annoncé une nouvelle journée de mobilisation mardi, soulignant la "détermination du monde du travail et de la jeunesse à obtenir le retrait de la réforme".

Les manifestations, grèves et débrayages "sont une réponse" à l'"entêtement incompréhensible" du président, ont affirmé les syndicats, en estimant que "la responsabilité de la situation explosive", avec la multiplication des incidents, incombait au gouvernement.

Le secrétaire national du Parti communiste français Fabien Roussel a appelé à "mettre le pays à l'arrêt", et le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon à "jeter toutes les forces dans la bataille".

Pour la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen, "Emmanuel Macron ne peut plus gouverner seul, il doit désormais en revenir au peuple".

Ironie de la situation, l'Iran, dont le gouvernement use d'une répression terrible, a appelé vendredi la France à éviter la violence et à "écouter" les manifestants.