Autour du Stade de France, les premiers attentats-suicides

Les gens se rassemblent à un mémorial pour rendre hommage aux victimes d'une série d'attentats meurtriers à Paris, devant le café Carillon à Paris le 20 novembre 2015. (AFP)
Les gens se rassemblent à un mémorial pour rendre hommage aux victimes d'une série d'attentats meurtriers à Paris, devant le café Carillon à Paris le 20 novembre 2015. (AFP)
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Publié le Mercredi 08 septembre 2021

Autour du Stade de France, les premiers attentats-suicides

  • Un passeport syrien sera retrouvé près du corps déchiqueté du kamikaze. Le document, volé, correspond à un soldat de l'armée du président Bachar al-Assad, mort depuis des mois
  • Quand il entend la deuxième détonation depuis sa tribune, François Hollande «n'a plus de doute». Un attentat est en cours

SAINT-DENIS: C'est un soir de gala à Saint-Denis. Près de 70 000 supporteurs réunis pour un grand classique de football, France-Allemagne. Jusqu'à ce qu'une détonation secoue le Stade de France, coup d'envoi des attentats les plus meurtriers jamais commis en France.


En trois quarts d'heure, trois kamikazes font successivement exploser leur ceinture d'explosifs autour du stade, à dix kilomètres au nord de Paris. Ces premières attaques-suicides jamais perpétrées sur le sol français font un mort et 63 blessés.


Il est 21h00 passées ce vendredi 13 novembre 2015. Le match a commencé depuis quelques minutes et la brasserie L'Events, située en face de la porte D du stade, s'est vidée de ses clients partis dans les tribunes.


Une serveuse, Sarah Z., 21 ans, est sortie prendre les commande des salariés installés en terrasse pour dîner.


"J'ai vu le kamikaze, il était bizarre mais sans plus. Ce n'était pas comme dans les films, il n'avait pas une ceinture apparente et un truc à la main sur lequel il a appuyé", se souvient-elle. 


Quant elle entend l'explosion, Sarah "ne comprend rien". "J'ai cru que c'était une bouteille de gaz. J'ai vu un morceau de bras, j'ai pensé que c'était le mien, qu'il avait été arraché".


Au milieu de "la fumée et des cris", elle court vers le stade où un policier la prend en charge. Elle est grièvement blessée: 18 impacts de boulons au niveau du visage et des jambes notamment.


Le client auquel elle venait de servir un café a, lui, été tué sur le coup par la déflagration et les projections d'écrous et de boulons. Manuel Dias, un chauffeur portugais de 63 ans, dont 45 passés en France, venait de déposer au stade des supporteurs venus de Reims.

«Comme une pâte à modeler»
Un passeport syrien sera retrouvé près du corps déchiqueté du kamikaze. Le document, volé, correspond à un soldat de l'armée du président Bachar al-Assad, mort depuis des mois. L'assaillant, qui s'est fondu parmi les réfugiés fuyant la guerre civile, a été contrôlé quelques semaines plus tôt sur l'île grecque de Leros.


A l'intérieur du Stade, le président François Hollande pense avoir entendu "un pétard". La rencontre continue.


Ce soir-là, Mohammed A. avait accepté de travailler comme vigile pour "dépanner un ami". "Je devais vérifier les billets porte H". "A un moment, je vois un jeune homme que j'avais refusé car il n'avait pas de billet. Il me regarde et quand je me retourne, ça explose. Mon flanc gauche est comme matraqué".


Son corps est criblé de boulons "numéro 10", précise-t-il. Ses vêtements et ses chaussures sont maculés "d'un mélange de tissu et de chair brûlée, comme de la pâte à modeler". Sa tête est recouverte d'un sang qui n'est pas le sien. Il est 21h20.


Près du corps de l'assaillant, qui porte un jogging rouge à l'effigie du Bayern Munich, un passeport syrien, lui aussi volé. Comme l'homme qui s'est fait exploser devant L'Events, le deuxième kamikaze a été contrôlé sur l'île grecque de Leros.


Quand il entend la deuxième détonation depuis sa tribune, François Hollande "n'a plus de doute". Un attentat est en cours.


"Ma préoccupation à ce moment-là, c'est que les spectateurs ne soient pas pris par un mouvement de panique", se remémore-t-il, "j'avais le souvenir d'un certain nombre de matches qui avaient dégénéré avec des dizaines de victimes".


Décision est donc prise de ne pas interrompre le match, ni d'évacuer le Stade de France.

Troisième explosion 
Les joueurs français et allemands ont regagné leurs vestiaires pour la mi-temps lorsqu'un troisième homme qui errait étrangement autour du stade actionne sa ceinture explosive près d'une enseigne McDonald's d'une rue voisine. Il est 21h53.


Il est le seul à être tué par la déflagration, mais les secours recensent plus de 50 blessés autour de lui, dont sept en urgence absolue. 


"L'explosion a certainement été la plus violente des trois: un des bras du kamikaze a été retrouvé à plusieurs dizaines de mètres", raconte un policier.


L'enquête établira que les trois hommes ont été déposés à proximité du Stade de France au moment du coup d'envoi du match, peut-être en retard sur l'horaire prévu, par une voiture conduite par Salah Abdeslam. Seul membre encore en vie des commandos, il sera jugé à partir du 8 septembre.


En arrivant une demi-heure plus tôt, les trois kamikazes auraient pu faire un carnage. "Seule certitude: ils n'avaient pas de billets", affirme un officier de police judiciaire ayant réalisé les constatations.


En épluchant leurs relevés téléphoniques, les enquêteurs apprendront qu'aussitôt après la deuxième explosion, le dernier des trois kamikazes, Bilal Hadfi, un Français de 20 ans résidant en Belgique, a échangé trente secondes avec le coordinateur des attentats, Abdelhamid Abaaoud.


Juste après, les premières rafales de kalachnikovs sont signalées sur les terrasses parisiennes.


Macron met en garde contre la mort de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Le président français a évoqué une Europe «dans une situation d'encerclement» face aux grandes puissances régionales
  • Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a appelé l'UE à renforcer encore sa défense au sein de l'Otan

PARIS: "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir". Emmanuel Macron a dressé jeudi un portrait alarmiste à un mois et demi d'élections européennes compliquées pour son camp, en exhortant à un sursaut des Vingt-Sept pour bâtir une "Europe puissance" et une défense "crédible".

"Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant" car "à l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué", a-t-il asséné devant 500 invités, dont les ambassadeurs des 26 autres Etats membres de l'UE, des étudiants, des chercheurs et le gouvernement au complet.

Le président français a évoqué dans un discours-fleuve une Europe "dans une situation d'encerclement" face aux grandes puissances régionales et a jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées".

"Le risque, c'est que l'Europe connaisse le décrochage et cela, nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts", a averti le chef de l'Etat, en plaidant pour une "Europe puissante", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a annoncé qu'il inviterait les Européens à se doter d'un "concept stratégique" de "défense européenne crédible", en évoquant la possibilité pour elle de se doter d'un bouclier antimissiles.

Il a aussi appelé l'Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un "emprunt européen", sujet tabou notamment en Allemagne, pour investir dans l'armement en appliquant le principe de "préférence européenne".

Entrée en campagne

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migration, de criminalité et de terrorisme.

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel.

Devant les pratiques commerciales chinoises et américaines, le président français a également demandé une "révision" de la politique européenne "en défendant nos intérêts".

"Ca ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques", a-t-il déclaré.

Réagissant peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d'ondes que son homologue, a salué les "bonnes impulsions" du discours pour que "l'Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".

Le discours d'Emmanuel Macron est largement considéré comme une entrée en campagne du chef de l'Etat français, alors que son camp patine à six semaines des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles le Rassemblement national (RN, extrême droite) fait largement course en tête.

Selon un récent sondage Opinionway, la liste de la majorité présidentielle, à 19%, se situait toujours loin derrière celle du RN (29%), mais gardait une nette avance sur celle des socialistes (12%).

"Sur la scène européenne, cela fait sept ans qu'Emmanuel Macron confond ses incantations et ses gesticulations avec des réalisations", a ironisé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du RN, sur X, accusant le chef de l'Etat de "brader des pans entiers de souveraineté" nationale.

Le palais présidentiel de l'Elysée a réfuté toute tactique électoraliste et affirmé que M. Macron ambitionnait d'"influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et aux retours des Français, qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg (Est), où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne qui accueille le parlement européen.

 

 


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
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  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.