«On vit dans la peur»: autrefois accueillante, la Turquie se retourne contre les migrants 

Des migrants afghans se reposent en attendant d'être transportés par des passeurs après avoir franchi la frontière irano-turque le 15 août 2021 à Tatvan, sur la rive ouest du lac de Van, dans l'est de la Turquie. (AFP)
Des migrants afghans se reposent en attendant d'être transportés par des passeurs après avoir franchi la frontière irano-turque le 15 août 2021 à Tatvan, sur la rive ouest du lac de Van, dans l'est de la Turquie. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 07 septembre 2021

«On vit dans la peur»: autrefois accueillante, la Turquie se retourne contre les migrants 

  • «Tant qu'il y aura compétition pour les ressources... cette haine de l’étranger persistera»
  • Depuis 2016, la Turquie abrite l’une des plus grandes populations de migrants du monde suite à l'accord conclu avec l'Union européenne

ISTANBUL: Ghawsuddin Mubariz dormait déjà mal, inquiet à l'idée d'être renvoyé en Afghanistan, quand un stade de foot empli de supporters turcs a entonné des chants appelant les migrants à rentrer chez eux. 


Le jeune homme de 20 ans s’était pourtant senti bien accueilli en arrivant en Turquie, il y a près de deux ans, après avoir fui la ville de Kunduz dans le nord-est de l’Afghanistan et au terme d'un périple risqué de trois semaines à travers le Pakistan et l’Iran.


Rapidement employé par un fast-food d'Istanbul, il envoyait la moitié de ses revenus à ses parents en Afghanistan pour les aider face à la pauvreté et à la guerre sans fin qui laminaient son pays. 


Mais tout a changé quand la police a commencé à rassembler les Afghans et à les placer dans des centres de rétention en vue d’une expulsion: une réponse des autorités à la colère croissante de la population envers les migrants, alimentée par une crise économique qui entame gravement son pouvoir d'achat.


"Quand je suis arrivé en Turquie, c'était facile", confie Mubariz à l'AFP, tout en servant les clients de son restaurant aux pieds des anciens remparts d'Istanbul.


"C'est beaucoup plus difficile aujourd'hui. Où qu'on aille, on vit dans la peur", poursuit-il. "En situation illégale, on craint d'être arrêté et renvoyé en Afghanistan."

«Un entrepôt de réfugiés»
Depuis 2016, la Turquie abrite l’une des plus grandes populations de migrants du monde suite à l'accord conclu avec l'Union européenne lors de la crise des réfugiés arrivant notamment de Syrie en 2015-2016.


Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a fait valoir que son pays de 84 millions d’habitants accueille désormais cinq millions de migrants et de réfugiés, dont environ 3,7 millions en provenance de Syrie et jusqu’à 420 000 Afghans.


Mais l’instabilité économique exacerbée par la pandémie de coronavirus a fait naître une défiance des autorités et de la population à leur égard, à des niveaux rarement enregistrés auparavant.


Selon une étude de l’institut de sondage Aksoy, 85% des personnes interrogées se disent "inquiètes" de l'arrivée des Afghans depuis que les talibans ont repris leur pays, 20 ans après en avoir été chassés. 


Le président Erdogan a déjà prévenu les États occidentaux, eux aussi anxieux face à une possible nouvelle vague migratoire, que la Turquie n’entend pas devenir leur "entrepôt de réfugiés".


Le ressentiment public a éclaté au grand jour et sur les écrans de télévision nationaux récemment, lorsque des milliers de fans de football ont commencé à scander "nous ne voulons pas de réfugiés dans notre pays" lors d’un match de qualification pour la Coupe du monde.

«les Afghans sont ici»
Mubariz a aussi des raisons immédiates de s’alarmer.


Le bureau du gouverneur d’Istanbul annonce des rafles presque quotidiennes d’Afghans et d’autres migrants en situation irrégulière, placés dans des centres de détention. 


Le parti d'opposition CHP, résolument anti-migrants – qui contrôle des villes comme Istanbul et Ankara – a également accroché des banderoles sur des bâtiments montrant son chef Kemal Kilicdaroglu clamant : "La frontière est notre honneur".


L'épicier Habib Uzbek ressent cette pression, bien qu'il soit devenu citoyen turc en 1993. "Que ce soit dans un bus ou dans la rue, les gens nous montrent du doigt: +les Afghans sont ici+", assure le septuagénaire.


Mubariz confirme, il entend la même chose. 


"Je passe des nuits blanches à réfléchir à ce que ferai si je suis attrapé et expulsé", indique-t-il. 


"Les talibans ont pris tout ce que nous avions. Nous sommes désespérés".


Cette peur contraint de nombreux réfugiés afghans à faire profil aussi bas que possible. Le terrain où certains d'entre eux avaient l’habitude de se retrouver pour jouer au cricket contre leurs voisins pakistanais, le dimanche, est resté inutilisé depuis des mois.

«Livrés aux talibans»

Un des vice-présidents de la branche d’Istanbul du CHP, Burkay Duzce, défend la ligne de son parti et sa réthorique anti-migrants à l’approche des élections générales, prévues au plus tard en juin 2023. 


"Nous ne disons pas que ces personnes devraient être livrées aux talibans", déclare-t-il à l’AFP. "Mais la question est de savoir ce que nous pouvons offrir aux (nouveaux arrivants) qui se présentent".


"La Turquie n’est pas un ghetto de migrants".


Les slogans de campagne du CHP trouvent écho chez les Turcs qui ont vu les prix monter en flèche et leur épargne fondre avec l'effondrement de la monnaie et l’inflation.


"Les loyers montent en flèche à cause d’eux", accuse Mehmet Emin, un habitant d’Istanbul, à propos des migrants.


"Ils se partagent un appartement à dix ou quinze... Je ne veux pas d’eux."


Pour l’analyste Deniz Senol Sert, de l’Université Ozyegin d’Istanbul, cette hostilité de la population forcera Erdogan – qui a pourtant exhorté les Turcs à faire preuve de "compassion" envers ceux qui cherchent à se mettre à l'abri – à se montrer inflexible.


"Tant qu'il y aura compétition pour les ressources... cette haine de l’étranger persistera", estime-t-elle. 


Malgré tout, certains sont franchement choqués face au revirement brutal d'une ville qui est depuis des siècles un creuset culturel accueillant.


"J’employais un Afghan avant qu’il ne s’enfuie en Allemagne", regrette le commerçant Alaaddin Cavga. "Je lui laissais le magasin en lui faisant totalement confiance pour la caisse".


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Short Url
  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Short Url
  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Short Url
  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com