Tunisie: Washington tiraillé entre Ennahdha et ses ennemis

Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste tunisien Ennahdha (Photo, AFP).
Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste tunisien Ennahdha (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 08 septembre 2021

Tunisie: Washington tiraillé entre Ennahdha et ses ennemis

  • L’ambassade n’a pas accepté de révéler le contenu de cet échange
  • Lors de la rencontre du 24 août, le groupe a tenté de convaincre le diplomate américain que «la démocratie consacrée par le système politique gelé est une fausse démocratie

TUNIS: Dans le dossier tunisien, les États-Unis sont soumis à une double pression. D’un côté, celle du parti islamiste, qui tente depuis le 25 juillet de les convaincre de considérer le coup de force du président Saïed ce jour-là comme un coup d’État et de contraindre le chef de l’État tunisien à lever le gel du Parlement. De l’autre, celle de la société civile, dont sept représentants ont tenu à rencontrer l’ambassadeur américain à Tunis afin de contrecarrer la propagande du parti de Rached Ghannouchi.

«L’ambassadeur [Donald] Blome a rencontré hier des intellectuels et des activistes de la société civile et politique pour recueillir leur vision de l’avenir politique de la Tunisie. L’ambassadeur a fait savoir que les États-Unis apportent leur soutien au peuple tunisien et qu’ils défendent un gouvernement réactif dans le cadre de la démocratie tunisienne.» C’est par ce communiqué laconique que, le 25 août, l’ambassade américaine à Tunis a annoncé la rencontre, la veille, du chef de la mission diplomatique américaine avec un groupe de personnalités tunisiennes d’horizons divers.

Deux Tunisies

L’ambassade a été sollicitée afin qu’elle révèle le contenu de cet échange, mais elle s’y est refusée: «Nous n’avons pas l’habitude de dévoiler les détails des rencontres de l’ambassadeur», a-t-elle fait savoir. Le groupe de sept personnes qui avait demandé à rencontrer le diplomate américain comptait un philosophe, un médecin, un universitaire, un artiste, des gens d'affaires, tous activistes de la société civile.

D’après l’un d’eux, la rencontre, qui a duré deux heures, a été mise à profit par les représentants de la société civile tunisienne moderniste et démocrate – donc hostiles au parti islamiste – pour contrecarrer la propagande que Ghannouchi mène en Tunisie et à l’étranger au sujet de la situation dans le pays depuis le coup de force du 25 juillet (1).

L’un de ces activistes, le docteur Rafik Boujdaria, chef des services d'urgence de l'hôpital Abderrahmen-Mami à Ariana, au nord de la capitale, Tunis, confirme ces informations dans un communiqué adressé «à l’opinion publique nationale» et publié le 27 août.

On apprend en outre que le groupe a décidé, dans le droit fil de sa lettre ouverte aux Tunisiens et à l’opinion internationale du 2 août dernier, d’assigner plusieurs objectifs à sa campagne. Il s’agit de «réaffirmer, d’un côté, notre soutien aux mesures du 25 juillet (1) et, de l’autre, notre attachement à la liberté et à la démocratie».

«Nous avons expliqué que cette action répondait aux attentes des Tunisiens, qui en ont assez de ce qu’ils endurent depuis dix ans», insiste un autre participant.

Le communiqué indique qu’il importe de «faire porter la responsabilité de la crise que vit la Tunisie au système politique construit et mené par Ennahdha depuis 2011, qui a mené le pays à un État défaillant».

Préservation des acquis de liberté démocratique

Lors de la rencontre du 24 août, le groupe a également tenté de convaincre le diplomate américain que «la démocratie consacrée par le système politique gelé est une fausse démocratie». Il a réitéré sa «volonté de [voir] reprendre le processus démocratique sur des bases qui respectent l’indépendance de la décision nationale, la légitimité des choix populaires et l’achèvement de la construction démocratique».

Enfin et surtout, les représentants de la société civile se sont employés à «réfuter les allégations du dénommé Radwan Masmoudi». Ce dirigeant du parti islamiste est le fondateur du Centre pour l’étude de l’islam et de la démocratie, un think tank qui possède des bureaux à Tunis et à Washington. Depuis le 25 juillet, il fait le siège de l’administration et du Congrès américain afin de les convaincre de considérer l’opération du président Saïed comme un coup d’État et de contraindre le chef de l’État tunisien à lever le gel du Parlement.

De son côté, l’ambassadeur Blome aurait, selon une de nos sources, «bien compris [les] motivations» de ses interlocuteurs. Il a «insisté sur un retour des institutions, sur la préservation des acquis de liberté démocratique et sur les fondement de l'État». Il a en outre déclaré qu’«une feuille de route est vivement attendue» par les pays amis de la Tunisie lassés par «le manque de visibilité» actuel, pour reprendre les mots de l’un des interlocuteurs du diplomate américain.


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.


Série de raids israéliens sur le Liban, Israël dit viser le Hezbollah

Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
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  • Israël a mené des raids aériens contre le sud et l’est du Liban, affirmant viser des infrastructures militaires du Hezbollah
  • Ces frappes surviennent à la veille d’une réunion du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, toujours fragile

BEYROUTH: L'aviation israélienne a lancé jeudi matin une série de raids contre le sud et l'est du Liban, selon l'agence de presse officielle libanaise, Israël affirmant viser des infrastructures du Hezbollah pro-iranien.

Ces frappes interviennent à la veille d'une réunion du groupe de surveillance du cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre 2024, qui comprend, outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, l'ONU et la France.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), des raids ont visé plusieurs régions du sud du Liban, frontalier d'Israël, ainsi que des zones montagneuses de la Békaa (est), un bastion du Hezbollah.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir frappé "plusieurs structures militaires du Hezbollah où des armes étaient stockées, et à partir desquelles les terroristes du Hezbollah ont continué d'opérer récemment".

Deux personnes avaient été tuées mardi dans deux frappes israéliennes qui avaient visé une camionnette au sud de Beyrouth et une voiture dans le sud du Liban. L'armée israélienne avait affirmé avoir visé des membres du Hezbollah.

Malgré le cessez-le-feu qui a mis fin il y a plus d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier poursuit ses frappes au Liban, qui ont fait environ 340 morts selon une compilation de l'AFP sur la base des chiffres du ministère de la Santé.