Les Etats-Unis, le Qatar et la Turquie planchent sur la remise en état de l'aéroport de Kaboul

 MM. Blinken et Austin à Doha. (AFP).
MM. Blinken et Austin à Doha. (AFP).
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Publié le Mardi 07 septembre 2021

Les Etats-Unis, le Qatar et la Turquie planchent sur la remise en état de l'aéroport de Kaboul

  • MM. Blinken et Austin veulent discuter à Doha d'un dossier devenu à la fois un enjeu géopolitique majeur et une crise humanitaire potentielle, qui mobilisent la communauté internationale
  • Par ailleurs, La Turquie mène des discussions avec les talibans à Kaboul, où elle a toujours une présence diplomatique, sur les conditions dans lesquelles elle pourrait aider à ce que l'aéroport de la capitale afghane rouvre

DOHA: Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a entamé mardi des discussions clés au Qatar, l'interlocuteur principal des Talibans à Kaboul.


Le secrétaire d'Etat américain est arrivé lundi soir à Doha où il a dîné avec l'émir Tamim ben Hamad Al-Thani, accompagné du ministre américain de la Défense Lloyd Austin.


Les deux responsables américains ont notamment exprimé à l'émir leur gratitude pour "l'extraordinaire soutien du Qatar dans la facilitation du transit des citoyens américains, de nos partenaires et d'autres Afghans en danger", a indiqué le Département d'Etat.

 

Blinken: Les talibans ont de nouveau promis de laisser "partir librement" les Afghans

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Blinken quittant la salle de presse après sa conférence conjointe avec son homologue qatari. (AFP). 


Les talibans ont de nouveau promis aux Américains qu'ils laisseraient les Afghans qui le souhaitent quitter librement le pays, a indiqué mardi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en visite au Qatar. 


Les islamistes, nouveaux maîtres de Kaboul, ont dit aux Américains qu'ils "laisseraient les personnes avec des documents de voyage partir librement", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Doha. "Nous les attendrons sur cette question".


L'administration de Joe Biden est sous pression face à des informations parfois confuses sur plusieurs centaines de personnes, dont des Américains, bloquées à l'aéroport de Mazar-i-Sharif, dans le nord de l'Afghanistan selon une ONG américaine.


"La communauté internationale toute entière attend que les talibans respectent cet engagement", a ajouté Antony Blinken, accompagné du secrétaire à la Défense Lloyd Austin. 


Le Qatar a de son côté réaffirmé que l'aéroport de Kaboul, fermé depuis le départ ds derniers Américains fin août, allait rouvrir bientôt, sans pour autant donner de date. 


C'est le premier voyage dans la région de hauts responsables américains depuis la prise de pouvoir des talibans le 15 août et le départ deux semaines plus tard des derniers soldats américains présents à Kaboul.

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MM. Blinken et Austin avec leurs homologues qataris à Doha. (AFP).

M. Blinken discutait mardi matin avec son homologue qatari, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani avant de tenir une brève conférence de presse commune. Il rencontrera ensuite les responsables d'Al Udeid, la base militaire américaine installée au Qatar et sur laquelle sont hébergés des milliers de réfugiés afghans.  

C'est le premier voyage dans la région de hauts responsables américains depuis la prise de pouvoir des talibans le 15 août et le départ deux semaines plus tard des derniers Américains présents à Kaboul.

MM. Blinken et Austin veulent discuter d'un dossier devenu à la fois un enjeu géopolitique majeur et une crise humanitaire potentielle, qui mobilisent tous deux la communauté internationale. 

Les talibans ont proclamé lundi avoir pris le contrôle de tout l'Afghanistan, affirmant avoir fait tomber la vallée du Panchir, où le chef de la résistance locale, Ahmad Massoud, a appelé à se soulever contre eux.

Sur le plan politique, la composition du nouvel exécutif taliban, initialement escomptée en fin de semaine dernière, se fait toujours attendre. Des analystes estiment que les islamistes ont eux-mêmes été pris de court par la rapidité de leur accession au pouvoir et n'ont pas eu le temps de préparer la suite.

La communauté internationale espère un gouvernement "inclusif" démontrant la réelle volonté des talibans de partager le pouvoir avec les autres composantes de la vie politique afghane.

La Turquie ne veut pas "se précipiter" pour reconnaître le régime taliban

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Le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu. (AFP). 


La Turquie a affirmé mardi qu'il n'était "pas nécessaire de se précipiter" pour reconnaître le régime taliban en Afghanistan, ajoutant poursuivre les discussions sur les conditions de réouverture de l'aéroport de Kaboul.


Dans une longue interview télévisée, le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, s'est montré prudent concernant les futures relations de son pays avec les talibans.


Le nouveau gouvernement afghan doit notamment être "inclusif", c'est-à-dire que des femmes et des représentants des divers groupes ethniques du pays doivent se voir attribuer des postes ministériels, a-t-il détaillé.


Mais pour M. Cavusoglu, la communauté internationale doit adopter une approche attentiste avant de reconnaître le régime taliban, une position similaire à celle adoptée par l'Union européenne vendredi.


La Turquie mène des discussions avec les talibans à Kaboul, où elle a toujours une présence diplomatique, sur les conditions dans lesquelles elle pourrait aider à ce que l'aéroport de la capitale afghane rouvre.


Les Etats-Unis assurent qu'ils ne contrôlent plus l'espace aérien afghan et que le principal aéroport de Kaboul est en mauvais état.


M. Cavusoglu a affirmé que la Turquie travaillait avec le Qatar et les États-Unis sur les conditions dans lesquelles l'aéroport pourrait rouvrir aux vols réguliers nécessaires à l'acheminement de l'aide humanitaire, à l'évacuation des civils bloqués et au rétablissement des missions diplomatiques à Kaboul. 


Mais il a ajouté que la sécurité restait un point de blocage majeur, soulignant que les vols commerciaux ne pourront pas reprendre tant que les compagnies aériennes, et leurs assureurs, estimeront que les conditions ne sont pas suffisamment sûres.


"À mon avis, les talibans ou les forces afghanes pourraient assurer la sécurité à l'extérieur de l'aéroport", a déclaré le chef de la diplomatie turque.


"Mais à l'intérieur, il pourrait y avoir une société de sécurité qui aurait la confiance de la communauté internationale ou de toutes les autres sociétés", a-t-il ajouté. "Même si les compagnies aériennes, y compris Turkish Airlines, sont désireuses de voler là-bas, les compagnies d'assurance ne le permettraient pas".


Macron ne voit pas de «discussion utile »avec Poutine à ce stade

Emmanuel Macron assiste à une conférence de presse lors du deuxième sommet de la Communauté politique européenne à Bulboaca en Modavie sur l'opportunité d'échanger avec Vladimir Poutine (Photo, AFP).
Emmanuel Macron assiste à une conférence de presse lors du deuxième sommet de la Communauté politique européenne à Bulboaca en Modavie sur l'opportunité d'échanger avec Vladimir Poutine (Photo, AFP).
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  • «Si l’occasion se présente, et en fonction du contenu, je ne n’exclus pas de discuter avec Vladimir Poutine» a précisé Emmanuel Macron
  • Dans l'immédiat, l'Ukraine doit obtenir des garanties de sécurité plus fortes a insisté Emmanuel Macron au sommet de l'Otan en juillet

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a affirmé jeudi qu'il ne voyait pas, à ce stade, de "discussion utile" avec son homologue russe Vladimir Poutine, tout en n'excluant pas des échanges à l'avenir.

"Aujourd'hui, il n’y a pas matière à une discussion utile", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à l'issue du deuxième sommet de la Communauté politique européenne à Bulboaca, en Moldavie.

"Si l’occasion se présente, et en fonction du contenu, je ne l’exclus pas", a poursuivi le président français qui avait été l'un des rares dirigeants occidentaux à poursuivre ses échanges avec Vladimir Poutine au début de l'offensive russe en Ukraine.

"Si les questions de nucléaire civil et de la sécurité à (la centrale de) Zaporijia l'exigent ou s’il y a des avancées, des ouvertures qui le permettent et le justifient, je le ferai sans aucune hésitation", a-t-il ajouté.

L'Allemagne, l'Ukraine et la Russie

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit prêt vendredi à reprendre contact "le moment venu" au sujet de l'Ukraine avec Vladimir Poutine.

Dans l'immédiat, l'Ukraine doit obtenir des garanties de sécurité "plus fortes, tangibles et très claires" au sommet de l'Otan en juillet, a insisté Emmanuel Macron, relevant que ce serait aussi un "message clair dans le contexte actuel à la Russie".

"Il faudra aussi donner des perspectives dans la durée à l’Ukraine" sur sa demande d'intégration à l'Otan même si une "pleine adhésion n'est pas accessible tout de suite" en raison de la guerre engagée par la Russie, a-t-il dit.


Biden chute sur scène lors d'une cérémonie militaire

Le président américain Joe Biden, 80 ans, a fait une chute semblant à première vue sans gravité lors d'une cérémonie militaire jeudi à Colorado Springs, dans l'ouest des Etats-Unis. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden, 80 ans, a fait une chute semblant à première vue sans gravité lors d'une cérémonie militaire jeudi à Colorado Springs, dans l'ouest des Etats-Unis. (Photo, AFP)
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  • Le président, Joe Biden, candidat à l'élection de 2024 face notamment au républicain Donald Trump, a assisté à la fin de la cérémonie, ne semblant pas dans l'immédiat affecté par la chute
  • Le plus récent bilan de santé du démocrate, en février, a établi qu'il était en bonne santé

COLORADO SPRINGS, ETATS UNIS: Le président américain Joe Biden, 80 ans, a fait une chute semblant à première vue sans gravité lors d'une cérémonie militaire jeudi à Colorado Springs, dans l'ouest des Etats-Unis.

Le démocrate, qui venait de remettre des diplômes à des élèves de l'académie de l'armée de l'air dans le Colorado, est tombé vers l'avant, se réceptionnant sur les genoux et les mains, après avoir apparemment trébuché sur un sac noir.

Joe Biden, dont l'âge et la forme physique sont un sujet constant d'attaques par certains de ses adversaires politiques, s'est ensuite relevé avec l'aide d'un militaire se trouvant à ses côtés et de ses gardes du corps.

On l'a vu montrer du doigt ce sac, utilisé visiblement pour lester un appareil se trouvant sur la scène, comme pour expliquer la raison de sa chute.

Le président, candidat à l'élection de 2024 face notamment au républicain Donald Trump, a assisté à la fin de la cérémonie, ne semblant pas dans l'immédiat affecté par la chute.

La Maison Blanche n'a pas donné tout de suite d'indications sur l'incident et ses éventuelles conséquences.

En juin 2022, une image du président chutant lors d'une promenade à vélo avait déjà fait grand bruit. Là encore, Joe Biden s'était relevé et n'avait pas subi de conséquences physiques particulières.

Le plus récent bilan de santé du démocrate, en février, a établi qu'il était en bonne santé.

Mais selon les sondages, la majorité des Américains estiment qu'il est trop âgé pour briguer un second mandat.


La chasse aux négationnistes climatiques se complique sur Twitter

Pendant des années, un groupe de «chasseurs de trolls» épris de science a chassé les négationnistes du changement climatique sur Twitter. (AFP)
Pendant des années, un groupe de «chasseurs de trolls» épris de science a chassé les négationnistes du changement climatique sur Twitter. (AFP)
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  • Malgré la menace que représente le changement climatique pour la planète, la désinformation autour de ce sujet n'a été que très rarement sanctionnée sur Twitter
  • Une communauté mondiale secrète d'environ 25 scientifiques et militants, se faisant appeler Team Ninja Trollhunters (TNT), a trouvé un moyen détourné de s'y attaquer

PARIS: Pendant des années, un groupe de "chasseurs de trolls" épris de science a chassé les négationnistes du changement climatique sur Twitter. Mais la prise de contrôle d'Elon Musk a bouleversé leurs efforts, entraînant le retour de nombre de compte évincés et donc de la désinformation.

Malgré la menace que représente le changement climatique pour la planète, la désinformation autour de ce sujet n'a été que très rarement sanctionnée sur Twitter. Mais une communauté mondiale secrète d'environ 25 scientifiques et militants, se faisant appeler Team Ninja Trollhunters (TNT), a trouvé un moyen détourné de s'y attaquer.

Depuis sa création en 2019, TNT affirme avoir obtenu la suspension de quelque 600 comptes de négationnistes du changement climatique en les signalant pour d'autres infractions, notamment des discours haineux, qui eux sont officiellement reconnus par la plateforme comme des motifs valables de résiliation.

"S'ils disent quelque chose de raciste, d'offensant ou de misogyne, nous pouvons les faire expulser", a déclaré à l'AFP un membre du TNT basé en Allemagne, un scientifique qui a demandé à être identifié sous le nom de "Tom". Comme d'autres membres de TNT interrogés par l'AFP, il a réclamé que sa véritable identité ne soit pas divulguée pour éviter le harcèlement en ligne.

"Nous nous assurons de rester autant que possible sous les radars (...) Nous sommes plus efficaces si nous restons discrets. Les négationnistes sont assez souvent très violents quand on corrige leur désinformation sur le climat. L'intimidation et les abus sont très courants", a expliqué "Peter", un autre membre de TNT, basé au Canada.

Le retour des trolls 

Cette approche semblait fonctionner ... avant l'acquisition de Twitter par Elon Musk pour 44 milliards de dollars en octobre dernier. Depuis, les recherches menées par des groupes de surveillance indiquent un pic de désinformation sur la plateforme alors que la modération a été largement supprimée et qu'un système de vérification payant a donné contre argent une apparence de légitimité et une plus grande visibilité aux théoriciens du complot.

Pire, Elon Musk, défenseur autoproclamé d'une liberté d'expression absolue, a restauré ce que les chercheurs estiment être des dizaines de milliers de comptes autrefois suspendus pour violations, y compris l'incitation à la violence, le harcèlement et la désinformation.

Sollicités par l'AFP, Twitter comme les membres de son équipe de développement durable, licenciés après la prise de contrôle, se sont refusés à tout commentaire.

Parmi les exemples emblématiques cités par TNT, un négationniste climatique basé au Canada, qui avait notamment qualifié le changement climatique d'"arnaque", signalé puis suspendu pour un comportement jugé menaçant et offensant, a fait son retour sur Twitter en octobre 2022 avec un identifiant différent.

"Me voilà revenu", a-t-il fanfaronné, avant de poster à nouveau des contenus niant les causes du changement climatique.

Un éminent négationniste américain du changement climatique, suspendu en 2021 pour "diffusion d'informations trompeuses et potentiellement nuisibles liées au Covid-19", a lui aussi fait sa réapparition sous une nouvelle identité, et dispose même maintenant d'un compte certifié payant, publiant régulièrement des informations trompeuses avec le hashtag négationniste #ClimateScam.

Changement de tactique 

Depuis octobre, Tom juge que ce retour des comptes supprimés s'apparente à une "inondation".

Alors "nous avons donc dû changer de tactique": moins de signalements de comptes abusifs et plus de démystification des affirmations scientifiques, a-t-il expliqué. "C'est difficile de suivre le rythme".

Les anciennes techniques du groupe restent néanmoins en partie valables. En mars, TNT a ainsi réussi à faire supprimer un compte basé en Australie diffusant des informations erronées sur le climat, notamment en affirmant que la Terre se refroidit et que le dioxyde de carbone n'est pas responsable du réchauffement.

Le motif de sa suspension n'a pourtant rien à voir avec le climat puisqu'il fait référence à une "conduite haineuse". TNT l'a en effet signalé pour un tweet qui concernait "l'immigration au Royaume-Uni".

Mais cette tactique a aussi son revers: TNT doit parfois se justifier, certains membres flirtant de temps à autre avec les limites en cherchant à provoquer les négationnistes pour qu'ils dépassent les bornes.

Lors d'un échange, l'un d'entre eux a ainsi qualifié un négationniste de "crétin lobotomisé qui caquète".

N'y a-t-il donc pas un risque de devenir soi-même un troll au nom de la "chasse aux trolls" ?

Une idée qu'écarte Peter. "Nous ne trollons pas les gens. Nous ne ciblons que les comptes qui ont eux-mêmes des comportements répréhensibles".