A Gaza, le Hamas mène une périlleuse stratégie d'«agacement» contre Israël

Un Palestinien se sert d'une fronde pour lancer des pierres lors d'affrontements avec les forces israéliennes dans le village de Beita, au nord de la Cisjordanie occupée, le 30 juillet 2021. (AFP)
Un Palestinien se sert d'une fronde pour lancer des pierres lors d'affrontements avec les forces israéliennes dans le village de Beita, au nord de la Cisjordanie occupée, le 30 juillet 2021. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 08 septembre 2021

A Gaza, le Hamas mène une périlleuse stratégie d'«agacement» contre Israël

  • «On va les rendre fous. Tant que nous ne dormons pas en sécurité, nous ne permettrons pas aux soldats, à l'occupation (Israël, NDLR), de dormir»
  • Le mouvement palestinien applique une stratégie d'escalade «limitée et soigneusement calculée»

GAZA: La nuit tombe sur Gaza et des manifestants s'approchent de la frontière avec Israël. Avec leurs grenades assourdissantes et des pneus fumants, ils veulent "agacer" l'armée israélienne de l'autre côté, mais ces rassemblements sous patronage du Hamas relèvent d'un jeu dangereux, préviennent des analystes.


Farid, 19 ans, est étudiant en ingénierie et a fabriqué une grenade assourdissante. A 200 mètres de la barrière lourdement gardée qui le sépare d'Israël, il la lance vers les soldats israéliens. 


Un éclat de lumière jaillit dans la pénombre, puis une déflagration voile, un instant, la musique va-t-en-guerre au volume poussé à fond.


"On va les rendre fous. Tant que nous ne dormons pas en sécurité, nous ne permettrons pas aux soldats, à l'occupation (Israël, NDLR), de dormir", lance Farid qui, comme les dizaines d'autres manifestants, réclame la levée du blocus israélien, en place depuis près de 15 ans.


Aux tirs, jets de pierre et de cocktails Molotov, l'armée israélienne réplique en ouvrant le feu. De temps à autre, un drone lâche dans l'obscurité des grenades de gaz lacrymogène, forçant la foule à se disperser, momentanément.


Non loin, des vendeurs ambulants de boissons fraîches sont là pour apaiser la soif des manifestants, ramenés en bus au centre-ville de Gaza en fin de soirée.


Ces rassemblements, qui ont lieu dans plusieurs secteurs de l'enclave palestinienne, pourraient presque sembler anodins s'ils ne laissaient pas derrière eux morts et blessés. Trois Palestiniens --dont un membre de la branche armée du Hamas-- et un tireur d'élite israélien ont perdu la vie depuis mi-août dans ces heurts. 


Des décès qui rappellent la fragilité de la trêve en vigueur entre Israël et le Hamas, groupe armé islamiste au pouvoir dans l'enclave palestinienne, depuis leur confrontation meurtrière de mai, la quatrième depuis 2008.

Stratégie calculée 
Du 10 au 21 mai, 260 Palestiniens ont été tués par des frappes israéliennes sur Gaza, selon les autorités locales. En Israël, les tirs de roquettes depuis le territoire palestinien ont fait 13 morts, dont un soldat, d'après la police et l'armée.


Depuis, le Hamas n'a tiré qu'une seule roquette mais lance régulièrement des ballons incendiaires vers le sol israélien, provoquant des feux de brousse. L'aviation réplique avec des frappes sur des infrastructures du mouvement armé, comme elle l'a fait dans la nuit de lundi à mardi.


"Le Hamas préfère semer la 'confusion' à la frontière parce qu'il comprend que s'il tire des roquettes, les représailles israéliennes seront plus fortes", relève Kobi Michael, chercheur et ancien responsable du ministère israélien des Affaires stratégiques chargé des questions palestiniennes.


Le mouvement palestinien applique une stratégie d'escalade "limitée et soigneusement calculée", explique Moukhaimer Abou Saada, professeur de sciences politiques à l'université al-Azhar de Gaza.


Son objectif est de protester contre les restrictions israéliennes pesant sur l'enclave de deux millions d'habitants, minée par la pauvreté.


Début septembre, l'Etat hébreu a allégé les restrictions d'entrée de marchandises vers le territoire, augmenté la zone de pêche et approuvé un nouveau système de distribution de l'aide qatarie via l'ONU, qui doit débuter prochainement selon Doha.


Mais ces allègements sont insuffisants pour le Hamas qui veut revenir à la situation d'avant-guerre et qui espère "agacer" l'Etat hébreu sans s'exposer à "une confrontation armée ouverte", analyse M. Abou Saada, qui juge la stratégie risquée.

Patience limitée 
Car le mouvement islamiste n'est pas en capacité totale de "contrôler le degré de violence" à la frontière, estime M. Michael.


Les rassemblements actuels rappellent ceux de la "marche du retour" qui, à partir de mars 2018 et pendant plus d'un an, réclamaient chaque vendredi le long de la barrière frontalière la fin du blocus et "le droit au retour" des Palestiniens poussés à l'exil depuis la création d'Israël en 1948.


De nombreux affrontements avaient émaillé les manifestations et environ 310 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats israéliens. Huit Israéliens ont péri.


Le Hamas, qui estime avoir remporté la "victoire" après la guerre de mai, "pense avoir le contrôle de la manette", affirme M. Michael. "Mais cela pourrait être une mauvaise perception car Israël perd patience."  


L'Etat hébreu "n'aura aucun problème à riposter de façon très agressive si le Hamas l'entraîne dans une nouvelle opération", prévient-il.


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Short Url
  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Short Url
  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Short Url
  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com