La montée de l'inflation, nuage passager ou réel danger ?

L'indice FAO des prix alimentaires, qui mesure la variation mensuelle des cours internationaux d'un panier de produits de base, se rapproche de son record de 2011 (Photo, AFP).
L'indice FAO des prix alimentaires, qui mesure la variation mensuelle des cours internationaux d'un panier de produits de base, se rapproche de son record de 2011 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 08 septembre 2021

La montée de l'inflation, nuage passager ou réel danger ?

  • L'inflation a fait un retour remarqué en 2021 dans le sillage de la pandémie
  • Aux États-Unis, la hausse des prix a atteint au deuxième trimestre son plus haut niveau depuis près de quarante ans

PARIS: Morne depuis plusieurs années, l'inflation a fait un retour remarqué en 2021 dans le sillage de la pandémie, compliquant l'équation des banquiers centraux à l'heure du pilotage de la sortie de crise. Pour longtemps encore ?

Que disent les chiffres ?

Ils montent depuis plusieurs mois. À l'échelle de l'OCDE qui regroupe la plupart des pays développés, l'inflation a été de 4,2% sur un an en juillet, et de 3,1% en excluant les produits volatils tels que l'alimentation et l'énergie.

Aux États-Unis, la hausse des prix a atteint au deuxième trimestre son plus haut niveau depuis près de quarante ans. La zone euro a affiché en août un plus haut en dix ans. L'inflation dépasse largement les limites généralement tolérées par leurs banques centrales, à savoir plus ou moins 2%.

Ailleurs, l'Afrique du Sud a affiché +4,6% en juillet, l'Inde +5,59%, le Brésil +8,99%.

Au sein de la BCE, des voix commencent à réclamer une action pour ralentir l'inflation. Les prévisions actualisées que publie jeudi l'institution de Francfort seront donc particulièrement surveillées.

Pourquoi cette hausse ?

Après une année 2020 de glaciation économique en raison du Covid-19, le rebond de la consommation des ménages et la reconstitution des stocks des entreprises ont fait exploser la demande, et l'offre a du mal à suivre.

Cela dope les cours de nombreuses matières premières, pétrole en tête, mais aussi cuivre, bois...

Le secteur tech subit une pénurie de certaines puces devenues essentielles dans les secteurs de la téléphonie ou de l'automobile.

La congestion des routes du commerce mondial pèse aussi, avec notamment des pénuries de conteneurs ayant plus que quintuplé l'indice Freightos Baltic, qui rend compte du coût du fret maritime entre la Chine et la côte ouest des États-Unis.

Par ailleurs, après des perturbations dans les récoltes, l'indice FAO des prix alimentaires, qui mesure la variation mensuelle des cours internationaux d'un panier de produits de base dont le sucre et le blé, se rapproche de son record de 2011.

"Transitoire", vraiment ?

C'est aujourd'hui le maître-mot des banquiers centraux : ils affirment qu'il s'agit de facteurs conjoncturels.

"On commencera à penser que ce n'est pas transitoire si on a la manifestation d'effets de second tour clairs, à l'image d'une accélération continue des salaires et d'une généralisation des hausses de prix", commente Gilles Moëc, économiste en chef d'Axa à Londres.

L'inflation américaine hors énergie et aliments s'explique essentiellement selon lui par les pénuries de semi-conducteurs qui touchent l'automobile et l'électroménager, ainsi que par le secteur du voyage.

Ces éléments "ne devraient pas peser lourd au-delà de cette année", confirmait David Mericle, stratégiste pour Goldman Sachs Research, dans un récent podcast interne, appelant toutefois à surveiller l'épargne des ménages et le marché immobilier.

En outre, 2021 subit un rebond mécanique après une année 2020 singulière, qui a vu les prix du pétrole s'effondrer et certaines mesures gouvernementales telles que des réductions temporaires de TVA en Allemagne qui, une fois disparues, font mécaniquement monter l'inflation.

L'incertitude peut toutefois être de mise.

Depuis le début de la pandémie, "les pénuries se sont avérées plus longues que ce que voulaient nous faire penser les banquiers centraux", constate Markus Brunnermeier, professeur d'économie à l'université de Princeton. En août, un des terminaux du troisième port le plus important au monde pour les exportations, celui de Ningbo-Zhoushan à 250 km de Shanghai, a par exemple été arrêté pendant deux semaines en raison d'un foyer de Covid-19.

Pourquoi est-ce délicat pour les banquiers centraux ?

La pandémie n'étant toujours pas maîtrisée, les banques centrales ne veulent pas briser l'élan de reprise économique par un durcissement de position trop rapide, même si plusieurs ont déjà sauté le pas et relevé leurs taux, par exemple au Mexique, au Brésil et en Russie. 

En outre, après dix-huit mois de "quoi qu'il en coûte" monétaire à coup de crédit très bon marché et de soutien massif au secteur financier, un resserrement trop rapide pourrait causer des remous sur les marchés financiers.

C'est ce qui s'est produit lors de l'annonce chaotique par la Fed américaine en 2013 d'une politique moins généreuse, avec ce qui avait été qualifié à l'époque de "taper tantrum" sur les marchés (ou "crise de colère du resserrement").

Un ton moins accommodant de la Fed pourrait aussi se ressentir sur de nombreux pays émergents : ces derniers risquent par contrecoup de subir de fortes hausses des taux auxquels ils peuvent emprunter de l'argent, a récemment alerté le FMI.


Riyad se prépare à la réunion du WEF sur la collaboration, la croissance et l'énergie

Un millier de dirigeants de 92 pays se réuniront à Riyad pour la réunion spéciale du Forum économique mondial sur la collaboration mondiale, la croissance et l'énergie au service du développement, dimanche et lundi. (AFP/File)
Un millier de dirigeants de 92 pays se réuniront à Riyad pour la réunion spéciale du Forum économique mondial sur la collaboration mondiale, la croissance et l'énergie au service du développement, dimanche et lundi. (AFP/File)
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  • La réunion vise à combler le fossé croissant entre le Nord et le Sud et à trouver des « solutions collaboratives à des défis communs »
  • Elle favorisera un « dialogue orienté vers l'action » sur trois thèmes-clés : La croissance inclusive, l'énergie pour le développement et la collaboration mondiale

RIYAD : Environ 1 000 dirigeants de 92 pays se réuniront à Riyad pour la réunion spéciale du Forum économique mondial sur la collaboration mondiale, la croissance et l'énergie au service du développement, dimanche et lundi.

Dans le prolongement du sommet inaugural sur la croissance qui s'est tenu en Suisse l'année dernière, la réunion de Riyad, selon le WEF, « encouragera les approches prospectives des crises interconnectées, tout en restant réaliste quant aux compromis à court terme » et « s'efforcera de combler le fossé croissant entre le Nord et le Sud sur des questions telles que les politiques économiques émergentes, la transition énergétique et les chocs géopolitiques ».

Børge Brende, président du WEF, a déclaré dans un communiqué de presse : « Avec les tensions géopolitiques et les disparités socio-économiques qui creusent les fossés à l'échelle mondiale, la collaboration internationale et le dialogue ciblé n'ont jamais été aussi urgents. »

Cette réunion spéciale, placée sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, offre l'occasion aux dirigeants, selon Brende, de « transformer les idées en actions et de débloquer des solutions évolutives aux nombreux défis interconnectés auxquels ils sont confrontés. »

Le ministre saoudien de l'Économie et de la Planification, Faiçal Al-Ibrahim, a déclaré dans le communiqué : « En cette période charnière, la revitalisation de la collaboration internationale n'a jamais été aussi importante. En Arabie saoudite, le Forum économique mondial a choisi une plateforme mondiale établie et dynamique pour le leadership de la pensée, les solutions et l'action, comme hôte d'une réunion cruciale à un moment aussi critique ».

« Nous nous efforçons de faire en sorte que le progrès d'une partie du monde ne se fasse pas au détriment d'une autre. Et nous nous engageons à affronter ce moment avec la détermination de créer ensemble un avenir commun qui soit sûr, stable et durable », a-t-il poursuivi.

Les trois thèmes de l'événement sont les suivants : « Un pacte pour une croissance inclusive », « Catalyser l'action sur l'énergie pour le développement » et « Redynamiser la collaboration mondiale ».

Parmi les participants figurent Mishal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, l'émir du Koweït, le Premier ministre égyptien Mostafa Kamal Madbouly, le remier ministre irakien Mohammed Shia Al-Sudani, Bisher Al-Khasawneh, le Premier ministre jordanien ; Anwar Ibrahim, Premier ministre malaisien ; Shehbaz Sharif, Premier ministre pakistanais ; Mahmoud Abbas, président palestinien ; Mohammed Bin Abduelrahman Al-Thani, Premier ministre qatari ; Antony Blinken, secrétaire d'État américain ; Josep Borrell, haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ; Stéphane Séjourné, ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères ; Annalena Baerbock, ministre fédérale allemande des Affaires étrangères ; David Cameron, secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, au Commonwealth et au Développement ; Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international ; Sigrid Kaag, coordinatrice principale de l'aide humanitaire et de la reconstruction des Nations unies pour Gaza ; et Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


France : le gouvernement échappe à la sanction de Fitch et Moody's

Un gros plan montre un site web de média avec la note triple "A" ( AAA ) suivie d’un point d’interrogation. (Photo Thomas Coex AFP)
Un gros plan montre un site web de média avec la note triple "A" ( AAA ) suivie d’un point d’interrogation. (Photo Thomas Coex AFP)
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  • Fitch, qui avait dégradé la note française l'an dernier, à «AA-» avec perspective stable, a réaffirmé cette note, qui signifie que le risque de défaut reste très faible
  • Le déficit public de la France a lourdement dérapé à 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9% espérés, en raison surtout de moindres recettes que prévu, et les 110,6% de PIB de dette représentent le troisième plus fort ratio de dette de l'UE

PARIS : Leur avis sur la solidité de la dette française était particulièrement guetté vendredi après une série de mauvaises nouvelles concernant les finances publiques depuis février. Mais Fitch et Moody's, deux des plus grandes agences de notation, ont laissé leurs notes inchangées.

Fitch, qui avait dégradé la note française l'an dernier, à «AA-» avec perspective stable, a réaffirmé cette note, qui signifie que le risque de défaut reste très faible. Elle avait prévenu dès le début du mois qu'elle ne comptait pas la changer.

Moody's pour sa part n'a pas à proprement parler «réaffirmé» sa note de Aa2, avec perspective stable, un cran au-dessus de celle de Fitch, mais ne l'a pas modifiée non plus.

Le déficit public de la France a lourdement dérapé à 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9% espérés, en raison surtout de moindres recettes que prévu, et les 110,6% de PIB de dette représentent le troisième plus fort ratio de dette de l'UE après la Grèce et l'Italie. Le gouvernement a dû annoncer en urgence depuis février deux trains d'efforts budgétaires de 10 milliards d'euros chacun.

Le ministre des Finances Bruno Le Maire a aussitôt «pris note» de ces nouvelles dans un bref communiqué, ajoutant que «cette décision doit nous inviter à redoubler de détermination pour rétablir nos finances publiques et tenir l’objectif fixé par le président de la République: être sous les 3% (de PIB, NDLR) de déficit en 2027».

«Nous tiendrons notre stratégie fondée sur la croissance et le plein emploi, les réformes de structure et la réduction des dépenses publiques», assure le ministre.

Dans leurs communiqués respectifs, il est clair que ni Fitch ni Moody's ne croient au retour du déficit sous les 3% en 2027, qui est une exigence de Bruxelles.

Pour Moody's cependant, la perspective pourrait s'améliorer si le gouvernement «réussit à faire adopter et à appliquer des mesures» permettant de réduire significativement la dette. Mais la perspective et la note elle-même pourraient à l'inverse se dégrader à l'avenir si la situation de la dette se détériorait en France davantage que chez ses «pairs».

Fitch observe que la note de la France se justifie à la fois par une économie «vaste et diversifiée», des institutions «fortes et efficaces» et «une stabilité reconnue». Mais qu'en revanche, cette notation est affaiblie par les finances publiques et en particulier le niveau élevé de dette.

- «Signal positif» -

Les notes attribuées par les deux agences classent encore la dette française parmi celles de «haute qualité». La France a perdu en 2012 son triple A, marquant les dettes souveraines les plus sûres, comme celle de l'Allemagne actuellement.

«La France est dans une situation plutôt solide, les marchés lui prêtent à un taux qui n’a pas bougé malgré les mauvaises nouvelles économiques», remarquait vendredi après-midi sur franceinfo Xavier Timbeau, directeur de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Pour lui, une dégradation aurait eu plutôt un «impact assez fort dans le débat politique» avant les élections européennes du 9 juin: ce qu'il prédisait comme un argument pour que ces agences n'abaissent pas la note de la France, afin «de ne pas jouer avec le feu dans une période électorale».

Le gouvernement aura encore à affronter le 31 mai la notation de la plus regardée des agences, S&P, qui place la France sur la même ligne que Moody's, à AA, mais avec une perspective négative, signifiant que la note pourrait baisser à moyen terme.

M. Le Maire va devoir aller défendre le Programme de Stabilité («PSTAB») et les prévisions de retour du déficit public sous 3% en 2027 qu'il contient, devant les députés lundi, puis devant les sénateurs mardi.

Le président (LFI) de la Commission des Finances de l'Assemblée Eric Coquerel a considéré sur X que la décision des agences n'avait «aucune importance», mais «n'empêchait pas la politique budgétaire et économique du gouvernement de nous emmener dans le mur».

Le rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, Jean-René Cazeneuve (Renaissance), a estimé au contraire que le maintien des notes était «un signal positif qui valide notre politique de réduction du déficit et les décisions prises en début d'année dès que le ralentissement de la croissance s'est confirmé».


Monnaie numérique, IA et santé mentale au programme de l’Open Forum Riyadh

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
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  • Cet événement se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale
  • «Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions»

LONDRES: L'Open Forum Riyadh, une série de tables rondes publiques qui se tiendront dans la capitale saoudienne dimanche et lundi, «mettra l’accent sur les défis et les opportunités au niveau mondial», selon les organisateurs.

Cet événement, fruit d’une collaboration entre le Forum économique mondial (WEF) et le ministère saoudien de l’Économie et de la Planification, se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement, qui aura lieu à Riyad les 28 et 29 avril.

«Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions, favorisant l’échange de connaissances et d’idées innovantes», affirme dans un communiqué de presse Faisal F. Alibrahim, ministre saoudien de l’Économie et de la Planification. Ce dernier précise que l’organisation de l’Open Forum de cette année à Riyad «témoigne de l’influence et du rôle croissants de la ville sur la scène internationale».

Le forum est ouvert au public et «vise à faciliter le dialogue entre les leaders éclairés et le grand public sur une série de sujets, notamment les défis environnementaux, la santé mentale, les monnaies numériques, l’intelligence artificielle [IA], le rôle des arts dans la société, l’entrepreneuriat moderne et les villes intelligentes», indique un communiqué.

Au programme, des tables rondes qui portent sur l’impact des monnaies numériques au Moyen-Orient, sur le rôle de la culture dans la diplomatie publique, sur le développement urbain pour les villes intelligentes ainsi que sur les actions qui ont pour objectif d’améliorer le bien-être mental dans le monde.

L’Open Forum, qui a lieu chaque année, a été créé en 2003 dans le but de permettre à un public plus large de participer aux activités du WEF. Il a été organisé dans plusieurs pays, dont le Cambodge, l’Inde, la Jordanie et le Vietnam.

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes.

Parmi les intervenants de cette année figurent Yazid A. al-Humied, gouverneur adjoint et responsable des investissements dans la région Mena au Fonds public d’investissement saoudien (PIF), la princesse Rima bent Bandar al-Saoud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis, et la princesse Beatrice, fondatrice du Big Change Charitable Trust et membre de la famille royale britannique.

Michèle Mischler, responsable des affaires publiques suisses et de la durabilité au WEF, a fait savoir dans un communiqué de presse que la participation du public aux tables rondes de l’Open Forum «favorise la diversité des points de vue, enrichit le dialogue mondial et renforce les solutions collectives pour un avenir plus inclusif et durable».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com