Comment prépare-t-on un procès marathon? Le précédent Charlie Hebdo

L'avocat de l'accusé Mohamed Amri, Xavier Nogueras, s'adresse à la presse à l'extérieur de la salle d'audience le premier jour du procès des attentats djihadistes du 13 novembre 2015, au Palais de Justice de Paris, le 8 septembre 2021. (Photo, AFP)
L'avocat de l'accusé Mohamed Amri, Xavier Nogueras, s'adresse à la presse à l'extérieur de la salle d'audience le premier jour du procès des attentats djihadistes du 13 novembre 2015, au Palais de Justice de Paris, le 8 septembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 09 septembre 2021

Comment prépare-t-on un procès marathon? Le précédent Charlie Hebdo

  • Ces procès «se préparent très longtemps, presque deux ans à l'avance», souligne Régis de Jorna, le chef du «pôle assises» de la cour d'appel de Paris depuis six ans
  • Six mois ont ainsi été nécessaires à Me Jorna, pour lire chaque cote du dossier des attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher

"On rentre dans un tunnel": alors que s'ouvre le procès marathon du 13-Novembre, Régis de Jorna, le magistrat qui a présidé l'audience des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher revient pour l'AFP sur sa longue et minutieuse préparation.

Attentats de janvier 2015, du 13 novembre 2015: ces procès "se préparent très longtemps, presque deux ans à l'avance", souligne M. de Jorna, le chef du "pôle assises" de la cour d'appel de Paris depuis six ans.

"Il faut déjà déterminer le lieu" pouvant accueillir les nombreux accusés et parties civiles, puis "le temps d'audience" nécessaire, enfin le choix du président ou de la présidente avec "accord de l'intéressé(e)" compte tenu de cette lourde "implication professionnelle, personnelle", note-t-il. 

Désigné pour présider le procès du 13-Novembre, le magistrat Jean-Louis Périès est déchargé de toute autre audience depuis l'automne 2019. Il lui a fallu prendre connaissance de l'ensemble des pièces d'un dossier comptant plus de 500 tomes.

"Rien ne doit pouvoir nous échapper. On doit pouvoir se référer à la pièce, savoir à quoi correspond cette pièce et qu'est-ce qu'on peut en tirer" au procès, explique Régis de Jorna. 

Six mois ont ainsi été nécessaires à ce magistrat pour lire chaque cote du dossier des attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, "pas forcément de la première page à la dernière", et "uniquement sur dossier numérique".

Pendant le procès, Régis de Jorna est allé voir "par curiosité" le lieu tenu secret abritant l'intégralité du dossier pour mesurer son ampleur: "Heureusement que je ne l'avais pas vu avant! Six DVD, ça fait moins peur que 175 tomes de papier", sourit-il.

«Bonne forme»

Une fois le procès entamé, avant chaque début d'audience, ce sont également "plusieurs heures de préparation": un lever "à 4h30 le matin pour relire les procès-verbaux de la journée, voir la façon dont j'allais mener l'interrogatoire", confie Régis de Jorna.

"Même si c'est un dossier que j'ai préparé (...) si c'est une journée où on ne va parler que d'écoutes téléphoniques, de bornage, si je n'ai pas tout ça en tête, très frais du matin-même, je vais avoir quelques difficultés", justifie-t-il.

"Cela fait des journées très denses, week-end compris, avec beaucoup de fatigue physique, de fatigue nerveuse. Et le lendemain, il faut être à nouveau en bonne forme", convient le président d'assises. 

Sans compter les pressions venues de l'extérieur et celle "qu'on se met soi-même: c'est, à la fin de chaque journée, se demander: +est-ce que l'écoute donnée aux victimes a été de bonne qualité ?+, +est-ce qu'on a donné aux accusés la possibilité de s'exprimer comme ils le souhaitaient?+, c'est ne pas perdre son sang-froid quand il y a des difficultés", égrène Régis de Jorna.

"Quand on rentre dans un dossier comme ceux-là, on rentre dans un tunnel", dit-il. "Le tunnel de la préparation, et aussitôt que ce tunnel est terminé, le tunnel du procès. Vous savez que, de semaine en semaine, vous allez avancer dans le tunnel jusqu'au délibéré."

Mais "il n'y a pas de petits procès, ceux qui sont médiatiques et ceux qui ne le sont pas", précise-t-il. A Melun, où il a présidé fin janvier une session de droit commun, quelques semaines après la fin du procès Charlie Hebdo/Hyper Cacher, Régis de Jorna assure avoir été "à nouveau dans le tunnel".

"Le procès, il est long, mais est-ce que c'est plus difficile de courir un 100 mètres aux JO ou le marathon? C'est aussi difficile, simplement ce n'est pas la même course", remarque-t-il. "Votre préparation, votre psychisme, votre volonté de franchir la ligne, sera la même". 


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.