A Kaboul, l'enfer pour des journalistes afghans tabassés par les talibans

Ces derniers jours, plusieurs dizaines de journalistes ont été frappés, arrêtés ou empêchés de couvrir les manifestions. Surtout des Afghans, que les talibans harcèlent ou frappent bien plus que les médias étrangers, selon nombre de témoignages. (Photo, AFP)
Ces derniers jours, plusieurs dizaines de journalistes ont été frappés, arrêtés ou empêchés de couvrir les manifestions. Surtout des Afghans, que les talibans harcèlent ou frappent bien plus que les médias étrangers, selon nombre de témoignages. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 10 septembre 2021

A Kaboul, l'enfer pour des journalistes afghans tabassés par les talibans

  • Un photographe de 22 ans et un caméraman de 28 ans, couvraient une manifestation de femmes défendant leur droit à travailler et étudier
  • Le «discours officiel n'a rien à voir avec la réalité», note le patron du quotidien, en appelant tous les médias à dénoncer les violences contre les journalistes

KABOUL : A Kaboul mercredi, Taqi et Nematullah étaient venus couvrir une manifestation pour leur journal. Cela n'a pas plu aux talibans, qui s'en prennent de plus en plus à la presse et les ont tabassés jusqu'à ce qu’ils ne puissent plus se relever.

Sous la lumière blafarde du vaste bureau, les deux jeunes Afghans, grands, minces et les cheveux noir épais, claudiquent et grimacent de douleur en enlevant leurs vêtements.

Ils tombent d'abord leurs chemises, trempées de sueur. Puis baissent leurs pantalons.

La nuit est tombée et un murmure stupéfait parcourt la salle de rédaction. Leurs corps, martyrisés, sont couverts d'hématomes violacés, tellement gros qu'ils couvrent tout le bas du dos de l'un, une épaule de l'autre, les cuisses des deux.

Journalistes à l'Etilaat Roz ("Jour d'info"), l'un des principaux quotidiens afghans, Taqi Daryabi, photographe de 22 ans, et Nematullah Naqdi, caméraman de 28 ans, étaient allés en milieu de matinée suivre une manifestation devant le commissariat du 3e district de Kaboul.

Les combattants talibans, qui quadrillent la ville depuis la soudaine reprise du pouvoir des fondamentalistes à la mi-août, se sont précipités sur Nematullah dès qu'il a commencé à tourner. "Ils m'ont dit que c'était strictement interdit de filmer. Ils arrêtaient tous ceux qui filmaient, prenaient leurs téléphones", raconte-t-il à l'AFP.

Bâtons, câbles, tuyaux

La manifestation commençait à peine. Seules quelques dizaines de femmes étaient arrivées pour défendre leur droit à travailler et étudier, un des leitmotivs des rassemblements anti-talibans qui ont essaimé ces derniers jours dans plusieurs grandes villes afghanes.

Les talibans tentent de prendre la caméra de Nematullah, il leur échappe et la confie discrètement à une manifestante. Mais les talibans qui l'ont suivi l'attrapent et l'emmènent de force au commissariat.

A l'intérieur, "les talibans ont commencé à m'insulter, à me donner des coups de pied", poursuit-il. Ils l'emmènent dans une pièce vide et se déchaînent sur lui "à quatre ou cinq". "Ils m'ont attaché les mains derrière le dos, m'ont mis au sol et m'ont frappé à coups de bâtons, de câbles, de tuyaux, tout ce qu'ils pouvaient trouver".

"Je criais, je n'arrêtais pas de dire que j'étais journaliste. Mais ils n'en avaient rien à faire. Ils m'ont donné des coups de pied dans la tête, labouré le dos... Ça duré 10 à 15 minutes. J'ai cru qu'ils allaient me tuer". Les talibans recommencent plusieurs fois.

Nematullah est finalement conduit dans une cellule ou s'entassent 15 personnes. Il y retrouve Taqi, arrêté et tabassé de la même manière, choqué, la tête en sang. "On était allongés sur le sol, on avait tellement mal qu'on ne pouvait plus bouger", se rappelle ce dernier.

Environ quatre heures plus tard, en début d'après-midi, les talibans les libèrent, leurs rendent leurs téléphones et les jettent dehors avec une dernière bordée d'insultes.

Leurs agresseurs n'ont pas caché leur détestation des journalistes. "Pour eux, nous sommes des ennemis", estime Taqi. Et Nematullah raconte: "après nous avoir tabassés, ils nous disaient: Vous avez compris ce qui arrive, quand vous filmez?". A Taqi, qui lui demande pourquoi il l'a frappé, un taliban répond: "t'as de la chance qu'on ne t'ait pas décapité!".

Interrogé par l'AFP sur cette affaire, le gouvernement taliban n'a pas fait de commentaire.

Mercredi soir, il a haussé le ton en annonçant l'interdiction des manifestations "jusqu'à nouvel ordre", après avoir demandé aux médias de ne plus les couvrir.

Mais d'autres sont prévues, un test pour le nouveau régime qui s'est aussi engagé auprès de la communauté internationale à respecter la liberté d'expression.

Ces derniers jours, plusieurs dizaines de journalistes ont été frappés, arrêtés ou empêchés de couvrir les manifestions. Surtout des Afghans, que les talibans harcèlent ou frappent bien plus que les médias étrangers, selon nombre de témoignages.

Le "discours officiel n'a rien à voir avec la réalité qu'on observe sur le terrain", note le patron d'Etilaat Roz, Zaki Daryabi, en appelant tous les médias à s'unir pour dénoncer les violences commises contre ses deux journalistes et d'autres.

Les talibans peuvent-ils changer? Taqi se penche en grimaçant et montre le bas de son dos, qui n'est plus qu'un énorme hématome violet: "si vous voulez la réponse, il suffit de regarder".

 

Le dernier juif d'Afghanistan est parti

NEW YORK : Il avait promis de quitter l'Afghanistan en cas de retour des talibans: le dernier juif de ce pays désormais aux mains des fondamentalistes islamistes est parti avec l'objectif de se réfugier aux Etats-Unis ou en Israël, selon un homme d'affaires israélo-américain qui a organisé sa fuite.

fh

 

Zebulon Simentov, né à la fin des années 1950 à Hérat, dans l'ouest de l'Afghanistan, foyer de dizaines de milliers de juifs pendant 2500 ans, avait confié en avril à l'AFP qu'il ne resterait pas dans son pays si les talibans reprenaient le pouvoir.

"Je suis le dernier, le seul juif d'Afghanistan (...) Les choses pourraient empirer pour moi ici. J'ai décidé de partir pour Israël si les talibans reviennent", avait-il déclaré à l'époque.

C'est chose faite, d'après Moti Kahana, patron d'une société de sécurité. M. Simentov a quitté l'Afghanistan et vit depuis mercredi dans un "pays voisin", avant éventuellement de rejoindre New York.

Pendant des décennies, l'homme a refusé de fuir. Il a survécu à l'invasion soviétique, à la guerre civile, au premier régime des talibans et à l'occupation par les troupes américaines et de l'Otan.

"Il ne voulait pas partir", a expliqué à l'AFP M. Kahana, ajoutant que M. Simentov était menacé de mort par la branche afghane du groupe Etat islamique et qu'il a fini par se rendre à la raison.

Au total, 29 personnes ont été évacuées avec lui, dont son "meilleur ami" et ses enfants, selon l'homme d'affaires.

D'après M. Kahana, le dernier juif d'Afghanistan a de la famille à New York et aimerait les rejoindre pour la fête juive de Yom Kippour les 15 et 16 septembre.


Veto des Etats-Unis à une résolution du Conseil de sécurité exigeant un cessez-le-feu permanent à Gaza

 Les Etats-Unis (Morgan Ortagus, à droite) ont opposé jeudi leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui demandait un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, ainsi que la levée de toutes les restrictions à l'acheminement de l'aide humanitaire dans l'enclave. (Capture d'écran/UNTV)
Les Etats-Unis (Morgan Ortagus, à droite) ont opposé jeudi leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui demandait un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, ainsi que la levée de toutes les restrictions à l'acheminement de l'aide humanitaire dans l'enclave. (Capture d'écran/UNTV)
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  • C'est la sixième fois que les Etats-Unis utilisent leur droit de veto pour bloquer une telle initiative depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, il y a près de deux ans
  • Les 14 autres membres du Conseil ont voté en faveur de la résolution, qui avait été déposée par ses 10 membres élus

NEW YORK : Les États-Unis ont opposé jeudi leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui appelait à un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, ainsi qu'à la levée de toutes les restrictions sur l'acheminement de l'aide humanitaire dans l'enclave.

Le projet de résolution, présenté par les 10 membres élus du Conseil, qui en compte 15, a recueilli 14 voix en sa faveur. C'est la sixième fois depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, il y a près de deux ans, que les États-Unis utilisent le droit de veto qu'ils détiennent en tant que l'un des cinq membres permanents du Conseil.

Le veto a été opposé par le représentant américain Morgan Ortagus et la résolution a donc échoué malgré un soutien quasi unanime.

Washington a toujours affirmé que les résolutions de l'ONU sur le cessez-le-feu risquaient de compromettre les négociations de paix sur le terrain, ainsi que la capacité d'Israël à prendre des mesures contre le Hamas et son "droit à l'autodéfense". Les critiques accusent les autorités américaines de soustraire Israël à la responsabilité internationale.

"Chers collègues, l'opposition des États-Unis à cette résolution ne sera pas une surprise", a déclaré M. Ortagus, un conseiller politique américain de haut niveau, avant le vote.

"Elle ne condamne pas le Hamas et ne reconnaît pas le droit d'Israël à se défendre, et elle légitime à tort les faux récits qui profitent au Hamas et qui ont malheureusement trouvé leur place au sein de ce Conseil.

D'autres membres du Conseil ont "ignoré" les avertissements des États-Unis concernant le langage "inacceptable" et ont plutôt adopté "une action performative destinée à entraîner un veto", a-t-elle ajouté.

Le texte de la résolution s'alarme des rapports faisant état d'une famine croissante et d'une aggravation de la crise humanitaire à Gaza, condamne l'utilisation de la famine comme arme de guerre et exprime son inquiétude face à l'expansion des opérations militaires israéliennes. Il réaffirme également les obligations qui incombent aux États en vertu des principes du droit international, notamment la protection des civils et le refus des déplacements forcés.

Il a exigé trois mesures clés : un accord de cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent respecté par toutes les parties ; la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages détenus par le Hamas et d'autres groupes ; et la levée de toutes les restrictions israéliennes à l'entrée et à la distribution de l'aide humanitaire, parallèlement au rétablissement des services essentiels à Gaza. Il a demandé au secrétaire général des Nations unies de faire rapport au Conseil dans les 30 jours sur la mise en œuvre de la résolution.

L'Algérie, l'un des principaux partisans de la résolution, a exprimé sa consternation face à un nouvel échec du Conseil de sécurité à agir sur la situation à Gaza, et a présenté ses excuses aux Palestiniens pour ne pas avoir fait assez pour sauver la vie des civils.

L'ambassadeur du pays auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a déclaré que malgré l'échec de la résolution, "14 membres courageux du Conseil de sécurité ont fait entendre leur voix. Ils ont agi en conscience et en faveur de l'opinion publique internationale".


Canada et Mexique veulent un accord commercial avec les Etats-Unis "plus équitable et plus efficace"

Le Premier ministre canadien Mark Carney (à gauche) et la présidente du Mexique Claudia Sheinbaum (à droite) posent pour une photo après une conférence de presse conjointe au Palais national de Mexico, le 18 septembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney (à gauche) et la présidente du Mexique Claudia Sheinbaum (à droite) posent pour une photo après une conférence de presse conjointe au Palais national de Mexico, le 18 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Canada et le Mexique souhaitent renforcer et rééquilibrer l’ACEUM, leur accord de libre-échange avec les États-Unis, dans un contexte de retour annoncé du protectionnisme sous Trump
  • Les deux pays lancent des initiatives pour développer leur commerce bilatéral en utilisant leurs propres ports, afin de réduire leur dépendance logistique et commerciale vis-à-vis des États-Unis

MEXICO: Le Canada et le Mexique ont défendu jeudi leur accord de libre-échange avec les États-Unis, tout en proposant de le rendre "plus équitable et plus efficace" lors de son réexamen prévu pour l'an prochain, face à la poussée protectionniste de Donald Trump.

Lors d'une conférence de presse à Mexico aux côtés de la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, le Premier ministre canadien Mark Carney a affirmé que son pays était "absolument déterminé à travailler avec (ses) deux partenaires".

Le Canada et le Mexique souhaitent que l'accord commercial ACEUM les liant actuellement aux États-Unis soit "plus équitable et plus efficace", a-t-il souligné.

Mme Sheinbaum s'est pour sa part dite "optimiste" quant à l'avenir de l'accord ACEUM "non seulement par conviction mais parce que je crois que le traité commercial (...) va prévaloir".

L'accord, en place depuis 2020, doit être réexaminé par les trois pays l'année prochaine. Le président américain souhaite le renégocier en assurant des conditions plus favorables aux fabricants américains.

Donald Trump a déjà imposé des droits de douane sur certaines produits provenant du Canada et du Mexique et ne relevant pas de l'ACEUM. Il a menacé ses voisins de nouvelles représailles s'ils ne parviennent pas à freiner la migration illégale et le trafic de drogue.

L'ACEUM, qui a succédé à l'accord de libre-échange Alena, est crucial pour les économies du Mexique et du Canada, qui destinent respectivement environ 80% et 75% de leurs exportations aux États-Unis.

"Nous sommes plus forts ensemble", a insisté Mark Carney.

"La meilleure manière de concurrencer d'autres régions du monde est de renforcer le traité commercial entre les trois pays", a abondé la présidente mexicaine.

La guerre commerciale de l'administration Trump a déjà perturbé de manière significative les relations entre les trois pays.

Des droits de douane américains affectent les secteurs de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium au Canada et touchent les industries mexicaines de l'automobile et de l'acier.

La rencontre des deux dirigeants visait également à réduire l'énorme écart entre leur commerce bilatéral et celui que les deux pays entretiennent respectivement avec les États-Unis.

Le commerce de marchandises entre le Mexique et les Etats-Unis a totalisé plus de 763 milliards de dollars en 2024, tandis que celui des États-Unis avec le Canada a atteint près de 762 milliards de dollars au cours de la même période.

En comparaison, les échanges de biens entre le Mexique et le Canada (31,8 milliards de dollars) font pâle figure.

Le Canada est le cinquième partenaire commercial du Mexique dans le monde, tandis que le pays latino-américain occupe la troisième place parmi les nations avec lesquelles les entreprises canadiennes commercent.

Les deux dirigeants, qui cherchent à diversifier leurs exportations, ont annoncé jeudi des programmes pour renforcer leurs échanges commerciaux et les investissements, en utilisant les ports canadiens et mexicains plutôt qu'en expédiant des marchandises à travers les États-Unis.


Gaza et l'avenir des Palestiniens au centre du sommet annuel de l'ONU

Dès lundi, un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite se penchera sur l'avenir de la solution à deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et sécurité. (AFP)
Dès lundi, un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite se penchera sur l'avenir de la solution à deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et sécurité. (AFP)
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  • Après l'adoption à une majorité écrasante la semaine dernière par l'Assemblée générale d'un texte qui soutient un futur Etat palestinien mais en excluant sans équivoque le Hamas, cette réunion devrait voir la reconnaissance de cet Etat palestinien
  • Un geste "symbolique" qui pourra avoir une vraie portée "si les pays qui reconnaissent la Palestine enchaînent avec d'autres mesures pour tenter de faire pression sur Israël pour mettre fin à sa campagne à Gaza"

NATIONS-UNIES: Quelque 140 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus la semaine prochaine à New York pour la grand-messe annuelle de l'ONU où l'avenir des Palestiniens et de Gaza sera au centre de l'attention, même en l'absence de Mahmoud Abbas.

Près de deux ans après le début de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre 2023, la catastrophe humanitaire qui ravage le petit territoire palestinien risque d'éclipser toutes les autres crises et conflits qui ravagent la planète, de l'Ukraine à Haïti ou au Soudan.

Dès lundi, un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite se penchera sur l'avenir de la solution à deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et sécurité.

Après l'adoption à une majorité écrasante la semaine dernière par l'Assemblée générale d'un texte qui soutient un futur Etat palestinien mais en excluant sans équivoque le Hamas, cette réunion devrait voir la reconnaissance formelle de cet Etat palestinien par plusieurs pays, en premier lieu par le président français Emmanuel Macron.

Un geste "symbolique" qui pourra avoir une vraie portée "si les pays qui reconnaissent la Palestine enchaînent avec d'autres mesures pour tenter de faire pression sur Israël pour mettre fin à sa campagne à Gaza", commente Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

Mais il craint dans le même temps des représailles israéliennes, évoquant un risque d'"escalade" de la part du Premier ministre Benjamin Netanuyahu qui doit s'exprimer à la tribune de l'Assemblée générale en fin de semaine prochaine et a clairement dit qu'"il n'y aurait pas d'Etat palestinien".

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, se sont eux aussi publiquement opposé à ce processus et ont annoncé qu'ils n'accorderaient pas de visa à la délégation palestinienne, dont le président Mahmoud Abbas. L'Assemblée doit voter vendredi pour l'autoriser à s'exprimer par vidéo.

Autre star attendue de ce sommet annuel à New York, Donald Trump. Il s'est lancé depuis son retour à la Maison Blanche dans des coupes massives de l'aide américaine à l'étranger touchant de nombreuses agences onusiennes en difficulté, alors que les besoins humanitaires se multiplient.

Système multilatéral "menacé" 

C'est dans ce contexte de crise financière et de crise du multilatéralisme, et dans un monde qui connaît un nombre record de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, que l'ONU fête sans tambour ni trompette ses 80 ans, tentant d'écarter les critiques sur son impuissance.

"Le système multilatéral (...) est menacé", s'est inquiété Federico Borello, patron par intérim de Human Rights Watch.

"Pour être du bon côté de l'Histoire, il est crucial de résister aux gouvernements puissants qui tentent de saper les normes internationales et de démolir les moyens de rendre des comptes", a-t-il ajouté, dénonçant les violations du droit humanitaire à Gaza, en Ukraine ou ailleurs.

"Les gens réclament des réponses et des actes. Des actes à la hauteur de la gravité des défis auquel le monde fait face", des guerres au réchauffement climatique, en passant par les inégalités ou les risques des nouvelles technologies, a insisté de son côté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

En ce 80e anniversaire, environ 140 chefs d'Etat et de gouvernement devraient s'exprimer à New York, de l'Ukrainien Volodymyr Zelensky au Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, du Canadien Mark Carney à l'Iranien Massoud Pezeshkian, sans oublier le Syrien Ahmad al-Chareh.

Près d'un an après que ses forces, dirigées par des islamistes, ont renversé Bachar al-Assad, la visite du président syrien par intérim est très attendue alors que le pays tente de se reconstruire après des années de guerre civile.

Autre sujet sensible probablement au menu des discussions diplomatiques, le programme nucléaire iranien, alors que les sanctions de l'ONU contre Téhéran, levées il y a dix ans, pourraient être remises en vigueur fin septembre à la suite d'un processus déclenché fin août par Paris, Londres et Berlin.

Antonio Guterres et le président Lula organiseront par ailleurs mercredi un sommet sur le climat où certains Etats pourraient annoncer ou préciser leurs nouvelles ambitions de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, à quelques semaines de la COP30 au Brésil.