Ce que l'on sait du programme politique des talibans à ce stade

Une rue du Kaboul, le 9 septembre. (AFP).
Une rue du Kaboul, le 9 septembre. (AFP).
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Publié le Vendredi 10 septembre 2021

Ce que l'on sait du programme politique des talibans à ce stade

  • Plus de trois semaines après avoir pris le pouvoir en Afghanistan, les talibans ont dévoilé mardi soir leur gouvernement provisoire
  • Leur programme politique reste encore très flou

KABOUL: Plus de trois semaines après avoir pris le pouvoir en Afghanistan, les talibans ont dévoilé mardi soir leur gouvernement provisoire, mais leur programme politique reste encore très flou.


Leur chef suprême, Hibatullah Akhundzada, dans une très rare intervention publique mardi, a toutefois insisté sur le fait que le gouvernement aurait pour tâche de faire respecter la charia, la loi islamique.

Droits des femmes 

C'est le domaine sur lequel les talibans sont le plus attendus et qui pourrait conditionner leur reconnaissance par la communauté internationale, essentielle notamment pour la reprise de l'aide économique dont dépend fortement le pays et qui a été largement suspendue.


Leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001 avait été notamment marqué par la disparition des femmes de l'espace public.


Les islamistes ont multiplié les gestes et les déclarations depuis le 15 août pour tenter de rassurer sur ce point, affirmant que les droits des femmes seraient respectés en conformité avec la charia.


Ils ont annoncé que les Afghanes pourraient étudier à l'université, mais dans des classes non mixtes, et avec abaya (vêtement long traditionnel) et niqab (voile couvrant tout le visage sauf les yeux) obligatoires. Elles pourront aussi travailler mais "dans le respect des principes de l'islam".


Sous leur précédent régime, les femmes n'étaient autorisées ni à travailler, ni à étudier, à de rares exceptions près.


L'absence de femmes dans le gouvernement provisoire constitue toutefois un mauvais signal.


Des inconnues demeurent également sur le droit des femmes à sortir dans la rue sans être accompagnées d'un homme, ce qui était interdit par les talibans dans les années 1990, ou encore sur l'obligation de porter la burqa (voile épais couvrant le corps et cachant les yeux).

 

La légende de Massoud reste vivace sous les talibans

"C'est le héros de l'Afghanistan": vingt ans après son assassinat par Al-Qaïda, la légende entourant le commandant Massoud reste vivace dans le pays malgré les tentatives du nouveau régime taliban d'effacer son image, jusqu'à présent omniprésente, des rues de Kaboul.


Jusqu'ici, chaque 9 septembre charriait son lot de clameurs et d'hommages dans la capitale afghane, parcourue invariablement par des habitants de la vallée du Panchir, dont il était originaire, tirant des coups de feu en l'air à bord de leur voiture.


Rien de tout cela cette année. Les nouveaux maîtres du pays ont annulé le jour férié prévu à cette occasion et une partie des nombreux portraits d'Ahmad Shah Massoud qui ornaient jusqu'à présent les murs de la ville ont, ces dernières semaines, été effacés ou recouverts de peinture blanche.


Pas de quoi pour autant altérer l'enthousiasme de Rashed, un Kabouli, qui devant un immense panneau d'affichage représentant Massoud et son célèbre pakol vissé sur la tête rend hommage au "héros de l'Afghanistan".


"Il s'est battu contre les Russes et les terroristes et nous nous battrons aussi. On marche dans ses pas", lance-t-il.


Massoud "est une grande personnalité et un héros national, il devrait être chéri par tout le monde", abonde Mutawakkel, un autre habitant.


Commandant charismatique, Massoud a mené la résistance contre l'occupant soviétique dans les années 1980, puis contre les talibans à l'époque où ceux-ci dirigeaient l’Afghanistan, de 1996 à 2001.


Il a été tué deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, revendiqués par Al-Qaïda, qui ont amené Washington à intervenir militairement en Afghanistan et à reverser le régime des talibans. Ces derniers sont revenus au pouvoir le 15 août à l'issue d'un campagne militaire éclair.

- Souvenirs douloureux -
Massoud s'est notamment distingué par son génie militaire, grâce auquel le Panchir est demeuré inviolé y compris durant la sanglante occupation soviétique (1979-89) puis sous le régime taliban. 


Vingt-ans après, le Panchir a repris son rôle de dernier résistant, emmené cette fois par le fils du commandant, Ahmad Massoud, qui a pris la tête du Front national de résistance (FNR) contre les talibans.


Située à 80 km de Kaboul, cette vallée enclavée et difficile d'accès a été le théâtre de violents combats depuis le 30 août et le départ des États-Unis du pays.


Lundi, le régime taliban a annoncé avoir pris le contrôle de la totalité de la zone, une information démentie par le FNR qui a promis de continuer à se battre.


Si sa légende perdure en dépit des années qui s'écoulent, le commandant Massoud ne ravive pas pour autant que des bons souvenirs dans le pays.


Révéré dans le Panchir, dans le nord du pays et au sein de l'ethnie Tajik à laquelle il appartenait, il reste associé par une partie de la population à la lutte fratricide entre moudjahidine après le départ des Soviétiques, qui fut meurtrière pour la population civile. 

 

Presse

Les talibans ont assuré que les journalistes, y compris les femmes, pourraient continuer à travailler librement et ne seraient pas harcelés.


"Nous respecterons la liberté de la presse parce que l’information sera utile à la société et, en même temps, permettra de corriger les erreurs des dirigeants", a assuré leur porte-parole, Zabihullah Mujahid, à Reporters sans Frontières. 


Des déclarations qui pour l'heure peinent à convaincre. De nombreux journalistes ont d'ores et déjà quitté le pays quand d'autres restent cachés chez eux, de peur de représailles. 


Certains ont été brièvement arrêtés en marge des récentes manifestations contre le régime.


M. Mujahid a appelé les médias "à ne pas couvrir" ces manifestations, jugées "illégales tant que les lois ne sont pas proclamées".

Culture

Lors de leur première expérience du pouvoir, les talibans avaient appliqué une version stricte de la charia, interdisant jeux, musique, photographie ou encore télévision.


"La musique est interdite par l’islam, mais nous espérons convaincre les Afghans de ne pas faire ces choses, plutôt que de les forcer", a récemment réaffirmé Zabihullah Mujahid au New York Times.


Des habitants et des membres du gouvernement déchu ont toutefois accusé les talibans d'avoir assassiné fin août un chanteur folklorique à Andarab (Nord-Est), une information que n'a pas pu confirmer l'AFP.


Sur le patrimoine, source d'inquiétude depuis la destruction des statues de Bouddha par les islamistes à Bamiyan en 2001, le mouvement n'a fait aucune déclaration officielle depuis février, lorsqu'il avait affiché sa volonté de le préserver.

Économie 

C'est l'un des défis les plus urgents auxquels le nouveau régime devra s'atteler. L'économie afghane ressort exsangue de décennies de guerre et la suspension de l'aide internationale menace de faire plonger le pays dans une catastrophe économique et humanitaire.


Le programme taliban reste à ce stade très vague. "Les interactions avec la communauté internationale, avec d'autres pays, vont se poursuivre", s'est contenté de dire leur porte-parole. 


"Nous allons travailler sur nos ressources naturelles pour redynamiser notre économie, pour notre reconstruction, pour notre prospérité", a-t-il ajouté sans donner plus de détails.


On ignore toujours à ce stade comment les talibans vont réussir à trouver des fonds pour verser le salaire des fonctionnaires et maintenir en état de marche les infrastructures vitales (eau, électricité, communications). 


Les revenus actuels des talibans, qui viennent principalement d'activités criminelles, sont estimés par l'ONU à entre 300 millions et plus de 1,5 milliard de dollars par an. 


Une manne financière qui fait figure de goutte d'eau face aux besoins actuels de l'Afghanistan, selon les experts.

Sécurité 

Les talibans ont prévenu que toute insurrection serait "durement réprimée", un message adressé aux forces de la résistance dans le Panchir. Ils ont aussi assuré qu'ils éradiqueraient la branche locale du groupe jihadiste Etat islamique, qui constitue toujours une lourde menace, sans donner plus de précisions. 


Quant à la drogue, Zabihullah Mujahid a affirmé que les nouvelles autorités ne transformeraient pas le premier producteur mondial d'opium en un véritable narco-Etat.


"Nous assurons à nos compatriotes et à la communauté internationale que nous ne produirons pas de stupéfiants", a-t-il déclaré. 

Sport 

Sous leur premier gouvernement, certains sports étaient autorisés, mais ils étaient strictement contrôlés: seuls les hommes pouvaient jouer ou assister aux rencontres.


Selon les dernières déclarations talibanes, les femmes ne devraient toujours pas être autorisées à faire du sport. 


"Elles pourraient être confrontées à une situation où leur visage et leur corps ne seront pas couverts", a expliqué jeudi Ahmadullah Wasiq, un responsable taliban, au média australien SBS News qui l'interrogeait sur le cas du cricket. "L'islam ne permet pas aux femmes d’être vues comme ça".


Le pape a reçu Zelensky, le président d'une « Ukraine martyrisée »

Cette photo prise et distribuée le 18 mai 2025 par les médias du Vatican montre le pape Léon XIV lors d'une audience privée avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son épouse Olena Zelenska au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
Cette photo prise et distribuée le 18 mai 2025 par les médias du Vatican montre le pape Léon XIV lors d'une audience privée avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son épouse Olena Zelenska au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
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  • Léon XIV a prononcé ces quelques mots en public : « L'Ukraine attend finalement des négociations pour une paix juste et durable ».
  • Le président ukrainien a déclaré qu'il était « reconnaissant pour les paroles spéciales » du souverain pontife.

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Le pape Léon XIV, qui a évoqué dimanche place Saint-Pierre « l'Ukraine martyrisée » en attendant « des négociations pour une paix juste et durable », a reçu pour la première fois en audience privée son président Volodymyr Zelensky, accompagné de son épouse Olena Zelenska.

« Merci pour votre patience. J'ai dû saluer toutes les délégations ayant assisté à la messe inaugurale du pontificat », leur a lancé le pape dans la vidéo diffusée par le Vatican après leur visite, au cours de laquelle des présents ont été échangés.

À l'issue de la messe marquant le début de son pontificat en présence d'un parterre de chefs d'État, dont M. Zelensky, Léon XIV a prononcé ces quelques mots en public : « L'Ukraine attend finalement des négociations pour une paix juste et durable ».

Le président ukrainien a déclaré qu'il était « reconnaissant pour les paroles spéciales » du souverain pontife, dans un message posté sur Telegram. « Tout pays mérite de vivre en paix et en sécurité », a-t-il estimé, augurant que « les prières pour une paix juste et une vie digne pour tous soient entendues ». 

Son prédécesseur, le pape François, avait inlassablement plaidé pour la paix en Ukraine sans obtenir de résultats concrets.

Avant la messe, M. Zelensky a serré la main du vice-président américain JD Vance, qu'il n'avait pas revu depuis leur altercation à la Maison Blanche avec Donald Trump, fin février.

La Russie a lancé, dans la nuit de samedi à dimanche, une attaque record de drones visant de nombreuses régions d'Ukraine, dont la capitale, Kiev, deux jours après les premiers pourparlers de paix depuis 2022, organisés à Istanbul, qui n'ont pas abouti à une trêve.

Léon XIV a également évoqué dimanche la catastrophe humanitaire à Gaza due à la guerre entre Israël et le Hamas : « Nous ne pouvons pas oublier les frères et sœurs qui souffrent à cause de la guerre. À Gaza, les enfants, les familles et les personnes âgées qui survivent souffrent de la faim », a-t-il lancé.

Après le blocage de négociations pour prolonger une trêve de deux mois, Israël a repris le 18 mars ses bombardements sur Gaza. Depuis le 2 mars, il bloque également l'entrée de toute aide humanitaire vitale pour la population du territoire.


Nucléaire : selon le ministre des Affaires étrangères, l'Iran serait prêt à « un nouveau chapitre » avec l'Europe

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, participe à une conférence de presse conjointe avec le ministre russe des Affaires étrangères à la suite de leurs entretiens à Moscou, le 18 avril 2025. (Photo de Tatyana MAKEYEVA / POOL / AFP)
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, participe à une conférence de presse conjointe avec le ministre russe des Affaires étrangères à la suite de leurs entretiens à Moscou, le 18 avril 2025. (Photo de Tatyana MAKEYEVA / POOL / AFP)
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  • « L'Iran est prêt à ouvrir un nouveau chapitre dans ses relations avec l’Europe s’il constate une réelle volonté et une approche indépendante de la part des parties européennes », a annoncé Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères
  • « Si l'Europe possède la volonté nécessaire pour rectifier cette situation, l'Iran ne voit aucun obstacle au rétablissement de la confiance mutuelle et au développement des relations avec les pays européens », a indiqué M. Araghchi

TEHERAN : L'Iran a indiqué dimanche qu'il était prêt à « ouvrir un nouveau chapitre » avec les pays européens, alors que ces derniers menacent de réimposer des sanctions contre Téhéran.

« L'Iran est prêt à ouvrir un nouveau chapitre dans ses relations avec l’Europe s’il constate une réelle volonté et une approche indépendante de la part des parties européennes », a annoncé Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères, lors d'un forum diplomatique tenu à Téhéran.

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont, avec les États-Unis, la Chine et la Russie, membres d'un accord sur le nucléaire conclu avec l'Iran en 2015.

Le texte, qui prévoit la levée des sanctions contre Téhéran en échange d'un encadrement de ses activités nucléaires, est devenu caduc de facto à la suite du retrait des États-Unis de cet accord en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.

Les diplomates européens estiment qu'ils disposent d'un mécanisme, prévu dans l'accord de 2015, permettant de rétablir les sanctions internationales contre Téhéran. 

« Si l'Europe possède la volonté nécessaire pour rectifier cette situation, l'Iran ne voit aucun obstacle au rétablissement de la confiance mutuelle et au développement des relations avec les pays européens », a indiqué M. Araghchi dimanche.

Fin avril, son homologue français, Jean-Noël Barrot, a affirmé que l'Europe n'hésiterait « pas une seule seconde » à rétablir des sanctions contre Téhéran si le programme nucléaire iranien menaçait la sécurité européenne.

Dans une tribune publiée la semaine dernière sur le site de l'hebdomadaire français Le Point, le ministre iranien des Affaires étrangères avait mis en garde les Européens contre leur « stratégie de confrontation ».

Vendredi, l'Iran a mené des discussions en Turquie avec les puissances européennes sur son programme nucléaire, après un 4^e cycle de pourparlers sous médiation omanaise dimanche dernier entre l'Iran et les États-Unis.

Les pourparlers irano-américains visent à conclure un nouvel accord censé empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique, une ambition que Téhéran a toujours niée, en échange d'une levée des sanctions qui paralysent l'économie iranienne. 


Roumanie : Macron dénonce des «ingérences» qui «sapent l'intégrité de nos démocraties»

Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron (à droite) s'expriment avant le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), à Tirana, le 16 mai 2025. (AFP)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron (à droite) s'expriment avant le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), à Tirana, le 16 mai 2025. (AFP)
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  • En Pologne, les sites du parti centriste du Premier ministre Donald Tusk étaient hors service vendredi en raison d'une cyberattaque, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.
  • "La Moldavie (est) victime chaque jour des ingérences russes (..) Les échéances électorales en cours, là aussi, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences", a martelé le président français

TIRANA: Le président français Emmanuel Macron a dénoncé vendredi des "ingérences" dans les élections à venir en Europe, notamment en Roumanie, estimant qu'elles "sapent l'intégrité de nos démocraties".

"Nous voyons à travers nos élections, la Roumanie le vit en ce moment, la Moldavie l'a vécue il y a très peu de temps, (que) nous avons très clairement des menaces qui sapent l'intégrité de nos démocraties, qui minent leur résilience", a-t-il dit en ouverture d'un sommet de la Communauté politique européenne (CPE) à Tirana.

Le candidat d'extrême droite George Simion fait figure de favori du second tour de la présidentielle qui se tiendra dimanche en Roumanie.

Un scrutin scruté de près après l'annulation du vote du 24 novembre sur des suspicions d'ingérence russe en faveur du précédent candidat d'extrême droite, critique de l'UE et de l'Otan, Calin Georgescu.

En Pologne, les sites du parti centriste du Premier ministre Donald Tusk étaient hors service vendredi en raison d'une cyberattaque, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.

"La Moldavie (est) victime chaque jour des ingérences russes (..) Les échéances électorales en cours, là aussi, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences", a martelé le président français.

"Nous subissons des manipulations lors des périodes électorales, mais (aussi) des ingérences informationnelles étrangères à peu près tout le temps. Et c'est quelque chose qui sape la sécurité démocratique de notre Europe", a-t-il poursuivi.

Le chef de l'Etat a appelé les dirigeants du continent européen, réunis à Tirana, à "mieux protéger les infrastructures critiques face aux cyberattaques", à renforcer les "cadres réglementaires sur les contenus illicites en ligne" et à "traquer les flux financiers qui alimentent ces actions hybrides".

"Sinon, en particulier la Russie, ils continueront de déstabiliser nos opinions publiques pour bouger les lignes", a-t-il dit.