Le nouveau gouvernement libanais entend «envoyer des signaux positifs à l'étranger»

Le Premier ministre désigné Najib Mikati a annoncé la formation d'un nouveau gouvernement libanais après une rencontre avec Aoun au palais présidentiel de Baabda. (Photo, AFP)
Le Premier ministre désigné Najib Mikati a annoncé la formation d'un nouveau gouvernement libanais après une rencontre avec Aoun au palais présidentiel de Baabda. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 12 septembre 2021

Le nouveau gouvernement libanais entend «envoyer des signaux positifs à l'étranger»

  • C'est le troisième gouvernement du Premier ministre Najib Mikati et le quatrième sous le président Michel Aoun
  • Dans le cadre de l'accord de formation, le gouvernement restera au pouvoir pendant huit mois jusqu'aux élections de l'année prochaine

BEYROUTH : Le gouvernement libanais nouvellement formé a reçu un accueil prudent à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, au moment où il cherche à maintenir le cap avec les exigences fixées par les principaux pays et institutions, dont la France et le Fonds monétaire international.

C'est le troisième gouvernement du Premier ministre Najib Mikati et le quatrième sous le président Michel Aoun. Le conseil des ministres doit tenir sa première session lundi pour rédiger une déclaration ministérielle. Par ce biais, le gouvernement définira ses priorités. Le nouveau gouvernement se rendra ensuite au Parlement libanais pour un vote de confiance. 

Dans le cadre de l'accord de formation, le gouvernement restera au pouvoir pendant huit mois jusqu'aux élections de mai prochain. Les analystes affirment qu'il s'agit d'une courte période pour un gouvernement de sauvetage, mais suffisante pour que le Cabinet prenne des mesures rapides et efficaces.

Une source du secteur bancaire a déclaré à Arab News : «Ce gouvernement a envoyé des signaux positifs à la fois localement et internationalement. Cependant, il est nécessaire de s’attaquer à certaines priorités qui renforcent la confiance des déposants, des banquiers, des institutions et des donateurs. La confiance locale est importante et nécessite l'élaboration d'un programme de développement et de réforme économique.

Décrivant le nouveau gouvernement, Aoun a déclaré: «C'est le meilleur qu’on peut avoir, et il est capable d'agir pour nous sortir de ces temps sombres».

Toutefois, certains observateurs politiques estiment que le nouveau gouvernement «ne va pas dans le sens des initiatives internationales et manque de tous les éléments de force que ces initiatives ont apportés». 

L'analyste politique Hanna Saleh a déclaré à Arab News : «La seule nouveauté que ce gouvernement a apportée est le remplacement des banquiers par des juges comme ministres».

Le nouveau gouvernement est le produit de compromis et de quotas entre de puissantes factions politiques libanaises. C'est un groupe dirigeant de technocrates politiques, et non de technocrates indépendants, une revendication principale de l'initiative française pour sortir le Liban de la crise.

L'ancien Premier ministre désigné Saad Hariri avait auparavant proposé l'inclusion de plusieurs personnalités indépendantes dans tout nouveau gouvernement, mais elles n'ont pas été incluses dans le groupe de Mikati.

Le député Bilal Abdellah, membre du bloc parlementaire «Rassemblement démocratique», a déclaré à Arab News : «Mieux vaut n'importe quel gouvernement que pas de gouvernement. Le gouvernement de Mikati est un gouvernement de technocrates, c'est-à-dire qu'il a des quotas, et sans cela, il n'aurait certainement pas été formé. De plus, il n'a été formé qu'après avoir été accepté de l'étranger». 

Il a ajouté : «Ce gouvernement est maintenant tenu d'arrêter l'effondrement. Il ne peut pas faire de miracles, mais il pourrait au moins mettre en œuvre des mesures de sauvetage et de réforme. Il doit négocier avec les institutions internationales, au premier rang, le FMI. Sans argent frais, il n'y a pas de sauvetage, et le plus important est de rétablir les liens du Liban avec son environnement arabe ainsi que la communauté internationale, et d'organiser des élections législatives».

La journaliste économique Danielle Daher a souligné : «Le gouvernement doit faire face à la crise urgente, à savoir garantir le carburant pour répondre aux besoins de la population après la suppression des subventions, à laquelle Mikati a ouvert la voie dans son discours. Plus important encore, le taux de change de la livre libanaise par rapport au dollar doit être unifié ; il est déraisonnable d'avoir six taux différents au Liban. C'est l'une des exigences du FMI.

Daher a ajouté : «Le taux de change sur le marché noir baissera ainsi automatiquement. Le gouvernement est tenu d'envoyer un signal positif à l'étranger, preuve de son sérieux dans la mise en œuvre des réformes requises, notamment la question du contrôle des capitaux, qui est aussi une exigence du FMI».

Najat Rushdie, la coordinatrice résidente des Nations Unies pour les affaires humanitaires au Liban, a déclaré : «Nous comptons sur l'engagement des nouveaux ministres pour relever les défis et faire le nécessaire». 

«L'effort de la communauté internationale est de sauver le peuple par une aide purement humanitaire, car les questions essentielles sont résolues par la politique. Résoudre la crise nécessite d'entreprendre des réformes structurelles», a ajouté Rushdie.

Certains médias libanais ont estimé que le gouvernement n'aurait pas été formé sans «les scènes de chaos à l'aéroport de Kaboul, qui ont fait craindre à l'administration américaine un scénario similaire dans une capitale qui sombre ainsi dans le chaos». 

De son côté, l'UE a salué la formation du gouvernement, la qualifiant de «clé pour faire face aux crises économique, financière et sociale du Liban».

Le ministère égyptien des Affaires étrangères a appelé à «donner au nouveau gouvernement la possibilité d'atteindre ses objectifs et de sortir le Liban de sa crise, conformément à ses pouvoirs constitutionnels».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk