Le Hezbollah achemine illégalement du pétrole iranien au Liban

Un drapeau iranien flotte sur la poupe du pétrolier Adrian Darya, anciennement connu sous le nom de Grace 1, au large de Gibraltar. (Photo, Archives/AFP)
Un drapeau iranien flotte sur la poupe du pétrolier Adrian Darya, anciennement connu sous le nom de Grace 1, au large de Gibraltar. (Photo, Archives/AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 15 septembre 2021

Le Hezbollah achemine illégalement du pétrole iranien au Liban

  • La milice pro-iranienne a annoncé qu'elle apportera jeudi 3 millions de litres de carburant à Baalbeck, ce qui pourrait exposer Beyrouth à des sanctions américaines
  • Le ministre libanais de l'Énergie par intérim a affirmé qu'il «n'avait reçu aucune demande d'approbation d'importation de carburant» entreprise par le Hezbollah

BEYROUTH : Malgré la menace d'éventuelles sanctions américaines, le Hezbollah a planifié de recevoir ce jeudi au Liban, via la Syrie, jusqu'à 80 camions citernes transportant du diesel iranien.

Les cargaisons de diesel sont destinées à Baalbeck, à environ 67 kilomètres au nord-est de Beyrouth, où le carburant sera déchargé dans d’autres camions citernes appartenant à la milice soutenue par l'Iran. Le groupe a également organisé une cérémonie pour célébrer l'arrivée de la cargaison, qui devrait contenir 3 millions de litres de carburant.

Sayyed Hassan Nasrallah, secrétaire général du parti, a déclaré en août qu'un pétrolier iranien était en route vers le Liban «dans quelques heures», avertissant Israël et les États-Unis de ne pas l'intercepter

Cette décision, selon le Hezbollah, avait pour but d’alléger la grave pénurie de carburant qui paralyse le Liban depuis des semaines.

Le ministre libanais par intérim de l'énergie, Raymond Ghajar, a affirmé qu'il «n'avait reçu aucune demande d'approbation d'importation de carburant» entreprise par le Hezbollah.

La cargaison violera les sanctions américaines imposées à Téhéran après le retrait de l'ancien président américain Donald Trump de l’accord sur le nucléaire entre l'Iran et d'autres puissances mondiales, il y a trois ans. La décision du Hezbollah est également susceptible d'exposer le Liban à des sanctions américaines similaires.

Nasrallah a déclaré lundi que le navire iranien a accosté dimanche soir dans le port syrien de Banias et a commencé à décharger du carburant diesel dans des camions citernes syriens qui arriveront à Baalbeck jeudi.

«Le convoi de camion destiné à Baalbeck arrivera par le Hermel», a révélé Nasrallah.

En absence de passages frontaliers légaux dans la région, le Hezbollah aurait utilisé le passage de Hermel qu’il utilise normalement pour la contrebande.

Al-Amana, une société qui appartient au Hezbollah et qui est sanctionnée par les États-Unis, devrait recevoir le carburant iranien.

Nasrallah a affirmé avoir «épargné l'embarras au Liban en amarrant le navire dans un port syrien et non libanais».

Cependant, l'arrivée de camions citernes chargés de diesel au Liban révélera la vulnérabilité de l'État concernant la violation de ses frontières et l'importation de carburant à son insu ou même sans son approbation. Les États-Unis avaient auparavant averti que tout pétrolier iranien qui acheminera du carburant pour le Liban sera considéré comme «un transfert de fonds pour le Hezbollah».

Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne font partie d'un nombre croissant de pays qui reconnaissent le Hezbollah dans son intégralité en tant qu’une organisation terroriste.

Dorothy Shea, ambassadrice américaine au Liban, a bloqué la route de l'initiative iranienne le 21 août en informant le président libanais Michel Aoun «de la décision de l'administration américaine d'aider le Liban à obtenir de l'électricité de la Jordanie via la Syrie». Le projet fournira du gaz naturel égyptien à la Jordanie qui pourra être acheminé au Liban via la Syrie.

Shea a déclaré : «Le Liban n'a pas besoin de navires iraniens», et s'est demandée s'il «était possible de compter sur le Hezbollah pour distribuer équitablement le carburant».

Selon le Hezbollah, la cargaison de diesel iranien «sera un don». Le groupe a souligné que cela aidera «les hôpitaux publics, les maisons de retraite, les orphelinats, les municipalités chargées de distribuer l'eau, les pompiers ainsi que la Croix-Rouge libanaise».

Le Hezbollah a appelé les représentants de ces institutions à assister à la cérémonie de jeudi à Baalbeck.

«Un deuxième navire de diesel arrivera dans cinq jours», a assuré Nasrallah, qui a de plus affirmé qu'un troisième navire à destination du Liban avait commencé à charger de l'essence iranien.

Nasrallah a indiqué que l'objectif n'est «pas de rivaliser avec les entreprises importatrices ou de faire des bénéfices, mais de servir la population».

Nasrallah a aussi annoncé que le Hezbollah ouvrira la porte aux achats individuels avec le début de l'hiver.

«Le prix sera divulgué jeudi et le diesel sera vendu en livre libanaise», a promis Nasrallah. «Il y a aussi le coût du transport et le prix mondial. Nous vendrons à des prix inférieurs au coût car nous ne cherchons pas à faire des profits ou des pertes. Nous prendrons en charge une partie du coût, qui sera un don de notre côté et de l'État iranien».

Diana Kaissy, experte en énergie et membre du conseil consultatif de l'Initiative libanaise pour le pétrole et le gaz, LOGI, une organisation non gouvernementale indépendante basée à Beyrouth, a déclaré à Arab News : «Beaucoup d'opacité règne sur la cargaison de diesel iranien».

Elle a jugé que les 3 millions de litres ne sont rien comparés aux besoins du marché.

«Mais le problème est que la cargaison n'a pas du tout obtenu de permis du ministère de l'Énergie et le diesel sera vendu à des prix inférieurs au prix du marché», a averti Kaissy. «Cela signifie qu'il y aura un concurrent sur le marché du carburant et, par conséquent, un nouveau cartel émergera, possédant des armes illégales et vendant du carburant sur des bases incorrectes».

Le Hezbollah essaie d'aider les gens avec du carburant mais son opération est préoccupante.

«La situation n'est absolument pas claire», a prévenu Kaissy.

«Les ventes se font au marché noir et il y a maintenant un parti politique qui crée publiquement un nouveau marché noir sous prétexte que le peuple en a besoin, de manière à mettre fin aux monopoles. Mais qui sait que cette démarche ne créera pas un autre monopole ?

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Short Url
  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Short Url
  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Short Url
  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com