Etats-Unis, Australie et Royaume-Uni scellent un pacte de sécurité, colère de Paris

Le destroyer lance-missiles de classe Arleigh Burke USS Barry (DDG 52) lance un missile de croisière Tomahawk en 2011en mer Méditerranée. Le Premier ministre australien Scott Morrison a annoncé le 16 septembre 2021 que le pays allait acquérir des missiles  américains à longue portée Tomahawk. JONATHAN SUNDERMAN / US NAVY / AFP
Le destroyer lance-missiles de classe Arleigh Burke USS Barry (DDG 52) lance un missile de croisière Tomahawk en 2011en mer Méditerranée. Le Premier ministre australien Scott Morrison a annoncé le 16 septembre 2021 que le pays allait acquérir des missiles américains à longue portée Tomahawk. JONATHAN SUNDERMAN / US NAVY / AFP
Le président américain Joe Biden a annoncé la création de la nouvelle alliance stratégique depuis l'East Room, à la Maison Blanche. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden a annoncé la création de la nouvelle alliance stratégique depuis l'East Room, à la Maison Blanche. (Photo, AFP)
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken en compagnie de son homologue australienne Marise Payne lors d'une conférence de presse commune hier au Département d'Etat. (Photo, AFP)
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken en compagnie de son homologue australienne Marise Payne lors d'une conférence de presse commune hier au Département d'Etat. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 16 septembre 2021

Etats-Unis, Australie et Royaume-Uni scellent un pacte de sécurité, colère de Paris

  • Les Etats-Unis ont annoncé mercredi avec l'Australie et le Royaume-Uni un vaste partenariat de sécurité dans la zone indo-pacifique, comprenant notamment la livraison de sous-marins nucléaires à l'Australie
  • Conséquence immédiate de cette annonce spectaculaire: l'Australie a rompu un gigantesque contrat passé auprès de la France pour la livraison de sous-marins conventionnels, provoquant la colère de Paris

WASHINGTON : Les Etats-Unis, qui cherchent à renforcer tous azimuts leurs alliances face à la Chine, ont annoncé mercredi avec l'Australie et le Royaume-Uni un vaste partenariat de sécurité dans la zone indo-pacifique, comprenant notamment la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire à Canberra.

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Une photo d'archive prise le 2 mai 2018 montre le président français Emmanuel Macron (2ème gauche) et le Premier ministre australien Malcolm Turnbull (2ème droite) debout sur le pont du HMAS Waller, un sous-marin de classe Collins exploité par la Royal Australian Navy, à Garden Island à Sydney. L'Australie vient d’annuler un accord de 50 milliards de dollars avec la France pour construire des sous-marins à propulsion conventionnelle (diesel-électrique), le remplaçant par des sous-marins à propulsion nucléaire utilisant la technologie américaine et britannique. (Photo, AFP)

Conséquence immédiate de cette annonce spectaculaire: l'Australie a rompu un gigantesque contrat passé auprès de la France pour la livraison de sous-marins conventionnels, provoquant la colère de Paris. Réagissant quelques instants après l'annonce, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré que Joe Biden avait "pris une décision "brutale", à la "Trump".

"La première grande initiative de (ce nouveau pacte appelé) «AUKUS» sera de livrer une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire à l'Australie", a dit le Premier ministre australien Scott Morrison, apparaissant en visioconférence, ainsi que son homologue britannique Boris Johnson, lors d'un événement présidé par Joe Biden à la Maison Blanche.

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Le Premier ministre australien Scott Morrison a également annoncé l'achat de missiles américains Tomahawk. Sur cette photo, un missile de croisière Tomahawk lancé à partir d'un navire de l'US Navy. (Photo, AFP)

La France, qui voit un contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros) échapper à son industrie navale, a aussitôt fustigé une "décision regrettable" et "contraire à la lettre et à l'esprit de la coopération qui prévalait entre la France et l'Australie", selon un communiqué conjoint des ministères de la Défense et des Affaires étrangères.

Et il n'est pas sûr que Paris se console avec les propos conciliants de Joe Biden, qui a assuré mercredi que les Etats-Unis voulaient "travailler étroitement avec la France" dans cette zone très stratégique. Paris "est un partenaire clé" des Etats-Unis, a-t-il encore dit.

Sous-marins: Paris fustige Canberra et Washington

La France a fustigé Canberra et Washington jeudi, dénonçant un "coup dans le dos" australien et une décision "brutale" de Joe Biden après l'annonce d'un partenariat stratégique entre l'Australie, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui a conduit à la rupture d'un gigantesque contrat de fourniture de sous-marins français à l'Australie.

"C'est vraiment, en bon français, un coup dans le dos", s'est indigné le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian sur la radio France Info, se disant "en colère, avec beaucoup d'amertume".

"Nous avions établi avec l'Australie une relations de confiance. Cette confiance est trahie", a lancé Jean-Yves Le Drian, qui avait conclu le "contrat du siècle" sur les sous-marins lorsqu'il était ministre de la Défense.

Au même moment, la ministre des Armées Florence Parly déplorait sur RFI "une très mauvaise nouvelle pour le respect de la parole donnée" et une décision "grave" en matière de politique internationale.

Les deux ministres français n'ont pas non plus mâché leurs mots vis-à-vis du président américain Joe Biden, accusé de piétiner ses alliés. 

"Cette décision unlilatérale, brutale, imprévisible ressemble beaucoup à ce que faisait Monsieur Trump", l'ancien président américain, a déclaré M. Le Drian.

"On a appris brutalement par une déclaration du président Biden que voilà, le contrat qui était passé entre la France et les Australiens s'arrête, et puis les Etats-Unis vont proposer une offre nucléaire, dont on ne connaît pas le contenu, aux Australiens", a pointé Jean-Yves Le Drian.

"Cela ne se fait pas entre alliés (..) Nous parlions de tout cela avec les Etats-Unis il y a peu de temps et là voilà cette rupture. C'est assez insupportable", a-t-il martelé.

"Nous sommes lucides sur la manière dont les Etats-Unis considèrent leurs alliés et leurs partenaires", a pour sa part estimé Mme Parly.

Interrogée sur la question d'éventuelles compensations, Mme Parly a répondu: "nous allons étudier toutes les voies" et tenter de "limiter le plus possibles les conséquences pour Naval Group".

"Il va falloir des clarifications. Nous avons des contrats. Il faut que les Australiens nous disent comment ils s'en sortent", a renchéri le chef de la diplomatie française, en réclamant des "explications" à l'Australie comme à Washington.

"Le Royaume-Uni, l'Australie et les Etats-Unis vont être liés encore plus étroitement, ce qui reflète le degré de confiance entre nous et la profondeur de notre amitié", a déclaré Boris Johnson, qui engrange là un succès diplomatique certain dans sa stratégie pour éviter l'isolement international après le Brexit."

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Un "stock" de Tomahawk dans un sous-marin de l'US Navy, autre vecteur de lancement du missile de croisière. (Photo, AFP)

Sur la base de notre histoire commune de démocraties maritimes, nous nous engageons dans une ambition commune pour soutenir l'Australie dans l'acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire", ont fait savoir les trois partenaires dans un communiqué commun, qui précise qu'il s'agit bien de propulsion, et non d'armement.

"Le seul pays avec lequel les Etats-Unis ont jamais partagé ce type de technologie de propulsion nucléaire est la Grande-Bretagne" à partir de 1958, avait indiqué plus tôt un haut responsable de la Maison Blanche. "C'est une décision fondamentale, fondamentale. Cela va lier l'Australie, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne pour des générations."

Selon ce haut responsable, le pacte "AUKUS" prévoit aussi une collaboration des trois pays en matière de cyberdéfense, d'intelligence artificielle et de technologies quantiques.

Sous-marins: Londres assure ne pas vouloir «contrarier» la France

Le Royaume-Uni a assuré jeudi ne pas vouloir "contrarier" Paris en scellant avec les Etats-Unis et l'Australie un vaste pacte de sécurité dans la zone indo-pacifique qui a conduit à la rupture d'un contrat de fourniture de sous-marins français à Canberra.
"Nous ne sommes pas partis à la chasse aux opportunités. Fondamentalement, les Australiens ont pris la décision de vouloir une capacité différente", a déclaré le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, sur la chaîne télévisée Sky News. 
"Nous n'avons pas l'intention de faire quoi que ce soit qui puisse contrarier les Français", a-t-il poursuivi. "Les Français comptent parmi nos plus proches alliés militaires en Europe, nous sommes des forces assez importantes et comparables et nous faisons des choses ensemble", notamment dans la lutte contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest. 

Selon Ben Wallace, "il ne s'agit pas d'envoyer un message à la Chine" avec ce nouveau partenariat. "Il s'agit de l'Australie qui cherche une nouvelle capacité, parce qu'elle a jugé que son programme d'acquisition actuel pour des sous-marins diesel-électriques ne lui donnerait pas la portée stratégique ou le côté indétectable nécessaire pour avoir un effet dissuasif", a-t-il expliqué sur Times Radio.

La Nouvelle-Zélande, qui interdit ses eaux à tout navire à propulsion nucléaire depuis 1985, a annoncé que les futurs sous-marins de son voisin et allié australien ne seraient pas les bienvenus chez elle.

La Chine n'a pas été mentionnée dans le communiqué conjoint des dirigeants australien, américain et britannique, qui évoque la "paix et la stabilité dans la région indo-pacifique". Mais il ne fait aucun doute que la nouvelle alliance vise d'abord à faire face aux ambitions régionales de Pékin.

Joe Biden répète depuis son élection qu'il entend se confronter à la Chine, comme son prédécesseur Donald Trump, mais de manière très différente, sans s'enfermer dans un face-à-face.

Mercredi, il a ainsi dit vouloir "investir dans notre plus grande source de force, nos alliances" et vouloir "les mettre à jour pour mieux faire face aux menaces d'aujourd'hui et de demain".

Sous-marins: le Parlement s'interroge sur la relation entre Paris et les pays anglo-saxons

La résiliation par l'Australie d'un gigantesque contrat de livraison de sous-marins français, conséquence d'un partenariat stratégique conclu entre Canberra, Washington et Londres "interroge" sur les liens entre Paris et ses alliés anglo-saxons et aura des "conséquences lourdes", ont fustigé députés et sénateurs jeudi.

Après la décision par l'Australie de rompre ce mirifique contrat de plusieurs dizaines de milliards de dollars, "nous allons devoir nous interroger sur l’attitude récurrente de certains de nos alliés, qui se comportent plus comme des adversaires que comme des concurrents loyaux", a déclaré Christian Cambon, le président LR de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat.

"La décision brutale (...) est très préoccupante, et nous interroge sur la position de nos alliés australiens, américains et britanniques. Ce véritable coup de Trafalgar doit être pris très au sérieux", a souligné Françoise Dumas, présidente LREM de la commission de la Défense et des Forces armées de l'Assemblée nationale, dans une déclaration transmise à l'AFP. 

Après l'achat par la Suisse d'avions américains F35 ou le retrait américain d'Afghanistan "sans concertation avec les alliés de l’Otan", ce nouvel événement "doit conduire à évaluer la nature exacte de la relation actuelle entre la France et son allié historique", a complété dans un communiqué la commission sénatoriale.

Les conditions de l'annonce, d'abord éventée par la presse, ont également considérablement déplu aux sénateurs qui fustigent "une attitude cavalière" de Canberra, en faisant mine de s'interroger sur l'avenir du partenariat entre la France "qui essuie un camouflet brutal" et l'Australie. 

"Nous devrons tirer toutes les conséquences de cette décision concernant notre partenariat avec l'Australie et pour la région dans son ensemble", a souligné Mme Dumas.  

Sur le volet géostratégique, le Sénat s'inquiète des "conséquences globales" du choix australien avec la vente à un pays non doté de l'arme nucléaire de sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire. 

Cela "n'a pas de précédent": "Les Etats-Unis et le Royaume-Uni changent les règles du jeu", observent les sénateurs français alors que les tensions avec la Chine s'accroissent dans cette partie du monde.

Députés et sénateurs s'inquiètent en outre des conséquences sociales et économiques pour Naval group, l'ex-titulaire du contrat, et pour la sous-traitance.

A l'Assemblée, une mission d'information sur les "enjeux de la défense en indo-Pacifique" doit rendre ses conclusions en novembre prochain. 

"Il est temps de cesser de se bercer d'illusion, de refuser la caporalisation, de quitter l'Otan et d'expulser de France le Centre d'excellence Otan pour l'espace que les Etats-Unis veulent installer à Toulouse", a tonné le député et chef de file LFI, Jean-Luc Mélenchon.

Le «contrat du siècle» pour la France torpillé

Le président américain réunit d'ailleurs le 24 septembre à Washington les Premiers ministres australien, indien et japonais pour relancer un format diplomatique, le "Quad", qui végétait depuis plusieurs années.

Quant à M. Morrisson, il a affirmé jeudi, après l'annonce du pacte Aukus, qu'il lançait une "invitation ouverte" au dialogue au président chinois Xi Jinping.

Mais l'annonce de mercredi, malgré les précautions de langage de Joe Biden, risque bel et bien de jeter un coup de froid sur une autre alliance, avec la France, puisqu'elle a torpillé ce qui était parfois qualifié de "contrat du siècle" pour l'industrie de défense française.

Le français Naval Group avait été sélectionné en 2016 par Canberra pour fournir 12 sous-marins à propulsion conventionnelle (non nucléaire) dérivés des futurs sous-marins nucléaires français Barracuda. D'un montant de 50 milliards de dollars australiens (31 milliards d'euros) à la signature, la valeur de ce contrat est estimé actuellement à 90 milliards de dollars australiens en raison de dépassement de coûts et d'effets de change.

"La décision que nous avons prise de ne pas continuer avec les sous-marins de classe Attack et de prendre un autre chemin n'est pas un changement d'avis, c'est un changement de besoin", a expliqué jeudi le Premier ministre australien.

Contrat de sous-marins résilié par l'Australie: «déception modérée» de la CGT

La CGT de Naval Group Cherbourg a fait état jeudi d'une "déception modérée" après la résiliation par l'Australie d'un gigantesque contrat de livraison de sous-marins conventionnels, estimant que "le risque était connu". 
"C'est une déception modérée parce qu'on avait un enthousiasme modéré lors de la signature du contrat. Le risque était connu", a déclaré Vincent Hurel, secrétaire général de la CGT Naval Group à Cherbourg.
"On attendait la mise en œuvre. Tout ne roulait pas parfaitement", a ajouté le syndicaliste, qui s'est dit "déçu mais pas surpris".
"L'échec de ce contrat aura des conséquences industrielles très modérées parce qu'il n'était pas assez avancé", a ajouté M. Hurel. "On espère que ce retour d'expérience va faire réfléchir notre direction sur une stratégie sur la vente d'armes."
Selon lui, 500 emplois sont actuellement occupés dans des activités liées à ce contrat, ainsi qu'une "grosse centaine d'Australiens".
Il a dit souhaiter que Naval Group "se recentre sur ses activités de la marine nationale" et "qu'on cesse cette construction capitalistique sur tout ce qui peut rapporter du profit".

Le français Naval Group avait été sélectionné en 2016 par Canberra pour fournir 12 sous-marins à propulsion conventionnelle (non nucléaire) dérivés des futurs sous-marins nucléaires français Barracuda. D'un montant de 50 milliards de dollars australiens (31 milliards d'euros) à la signature, la valeur de ce contrat est estimé actuellement à 90 milliards de dollars australiens en raison de dépassement de coûts et d'effets de change.

"La décision que nous avons prise de ne pas continuer avec les sous-marins de classe Attack et de prendre un autre chemin n'est pas un changement d'avis, c'est un changement de besoin", a expliqué jeudi le Premier ministre australien.


Plus de 200 personnalités demandent la libération du dirigeant palestinien Marwan Barghouti

Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002. (AFP)
Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002. (AFP)
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  • Cette initiative fait partie de la campagne internationale "Free Marwan", lancée par sa famille
  • La plupart des signataires se sont déjà exprimés publiquement pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza

PARIS: Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002.

Marwan Barghouti, 66 ans et ancien cadre du Fatah, défend une résolution politique au conflit israélo-palestinien. Parfois surnommé par ses partisans le "Mandela palestinien", il est connu pour sa lutte contre la corruption et est cité comme un possible successeur du président palestinien Mahmoud Abbas.

La lettre ouverte, consultée par l'AFP, réunit des stars du cinéma comme Josh O'Connor, Benedict Cumberbatch et Javier Bardem, ainsi que des musiciens tels que Fontaines D.C. et Sting. Les autrices à succès Sally Rooney, Annie Ernaux ou Margaret Atwood ont également apporté leur soutien, tout comme les anciens footballeurs Éric Cantona et Gary Lineker.

"Nous exprimons notre vive inquiétude face à la détention continue de Marwan Barghouti, à ses mauvais traitements et au déni de ses droits légaux en prison", écrivent-ils, appelant "les Nations Unies et les gouvernements du monde à œuvrer activement" pour sa libération.

Cette initiative fait partie de la campagne internationale "Free Marwan", lancée par sa famille. La plupart des signataires se sont déjà exprimés publiquement pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza.

Marwan Barghouti a été condamné à cinq peines de prison à vie par un tribunal israélien, qui l'a reconnu coupable d'implication dans des attaques meurtrières durant la seconde intifada (2000-2005).

Israël a refusé de le libérer dans le cadre des échanges de prisonniers, effectués depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Son fils a déclaré en octobre qu'il avait été violemment battu par des gardiens israéliens lors d'un transfert de prison. En août, le ministre israélien d'extrême droite Itamar Ben Gvir a diffusé une vidéo où il prend à partie et sermonne Marwan Barghouti, apparaissant affaibli dans sa cellule.


Ukraine: «aucun compromis» sur les territoires occupés après une rencontre Poutine-Witkoff à Moscou

"Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine. (AFP)
"Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine. (AFP)
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  • M. Witkoff, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner, s'est entretenu pendant près de cinq heures au Kremlin avec le dirigeant russe à propos de ce plan présenté par Washington
  • "Nous avons pu nous mettre d'accord sur certains points (...), d'autres ont suscité des critiques, mais l'essentiel est qu'une discussion constructive ait eu lieu et que les parties aient déclaré leur volonté de poursuivre leurs efforts"

MOSCOU: "Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine.

M. Witkoff, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner, s'est entretenu pendant près de cinq heures au Kremlin avec le dirigeant russe à propos de ce plan présenté par Washington il y a deux semaines et depuis retravaillé lors de consultations avec les Ukrainiens.

"Nous avons pu nous mettre d'accord sur certains points (...), d'autres ont suscité des critiques, mais l'essentiel est qu'une discussion constructive ait eu lieu et que les parties aient déclaré leur volonté de poursuivre leurs efforts", a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.

Sur la question des territoires occupés par la Russie en Ukraine, qui représentent environ 19% du pays, "aucune solution de compromis n'a encore été choisie", même si "certaines propositions américaines peuvent être discutées", a précisé M. Ouchakov.

Il a qualifié la discussion d'"utile", mais prévenu qu'il "reste encore beaucoup de travail" pour parvenir à un accord, alors que les troupes russes ont accéléré leur avancée sur le front.

"Ce que nous avons essayé de faire, et je pense que nous avons fait quelques progrès, est de déterminer ce qui pourrait convenir aux Ukrainiens et leur donner des garanties de sécurité pour l'avenir", a déclaré pour sa part le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio sur la chaîne Fox News, sans qu'il soit précisé s'il s'exprimait après la fin des pourparlers.

Après cet entretien avec les Russes à Moscou, Steve Witkoff et Jared Kushner pourraient rencontrer mercredi en Europe une délégation de Kiev, selon une source ukrainienne à l'AFP.

"Nous sommes prêts" 

Quelques heures avant sa rencontre avec les Américains, Vladimir Poutine avait menacé les Européens, les accusant de chercher à "empêcher" les efforts de Washington pour mettre fin au conflit.

"Nous n'avons pas l'intention de faire la guerre à l'Europe, mais si l'Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant", a-t-il lancé aux journalistes, en marge d'un forum économique.

Des propos qui tranchent avec ceux du chef de l'Otan, Mark Rutte, qui s'est dit peu avant convaincu que les efforts américains en Ukraine "finiront par rétablir la paix en Europe".

Le président américain Donald Trump a répété mardi que le règlement du conflit en Ukraine était une question complexe. "Ce n'est pas une situation facile, croyez-moi. Quel gâchis", a-t-il dit.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, a accusé la Russie d'utiliser les pourparlers actuels pour tenter "d'affaiblir les sanctions" visant Moscou.

Il a appelé à la fin de la guerre et pas "seulement à une pause" dans les combats.

Les Etats-Unis ont annoncé fin octobre des sanctions contre deux géants du secteur des hydrocarbures russes, Rosneft et Lukoil, les premières sanctions d'importance prises par Donald Trump contre la Russie depuis son retour au pouvoir.

Les Européens espèrent que l'administration Trump, soupçonnée de complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine, ne sacrifiera pas l'Ukraine, considérée comme un rempart face à la Russie.

Accélération russe 

Ces discussions se sont déroulées alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP, émanation de l'American Enterprise Institute), deux centres de réflexion américains spécialisés dans l'étude des conflits.

En un mois, la Russie a pris 701 km2 aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022.

La Russie a revendiqué lundi la prise de la ville de Pokrovsk dans l'est de l'Ukraine, un nœud logistique clé pour Kiev, ainsi que celle de Vovtchansk, dans le nord-est. Mais l'Ukraine a affirmé mardi que les combats à Pokrovsk se poursuivaient.

En novembre, la Russie a tiré plus de missiles et de drones lors de ses attaques nocturnes sur l'Ukraine que durant le mois précédent, soit un total de 5.660 missiles et drones longue portée (+2%).

En interne, le président ukrainien est affaibli par un vaste scandale de corruption impliquant ses proches et qui a contraint son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak, à la démission vendredi.

 


Bissau: formation d'un gouvernement, le président renversé est à Brazzaville

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques. (AFP)
Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques. (AFP)
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  • La junte a depuis nommé le général Horta N'Tam président d'une transition censée durer un an et un Premier ministre
  • Le nouveau gouvernement compte également cinq officiers, dont le général de brigade Mamasaliu Embalo, nommé au poste de ministre de l'Intérieur, et le général Stive Lassana Manssaly qui occupe le portefeuille de la Défense nationale

BISSAU: La junte au pouvoir en Guinée-Bissau a formé samedi un nouveau gouvernement composé de 28 membres, en majorité des civils, quatre jours après avoir renversé le président Umaro Sissoco Embalo, qui est arrivé à Brazzaville.

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques.

La junte a depuis nommé le général Horta N'Tam président d'une transition censée durer un an et un Premier ministre.

Le nouveau gouvernement compte également cinq officiers, dont le général de brigade Mamasaliu Embalo, nommé au poste de ministre de l'Intérieur, et le général Stive Lassana Manssaly qui occupe le portefeuille de la Défense nationale. Quatre femmes intègrent aussi le gouvernement.

M. N'Tam a exhorté le nouveau gouvernement à "lutter contre la corruption et le trafic de drogue", dans ce pays très pauvre et considéré comme une plaque tournante de ce trafic entre l'Amérique latine et l'Europe.

Brièvement arrêté par les militaires mercredi, puis parti au Sénégal jeudi dans un vol affrété par le gouvernement sénégalais, M. Embalo "est arrivé à Brazzaville pour y rester", a affirmé samedi à l'AFP une source proche de la présidence congolaise, sous couvert de l'anonymat.

Echauffourées 

M. Embalo, 53 ans, est réputé proche du président congolais Denis Sassou Nguesso, et s'est rendu à plusieurs reprises en visite au Congo.

"Le président Embalo est arrivé en fin de matinée à Brazzaville à bord d'un jet privé affrété par les autorités", a indiqué à l'AFP une source proche du pouvoir congolais, jointe depuis Bissau.

Dans la capitale bissau-guinéenne, le Parti Africain pour l'Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), puissante et historique formation d'opposition, a dénoncé l'"envahissement" de son siège samedi matin dans la capitale et des "dégradations" par des "miliciens armés".

Selon le PAIGC, ces derniers ont "procédé à l'expulsion de toutes les personnes qui s'y trouvaient, à l’effraction des portes de bureaux et à la grave violation de l’intégrité des installations".

Le principal opposant Domingos Simoes Pereira - dirigeant du PAIGC, parti ayant mené la Guinée-Bissau à l'indépendance en 1974 - avait été écarté de la présidentielle du 23 novembre. Le parti avait ensuite soutenu le candidat d'opposition Fernando Dias, devenu le principal adversaire de M. Embalo lors du scrutin.

M. Pereira a été arrêté mercredi en Guinée-Bissau, selon des proches et un collaborateur.

Dans une déclaration jeudi à l'AFP, M. Dias affirme avoir largement remporté la présidentielle au premier tour et accuse M. Embalo d'avoir "organisé" le coup d'Etat pour empêcher son accession au pouvoir.

M. Dias affirme être "en sécurité" et se cacher dans le pays.

Par ailleurs, des échauffourées mineures ont eu lieu samedi dans la matinée dans un quartier périphérique de Bissau, non loin du siège de campagne de M. Dias, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Mercredi, les auteurs du putsch avaient expliqué vouloir garantir la "sécurité au niveau national et rétablir l'ordre", évoquant la découverte par les "renseignements généraux" d'un "plan visant à déstabiliser le pays avec l'implication des barons nationaux de la drogue".

Des opposants et des experts soupçonnent néanmoins M. Embalo, au pouvoir depuis 2020, d'avoir orchestré lui-même son renversement afin d'arrêter le processus électoral.

Coup "factice" 

La prise de pouvoir par les militaires a été largement critiquée, notamment par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui a dénoncé une "violation des principes démocratiques".

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a suspendu la Guinée-Bissau de "tous ses organes décisionnels". L'Union africaine (UA) a également suspendu le pays de ses instances.

Samedi, le président du Conseil des Sages et ancien chef d'Etat du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui faisait partie des observateurs des scrutins du 23 novembre, a à nouveau affirmé que le coup d'état était selon lui "factice".

Il répondait à un journaliste de la télévision nationale après avoir briefé le président nigérian Bola Tinubu sur la situation en Guinée-Bissau.

"C'est une cérémonie mise en scène par le chef de l'Etat (Embalo, NDLR) lui même", a-t-il accusé. "Nous sommes fatigués de tout cela en Afrique....", a-t-il fustigé.

La Guinée-Bissau, située entre le Sénégal et la Guinée (Conakry), a déjà connu quatre coups d'Etat et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance du Portugal en 1974. La proclamation des résultats électoraux y a souvent donné lieu à des contestations.