Libye: une loi électorale contestée, nouvel écueil avant un scrutin crucial

Le chef du parlement libyen, Aguila Saleh (au centre), à Tobrouk, dans l'est de la Libye, le 15 mars 2021. (Photo, AFP)
Le chef du parlement libyen, Aguila Saleh (au centre), à Tobrouk, dans l'est de la Libye, le 15 mars 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 16 septembre 2021

Libye: une loi électorale contestée, nouvel écueil avant un scrutin crucial

  • Les contestataires reprochent à Aguila Saleh d'avoir voulu favoriser son allié, le maréchal Haftar
  • L'article qui concentre les critiques stipule qu'un militaire peut se présenter à la présidentielle

 TRIPOLI: La ratification inopinée d'une loi électorale en Libye qui semble taillée sur mesure pour l'homme fort de l'Est, Khalifa Haftar, a provoqué une brusque montée des tensions à trois mois d'un scrutin crucial censé mettre fin à une décennie de conflit.

La publication le 9 septembre d'un texte de 77 articles, signé par le chef du Parlement Aguila Saleh comme loi régissant l'élection du futur président, sans être soumise à un vote, a été accueillie par un déluge de critiques de députés et d'autres instances écartées du processus de législation.

Les contestataires reprochent à M. Saleh d'avoir voulu favoriser son allié, le maréchal Haftar, de facto chef d'une armée qui contrôle l'est et une partie du sud du pays, et de plus en plus pressenti comme candidat à la présidentielle prévue le 24 décembre.

L'article qui concentre les critiques stipule qu'un militaire peut se présenter à la présidentielle, à condition "de se suspendre de ses fonctions trois mois avant le scrutin", et que, "s'il n'est pas élu, il puisse retrouver son poste et recevoir ses arriérés de salaire".

Pour Khaled al-Montasser, professeur en relations internationales à l'Université de Tripoli, la ratification de la loi de cette manière "imparfaite" et "ambiguë", est susceptible de pousser les Libyens à un "nouveau conflit".

«Phase critique»

La Libye tente de s'extraire d'une décennie de violences depuis le renversement et la mort du dirigeant Mouammar Kadhafi après une révolte populaire en 2011, un chaos marqué ces dernières années par l’existence de pouvoirs rivaux dans l'Est et l'Ouest, sur fond d'ingérences étrangères.

Après un accord de cessez-le-feu en octobre 2020 entre les pro-Haftar et le gouvernement basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, remplacé depuis mars par un gouvernement de transition, des séries de négociations inter-libyennes ont eu lieu dont l'une a débouché sur l'annonce d'élections législatives et présidentielle le 24 décembre.

Dans un contexte aussi fragile, où tensions et divisions persistent, un "consensus" sur l'adoption des lois est indispensable, estime M. Montasser.

Malgré plusieurs rencontres à Genève, les 75 membres du Forum du Dialogue politique libyen (FDPL), choisis par l'ONU, n'ont pu s'accorder avant la date butoir du 1er juillet sur un cadre constitutionnel pour les modalités des élections.

L’échec du FDPL "ne donne pas le droit au président du Parlement de faire passer une telle loi, alors que le pays traverse une phase critique", ajoute l'universitaire.

Le Haut Conseil d'Etat (HCE), instance qui fait office de Sénat et hostile au camp pro-Haftar, a dénoncé comme "unilatérale" la démarche de M. Saleh accusé "d'entraver les élections en promulguant, délibérément, un texte de loi défectueux". 

«Fait accompli»

Pour Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye au centre de réflexion Global Initiative, en imposant "en catimini, de manière arbitraire et sans vote un texte non débattu comme loi (...)", M. Saleh met tout le monde "devant le fait accompli".

Il estime que M. Saleh a mis à profit l'échec des discussions de Genève pour agir de la sorte. "Saleh a fait un pari. Bien que ses méthodes posent problème  (...) il sait bien qu’il comble un vide. Il sait qu’un certain nombre de partis libyens, d’Etats étrangers et l’ONU elle-même, vont être très tentés d’épouser sa loi telle quelle."

"Certains Etats biaisés en faveur (du camp) de l'Est – comme la France – ont applaudi la loi de Saleh comme 100% valide. En revanche, les Etats-Unis et le Royaume-Uni hésitent, conscients du caractère très problématique de la manoeuvre", note M. Harchaoui.

 En déplacement mercredi à Tripoli, Derek Chollet, conseiller au département d'Etat américain, a qualifié cette loi de "base solide de discussion", exhortant M. Saleh et le HCE à "avancer, sans délai, sur les moyens de faire progresser les choses".

En pleine controverse autour de cette loi électorale, les principaux dirigeants libyens ont multiplié les visites chez des acteurs régionaux clés dans le dossier libyen, se rendant notamment en Egypte et au Qatar.

Entretemps un autre front s'est ouvert au Conseil de sécurité de l'ONU où la Russie, alliée du maréchal Haftar, a bloqué l'extension d'un an de la mission politique de l'ONU en Libye.  


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.