Un mois après la prise de Kaboul, les talibans face au défi de l'unité

Un combattant taliban passe devant une fresque le long d'une rue de Kaboul le 15 septembre 2021. BULENT KILIC / AFP
Un combattant taliban passe devant une fresque le long d'une rue de Kaboul le 15 septembre 2021. BULENT KILIC / AFP
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Publié le Vendredi 17 septembre 2021

Un mois après la prise de Kaboul, les talibans face au défi de l'unité

  • Maîtres de l'Afghanistan depuis un mois, les talibans sont confrontés à un double défi : rétablir la paix dans un pays ravagé par quatre décennies de guerre tout en évitant les luttes potentiellement fratricides dans leurs rangs
  • Cette unité de façade cache toutefois, comme tout autre mouvement, bon nombre de rivalités, de divisions, d'allégeances et de factions diverses et anciennes

KABOUL : Maîtres de l'Afghanistan depuis un mois, les talibans sont confrontés à un double défi : rétablir la paix dans un pays ravagé par quatre décennies de guerre tout en évitant les luttes potentiellement fratricides dans leurs rangs. 

De l'extérieur, le mouvement islamiste peut donner l'illusion d'un groupe homogène et rassemblé autour de valeurs idéologiques et d'objectifs stratégiques communs. 

Cette unité de façade cache toutefois, comme tout autre mouvement, bon nombre de rivalités, de divisions, d'allégeances et de factions diverses et anciennes.

Ces divisions avaient été largement mises en sourdine au cours des vingt dernières années au profit de la lutte contre le gouvernement en place et les forces étrangères. Avec la disparition de l'ennemi commun, ces lignes de fractures ressurgissent avec plus d'acuité encore. 

Exécutif hétéroclite

La rumeur est apparue lundi : une fusillade entre factions rivales au palais présidentiel à Kaboul aurait tué le nouveau vice-Premier ministre Abdul Ghani Baradar. Ce dernier a été contraint de publier un message audio sur les réseaux sociaux pour assurer qu'il était toujours en vie et démentir les tensions au sein du nouvel exécutif.

Loin d'être nouvelles, les rumeurs sur des divisions avaient été notamment avancées par certains observateurs pour expliquer, entre autres, le retard pris par le mouvement islamiste dans la présentation du nouvel exécutif.

Pour Niamatullah Ibrahimi, spécialiste de l'Afghanistan à la Trobe University (Australie), le choix des ministres contient les graines d'une discorde à venir au sein du groupe, très hétéroclite, des talibans. 

Les postes clefs ont été répartis entre les caciques de l'ancien régime taliban de la fin des années 1990 et des membres du réseau Haqqani, historiquement lié à Al-Qaïda et aux services de renseignement pakistanais.

Ce dernier, qui a remporté de nombreuses victoires sur le terrain ces dernières années, a notamment obtenu le portefeuille du ministère de l'Intérieur qui sera dirigé par Sirajuddin Haqqani.

Un "choix naturel" , selon Graeme Smith, consultant à l'International Crisis Group qui rappelle que l'homme, placé sur la liste noire du FBI, "a organisé certaines des unités de combat les plus élitistes des talibans". 

«Recette pour un conflit»

Mais si elle est saluée par certains, la nomination de Sirajuddin Haqqani apparaît aux yeux d'autres comme une épine dans le pied du nouvel exécutif en quête de la reconnaissance de la communauté internationale et de la reprise des aides internationales.

Un échec à ce sujet porterait un sérieux coup à l'image d' Abdul Ghani Baradar, acteur clef lors des négociations avec l'Occident qui ont débouché sur l'accord historique conclu avec les Etats-Unis en 2020 à Doha.

Sans reconnaissance étrangère, les talibans pourraient avoir du mal à gérer la crise économique et la "catastrophe humanitaire" annoncées par les Nations unies qui ne cessent de tirer la sonnette d'alarme.

Les rivalités entre factions pourraient poser d'autres problèmes, notamment diplomatiques, avec certains voisins de l'Afghanistan, soulignent par ailleurs les experts. 

Les groupes talibans de l'ouest de l'Afghanistan, notamment ceux en lien étroit avec les gardiens de la révolution iranienne, n'ont obtenu aucun portefeuille au sein du nouvel exécutif.

"Les talibans se sont prononcés contre un cabinet inclusif, ignorant les demandes émanant d'éminents hommes politiques afghans et d'Etats de la région qui appelaient à nommer des non-talibans à des postes importants", relève Graeme Smith. "C'est bien pour la cohésion inter-talibane et cela va plaire à leurs partisans mais ils risquent de s'aliéner les autres Afghans et la communauté internationale."

L'Iran ou la Russie pourraient très bien décider, en retour, de financer certains groupes sur place afin de s'assurer que leurs intérêts soient préservés dans la région, souligne de son côté Niamatullah Ibrahimi, qui y voit "la recette pour un conflit violent ou une résistance".


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.