Les révélations sur des pressions chinoises mettent la patronne du FMI sur la défensive

La cheffe du FMI lors d'une réunion en Allemagne en août dernier. Un élu du Congrès américain a dénoncé vendredi un nouvel exemple de "la façon dont le Parti communiste chinois travaille systématiquement pour instrumentaliser les institutions multilatérales". (Photo, AFP)
La cheffe du FMI lors d'une réunion en Allemagne en août dernier. Un élu du Congrès américain a dénoncé vendredi un nouvel exemple de "la façon dont le Parti communiste chinois travaille systématiquement pour instrumentaliser les institutions multilatérales". (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 18 septembre 2021

Les révélations sur des pressions chinoises mettent la patronne du FMI sur la défensive

  • Kristalina Georgieva est soupçonnée d’avoir exercé des intimidations sur ses équipes pour modifier un rapport en faveur de la Chine lorsqu'elle dirigeait la Banque mondiale
  • Des voix s'élèvent désormais, y compris parmi des élus américains, alertant sur la perte de confiance envers les institutions internationales liée à ces révélations

WASHINGTON : La patronne du FMI, Kristalina Georgieva, était sur la sellette vendredi, après la révélation, la veille, d'accusations de pressions exercées sur ses équipes, lorsqu'elle dirigeait la Banque mondiale, pour modifier un rapport en faveur de la Chine.

"Ni dans ce cas, ni avant, ni après, je n'ai fait pression sur les équipes pour qu'elles manipulent les données", a cependant assuré vendredi l'ancienne directrice générale de la Banque mondiale, aux administrateurs du FMI, a rapporté le New York Times.

"Je demande au personnel de vérifier, revérifier, vérifier trois fois, mais je n'ai jamais changé, manipulé, ce que nous disent les données", a-t-elle assuré, lors de cette réunion en format virtuel, qui était prévue avant que ne soit publiée l'enquête, et dont l'ordre du jour était l'examen de l'économie indienne.

Le conseil d'administration du FMI s'était déjà réuni jeudi à la demande de sa présidente.

Celle-ci a également appelé à ne pas se laisser distraire par cette affaire: "il est de ma responsabilité que cela n'interfère pas avec le travail incroyablement important que nous faisons", a-t-elle déclaré.

Interrogé par l'AFP, le FMI n'a fait aucun commentaire, indiquant seulement que le conseil d'administration "étudie actuellement la situation".

Une enquête rendue publique jeudi a mis en cause la dirigeante du Fonds pour avoir, alors qu'elle était directrice générale de la Banque mondiale, en 2017, fait pression sur les équipes pour favoriser la Chine dans un classement, dans un contexte d'intimidations et de culture "toxique" au sein de l'équipe.

Des voix s'élèvent désormais, alertant sur la perte de confiance envers les institutions internationales liée à ces révélations.

Les pays membres du FMI "devront dire s'ils estiment qu'elle doit rester à ce poste", a déclaré à l'AFP le prix Nobel d'économie Paul Romer et ancien chef économiste de la Banque mondiale, qui avait démissionné en janvier 2018, après des désaccords liés, justement, à ce classement des pays.

L'"implication" de Kristalina Georgieva "dans de la manipulation de données au bénéfice de la Chine est alarmante", a ainsi réagi Andy Barr, élu républicain au Congrès américain, qui estime qu'il est "essentiel d'assurer l'intégrité du FMI".

Son collègue French Hill a déclaré que "la réputation des prêteurs multilatéraux est maintenant ternie" et estime que si les allégations sont vraies, "le conseil d'administration du FMI devrait rapidement évaluer l'action" de Kristalina Georgieva à la tête de l'institution.

L'élu a également dénoncé un nouvel exemple de "la façon dont le Parti communiste chinois travaille systématiquement pour instrumentaliser les institutions multilatérales".

Les relations entre la Chine et les Etats-Unis sont particulièrement tendues, depuis que l'ancien président républicain Donald Trump a mené contre l'Empire du milieu une guerre commerciale. Son successeur démocrate Joe Biden ne semble pas en passe de signer un armistice.

La balle est désormais dans le camp des Etats-Unis, dont les voix au conseil d'administration du FMI - organe chargé notamment de choisir le directeur général - pèsent le plus lourd. Ils disposent également d'un droit de véto.

Le Trésor américain, équivalent du ministère de l'Economie et des Finances, avait indiqué jeudi qu'il analysait le rapport, dont il a jugé les conclusions "préoccupantes". Il n'a pas souhaité, vendredi, faire d'autre commentaire.

Justin Sandefur, du Center for Global Development, qui a largement alerté sur les problèmes de méthodologie du rapport et du classement "Doing Business" de la Banque mondiale, est assez pessimiste quant à l'avenir de Kristalina Georgieva à la tête du FMI, estimant que "pour la cheffe du FMI, avoir été impliquée dans une manipulation de données est une allégation assez accablante".

Il a également évoqué "un coup dur pour (la) crédibilité" de l'institution internationale.

Le rapport annuel "Doing Business" établit un classement par pays de l'environnement pour l'activité économique et les affaires. En 2017, la Chine avait assez peu apprécié sa 78e place.

Pour lui éviter de dégringoler encore plus bas dans le classement de l'année suivante, et obtenir son aval dans des négociations cruciales, Kristalina Georgieva, ainsi que le président de la Banque mondiale à l'époque, Jim Yong Kim, auraient voulu modifier la méthodologie au bénéfice de Pékin.

La Banque mondiale a de son côté cessé la publication de ce rapport.

Le Nobel d'économie Paul Romer dénonce un «manque d'intégrité»

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L'ancien chef économiste de la Banque mondiale et prix Nobel d'économie, Paul Romer, a, dans un entretien à l'AFP, dénoncé le "manque d'intégrité" de l'ancienne équipe dirigeante de l'organisation, y compris de Kristalina Georgieva, sa directrice générale d'alors devenue ensuite la patronne du FMI.

"Lorsque je soulevais certaines questions, Kristalina essayait de camoufler, dissimuler", a-t-il dit. "J'étais dirigé par des gens qui manquaient d'intégrité. C'était intolérable".

Il reproche à Mme Georgieva d'avoir voulu dissimuler des désaccords sur la méthodologie d'un rapport, qui avaient poussé Paul Romer à démissionner en janvier 2018. Il s'était alors montré particulièrement critique sur des modifications "arbitraires" effectuées dans la méthodologie ayant pénalisé d'autres pays, notamment le Chili.

Une enquête du cabinet d'avocats WilmerHale sur le rapport Doing Business, commandée par la Banque mondiale et rendue publique jeudi, a montré que la méthodologie de ce rapport avait bien été revue pour faire remonter la Chine dans le classement.

Elle a aussi mis en lumière les pressions exercées par Kristalina Georgieva et Jim Yong Kim, alors président de la Banque mondiale, sur les équipes, pour favoriser Pékin.

Paul Romer a précisé n'avoir pas été au courant, lorsqu'il était en poste à la Banque mondiale, de pressions exercées par la directrice générale sur ses équipes sur ce sujet. Mais "j'avais des soupçons sur le fait que de telles choses puissent se produire", a-t-il souligné.

C'est aussi une culture "toxique" au sein de l'équipe en charge de ce rapport qui ressort, et le climat de peur créé et entretenu par Simeon Djankov, l'un des initiateurs de Doing Business, ancien ministre des Finances bulgare, et qui était alors un conseiller de Mme Georgieva.

L'enquête a montré notamment qu'il menaçait ses équipes, leur assurant qu'il avait des amis au sein du comité d'éthique qui lui rapporteraient les éventuelles plaintes déposées à son encontre.

M. Djankov a quitté la Banque mondiale en mars 2020 et les problèmes ont été signalés pour la première fois en juin 2020.

"Le genre d'intimidation que décrit ce rapport était réel", a déploré Paul Romer.

"Je n'étais pas à l'aise à l'idée de continuer à travailler sous l'autorité de Kristalina. J'ai donc rendu public mes allégations, uniquement afin de me faire licencier", a-t-il encore expliqué. Il a finalement dû démissionner.

Contactés par l'AFP, le FMI et la Banque mondiale n'ont pas souhaité faire de commentaires sur les accusations de Paul Romer.

Kristalina Georgieva s'est elle dite "en désaccord" avec les conclusions de cette investigation, dont les auteurs ont interrogé plusieurs dizaines d'employés, actuels et anciens, et passé au crible 80.000 documents.

Face aux irrégularités mises en lumière dans les éditions 2018 et 2020 de son rapport annuel "Doing Business", la Banque mondiale a annoncé qu'elle en cessait la publication.


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com