Au procès du 13-Novembre, «peut-on déterminer qui a tué qui ?»

Ce croquis d'audience réalisé le 16 septembre 2021, montre une vue générale de la salle d'audience provisoire aménagée pour le procès du 13 novembre 2015. (Photo, AFP)
Ce croquis d'audience réalisé le 16 septembre 2021, montre une vue générale de la salle d'audience provisoire aménagée pour le procès du 13 novembre 2015. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 21 septembre 2021

Au procès du 13-Novembre, «peut-on déterminer qui a tué qui ?»

  • Après la vidéo, l'enquêteur a montré les conséquences de la fusillade en une photo: une dizaine de corps recouverts de draps colorés au pied des tables. Dans la salle d'audience, des sanglots éclatent
  • Sur l'écran apparaît alors un schéma de la position des 13 corps, identifiés des lettres A à M. Six autres clients sont décédées dans un poste médical improvisé dans un bar voisin, deux autres à l'hôpital

PARIS : "Qui a tué qui ?" Y a-t-il eu une pause entre les tirs ? Des exécutions à bout portant ? Au procès des attentats du 13 novembre 2015, l'enquêteur venu détailler lundi ses constatations au bar La Belle équipe a été assailli de questions sur la fusillade, souvent sans pouvoir y répondre.

"Je m'excuse si mon propos peut paraître froid ou déshumanisé, c'est le langage professionnel qui fait ça", prévient d'emblée l'enquêteur de la Brigade criminelle de Versailles, venue prêter main forte aux services parisiens le soir des attentats.

Son style détonne avec celui de ses collègues, qui ont eu du mal la semaine dernière à contenir leur émotion en racontant leur travail après les attaques du Bataclan et d'autres terrasses.

Quand son équipe arrive devant l'établissement où 21 personnes ont trouvé la mort, "il y a une espèce de silence qui dénote avec la violence des faits, c'est un peu déroutant", dit ce barbu en costume noir, la trentaine, qui témoigne anonymement.

Le policier commence par montrer une vidéo filmée par un riverain. On y voit deux des trois assaillants à côté de leur voiture, tirer en rafale et au coup par coup. La terrasse n'est pas dans le champ. Les jihadistes crient "Allah Akbar" et remontent dans leur véhicule.

Plus tard dans l'après-midi, Salah Abdeslam demandera la parole. "Si on sort (les vidéos) de leur contexte, je suis le premier à les désapprouver", lance-t-il. "Mais si on les met dans leur contexte, je ne peux les condamner". Le président Jean-Louis Périès déplore "une part de provocation", s'agace.

Après la vidéo, l'enquêteur a montré les conséquences de la fusillade en une photo: une dizaine de corps recouverts de draps colorés au pied des tables. Dans la salle d'audience, des sanglots éclatent.

«Fracas massif»

Sur l'écran apparaît alors un schéma de la position des 13 corps, identifiés des lettres A à M. Six autres clients sont décédées dans un poste médical improvisé dans un bar voisin, deux autres à l'hôpital.

Pour chaque victime, le policier détaille les blessures "très lourdes dues au fracas massif des kalachnikov sur les corps".

L'un "découvert sur le dos, blessé au niveau du cou, de la clavicule, de l'abdomen et de la poitrine", l'autre "en chien de fusil, blessé d'au moins quatre plaies". Et il continue du même ton neutre, corps par corps.

L'avocat de la famille d'une victime s'avance. "Elle est la lettre K", précise-t-il. "Est-ce qu'à partir des constatations vous pensez qu'il est possible de déterminer quelle est la personne qui a tiré sur Anne-Laure Arruebo ?"

L'enquêteur semble dérouté, hésite. Vu le "volume" tiré - 163 tirs en "une à deux minutes" - la configuration des lieux... "ça me paraît assez improbable de déterminer l'auteur du coup de feu fatal, si tant est qu'il n'y en est qu'un seul".

«Impossible»

L'avocat insiste. "Est-ce que ce travail de reconstitution, +qui a tué qui+ a été réalisé ?"

"C'est un exercice qui se fait pour les crimes de sang, mais là on est sur un attentat terroriste. Si on nous l'avait demandé, pour être franc... Je pense que ça aurait été impossible".

Autre question. "Anne-Laure Arruebo était encore assise sur sa chaise. Est-ce qu'on peut en déduire qu'elle est morte sur le coup ?"

L'enquêteur hésite encore, il n'est "pas médecin légiste". "C'est l'hypothèse que je privilégierais".

Le président intervient, rappelle que des experts viendront aussi témoigner. Dans le cas de la jeune femme, il reprend le dossier. "Mort directe et immédiate par traumatisme crâno-cérébral".

Les questions des avocats de parties civiles continuent. Où étaient installées les six personnes dont les corps ont été déplacés ? Pourquoi personne n'a enquêté sur cet individu suspect qui avait traîné dans les environs un mois avant ? Est-ce qu'il y a eu des pauses entre les séries de tirs ? Des exécutions à bout portant ? 

L'enquêteur répond comme il peut. Des étuis de munitions ont été retrouvées sur la terrasse. "Ca montre qu'à un moment donné, un, deux ou les trois terroristes se sont rapprochés de la terrasse. Est-ce que c'était à bout portant ? Je ne sais pas si les expertises médicales ont pu le dire. Mais c'était des tirs de très près a minima".

"Notre travail s'arrête vraiment à la scène", continue l'enquêteur. "On recueille des indices, des témoignages", finit-il par dire comme pour s'excuser de ne pas pouvoir apporter plus de réponses. "On est des gestionnaires de scènes de crime". 

L'audience reprend mercredi. 


Tournée du chef de la diplomatie française au Proche-Orient

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction
  • Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères va se rendre à partir de samedi au Proche-Orient où il évoquera notamment l'instabilité au sud Liban et la situation à Gaza, a-t-on appris mercredi auprès de son entourage.

Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction.

Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël, a-t-on précisé.

Le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi à l'Elysée le Premier ministre libanais Najib Mikati ainsi que le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun dans un nouvel effort pour contenir la montée des violences entre le Liban et Israël.

Stéphane Séjourné devrait, lui, évoquer les propositions françaises qu'il avait portées en février pour désamorcer le conflit à la frontière libano-israélienne.

Beyrouth a pris acte de ces propositions sans pour autant les endosser alors que les Etats-Unis sont aussi à la manoeuvre.

Stéphane Séjourné poursuivra sa tournée en Arabie saoudite. Il s'agira là de sa première visite bilatérale, qui sera centrée sur les enjeux économiques, énergétiques, environnementaux et de défense, a-t-on indiqué de même source.

Le 30 avril, le chef de la diplomatie sera en Israël avant de se rendre dans les territoires occupés le lendemain. La France entend jouer un rôle actif "dans les efforts pour trouver une solution politique" à la guerre à Gaza avec un double enjeu "obtenir la libération des otages" toujours retenus par le groupe islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et obtenir "un cessez le feu durable", a rappelé l'entourage du ministre.


Grève des contrôleurs: des «  dizaines de millions d'euros » en jeu, prévient ADP

Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
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  • Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français
  • Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi

PARIS: La facture de la grève des contrôleurs aériens français prévue jeudi pourrait se chiffrer en "dizaines de millions d'euros" pour les compagnies aériennes et les aéroports, et affecter des dizaines de milliers de passagers, selon le gestionnaire des aéroports parisiens.

"Pour les compagnies aériennes, pour les aéroports, ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui sont en jeu, chaque jour", a déclaré mercredi le PDG du Groupe ADP, Augustin de Romanet, au micro de la radio Franceinfo.

Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français.

Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi.

Cette proportion montera à 75% à Paris-Orly, deuxième aéroport français, et 65% à Roissy, le premier, et Marseille. Elle sera de 60% à Toulouse et Nice, et 50% pour les autres aéroports.

"Les abattements de vols qui vont être demandés aux compagnies sont extrêmement élevés, c'est rarement vu dans notre histoire", a commenté M. de Romanet.

"C'est vraiment très pénalisant pour les passagers", a déploré le PDG, alors que deux des trois grandes zones académiques sont en vacances de printemps.

Des dizaines voire des centaines de milliers de voyageurs risquent de voir leur vol annulé. Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français.

Face à l'échec des négociations avec la DGAC jusqu'ici, le SNCTA, syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, a même déposé un deuxième préavis de grève en plein week-end de l'Ascension, les jeudi 9 (férié), vendredi 10 et samedi 11 mai.

"Je fais confiance aux négociateurs et à leur esprit de responsabilité pour que cette grève (...) n'ait pas lieu. On arrive à très fortement abîmer la sérénité des Français et des étrangers avec ces mouvements qui objectivement devraient pouvoir être réglés par la négociation", a jugé Augustin de Romanet.

Pour lui, "les réformes de productivité qui sont demandées (aux contrôleurs) par le gouvernement sont nécessaires, et sont demandées par les compagnies aériennes, notamment les compagnies européennes quand elles survolent la France. Elles ont besoin d'un contrôle aérien aussi efficace que possible".


Des traces du virus H5N1 détectées dans du lait pasteurisé aux Etats-Unis

Des vaches Angus de race pure sont vues devant l'herbe séchée tandis que Will Swenka conduit des tiges de maïs hachées et de l'ensilage pour les nourrir aux fermes Double G Angus à Tiffin, Iowa, le 13 août 2023. (AFP)
Des vaches Angus de race pure sont vues devant l'herbe séchée tandis que Will Swenka conduit des tiges de maïs hachées et de l'ensilage pour les nourrir aux fermes Double G Angus à Tiffin, Iowa, le 13 août 2023. (AFP)
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  • Des particules virales ont été découvertes dans «le lait provenant d'animaux affectés, dans le système de transformation et sur les étagères»
  • Un foyer de grippe aviaire A (H5N1) hautement pathogène s'est propagé dans les troupeaux de vaches laitières du pays

WASHINGTON: Des traces du virus H5N1 ont été détectées dans du lait de vache pasteurisé aux Etats-Unis, ont déclaré mardi les autorités américaines, précisant que les échantillons ne présentaient vraisemblablement aucun risque pour la santé humaine.

Au cours d'une vaste enquête nationale, des particules virales ont été découvertes dans "le lait provenant d'animaux affectés, dans le système de transformation et sur les étagères", a annoncé l'Agence américaine du médicament (FDA) dans un communiqué.

Néanmoins, "si un virus est détecté dans le lait cru, la pasteurisation est généralement censée éliminer les agents pathogènes à un niveau qui ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs", a-t-elle expliqué.

Un foyer de grippe aviaire A (H5N1) hautement pathogène s'est propagé dans les troupeaux de vaches laitières du pays et a infecté début avril une personne, qui présentait des symptômes bénins.

Bien que la souche H5N1 ait tué des millions de volailles au cours de la vague actuelle, les vaches touchées ne sont pas tombées gravement malades.

Les scientifiques de l'agence s'efforcent d'étudier plus avant les échantillons positifs en recourant à des "études de viabilité de l'œuf". Elles consistent à injecter un échantillon dans un œuf de poule embryonné et à vérifier si un virus actif se réplique.

"Des analyses supplémentaires sont en cours sur le lait présent dans les rayons des magasins à travers le pays, ainsi que des travaux visant à évaluer toute différenciation potentielle pour les différents types de produits laitiers (par exemple, le lait entier, la crème)", a ajouté la FDA.

La grippe aviaire a déjà été détectée dans du lait cru, dont la consommation est déconseillée depuis longtemps par les autorités sanitaires.