L’aéronautique au Maroc, un secteur qui ne connaît pas la crise

Boeing 787 de la Royal Air Maroc (Photo, AFP).
Boeing 787 de la Royal Air Maroc (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 22 septembre 2021

L’aéronautique au Maroc, un secteur qui ne connaît pas la crise

  • Le Maroc serait actuellement en négociations avec l’État israélien pour la production de drones dits «kamikazes»
  • Safran fait confiance à l’industrie marocaine depuis plusieurs années; il produit notamment des nacelles pour moteurs d’avions comme celles des Airbus A380

CASABLANCA: Le Maroc serait actuellement en négociations avec l’État israélien pour la production de drones dits «kamikazes». L’information, qui a créé la surprise, a été relayée massivement cette semaine sur les sites d’information. Plusieurs d’entre eux se sont demandé si le Maroc disposait des capacités nécessaires pour réaliser de telles prouesses technologiques.

Mais ce que beaucoup ne savent pas, c’est que, depuis quelques années, le Maroc est une base industrielle mondialement reconnue dans le domaine de l’aéronautique. Saviez-vous que certaines parties des moteurs d’avions de grands constructeurs comme Airbus et Boeing sont fabriquées au Maroc? Cette production 100% «Made in Morocco» fait la fierté du pays et le positionne parmi les rares destinations des donneurs d’ordre de ce secteur très pointu.

«Le Maroc produit effectivement des parties de moteurs d’avion. Il s’agit du cheminement naturel des efforts déployés par le Royaume pour monter en grade. Année après année, la base aéronautique marocaine gagne en termes de compétence, de valeur ajoutée et de savoir-faire», explique à Arab News en français Hamid Benbrahim el-Andaloussi, fondateur et président d'honneur du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (Gimas), qui est également président de l'Institut des métiers de l'aéronautique (IMA).

Au niveau mondial, quatre motoristes – Safran, General Electric, Rolls-Royce et Pratt & Whitney – se partagent l’équipement en moteurs des constructeurs aéronautiques. Sur ces quatre géants, Safran est le principal donneur d’ordres au Maroc; mais les trois autres suivront dans peu de temps, nous confie El-Andaloussi. Safran fait confiance à l’industrie marocaine depuis plusieurs années; il produit notamment des nacelles pour moteurs d’avions comme celles des Airbus A380.

Une véritable stratégie

Si de grands constructeurs mondiaux aéronautiques font aujourd’hui confiance au Maroc, ce n’est pas le fruit du hasard. En vingt ans, le royaume chérifien a mis en place une véritable stratégie dont le but est l’édification d’une base aéronautique compétitive et de qualité. Le pays propose en effet aux investisseurs un soutien financier et une offre de formation adaptés, des incitations fiscales, un accompagnement personnalisé, ainsi qu’une offre de foncier locatif à des prix attractifs. Le Maroc a érigé des plates-formes industrielles intégrées qui accueillent plus de cent quarante entreprises et emploient près de douze mille personnes. La plus importante d’entre elles est la zone franche de Midparc, située dans la province de Nouaceur, à 34 km de Casablanca, près de l’aéroport Mohammed-V, le plus grand du pays.

Toutefois, ce qui fait la différence, selon Hamid Benbrahim el-Andaloussi, ce sont les compétences marocaines. «En vingt ans, nous avons construit une base aéronautique qui est devenue aujourd’hui incontournable aux portes de l’Europe. Nous sommes aujourd’hui la première base africaine; nous avons dépassé celle de l’Afrique du Sud il y a quatre ans. Pour pénétrer l’Europe, nous sommes aujourd’hui les plus compétitifs, dépassant les pays de l’Europe de l’Est, qui étaient les principaux fournisseurs des constructeurs européens. Nous avons réalisé ces performances grâce à nos écosystèmes, mais surtout grâce à la qualité des compétences et des ressources humaines formées par l'Institut des métiers de l'aéronautique», nous confie-t-il.

Résilience en période de crise

La montée en gamme de l’industrie aéronautique marocaine, qui pèse près de 16 milliards de dirhams, soit 1,52 milliard d’euros, a contribué à sa résilience en période de crise. Le Maroc a été l’un des pays les moins affectés par les effets de la crise de Covid-19. «Nous avons enregistré une baisse de 20% de l’activité, alors qu’elle atteignait 40% en Europe. Le secteur a vu en outre l’ouverture de cinq usines en pleine période de crise de Covid-19», indique, non sans fierté, Hamid Benbrahim el-Andaloussi.

Ces dernières semaines, de grands groupes ont d’ailleurs annoncé des extensions de leurs usines et l’ouverture de nouveaux sites. À la fin du mois d’août 2021, le groupe suisse Pilatus et le fournisseur belge Sabca (Société anonyme belge de constructions aéronautiques, NDLR) ont scellé un accord relatif au montage complet, à Casablanca, des aérostructures de l’aéronef PC-12. De son côté, Hexcel, leader mondial dans la fabrication de matériaux composites avancés destinés aux marchés aéronautiques commerciaux et militaires, a opéré une extension de son usine de Midparc. Le groupe Le Piston Français a, pour sa part, inauguré une usine dédiée à la production de pièces circulaires en métaux durs pour les moteurs d’avions.

«Il y aura d’autres annonces au cours de l’année», révèle El-Andaloussi. Selon lui, si les investisseurs se bousculent au portillon, c’est parce que le Maroc s’est positionné parmi les plus grands fournisseurs, notamment dans le domaine des matériaux composites. Ces derniers sont considérés dans la fabrication d’avions comme une alternative aux matériaux comme l’acier et l’aluminium: ils permettent de réduire le poids des appareils, leur consommation en kérosène ainsi que leurs émissions de CO2.

Une extension est prévue

Devant l’ampleur de cette relance, la capacité de l’Institut des métiers de l'aéronautique n’est plus suffisante et une extension est prévue. «Nous avons dépassé nos prévisions pour cette année. Depuis le début de l’année 2021, nous avons accueilli plus de quatre cents compétences marocaines pour un prochain recrutement chez les équipementiers», nous annonce le président de l’IMA. Le Maroc sort doucement mais sûrement de la zone de turbulences due à la crise de Covid-19.

Il en sortira d’ailleurs plus rapidement que d’autres pays grâce à sa réputation dans des activités à haute valeur ajoutée. Avant la crise, il enregistrait des taux de croissance annuels moyens de 15%. En 2022, le secteur retrouvera rapidement son niveau d’avant la crise avec des croissances à deux chiffres, soit trois fois plus que les prévisions des pays concurrents. On le voit, le secteur aéronautique marocain reprend son envol et confirme la résilience d’une base devenue incontournable aux yeux des grands constructeurs mondiaux.


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com