Le travail d'équipe est la clé pour résoudre les problèmes mondiaux

Abdallah Al-Mouallimi, représentant permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU, s'est adressé à Arab News lors de l’Assemblée générale des Nations Unies. (Photo, capture d'écran)
Abdallah Al-Mouallimi, représentant permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU, s'est adressé à Arab News lors de l’Assemblée générale des Nations Unies. (Photo, capture d'écran)
Short Url
Publié le Jeudi 23 septembre 2021

Le travail d'équipe est la clé pour résoudre les problèmes mondiaux

  • Dans une interview exclusive, Abdallah Al-Mouallimi a déclaré que la clé pour gagner la guerre contre le terrorisme réside dans la résolution des problèmes sociaux qui génèrent l’extrémisme
  • L'ambassadeur du Royaume à l'ONU a également évoqué la stratégie de l'Arabie saoudite face au changement climatique, à la pandémie, à la crise au Yémen et à la cause palestinienne

NEW YORK : Les leaders mondiaux sont retournés à l'ONU cette semaine pour leur première réunion en présentiel en deux ans, dans le cadre de la 76e session de l'Assemblée générale.

«L'ONU commence ses travaux et nous revenons à la vie», a déclaré à Arab News Abdallah Al-Mouallimi, représentant permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU.       

Il a ajouté que le retour des premiers ministres au siège de l'ONU à New York intervient dans un contexte de prise de conscience accrue du besoin vital d’une solidarité internationale et de «travailler ensemble, de prendre soin les uns des autres, car nous savons tous que personne n'est en sécurité tant que tout le monde n'est pas en sécurité».

Cependant, les leaders sont confrontés à un agenda chargé de crises qui augmentent sans cesse et qui mettent à l'épreuve leur engagement en faveur de la solidarité. Les phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents à mesure que la planète se réchauffe à cause du changement climatique. Les activités terroristes et les conflits s’aggravent. Alors que la pandémie continue de faire rage, «l'apartheid des vaccins» a émergé avec des pays riches qui stockent des doses, et ceci révèle l'inégalité croissante entre les riches et les pauvres de ce monde.

Le monde arabe fait face à sa propre série de crises. Plus d'un an après que l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth a ravagé la capitale, l'économie libanaise s'est effondrée et le pays continue de sombrer de plus en plus dans l'obscurité, à la suite des pénuries de carburant et des pannes d'électricité.

La situation au Yémen arrive en tête de liste des crises humanitaires les plus graves. L'avenir de la Libye reste incertain au moment où le pays se prépare à des élections, qui pourraient ou non avoir lieu.

Pendant ce temps-là, la région du Golfe est l'une des plus vulnérables aux effets du changement climatique, et les efforts de l'Arabie saoudite pour remédier à la situation ont valu au Royaume le titre de «champion du monde» pour sa réaction face à ce problème.

Dans une interview exclusive de grande envergure avec Arab News, Al-Mouallimi a parlé de la vision du Royaume pour l'avenir, ainsi que de ses réalisations dans la lutte contre les défis nationaux, régionaux et mondiaux.

Selon les derniers chiffres de l'ONU, seulement 4% des habitants des pays en développement ont été vaccinés, contre plus de 60 pour cent des habitants des pays riches.

«Le Royaume d'Arabie saoudite a joué un rôle de premier plan pour s'assurer que les vaccins soient disponibles pour les pays qui en sont privés, que l'Organisation mondiale de la santé soit à la hauteur de la tâche, de répondre aux exigences du défi, et que tous les pays soient prêts et bien préparés à faire face à la situation», a souligné Al-Mouallimi.

L'Assemblée générale de cette année a commencé quelques jours seulement après le 20e anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre aux États-Unis. Les commémorations ont été accompagnées d'un flot de débats et de réflexion sur la soi-disant «guerre contre le terrorisme», ses succès et ses échecs, et les leçons que le monde peut tirer de cette guerre. C’est aussi l’un des principaux sujets à l’ordre du jour de l’assemblée.

Le rôle joué par l'Arabie saoudite dans la lutte contre le terrorisme est «très important et bien connu», a affirmé Al-Mouallimi, qui a ajouté que de nombreuses victoires contre les terroristes n'auraient pas été possibles sans l'aide du Royaume.

Mais, le terrorisme s'est sans aucun doute propagé pour devenir plus complexe et plus sophistiqué au cours des deux dernières décennies, ce qui soulève des questions comme: où le monde a-t-il fait fausse route et que faudra-t-il pour véritablement gagner cette guerre ?

Al-Mouallimi a indiqué que les autorités de son pays ont pu remporter des succès dans la bataille contre le terrorisme parce qu'elles ont réalisé très tôt qu'il s'agissait d'un défi international autant que local.

C'est aussi une «guerre intergénérationnelle», a-t-il ajouté, et le Royaume ne se fait pas d'illusions sur le fait que le combat pourra prendre fin à tout moment.

«Cela va prendre beaucoup de temps mais nous avons fait preuve de patience et de persévérance et nous avons une vision à long terme pour cette lutte contre le terrorisme».

Les Saoudiens s'en rendent également compte, a souligné Al-Mouallimi : «Il faut tout un village, il faut tout un pays, il faut toute une tribu, il faut toute une famille, pour vaincre ce fléau et ce défi».

«Nous, en Arabie saoudite, n'avons pas essayé d'adopter une approche unique. Nous ne nous sommes pas limités à une simple intervention militaire, même si une solution militaire devient parfois nécessaire pour faire face aux actes de terrorisme.

«Mais en même temps, nous reconnaissons qu’agir seul ne suffit pas. Il faut davantage une approche sociale pour aborder le problème, de manière à découvrir quelles sont les causes profondes du terrorisme, pour enfin découvrir les circonstances qui alimentent les activités terroristes dans un pays donné».

Al-Mouallimi a déploré le fait que les autorités du monde entier ne parviennent souvent pas à saisir ce concept et adoptent l'approche inverse.

«De nombreux pays dans le monde ont mis l'accent sur l'aspect militaire uniquement et ses victoires à court terme», a-t-il expliqué. «Mais les terroristes ont tendance à faire profil bas lorsque la pression est élevée et à remonter dès que vous relâchez cette pression, et il s'avère presque impossible de maintenir la pression militaire au fil du temps».

Al-Mouallimi admet que le monde doit s'unir et s'attaquer aux causes profondes du terrorisme, aux niveaux national et international, «comme la marginalisation, l'occupation étrangère, l'oppression et l'exclusion». C'est le genre de choses qui «amènent les gens à se sentir désespérés, et ce sentiment crée certainement une tendance pour le terrorisme », a-t-il ajouté. «Nous devons éliminer ces causes profondes et ces sentiments pour avoir plus de succès».

Une autre question où la solidarité internationale est requise, et qui est peut-être la question la plus importante pour des millions de musulmans et d'autres personnes dans le monde, est la question palestinienne. La guerre récente contre Gaza et la réunion d'urgence de l'Assemblée générale qui a suivi ont attiré l'attention sur la cause et le besoin urgent d'agir dans le but de trouver une solution durable à cette affaire.

Al-Mouallimi a exhorté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à faire de la Palestine sa priorité au cours de l'année prochaine. Il a également appelé le monde à «faire preuve de leadership et de solidarité » en faveur des droits du peuple palestinien, et il est convaincu que son message a été clairement entendu.

Il a affirmé que trois années d’«agitations» politiques en Israël ont rendu les autorités «presque incapables de traiter la question de la paix et de la stabilité dans la région». Les provocations israéliennes à Jérusalem et ses agressions à Gaza ont clairement montré que la Palestine est devenue «un enjeu politique» pour divers partis et individus israéliens, mais la situation est «légèrement différente» maintenant, a-t-il ajouté.

«Nous avons un nouveau gouvernement, bien que c’est un gouvernement à une majorité d'une voix, ce qui le rend instable», a-t-il signalé. «Mais néanmoins, nous avons un nouveau gouvernement et, espérons-le, nous avons une nouvelle vision parmi les principaux pays du monde, en particulier les États-Unis, que cette situation ne peut pas continuer et qu'il doit y avoir une solution selon les paramètres de l'initiative de paix arabe».

Au Yémen, une impasse politique et une violence accrues continuent de plonger le pays plus profondément dans ce qui est désormais reconnu comme la pire crise humanitaire au monde. Al-Mouallimi a évoqué l'appel de Hans Grundberg, nommé le mois dernier envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen, à un retour aux efforts afin de parvenir à un règlement global du conflit. Cela n'a pas été discuté depuis 2016.

«Les précédents émissaires internationaux ont fait la navette entre une solution globale et ce qu'ils appellent des «mesures de confiance», a déclaré Al-Mouallimi. «Malheureusement, il n'y avait pas de confiance à rétablir et ces mesures n'ont donc pas fait grand-chose. Au final, les émissaires de l'ONU, ont perdu beaucoup de temps à chercher des solutions partielles : l'Accord d'Al-Hodeidah par exemple, les cessez-le-feu localisés à certains endroits, etc.

«Cela s'avère inefficace, et cela prend du temps et détourne l'attention du problème majeur, qui est le fait qu'il existe un contrôle illégitime sur le gouvernement, la capitale et d'autres grandes villes du Yémen par une force illégitime.

«Nous devons donc revenir à la tendance d'essayer de trouver une solution globale, qui ne peut être qu'une solution politique qui aborde tous les problèmes en même temps. Je souhaite que le nouvel envoyé sera capable de la mener à bien».

Revenant à la question du changement climatique, Al-Mouallimi a jugé que l'Arabie saoudite est en train de devenir un leader mondial dans la lutte contre ce problème.

Au moment où l'ONU a décrit comme un «code rouge» pour l'humanité, le Royaume a annoncé cette année son intention de lancer une initiative verte saoudienne et une initiative verte au Moyen-Orient.

Dans une récente interview avec Arab News, le président de l'Assemblée générale, Abdallah Shahid, a salué les deux initiatives en assurant que «les leaders saoudiens sont en train de devenir des champions internationaux dans le domaine de la lutte contre le changement climatique».

Al-Mouallimi a témoigné que les mesures prises par les autorités saoudiennes pour lutter contre les problèmes climatiques sont motivées par «un grand sens de responsabilité».

«Nous sommes un pays leader dans le monde», a-t-il soutenu. «Nous reconnaissons le danger imminent pour la vie que pose le changement climatique. Malgré que nous sommes un pays producteur de pétrole, nous distinguons néanmoins notre responsabilité globale envers le monde et nous croyons que nous avons une mission de protéger l'environnement.

«Nous voulons être à l'avant-garde parmi les nations, et nous le sommes, sans aucun doute».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël dit avoir intercepté un tir de missile depuis le Yémen, revendiqué par les rebelles

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
Short Url
  • "A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram
  • L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé

JERUSALEM: Les forces armées israéliennes ont annoncé vendredi avoir intercepté un missile lancé à partir du Yémen, un tir revendiqué par les rebelles houthis, soutenus par l'Iran.

"A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram.

L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé.

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique".

Ces insurgés soutenus par l'Iran ont mené des dizaines d'attaques avec des missiles et des drones contre Israël,  depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils ont également pris pour cible des navires qu'ils estiment liés à Israël en mer Rouge, une zone essentielle pour le trafic maritime mondial.

Ces attaques avaient cessé avec la trêve entrée en vigueur le 19 janvier entre Israël et le Hamas, mais les Houthis les ont relancées après la reprise par Israël de son offensive à Gaza le 18 mars.

Les "opérations de soutien se poursuivront jusqu'à ce que l'agression contre Gaza cesse et que le siège soit levé", a déclaré leur porte-parole militaire, Yahya Saree, selon le communiqué.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, avaient commencé en janvier 2024 à frapper les positions des Houthis pour les contraindre à cesser leurs tirs. La campagne s'est intensifiée après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.

Le Pentagone a indiqué fin avril avoir frappé plus de 1.000 cibles au Yémen depuis mi-mars, tuant "des combattants et des dirigeants houthis".


Gaza : les opérations humanitaires «au bord de l'effondrement total», affirme la Croix-Rouge

Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains. (AFP)
Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains. (AFP)
Short Url
  • Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël
  • "Si l’acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin"

GENEVE: Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël.

"Si l'acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin pour poursuivre bon nombre des programmes qu'il mène à Gaza", souligne le CICR  dans un communiqué.

"Les autorités doivent permettre l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza. Les otages doivent être libérés. Les civils doivent être protégés. Il faut agir de toute urgence, faute de quoi Gaza s'enfoncera encore plus profondément dans un chaos dont aucun effort humanitaire ne pourra la sortir", met en garde l'organisation basée à Genève.

Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains.

"Pour les civils à Gaza, chaque jour est une lutte acharnée pour survivre aux dangers des combats et supporter les conséquences des déplacements incessants – tout cela sans pouvoir compter sur une aide humanitaire d'urgence", déclare Pascal Hundt, directeur adjoint des opérations du CICR, cité dans le communiqué.

"Nous ne pouvons pas permettre que cette situation déjà critique s'aggrave davantage", insiste-t-il.

Jeudi, Mike Ryan le directeur général adjoint de l'OMS avait dénoncé ce qui se passe à Gaza comme "une abomination".

Obligation d'aider 

Or si le blocus se poursuit, des programmes tels que les cuisines collectives du CICR – qui fournissent à de nombreuses personnes leur unique repas quotidien – ne pourront pas être maintenus plus de quelques semaines, précise le communiqué.

Depuis l'instauration du blocus, l'ONU ne cesse de dénoncer la catastrophe humanitaire et sanitaire et le risque de famine.

Le Programme alimentaire mondial a annoncé il y a quelques jours qu'il "avait épuisé tous ses stocks".

Le CICR rappelle aussi que conformément au droit international humanitaire, Israël a l'obligation, dans toute la mesure de ses moyens, de veiller à ce que les besoins essentiels de la population civile placée sous son contrôle soient satisfaits.

La situation à l'hôpital de campagne de l'organisation est également critique, certains médicaments et produits de santé étant épuisés.

"Les hôpitaux et autres structures de santé réorganisent leurs réserves et établissent des priorités pour pouvoir continuer à fonctionner. Sans réapprovisionnement rapide, ils risquent de ne plus être en mesure de prodiguer des soins vitaux aux patients", souligne le CICR, qui dénonce aussi "les attaques répétées qui empêchent le personnel de santé de faire son travail".

La guerre de représailles menée par Israël depuis le 7-Octobre a fait plus de 52.400 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, sur le territoire israélien, a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Parmi les 251 personnes enlevées ce jour là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 mortes, selon l'armée israélienne.

 


Israël bombarde près du palais du président syrien accusé de «génocide» des Druzes

Short Url
  • Des heurts à proximité et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite du président Ahmad al-Chareh illustrent l'instabilité persistante en Syrie
  • L'ONU a exhorté "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue" et la diplomatie américaine a fustigé "les dernières violences et la rhétorique incendiaire" antidruzes "répréhensibles et inacceptables"

DAMAS: Israël a mis vendredi sa menace à exécution contre la Syrie en bombardant les abords du palais présidentiel à Damas après que le chef de la minorité druze, protégée par le pouvoir israélien, eut accusé le pouvoir du nouveau président syrien Ahmad al-Chareh de "génocide".

Le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajrin, venait de dénoncer jeudi soir une "campagne génocidaire injustifiée" visant des "civils" de sa communauté, après des affrontements confessionnels en début de semaine qui ont fait plus de 100 morts selon une ONG.

Le chef religieux druze alors réclamé "une intervention immédiate de forces internationales" et Israël -- voisin de la Syrie avec laquelle il est en état de guerre et qui a pris fait et cause pour les Druzes -- avait aussitôt menacé de répondre "avec force" si Damas ne protégeait pas cette minorité religieuse.

Quelques heures après, à l'aube vendredi, "des avions de combat ont frappé les environs du palais" présidentiel à Damas, a annoncé l'armée israélienne sur Telegram.

"C'est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces (syriennes) soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze", ont martelé dans un communiqué, publié en anglais par le journal Times of Israel, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz.

Des heurts à proximité et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite du président Ahmad al-Chareh illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement de son prédécesseur Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite.

"Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement. (...) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, en prétendant que ce sont des éléments incontrôlés", avait dénoncé le cheikh druze.

"Rhétorique incendiaire" 

L'ONU a exhorté "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue" et la diplomatie américaine a fustigé "les dernières violences et la rhétorique incendiaire" antidruzes "répréhensibles et inacceptables".

Des combats cette semaine à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des Druzes, ainsi qu'à Soueïda, ville à majorité druze, ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, dans l'ouest du pays.

Ces violences avaient été déclenchées par des attaques de militants pro-Assad contre les forces de sécurité du nouveau pouvoir.

Mercredi déjà, l'armée israélienne avait frappé près de Damas, en forme "d'avertissement" contre un "groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de la ville de Sahnaya", selon M. Netanyahu.

Les Druzes sont une minorité de l'islam chiite. Ses membres sont répartis entre le Liban, la Syrie et Israël.

"Nous sommes une partie inaliénable de la Syrie", a souligné un porte-parole du rassemblement des autorités religieuses, chefs traditionnels et groupes armés druzes à Soueïda, ajoutant que la communauté rejetait "toute division" du pays.

Les combats en Syrie ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un Druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Les autorités syriennes ont accusé des éléments échappant à son contrôle d'avoir provoqué les violences.

102 morts 

Selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ces affrontements ont fait 102 morts, dont 30 membres des forces de sécurité et combattants affiliés, 21 combattants druzes et 11 civils à Jaramana et Sahnaya. Dans la province de Soueïda, 40 combattants druzes ont péri, dont 35 dans une embuscade, d'après l'ONG.

A Jaramana, des accords entre représentants des Druzes et du pouvoir avaient permis de rétablir le calme mardi soir, de même mercredi soir à Sahnaya à 15 km au sud-ouest de Damas où des forces de sécurité ont été déployées.

Et le pouvoir syrien avait réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze".

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les Druzes, cherchant, selon l'analyste indépendant Michael Horowitz, à se ménager des alliés dans le sud syrien à un moment où l'avenir de ce pays reste incertain.