Procès des attentats du 13-Novembre: Quand il a fallu reconnaître les corps

Le Palais de justice de Paris, où se tient depuis le 8 septembre 2021 le procès des attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
Le Palais de justice de Paris, où se tient depuis le 8 septembre 2021 le procès des attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 24 septembre 2021

Procès des attentats du 13-Novembre: Quand il a fallu reconnaître les corps

  • Un avocat évoque celui d'une famille venue se recueillir sur le corps d'une jeune fille; la famille découvre avec horreur que le corps présenté est celui d'une autre victime
  • «Il y a eu un traumatisme sur leur traumatisme, de la douleur sur leur douleur»

PARIS : "De la douleur sur de la douleur". Au procès des attentats du 13 novembre 2015 en France, le témoignage jeudi du directeur de l'Institut médico-légal a ravivé le traumatisme des familles de victimes qui n'ont pas surmonté la froideur de l'accueil de l'institution à leur égard.


Par la voix de leurs avocats, les parties civiles ont rappelé combien il leur avait été pénible de devoir reconnaître, seulement à travers une baie vitrée et en cinq minutes maximum, les corps des personnes aimées, recouverts d'un drap blanc masquant les blessures. Sans pouvoir les toucher.


"Il y a eu un traumatisme sur leur traumatisme, de la douleur sur leur douleur", a mis en avant Me Jean Reinhart, un des nombreux avocats des parties civiles.


"Les familles avaient le droit à cinq minutes pour identifier les corps. Est-ce que ça vous paraît supportable pour elles?", demande-t-il, près de six ans après, à Bertrand Ludes, le directeur de l'Institut médico-légal (IML) de Paris.


- Si ça s'est passé comme ça, je suis désolé, confus, s'excuse le professeur de médecine légale. On peut donner le temps de se recueillir face à un corps, reconnaît-il.


- Mais ça s'est passé comme ça!, ne peut s'empêcher de réagir une femme sur le banc des parties civiles.


- Six à huit mois pour envoyer le rapport de l'examen du corps, cela répond-t-il à la douleur des familles qui veulent comprendre si la balle était létale ou agonisante?, insiste l'avocat.


- C'est toujours trop long la rédaction de ce rapport et l'interprétation médicale prend du temps, admet le médecin légiste. 


Il se dit "désolé de ces délais et de ces circonstances dramatiques pour les familles". 


Le premier corps des victimes des attentats, qui ont fait 130 morts, "est arrivé à l'IML le 14 novembre à 6H00 heures du matin, le dernier à 10H50", se souvient le professeur Ludes. Il parle de corps et de "fragments de corps", de la "dilacération" des organes due à "des projectiles de très haute vélocité", de "lésions crânio-cérébrales", n'épargne aucun détail technique.


Le témoin n'a pas fini son exposé quand le président Jean-Louis Périès pose la question que les familles des victimes ont au bord des lèvres: les victimes sont-elles mortes sur le coup ou non?


- Monsieur le président, la question est difficile. Pour un grand nombre de victimes, c'était un décès immédiat. Pour d'autres le délai de l'hémorragie va durer jusqu'à trois ou quatre minutes, mais les victimes avaient souvent déjà perdu connaissance avant de mourir, répond Bertrand Ludes.

«Vous imaginez le choc»

Dès le 14 novembre, les premières familles se présentent à l'IML pour identifier leurs proches tués dans la salle de concert du Bataclan ou sur les terrasses et dans les restaurants parisiens. "Quatre +présentations+ (des défunts) auront lieu le 14 novembre, 26 le 15, 43 le 16...", énumère le professeur.


"Compte tenu de l'affluence, ces temps (passés auprès des défunts) ont été contraints", admet-il.


Les familles ne purent récupérer les corps de leurs proches qu'à partir du 20 novembre, une semaine après les attentats.


Il y eut aussi des cas - rares - d'erreurs d'identification.


Un avocat évoque celui d'une famille venue se recueillir sur le corps d'une jeune fille. "Vous avez trois minutes pour vous préparer. Vous n'allez pas reconnaître votre Lamia", la prévient une psychologue de l'IML. La famille découvre avec horreur que le corps présenté est celui d'une autre victime.


"Vous imaginez le choc pour cette famille", s'indigne l'avocat.


Une avocate parle de "l'espoir fou" d'un père qui a cru que sa fille était vivante tant "la confusion" régnait à l'IML.


Le professeur reconnaît des erreurs d'identification. Dans la salle d'audience, on se souvient de précédents témoignages poignants des policiers de la brigade criminelle qui avaient évoqué "les corps enchevêtrés" de victimes.


Une avocate se fait l'écho des craintes d'un père affirmant que son fils a été victime d'actes de barbarie au couteau. "Il n'y a eu aucune lésion à l'arme blanche", assure le professeur qui, pour appuyer sa démonstration, projette des images glaçantes en 3D de cette victime. 


Elles confirment qu'il n'y a pas eu de mutilations. Mais dans la salle, le malaise est palpable.


Intervenant sous couvert de l'anonymat, une commissaire divisionnaire, ex-responsable de "l'atelier victime" à la sous-direction anti-terroriste (SDAT) de la police judiciaire, convient que l'identification est "un travail complexe qui a pu générer de nombreuses frustrations".


L'audience doit reprendre vendredi.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.