Au Maroc, la décision de Paris de durcir l’octroi des visas surprend

Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita. (AFP)
Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita. (AFP)
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Publié le Mercredi 29 septembre 2021

Au Maroc, la décision de Paris de durcir l’octroi des visas surprend

  • Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a annoncé que la France allait durcir les conditions d'obtention des visas à l'égard de trois pays du Maghreb
  • Cette décision a fait réagir la diplomatie marocaine qui l’estime injustifiée. Le point avec Mohamed Benhammou, politologue et président du Centre marocain des études stratégiques

CASABLANCA : La décision de durcir l’octroi des visas à l’encontre de trois pays du Maghreb, en l’occurrence le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, n'a pas laissé les marocains de marbre.  «Cette décision est surprenante, déplorable et inacceptable. Ce n’est pas la première fois que la France a un ton menaçant et très ferme à l’encontre du Maroc à l’approche des élections françaises. Cet acte intervient dans un contexte français qui ouvre le bal à une élection où les questions identitaires et de l’immigration sont toujours prédominantes. Nous sommes ainsi face à une opération de communication électorale qui n’est pas justifiée. Aux côtés de Marine le Pen et d’Éric Zemmour, le gouvernement met donc du sien», déclare à Arab News en français, Mohamed Benhammou, politologue et président du Centre marocain des études stratégiques (Cmes). Au Maroc, on tente donc d'emblée de replacer cette décision dans un cadre purement électoral et interne à la France, d’autant plus que pour les marocains, elle reste «injustifiée et ne reflète pas la réalité de la coopération consulaire en matière de lutte contre l'immigration illégale», comme l'a souligné hier, à Rabat, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita.  

Lors d’une conférence de presse à l'issue d'un entretien avec Ismaël Ould Cheikh Ahmed, son homologue mauritanien, le chef de la diplomatie marocaine a estimé que la décision de la France est souveraine mais que les raisons en sont discutables et ne reflètent pas la réalité.

Pour rappel, la France qui a annoncé la réduction de 50% des visas à l’encontre du Maroc, justifie cet acte par le manque de coopération de la part des autorités marocaines lorsqu’il s’agit de rapatrier des personnes en situation irrégulière.

L’islam et l’immigration remis au goût du jour

Toute la question pour le Maroc est désormais de savoir pourquoi alors les autorités françaises ont-elles mis leurs menaces à exécution? 

Sur les réseaux sociaux, c'est la campagne électorale qui est invariablement invoquée. Les internautes font état de cet argument électoraliste où le débat vire toujours vers l’islam, le radicalisme, le voile, le burkini, l’immigration, l’intégration… «Désormais, il sera deux fois plus difficile de rentrer dans le “Zemmourestan”», ironise pour sa part Hatim Kaghat sur sa page Facebook. 

Mohamed Benhammou regrette de son côté qu’une fois de plus «l’élite politique française emprunte la mauvaise voie. On ne peut pas tout ramener à la question de l’immigration, cinq décennies de l’histoire se répètent en France, une France qui doit savoir qu’elle ne vit pas sur une île isolée. Les problèmes de l’immigration existent dans plusieurs pays, mais en France on a l’impression que c’est le seul problème. Nous avons vu comment les élections se sont déroulées en Allemagne et la qualité des sujets débattus. Il est temps que la France guérisse de ce mal qu’elle a choisi délibérément», fustige Benhammou.

La vérité est ailleurs !

Par ailleurs, si le Maroc a toujours travaillé en parfaite coordination avec les autorités françaises sur les questions liées à l’immigration, d’autres pays ne font pas bonne figure sur ce registre. «Il est clair que le Maroc est beaucoup plus engagé et assume clairement ses engagements et ses responsabilités dans ce dossier. En revanche, un des deux autres pays visés par cette décision est à la traîne. Ainsi, pour éviter des frictions avec ce pays et ses éventuelles réactions, la France a préféré adresser la même missive aux trois pays maghrébins, ce qui est dommageable pour le Maroc et ne résoudra en aucun cas le problème de l’immigration», se désole Benhammou.

Un problème franco-français  

Le problème se situerait, toutefois, au niveau des conditions de retour des ressortissants marocains. En effet, le Maroc exige, en plus des documents attestant leur nationalité marocaine et un laisser-passer, un test PCR d’au moins quarante-huit heures. «Ce que la France ne déclare pas, c'est que plusieurs personnes disposant de documents de voyage ont refusé de réaliser le test de dépistage de la Covid-19, car la loi française ne les oblige pas à le faire lorsqu’ils veulent quitter le territoire français. Quand des Marocains veulent partir en France, ils sont, par ailleurs, obligés de réaliser un test PCR», explique pour sa part Nasser Bourita qui estime que ce problème est purement franco-français.

Le ministre marocain regrette qu’à chaque problème lié à l’immigration en France, comme ce fut le cas pour les mineurs, les autorités françaises renvoient la balle dans le camp d’autres pays. Cela alors que le Maroc gère avec responsabilité la question liée à l’immigration clandestine, preuve en est l’émission par les services consulaires du Royaume en France de 400 laissez-passer durant les huit premiers mois de 2021.

 


Le métro de Riyad bat le record Guinness du plus long réseau sans conducteur

Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
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  • Le métro de Riyad comprend six lignes intégrées et 85 stations, et intègre des technologies de pointe
  • Le système de transports publics de Riyad, incluant le métro et les bus, soutient le trafic, l’économie, le développement urbain et la vie sociale de la ville

LONDRES : Le Guinness World Records a officiellement certifié le métro de Riyad comme le plus long réseau de métro sans conducteur au monde, avec 176 kilomètres, mettant en lumière les avancées rapides de l’Arabie saoudite dans le domaine des transports modernes.

Le métro de Riyad constitue un élément essentiel de l’initiative de transport public dans la capitale saoudienne. Il comporte six lignes intégrées, 85 stations, et fait appel à des technologies de pointe.

Le système fonctionne selon un modèle automatisé sans conducteur, géré par des salles de contrôle avancées garantissant des niveaux élevés de précision, de sécurité et de qualité, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

L'ouvrage de référence annuel indique que le métro de Riyad a été « conçu pour améliorer la mobilité urbaine, réduire les embouteillages et promouvoir la durabilité grâce à des solutions de transport respectueuses de l'environnement ».

Le réseau de transports publics de Riyad, incluant métro et bus, soutient le trafic de la ville, son économie, son développement urbain et sa vie sociale.

Cette réalisation met en avant les efforts de la Commission royale pour la ville de Riyad visant à adopter des concepts de transport urbain innovants et durables, démontrant son engagement en faveur d’infrastructures modernes qui améliorent la qualité de vie et soutiennent la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, ajoute la SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cisjordanie: des soldats israéliens tuent deux Palestiniens apparement en train de se rendre

Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
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  • Deux Palestiniens ont été tués lors d’une opération israélienne à Jénine, une scène filmée sous plusieurs angles: l’Autorité palestinienne parle d’« exécution sommaire », tandis qu’Israël affirme que les forces ont agi face à une menace

Jénine, Territoires palestiniens: L'armée et la police israéliennes ont annoncé jeudi examiner les circonstances dans lesquelles deux Palestiniens ont été abattus lors d'une opération conjointe de leurs forces alors qu'ils étaient apparemment en train de se rendre à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

La scène a été filmée sous plusieurs angles, notamment par un journaliste de l'AFP, dans cette ville bastion de groupes armés palestiniens.

L'Autorité palestinienne a identifié les Palestiniens tués comme Montasser Billah Mahmoud Abdullah, 26 ans, et Youssef Ali Assassa, 37 ans, dénoncé les faits comme une "exécution sommaire" et accusé les forces israéliennes de "crime de guerre documenté et complet".

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite, a dit apporter son "soutien total aux gardes-frontières et aux soldats de l'armée qui ont ouvert le feu sur des terroristes recherchés sortis d'un bâtiment à Jénine".

Des vidéos ayant largement circulé sur les médias sociaux montrent deux hommes sortir d'un bâtiment cerné par des soldats israéliens, les bras en l'air. On les voit ensuite se coucher à terre devant les soldats avant d'être redirigés vers l'intérieur du bâtiment. Des coups de feu retentissent. Les deux hommes gisent au sol.

Les images tournées par le JRI de l'AFP montrent les deux hommes sortir du bâtiment puis y rentrer avant les coups de feu. Un immeuble placé entre le journaliste et la scène obstrue une partie de l'image. On voit ensuite des soldats évacuer un cadavre.

- "Les terroristes doivent mourir !" -

Une fois la nuit tombée, un photographe de l'AFP a vu des Palestiniens nettoyer les lieux. Des flaques de sang maculaient encore le sol.

Dans un communiqué commun, l'armée et la police (dont dépend l'unité des gardes-frontières) indiquent que leurs forces ont procédé dans la soirée "à l'arrestation de deux individus recherchés pour des actes terroristes, notamment des jets d'explosifs et des tirs sur les forces de sécurité".

"Après leur sortie [du bâtiment où ils étaient cernés], des tirs ont été dirigés vers les suspects", ajoute l'armée, précisant que "l'incident est en cours d'examen".

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a dénoncé dans un communiqué une "exécution de sang-froid".

"Les soldats ont agi exactement comme on l'attend", a estimé de son côté M. Ben Gvir. "Les terroristes doivent mourir!" a-t-il écrit sur son compte X.

Citant une source au sein des gardes-frontières, le journal de gauche Haaretz a indiqué qu'une enquête préliminaire mentionnait d'ores et déjà qu'un des deux hommes tués avait tenté de se relever après avoir été au sol et fait un "mouvement suspect", qui a décidé les policiers et les soldats à tirer.

- "Déshumanisation" -

"L'exécution documentée aujourd'hui est le résultat d'un processus accéléré de déshumanisation des Palestiniens et de l'abandon total de leurs droits par le régime israélien", a estimé B'Tselem, organisation israélienne de défense des droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens occupés.

"Il est du devoir de la communauté internationale de mettre fin à l'impunité d'Israël et de traduire en justice les responsables de la planification et de l'exécution de sa politique criminelle contre le peuple palestinien", ajoute l'ONG.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas sur le sud d'Israël.

Elles n'ont pas cessé avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Mercredi, l'armée israélienne a annoncé le lancement d'une nouvelle opération contre les groupes armés palestinien dans le nord de la Cisjordanie.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.


Israël frappe à nouveau le sud du Liban, un an après le cessez-le-feu

L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
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  • L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes dans le sud du Liban, ciblant des infrastructures et des sites d’armes du Hezbollah, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis un an
  • Le gouvernement libanais est accusé par Israël et les États-Unis de tarder à démanteler la présence militaire du Hezbollah dans la zone frontalière, tandis que Beyrouth dément toute faute et rejette les accusations israéliennes

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené de nouvelles frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, au moment où elle intensifie ses attaques sur le territoire libanais malgré un cessez-le-feu avec le mouvement pro-iranien qu'elle accuse de chercher à se réarmer.

"Il y a peu, l'armée israélienne a frappé et démantelé des infrastructures terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones dans le sud du Liban", écrit l'armée dans un communiqué.

"Dans le cadre de ces frappes, l'armée a visé plusieurs sites de lancement où des armes du Hezbollah étaient stockées", ajoute le communiqué, qui précise que les frappes ont également touché des "postes militaires utilisés par des membres du Hezbollah pour mener des attaques terroristes".

L'agence de presse d'Etat libanaise ANI a annoncé une série de "raids aériens israéliens sur Al-Mahmoudiya et Al-Jarmak dans la région de Jezzine."

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, signé il y a un an jour pour jour, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz avait averti qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré M. Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

La Présidence libanaise a publié mercredi une déclaration du président Joseph Aoun qui "a rejeté les allégations israéliennes qui portent atteinte au rôle de l'armée et remettent en question son travail sur le terrain, notant que ces allégations ne reposent sur aucune preuve tangible."