Adrien Lacroix suit les traces de son grand-père en Arabie saoudite

Selon Adrien, la Belgique n’avait pas d’ambassade en Arabie saoudite à l’époque où son grand-père était en poste. Mais la chose est devenue indispensable avec l’expansion rapide du Royaume. (Capture d'écran)
Selon Adrien, la Belgique n’avait pas d’ambassade en Arabie saoudite à l’époque où son grand-père était en poste. Mais la chose est devenue indispensable avec l’expansion rapide du Royaume. (Capture d'écran)
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Publié le Mercredi 29 septembre 2021

Adrien Lacroix suit les traces de son grand-père en Arabie saoudite

  • Ce n’est que lorsqu’il s’installe à Riyad l’année dernière qu’Adrien apprend que son grand-père a séjourné en Arabie saoudite
  • «L’Arabie saoudite, qui a longtemps fermé ses portes à la civilisation occidentale, nous accorde enfin notre chance. C’est à nous de la saisir»

RIYAD: Quelle est la probabilité pour qu’un petit-fils exerce le même métier que son grand-père dans un pays étranger soixante-dix ans plus tard? Telle est l’histoire d’Adrien Lacroix, conseiller en commerce et en placements pour la Wallonie en Belgique, et de son grand-père, Roger Lacroix, qui a rempli la même mission entre 1950 et 1957 en tant que conseiller auprès de l’Office belge du commerce extérieur.

Roger partait souvent en mission à l’étranger pour participer à des foires commerciales internationales, mener des études de marché et organiser des visites de délégation. Adrien a suivi ses traces à l’ambassade en Arabie saoudite.

«Je travaille pour l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (Awex). Mes missions en Arabie saoudite, en Oman et au Yémen se déclinent en deux volets: je suis là pour soutenir les entreprises belges, plus particulièrement les sociétés wallonnes (partie francophone de la Belgique), afin qu’elles développent en Arabie saoudite, et pour trouver des partenaires commerciaux. Je les accompagne dans leurs missions et dans leurs délégations et, par ailleurs, je les aide à attirer l’attention des investisseurs locaux sur le potentiel de l’économie wallonne. En d’autres termes, mon travail consiste à améliorer les relations commerciales entre les deux pays et à les renforcer», déclare Adrien à Arab News.

Ce n’est que lorsqu’il s’installe à Riyad l’année dernière – dans le cadre de sa première affectation à l’étranger – qu’il apprend que son grand-père a séjourné en Arabie saoudite. Un membre de sa famille lui a révélé que Roger avait vécu au Moyen-Orient pendant un certain temps.

Roger est mort il y a longtemps, à l’âge de quarante-neuf ans, alors que le père d’Adrien n’en avait que neuf. Adrien ne l’a donc pas connu.

«On ne m’a jamais rien dit sur son ancien poste, si ce n’est qu’il voyageait beaucoup, qu’il s’impliquait dans ses activités et qu’il travaillait dans la fonction publique», explique-t-il.

En fouillant dans les archives de sa grand-mère, Adrien a retrouvé le passeport original de son grand-père.

L’été dernier, Adrien a consulté les archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères de Belgique et a découvert que Roger était chargé de mener des études de marché dans neuf pays du Moyen-Orient.

Adrien est notamment tombé sur une étude menée par son grand-père: Le point de vue de l’Occident: l’Arabie saoudite des années 1950. Il nous confie que ce travail «revêt une importance particulière, parce que le pays était très peu connu à l’époque».

Le texte propose de plonger dans l’ancienne Arabie saoudite. Il évoque la situation géographique, économique et sociale du pays du point de vue d’un émissaire du gouvernement belge qui avait l’intention d’améliorer les activités commerciales avec le Royaume. Le pays était en plein essor sous le règne du roi Abdelaziz, environ cinquante ans après la découverte du pétrole.

L’étude décrit les grands projets entrepris au Royaume à l’époque. Ils sont, pour la plupart, financés par les redevances qui proviennent de l’exploitation pétrolière. La construction d’un oléoduc menant à la Méditerranée et de jetées dans les ports de Djeddah et de Damman, ainsi que la planification d’un grand réseau routier qui relie l’Arabie saoudite à tous les centres de la péninsule Arabique constituent des exemples des énormes progrès rendus possibles dans le temps grâce à ces nouveaux revenus.

L’étude révèle l’histoire d’une révolution technologique similaire, d’une certaine façon, à celle de l’ère Meiji au Japon, au XIXe siècle. À cette époque, la plupart des bénéfices de l’Arabie saoudite venaient des visites des pèlerins (150 000 d’entre eux visitaient La Mecque chaque année) avant la découverte des réservoirs de pétrole. Le Royaume est alors devenu un terrain d’investissement fertile et un partenaire commercial particulièrement convoité par l’Occident.

Au moment où l’étude de Roger est publiée, Riyad compte 50 000 habitants et la population bédouine domine le pays. Les Saoudiens s’intéressent beaucoup aux produits alimentaires comme le beurre ou les fruits et légumes en conserve. Djeddah vient tout juste d’abattre ses murs pour mettre en place de nouveaux hangars, des entrepôts et des résidences privées – symboles de la nouvelle ouverture du pays.

Comme Roger l’affirme avec éloquence dans son étude: «L’Arabie saoudite, qui a longtemps fermé ses portes à la civilisation occidentale, nous accorde enfin notre chance. C’est à nous de la saisir.»

«Il faut tenter d’imaginer l’environnement dans lequel Roger a vécu, les conditions de déplacement en 1950 et ce qu’était alors le réseau routier: la route principale, ou encore celle qui relie Djeddah à La Mecque, la seule qui était asphaltée. Pour moi, le travail qu’il a réalisé en rassemblant toutes ces informations, en prenant des photos et en se rendant dans tous ces pays est assez impressionnant», poursuit Adrien.

Selon Adrien, la Belgique n’avait pas d’ambassade en Arabie saoudite à l’époque où son grand-père était en poste. Mais la chose est devenue indispensable avec l’expansion rapide du Royaume.

La première ambassade de Belgique a ouvert ses portes en 1955 à Djeddah. Grâce à la contribution de Roger, l’État belge décide qu’il est extrêmement important d’être physiquement présent en Arabie saoudite afin d’aider les entreprises à soumettre des appels d’offres pour des projets, à maintenir des liens plus solides avec les partenaires commerciaux et à faire connaître les compétences, l’économie et les produits belges qui pourraient convenir à l’économie saoudienne», indique-t-il.

Adrien affirme que certaines observations formulées par son grand-père dans son étude datant de 1950 sont toujours pertinentes de nos jours.

Roger mentionne que les produits belges sont parfaitement adaptés au développement de l’économie saoudienne.

«Dans le temps, nous exportions surtout des produits en ciment, en fer et en acier utilisés dans le secteur de la construction et du matériel ferroviaire. L’Arabie saoudite connaissait un essor rapide grâce à la croissance de l’industrie pétrolière et gazière. Le pays avait besoin de ces éléments de construction et de cet équipement de transport.»

Aujourd’hui, la Belgique exporte des produits chimiques et pharmaceutiques tels que les vaccins, vers le Royaume.

Dans son étude, Roger soutient que les entrepreneurs belges devaient être très présents dans le Royaume, puisque les Saoudiens et les hommes d’affaires tenaient à les voir en personne.

«On ne pouvait pas se contenter d’envoyer une offre par e-mail, et c’est toujours le cas aujourd’hui. Les partenaires commerciaux saoudiens ont besoin de vous voir, de vous parler et de maintenir les liens avec leurs homologues belges parce que, culturellement, les relations interpersonnelles sont très importantes en Arabie saoudite», souligne Adrien.

Ce dernier aurait souhaité que son grand-père soit vivant pour partager ses expériences et ses impressions sur l’Arabie saoudite. «J’aurais voulu pouvoir lui dire à quel point le pays a changé. Je pense que cela semblait presque impossible de son temps. C’est assez incroyable et tellement passionnant de faire partie de ce changement. J’aurais aimé aussi qu’il évalue mon travail, car j’ai pour mon grand-père une grande estime.»

Adrien conseille aux investisseurs saoudiens d’envisager la collaboration avec d’autres fournisseurs s’ils sont à la recherche de solutions innovantes en provenance de l’étranger.

«Bien que souvent inconnue du grand public, la Belgique est un champion de niveau mondial dans des secteurs qui s’accordent avec l’initiative Vision 2030: la santé, l’hydrogène, le divertissement, l’ingénierie mécanique, l’alimentation et les boissons, ou encore la logistique.»

Il termine en invitant la communauté des gens d’affaires à entrer en contact avec l’ambassade. «Je serais ravi de vous mettre en contact avec les bonnes personnes pour que, ensemble, nous réalisions des merveilles. [Ce n’est] pas une coïncidence si le célèbre proverbe arabe “L’unité est le pouvoir” ressemble à la devise belge “L'union fait la force”».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".