Comment les Frères musulmans égyptiens ont perdu la bataille des réseaux sociaux

Depuis leur chute en 2013, les Frères musulmans n'ont pas réussi à dominer la communication en ligne malgré leurs appels répétés à la protestation. (Photo, Reuters/Archives)
Depuis leur chute en 2013, les Frères musulmans n'ont pas réussi à dominer la communication en ligne malgré leurs appels répétés à la protestation. (Photo, Reuters/Archives)
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Publié le Jeudi 30 septembre 2021

Comment les Frères musulmans égyptiens ont perdu la bataille des réseaux sociaux

  • Bien qu'environ la moitié des Égyptiens soient actifs sur les réseaux sociaux, ils penchent pour des tendances loin de celles des Frères musulmans
  • Une telle expérience a menacé la paix civile quotidienne et a déstabilisé l'identité égyptienne bien établie, une identité qui ne trouve aucune différence entre la religion et la race

LE CAIRE : Il fut un temps où un Égyptien ouvrait Facebook ou Instagram pour découvrir que la grande part du contenu était lié aux Frères musulmans. Aujourd'hui, tout cela est loin de la réalité.

Depuis leur chute en 2013, les Frères musulmans n'ont pas réussi à dominer la communication en ligne malgré leurs appels répétés à la protestation. Une décennie après le printemps arabe qui a vu les réseaux sociaux agir comme des mécanismes de mobilisation, pourquoi les médias sociaux en général, et Facebook en particulier, ne sont-ils plus aujourd'hui un déclencheur potentiel de révolution en Égypte?

Bien qu'environ la moitié des Égyptiens soient actifs sur les réseaux sociaux, ils penchent pour des tendances loin de celles des Frères musulmans et en contraste avec ce qui dominait les réseaux sociaux en 2011.

Depuis lors, les fidèles des Frères musulmans ont déployé des efforts considérables pour tirer parti de l'utilisation intensive des médias sociaux par les Égyptiens. Ils profitent de toute crise nationale et l'utilisent comme un cheval de Troie pour leurs revendications, et comme cela a été vu à plusieurs reprises dans les fausses vidéos diffusées par Al Jazeera et d'autres tendances pro-Frères musulmans aussi récents qu'en septembre 2020.

Au départ, on peut affirmer que les Frères musulmans subissent leur crise la plus profonde depuis leur création en 1928 à cause de leur chute en juin 2013.

Cette crise s'incarne dans la chute politique populaire des frères musulmans puisque la Tunisie et l'Égypte ont contrecarré leurs tentatives pour avoir un rôle politique ou social à l'avenir. L'opinion populaire et les forces laïques leur ont témoigné peu de sympathie.

Le cas de l'Égypte a été similaire à celui de la Tunisie. Malgré leur énorme machine médiatique, leurs cellules dormantes et leurs plateformes et organes médiatiques qui appuyaient leur programme, les Frères musulmans n'ont pas réussi à regagner leur présence ou à maintenir leur influence sur la société égyptienne. De plus, ils ont perdu leur pouvoir de mobiliser les masses ou d'attiser des soulèvements comme ils le faisaient autrefois au plus fort du printemps arabe.

Selon l'expert politique et ancien consul général d'Égypte à Riyad, Fawzi Ashmaoui, le principal espace d'action et d'expression des Égyptiens, les médias sociaux, s'est élargi. Il constate que cela est dû au déclin de la mobilité et des performances des partis et des politiques d'une part et à la levée partielle des restrictions de la société civile et d'autres lois dans le cadre de la stratégie nationale officielle des droits de l'homme du pays qui a été lancée plus tôt ce mois-ci.

En janvier 2021, la population égyptienne s'élevait à environ 103,3 millions d'habitants, soit une augmentation de 1,9 million de personnes par rapport à janvier de l'année dernière. Le nombre d'internautes a toutefois atteint 59,9 millions avec une augmentation de 4,9 millions de plus qu'en janvier 2020, une augmentation qui a dépassé l'augmentation de la population, selon plusieurs sources officielles.

Parmi ces internautes, 49 millions sont des consommateurs réguliers de médias sociaux jusqu’en janvier 2021, soit une augmentation de 7 millions par rapport à 2020, ou 17% par rapport à l'année    précédente, indiquant à quel point l'augmentation du nombre d'utilisateurs de médias sociaux est rapidement supérieure à celle de la population.

Les médias sociaux sont une piste réelle, quoique virtuelle, où l'opinion publique égyptienne se développe. C'est une plate-forme majeure qui permet aux gens d'exprimer des points de vue critiques, des douleurs et des interactions non seulement à l’échelle nationale mais aussi sur les événements régionaux et internationaux qui les affectent directement et indirectement.

Pour la première fois dans l'histoire, les Frères musulmans étaient arrivés au pouvoir lors d'élections libres en 2012 par l'intermédiaire de Mohammed Morsi, le premier président du groupe, qui dominait le Parlement et les organisations syndicales civiles du pays.

Au lieu de mettre en œuvre leur prétendu programme de 100 jours, connu sous le nom de programme présidentiel «Al-Nahda» (Renaissance) des Frères musulmans,  qui devrait s'attaquer aux problèmes quotidiens de carburant, de nourriture, de sécurité et de circulation, le groupe s’est accaparé de toutes les autorités pour renforcer son emprise sur le pouvoir en Égypte, ce qui l'a amené à beaucoup tarder pour former un gouvernement.

Cela n’a fait que discréditer les principes du groupe et alimenter le ressentiment du public à son encontre. Le discours des Frères musulmans et leur stratégie à double face pour répondre aux exigences des citoyens ont entraîné une montée de la fureur publique contre eux. Voici donc les raisons pour lesquelles les Frères musulmans ont perdu leur pouvoir sur les réseaux sociaux :

 

Premièrement : la stabilité de l'Égypte à l’échelle nationale

Les positions des Égyptiens sur les réseaux sociaux sont équilibrées entre soutenir et critiquer leur gouvernement, en particulier en ce qui concerne le coût de la vie via les services de base tels que l'épicerie, le carburant et l'électricité. Toutefois, les Égyptiens n'hésitent pas à louer et à soutenir ce qu'ils considèrent comme des mesures positives pour créer et attirer des investissements.

Selon un sondage de Reuters, l'économie égyptienne devrait augmenter de 5% au cours de l'exercice qui se termine en juin de l'année prochaine, sans changement par rapport aux attentes des analystes dans un sondage similaire il y a six mois et légèrement en dessous de l'objectif du gouvernement de 5,4%. En plus de cela, le produit intérieur brut du pays le plus peuplé du monde arabe a augmenté de 5,5% au cours de l'exercice qui se terminera le 30 juin 2023.

Deuxièmement : La distinction entre l'islam et les islamistes

Quoique les Égyptiens sont énormément connus pour leur nature religieuse et conservatrice qui inclut des réserves quant à toute confrontation en ligne à ce qu'ils considèrent comme sacré ou religieux, ils font principalement la différence entre l'islam et les islamistes ainsi qu'entre la religion et l'extrémisme.

Bien de nombreux groupes islamistes tentent de mettre en œuvre tout appel à renouveler le discours religieux et d’incliner toute critique de l'histoire religieuse en leur faveur, ils n'ont pas pu atteindre leurs objectifs à cause de la réticence des Égyptiens à répéter leur expérience précédente sous le règne de Morsi.

Une telle expérience a menacé la paix civile quotidienne et a déstabilisé l'identité égyptienne bien établie, une identité qui ne trouve aucune différence entre la religion et la race. C'est la même identité qui est opposée à reléguer la patrie «l'Égypte» et à promouvoir le concept d'une nation islamique ou du califat islamique en sa faveur. Cela est clair chaque année en septembre, lorsque les plateformes médiatiques des Frères musulmans appellent à des protestations et à des manifestations mais ne parviennent toujours pas à attirer un public important.

En plus de cela, la riposte et le discours critique contre l'idéologie des groupes islamistes, par les arguments et les notions fondamentales ont été actifs, passionnés et vivants, grâce à la révolution de l'information et aux débouchés numériques. Les Égyptiens sont désormais capables de lire et de prendre conscience de la critique de l'intégrisme et de la distinction entre islam, islamistes et histoire islamique.

Troisièmement : La stagnation et l'hostilité du discours

En classant continuellement l'État égyptien comme takfiri (apostat) et en maintenant un ton discriminatoire à l'égard des minorités chrétiennes et des groupes de la société civile laïque, le récit des Frères musulmans est devenu latent et stagnant dans la communication avec les changements actuels qui se produisent au sein de la société égyptienne en évolution.

L'exemple le plus clair en est celui de Wagdy Ghoneim, un prédicateur des Frères musulmans qui s'est vu interdire l'entrée en Tunisie en 2019 après avoir qualifié l'ancien président tunisien Beji Caid Essebsi d'«apostat» qui s'était battu contre Dieu et l'islam.

Dans la compréhension de nombreux Égyptiens, l'expérience sous le règne des Frères musulmans en 2013 reste la principale raison de la peur des citoyens de leur retour, ou de répondre à nouveau à leur appel à la mobilisation et aux manifestations.

Quatrièmement : L’ampleur de l'expérience : l'Égypte dans une perspective panarabe

La sécurité, l'ordre et la stabilité sont les trois exigences fondamentales des Égyptiens et sont au cœur de leurs discussions sur les plateformes de médias sociaux. Des voix critiques s'expriment à travers le cadre de l'État qui maintient l'ordre et la sécurité, et les Égyptiens prennent sérieusement en considération les modèles voisins d'États défaillants ainsi que la montée des groupes islamistes dans les pays voisins ou d'autres pays de la région.

Le rôle diplomatique de l'Égypte dans la région joue également un rôle important, car les citoyens louent leur gouvernement en raison de son rôle régional actif dans le conflit entre la Palestine et Israël, en Irak et envers la Libye, dans ses liens étroits avec les pays du Golfe et dans leurs efforts stratégiques pour mettre fin à toute occasion pour un retour des extrémistes dans le pays. Cela n'aurait certainement pas été possible grâce à un gouvernement dirigé par les Frères musulmans ou à travers un récit en ligne dominé par le groupe.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.

 


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com