L'exposition de l'artiste saoudien Mohannad Shono en Argentine: sens et narration

 The Silent Press, 2019. (Fourni)
The Silent Press, 2019. (Fourni)
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Publié le Vendredi 01 octobre 2021

L'exposition de l'artiste saoudien Mohannad Shono en Argentine: sens et narration

  • Les œuvres de Shono – l’un des artistes contemporains les plus prometteurs d’Arabie saoudite – sont exposées à la Biennale internationale d’art contemporain d’Amérique du Sud (Bienalsur) à Buenos Aires, grâce au soutien du ministère saoudien de la Culture
  • L’œuvre de Mohannad Shono explore, en grande partie, la manière dont le récit influence la société contemporaine

DUBAÏ: Une grande forme circulaire, qui ressemble à une planète tachetée de cratères et de points noirs, est en constante évolution sous les yeux du spectateur.

Il s’agit de The Fifth Sun, une projection murale textile (avec son) créée en 2017 par l’artiste saoudien Mohannad Shono. Selon l’artiste, elle explore les prophéties autoréalisatrices – et les «blessures auto-infligées» – concernant la destruction et la renaissance. Cette œuvre de Mohannad Shono – l’un des artistes contemporains les plus prometteurs d’Arabie saoudite – est exposée à la Biennale internationale d’art contemporain d’Amérique du Sud (Bienalsur) à Buenos Aires, grâce au soutien du ministère saoudien de la Culture.

Le parcours de l’artiste né à Riyad est aussi inspirant que peu conventionnel. Enfant, il commence à créer ses propres bandes dessinées – une activité secondaire qu’il a continué de faire même quand il étudiait l’architecture dans la province orientale de l’Arabie saoudite. Finalement, il décide de se consacrer à son art à plein temps et publie l’une des premières bandes dessinées en Arabie saoudite grâce à une petite maison d’édition indépendante.

Le parcours de l’artiste né à Riyad est aussi inspirant que peu conventionnel. (Fourni)
Le parcours de l’artiste né à Riyad est aussi inspirant que peu conventionnel. (Fourni)

Il quitte le Royaume en 2004 pour faire carrière dans la publicité à Dubaï et à Sydney mais il continue de perfectionner son art en parallèle. Quand il retourne à Riyad en 2015, il découvre que le pays a beaucoup changé et participe à des expositions d’art. Il s’impose alors comme l’étoile montante dans le mouvement artistique saoudien local.

Depuis, son travail est exposé dans son pays et à l’étranger (notamment en Corée du Sud et en Allemagne). Il participe également à des résidences d’artistes en Autriche, en Suisse et en Allemagne.

Au cœur de l’art conceptuel de Mohannad Shono, qu’il crée à partir d’une variété de supports, notamment des œuvres sur papier, des films et des installations, il y a une enquête sur la compréhension humaine. Ses œuvres, bien que non représentatives de la forme humaine ou du monde extérieur, débordent de suggestions et d’émotions. Elles sont créées, explique l’artiste, à partir «d’une existence imaginée, dépourvue de temps et d’espace». Selon lui, cette existence le libère de son propre sentiment de déplacement qui découle de son éducation en tant que Syrien ayant grandi en Arabie saoudite.

Our Inheritance of Meaning, 2019. (Fourni)
Our Inheritance of Meaning, 2019. (Fourni)

Mohannad Shono expose cinq autres œuvres à Bienalsur: The Silent Press (2019), The Name of All Things (2019), The Reading Ring (2019), Our Inheritance of Meaning (2019) et Stolen Words, un nouveau travail à l’encre sur papier.

La majorité d’entre elles ont également été présentées dans le cadre de l’exposition solo de l’artiste The Silence is Still Talking à la galerie Athr de Djeddah.

«Ces œuvres explorent notre relation avec la nature des mots et leur sens», explique M. Shono. «Elles nous guident à travers le travail acharné nécessaire pour réformer le mot. Nous commençons par décortiquer le mot “endurci”. J’entends par-là les choses que nous essayons de séparer et de comprendre de nouveau ou de rompre jusqu’à ce qu’elles perdent leur sens pour créer de nouveaux mots ayant de nouvelles significations et peut-être mettre en place des solutions dont on a désespérément besoin.»

The Name of All Things, 2019. (Fourni)
The Name of All Things, 2019. (Fourni)

The Name of All Things est un bon exemple de ce que Mohannad Shono essaie de réaliser. Il s’agit d’une installation constituée de poussière provenant de mots qui ont été écrits au charbon avant d’être broyés. La poussière repose sur une table vibrante de sorte à être secouée à travers la toile. Les formes qu’elle crée se reforment constamment en «dispositions illimitées».

«À partir des marques que laisse ce processus, de nouvelles significations à ces vieux mots peuvent émerger», indique M. Shono. «Ce sont des symboles qui peuvent potentiellement contenir et incarner de nouveaux mots et de nouvelles significations. Bien qu’ils soient encore illisibles, ils sont en train d’être déchiffrés.»

L’œuvre de l’artiste explore, en grande partie, la manière dont le récit influence la société contemporaine. «Les êtres humains sont programmés pour graviter autour de récits élaborés», explique-t-il. «Nous aimons consommer le récit dans ses différents supports – livres, émissions, films, etc. Cette croyance dans le récit nous aide aussi à nous retrouver en tant que tribus: nous pouvons nous rassembler autour d’un récit et cela nous aide à nous organiser selon certaines règles énoncées dans une histoire. Le récit nous donne le pouvoir de nous organiser en de plus grands groupes, rassemblés autour d’un ensemble d’histoires et de croyances. Plusieurs millions de personnes peuvent ainsi se retrouver sur la même longueur d’onde en raison de cette croyance communément partagée dans un récit particulier – un récit que tout le monde dans ce groupe a établi comme vérité.»

The Fifth Sun, 2017. (Fourni)
The Fifth Sun, 2017. (Fourni)

L’œuvre centrale de l’exposition The Silence is Still Talking est The Silent Press – une installation à grande échelle composée de trois parchemins de pigment sur papier qui ressemblent à une ancienne presse à imprimer. L’œuvre reflète les explorations de Mohannad Shono sur le sens caché du mot écrit. «C’est une imprimerie en état d’inactivité; elle est donc silencieuse et non en mouvement», souligne-t-il. «Les pigments sont agités par le son de sorte que l’on arrive à voir leurs mouvements sur le papier mais sans entendre le son qui en est à l’origine. J’ai supprimé l’intentionnalité dans une tentative de découvrir une nouvelle langue et un nouveau sens.»

Ainsi, au lieu de mots reconnaissables, les parchemins sont recouverts de formes noires indéfinies, révélant une langue qui leur est propre.

«Je m’intéresse au pouvoir des interprétations et des lectures fluides», déclare M. Shono à Arab News. «Des significations inflexibles par rapport à des mots qui ont une interprétation ouverte, fluctuante.»

The Silent Press, 2019. (Fourni)
The Silent Press, 2019. (Fourni)

La relation personnelle de Mohannad Shono avec l’écrit est compliquée. L’artiste est dyslexique et n’est pas à l’aise pour écrire en anglais, en arabe ou en public. Cependant, ces œuvres lui permettent de «former sa propre langue». Les arrangements en constante évolution de cette langue créent naturellement des significations toujours changeantes pour ses «mots».

M. Shono a retravaillé certaines de ses pièces pour Bienalsur à la lumière de ses propres expériences et de celles d’autres personnes pendant la pandémie de Covid-19.

«Il faut souvent quelques démonstrations d’une œuvre pour voir le lien entre les choses. Tout parle de notre relation, personnelle et collective, avec le changement», précise-t-il. «J’ai l'impression que tout est connecté et que tout résonne en même temps. Tout cela fait partie de cette compréhension continue de moi-même, de mon travail et des raisons pour lesquelles je fais ce travail.»

«Le changement se poursuit», conclut-il. «Mon travail porte sur la manière dont nous pouvons accepter et apprécier le changement et tolérer un moyen plus fluide de lire les choses – plutôt qu’une interprétation rigide du texte.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.