L’artiste égyptienne Nora Zeid capture le chaos du Caire dans sa nouvelle exposition

Une partie de la série Cairo Illustrated, Nora Zeid, 2021. (Photo fournie)
Une partie de la série Cairo Illustrated, Nora Zeid, 2021. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 02 octobre 2021

L’artiste égyptienne Nora Zeid capture le chaos du Caire dans sa nouvelle exposition

  • L’exposition Cairo Illustrated de l’artiste égyptienne à Dubaï explore la signification et la valeur du «patrimoine»
  • «Je navigue constamment entre mes expériences personnelles et des réflexions plus générales sur la manière dont nous prenons soin de notre patrimoine et dont nous le valorisons»

DUBAÏ: «Je sens que je ne me lasse jamais de dessiner des scènes du Caire», dit Nora Zeid, illustratrice, créatrice et plasticienne qui se lance dans sa première exposition personnelle. «C’est une ville visuellement riche, bruyante, et elle submerge vos sens de tant de façons différentes. Elle est tellement étonnante à explorer pour un artiste.»

La jeune Égyptienne parle joyeusement de sa ville natale, avec toute sa folie et ses travers, bien qu’elle ait vécu en tant qu’expatriée à Dubaï pendant une grande partie de sa vie.

«Vous savez ce que je préfère? Les façades des immeubles résidentiels», confie-t-elle. «Les architectes qui ont conçu ces bâtiments ont probablement voulu qu’ils soient uniformes et que tous les balcons se ressemblent. Mais lorsque vous regardez la façade d’un immeuble résidentiel au Caire, vous pouvez remarquer que chaque appartement est différent de l’autre. Quelqu’un a installé quelques plantes, quelqu’un a peint son balcon en bleu et quelqu’un d’autre a décidé de fermer son balcon pour créer une pièce supplémentaire. C’est un rythme étrange où chaque personne fait ce qu’elle veut, où chacun s’assume pleinement.»

Nora Zeid est une illustratrice, créatrice et plasticienne. (Photo fournie)

Pour un artiste, cela est extrêmement passionnant, affirme Zeid, qui représente la ville de sa naissance et ses subtilités souvent négligées dans une nouvelle exposition au Tashkeel de Dubaï en utilisant des illustrations numériques et dessinées à la main. «Il y a des couches et des couches de détails et de structures, et traduire cela en illustrations en noir et blanc est extrêmement agréable parce que je prends toute cette complexité et je la réduis à quelque chose d’un peu digeste visuellement.»

Dans l’exposition Cairo Illustrated: Stories from Heliopolis («Le Caire illustré: histoires d’Héliopolis»), qui se tient à Tashkeel jusqu’au 23 octobre, Nora Zeid fige des moments dans l’espace et le temps, souvent à l’aide de photos prises par elle-même ou par sa famille et ses amis. Ces images permettent à l’artiste de remarquer des détails qui lui auraient échappé autrement, comme un chat dormant dans le coin d’une pièce ou une pile de chaises prenant la poussière.

Cairo Illustrated: Stories from Heliopolis, illustration numérique imprimée, page 10 (Photo fournie)

«Ces illustrations sont vraiment spatiales», explique-t-elle. «Tout ce qui se trouve au premier plan est généralement très détaillé, mais à mesure que je me rapproche de l’arrière-plan, j’abstrais mes lignes. Je maintiens une sorte de complexité structurelle, mais lorsque les bâtiments, les objets et les personnes disparaissent au loin, ils deviennent plus abstraits. J’essaie de reproduire la sensation que j’éprouve lorsque je me trouve dans une rue animée. Je conserve tous les détails sans nécessairement donner la signification de chaque élément.»

L’exposition, qui marque la clôture de l’édition 2020 du Programme de pratique critique de Tashkeel, a été motivée par le désir de Zeid de comprendre sa ville natale. En tant qu’expatriée, elle s’est sentie étrangère au Caire et a souvent porté un jugement sur la ville, notamment sur les embouteillages, sur la pollution et sur les nombreux défis quotidiens auxquels sont confrontés ses habitants. «C’est une approche plus empathique envers soi-même et envers la ville que d’essayer de comprendre ce qu’elle est, plutôt que de porter un jugement», estime-t-elle. Elle a donc entrepris d’effectuer des recherches sur la ville, ses quartiers et ses habitants, avant de limiter ses recherches à Héliopolis. Elle y a recueilli des histoires et enregistré des souvenirs, pris des photos pour avoir des repères visuels et s’est immergée dans la surcharge sensorielle qu’est le Caire.

Cairo Illustrated: Stories from Heliopolis, illustration numérique imprimée, page 9 (Photo fournie)

L’une des histoires est celle de sa grand-mère, qui fréquente un restaurant appelé Chantilly depuis quarante ans. Une autre est celle de l’architecte Omniya Abdel Barr. Zeid se souvient qu’enfant, elle était perplexe devant les cercles ornementaux vides qu’elle voyait sur les façades des bâtiments de Korba. Plusieurs années plus tard, elle a découvert qu’il s'agissait de blasons imitant l’architecture mamelouke. Cependant, ils sont dépourvus de l’écriture arabe qui aurait permis d’identifier le commanditaire du bâtiment, car ils avaient été construits par des Européens qui ne comprenaient pas l’arabe.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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L’ensemble des histoires forment une bande-dessinée déconstruite de 32 pages, précise Zeid, qui espère ajouter «plus de souvenirs, plus de détails et plus d’histoires» car elle pense que ces histoires «constituent le tissu de notre patrimoine». C’est le concept de patrimoine, ou ce qui représente le patrimoine, qui inspire une grande partie de l’exposition.

«La valorisation de notre patrimoine en Égypte est souvent liée au tourisme, plutôt qu’à notre identité ou à la volonté de mieux comprendre notre histoire», explique Nora Zeid, qui aime que son travail soit accessible et qui est diplômée de l’université américaine de Sharjah. «Notre patrimoine est protégé et sauvegardé pour les touristes, mais c’est seulement notre patrimoine ancien, à savoir le patrimoine pharaonique, islamique et copte, qui est entretenu. Tout cela m’a amenée à m’interroger sur ce que nous considérons comme patrimoine, sur la valeur que nous lui accordons et sur la manière dont nous en prenons soin. Je voulais explorer la manière dont nous apprécions tout ce qui est ancien. Qu’en est-il des espaces plus nouveaux, plus modernes? Qu’en est-il des lieux comme Chantilly, qui font partie de notre patrimoine parce qu’ils sont présents dans notre mémoire collective?»

Cairo Illustrated: Stories from Heliopolis, illustration numérique imprimée, page 8 (Photo fournie)

Ces questions ont permis à la jeune artiste de découvrir comment le tourisme, les infrastructures et les modifications du paysage urbain ont influencé la manière dont les Cairotes définissent leur patrimoine et interagissent avec lui, comment les nouveaux projets d’infrastructure perturbent l’harmonie urbaine et comment la valeur du patrimoine bâti est fortement liée à l’âge.

Elle n’a pas traité ce sujet seule. L’égyptologue Monica Hanna est citée dans l’une des pages illustrées, tandis que Mahy Mourad, architecte, chercheur indépendant et créateur pluridisciplinaire basé au Caire, a rédigé un court essai pour le catalogue imprimé de l’exposition. Omniya Abdel Barr a également écrit au sujet des lieux et des souvenirs. Il n’est pas étonnant que Lisa Ball-Lechgar, directrice adjointe de Tashkeel, affirme que l’exposition est un «commentaire opportun sur le débat en cours sur l’urbanisation, la socioéconomie, le patrimoine et l’appartenance».

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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«Je navigue constamment entre mes expériences personnelles et des réflexions plus générales sur la manière dont nous prenons soin de notre patrimoine et dont nous le valorisons», indique Zeid, qui a été encadrée tout au long du Programme de pratique critique par la créatrice, chercheuse et éducatrice Ghalia Elsrakbi et par la cofondatrice de Möbius Design Studio, Hala Al-Ani.

«Le passage de la vue partielle à la vue d’ensemble, du personnel au général, rend le sujet abordable. Je veux que les personnes qui visitent l’exposition réfléchissent à leur propre expérience et à la manière dont elles peuvent être liées à leur propre patrimoine.»

«Je veux vraiment que les gens pensent au-delà de ce qui nous a été enseigné, en termes de ce que nous définissons comme patrimoine et de ce que nous considérons comme digne d’être préservé. Il ne s’agit pas seulement de l’âge d’un bâtiment ou d’un monument. Il ne s’agit pas seulement de savoir s’il a une signification religieuse. Un immeuble résidentiel des années 1950 peut être tout aussi important qu’un monument du XIVe ou du XVe siècle, car tout cela fait partie de notre histoire.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com