En Chine, les fans font profil bas face à la reprise en mains du monde du divertissement

Les fans alimentent la lucrative économie des idoles, dont les médias d'État avaient prévu qu'elle représenterait 140 milliards de yuans (18,7 milliards d'euros) d'ici 2022 (Capture d’écran, AFP).
Les fans alimentent la lucrative économie des idoles, dont les médias d'État avaient prévu qu'elle représenterait 140 milliards de yuans (18,7 milliards d'euros) d'ici 2022 (Capture d’écran, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 02 octobre 2021

En Chine, les fans font profil bas face à la reprise en mains du monde du divertissement

  • La Chine a interdit les classements de célébrités en ligne, les collectes de fonds et autres outils utilisés par les fans chinois pour que leurs idoles restent tendances sur les réseaux sociaux
  • Dans un pays où les jeunes ont peu d'autres moyens d'influencer la vie publique, les créateurs de contenu pour fans à plein temps peuvent faire sortir une star de l'ombre

PEKIN: Comme une légion d'autres fans chinois, Chen Zhichu, lycéenne de Pékin, passait 30 minutes par jour à promouvoir en ligne son acteur favori, avant que cette pratique n'entre dans le collimateur du gouvernement qui considère qu'elle promeut des "valeurs malsaines".

Le mois dernier, la réglementation de l'Etat a interdit la "chasse irrationnelle aux stars", c'est-à-dire les classements de célébrités en ligne, les collectes de fonds et autres outils utilisés par les fans chinois pour que leurs idoles restent tendances sur les réseaux sociaux, alors que le pouvoir opère une reprise en main dans le monde du divertissement.

"J'avais l'habitude de faire remonter les publications (de l'acteur Xiao Zhan) sur son forum de fans Weibo et d'acheter les produits dont il faisait la promotion", raconte à l'AFP Chen Zhichu, 16 ans.

"C'était assez épuisant d'essayer de faire en sorte qu'il reste en tête des tendances chaque jour", avoue-t-elle.

Les fans alimentent la lucrative économie des idoles, dont les médias d'État avaient prévu qu'elle représenterait 140 milliards de yuans (18,7 milliards d'euros) d'ici 2022.

Dans un pays où les jeunes ont peu d'autres moyens d'influencer la vie publique, les créateurs de contenu pour fans à plein temps peuvent faire sortir une star de l'ombre en créant des images virales d'elle.  

«Chasse irrationnelle»

Selon ses critiques, la culture des fans est une industrie qui exploite les mineurs et repose sur un engagement gonflé artificiellement sur les réseaux sociaux. 

Avec ces nouvelles règles, le gouvernement entend limiter les comportements qu'il considère comme une "chasse irrationnelle aux stars", tels que le harcèlement, le "doxxing" (une pratique qui consiste à dévoiler des informations privées sur quelqu'un) et les guerres acharnées en ligne entre communautés de fans. 

Mais de nombreux fans disent qu'ils prennent plaisir à voir leurs idoles s'épanouir et qu'ils ont trouvé un sentiment de communauté dans l'espace en ligne partagé.

Les autorités communistes s'inquiètent également des idoles pour une autre raison : leur capacité à mobiliser des armées de fans en un instant, dominant souvent les médias sociaux pendant des jours.

"C'est le début d'un mouvement de masse et c'est ce que le gouvernement ne veut pas", estime un professeur de sciences sociales dans une université chinoise qui ne souhaite pas être nommé. 

Ces derniers mois, de multiples mesures de répression ont balayé les secteurs de la technologie, de l'éducation et du showbiz, les autorités ciblant de plus en plus les riches et les puissants dans le but d'instaurer une plus grande égalité socio-économique. 

Mais il s'agit aussi en partie d'inculquer aux jeunes des valeurs sociétales "saines", validées par le gouvernement, afin qu'ils soient moins influencés par les célébrités dévoyées.

"Les jeunes Chinois manquent d'autres types d'idoles", juge Fang Kecheng, professeur de communication à l'Université chinoise de Hong Kong. 

"Il est très difficile pour eux d'avoir d'autres moyens de participation civique" comme l'activisme, ajoute-t-il.

Le mois dernier, l'organisme chinois de réglementation de la radiodiffusion a interdit les artistes ayant une "moralité défaillante" et des "opinions politiques incorrectes", ainsi que ce qu'il a appelé les "hommes efféminés" - une esthétique androgyne popularisée par les boysbands coréens et imitée par des idoles chinoises comme Xiao Zhan.

Les experts y voient le signe d'un malaise croissant de Pékin face à d'autres formes de masculinité, à une époque de baisse des taux de natalité et de montée du nationalisme.

«Une étape»

Pour Li Chengxi, idole en herbe de Shanghai de 26 ans, la répression de la culture des célébrités "est une étape par laquelle l'industrie doit passer pour grandir", explique-t-elle à l'AFP, lors des répétitions d'un concours de danse de téléréalité filmé à Nantong, dans l'est de la Chine. 

Danseuse et actrice, elle a joué dans quelques films et dans des concours d'idoles, un genre désormais interdit par les autorités de régulation de la radiodiffusion.

Mais elle ne se laisse pas impressionner par le risque que cette nouvelle réglementation n'entrave sa carrière. 

"Lorsque d'énormes vagues déferleront sur le rivage, l'or laissé derrière brillera encore plus fort", dit-elle. 

Les artistes chinois qui souhaitent connaître le succès auprès du grand public n'ont guère d'autre choix que d'approuver la politique de l'État, dont la désapprobation peut finir par couler leur carrière.

Et pour l'instant, les superfans font profil bas, en ligne comme hors ligne. 


Nouvelle date pour la conférence sur l’État palestinien relancée par la France et l’Arabie saoudite

Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
Short Url
  • Initialement prévue du 17 au 20 juin, la conférence a été reportée après le lancement par Israël, le 13 juin, d'une guerre de 12 jours contre l'Iran
  • L'objectif de la conférence, reprogrammée pour les 28 et 29 juillet, est l'adoption urgente de mesures concrètes conduisant à la mise en œuvre d'une solution à deux États

NEW YORK : Une conférence internationale organisée et coprésidée par l'Arabie saoudite et la France pour discuter de la création d'un État palestinien, qui avait été reportée le mois dernier, a été reprogrammée pour la fin du mois.

"La conférence ministérielle sur la solution des deux États reprendra les 28 et 29 juillet ; les détails seront communiqués sous peu", ont confirmé des diplomates à Arab News vendredi.

Initialement prévu du 17 au 20 juin, l'événement, officiellement intitulé "Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États", a été reporté après le lancement par Israël, le 13 juin, de son opération militaire de 12 jours contre l'Iran.

L'événement, convoqué par l'Assemblée générale des Nations unies, aura lieu au siège des Nations unies à New York. L'objectif est l'adoption urgente de mesures concrètes qui conduiront à la mise en œuvre d'une solution à deux États et mettront fin à des décennies de conflit entre Israéliens et Palestiniens.

Au moment du report, le mois dernier, le président français Emmanuel Macron avait déclaré que la conférence était repoussée pour des raisons logistiques et de sécurité, mais avait insisté sur le fait qu'elle se tiendrait "dès que possible".

Ce report ne "remet pas en cause notre détermination à aller de l'avant dans la mise en œuvre de la solution des deux États", avait-il ajouté

M. Macron devrait annoncer officiellement la reconnaissance par la France d'un État palestinien lors de cet événement. Cette semaine, il a exhorté les autorités britanniques à faire de même.

La Palestine est officiellement reconnue par 147 des 193 États membres de l'ONU. Elle bénéficie du statut d'observateur au sein de l'organisation, mais n'en est pas membre à part entière.

Lors d'une réunion préparatoire des Nations unies en mai, Manal Radwan, conseillère au ministère saoudien des affaires étrangères, a déclaré que la conférence intervenait à un moment "d'urgence historique", alors que Gaza "endurait des souffrances inimaginables".

Elle a déclaré que l'Arabie saoudite était honorée de se tenir aux côtés des autres nations engagées dans des efforts diplomatiques pour apporter "un changement réel, irréversible et transformateur, afin d'assurer, une fois pour toutes, le règlement pacifique de la question de la Palestine".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Short Url
  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
Short Url
  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".