Furieuse des déclarations attribuées à Macron, l'Algérie rappelle son ambassadeur en France

Alger a décidé samedi de rappeler "pour consultations" son ambassadeur à Paris, un geste qui n'a pas été expliqué dans l'immédiat mais s'inscrit dans un contexte de tensions accrues avec la France (AFP)
Alger a décidé samedi de rappeler "pour consultations" son ambassadeur à Paris, un geste qui n'a pas été expliqué dans l'immédiat mais s'inscrit dans un contexte de tensions accrues avec la France (AFP)
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Publié le Dimanche 03 octobre 2021

Furieuse des déclarations attribuées à Macron, l'Algérie rappelle son ambassadeur en France

  • Selon les médias algériens, le rappel de l'ambassadeur d'Algérie à Paris est motivé cette fois par des déclarations de M. Macron reprises dans un article publié samedi matin par le journal français Le Monde
  • C'est la deuxième fois qu'Alger convoque son ambassadeur à Paris depuis mai 2020

Alger : L'Algérie a annoncé samedi le "rappel immédiat pour consultation" de son ambassadeur à Paris, en expliquant cette décision par son "rejet catégorique" de déclarations attribuées au président français Emmanuel Macron évoquant notamment "un système politico-militaire" au pouvoir à Alger.

Dans un communiqué, la présidence algérienne a dit exprimer son "rejet de toute ingérence dans ses affaires intérieures" en précisant réagir à des "propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément" à M. Macron. En raison d'une "situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables", Alger a décidé "le rappel immédiat pour consultation" de son ambassadeur à Paris Mohamed Antar-Daoud.

Avant-même qu'Alger diffuse un deuxième communiqué explicant sa courte annonce initiale via la télévision publique, les médias algériens avaient diffusé largement des déclarations prêtées à M. Macron publiées par le journal Le Monde samedi matin, en les qualifiant d'"acerbes" et de "dérapage". 

Selon un article qui relate une rencontre jeudi entre le président et de jeunes descendants de protagonistes de la guerre d'Algérie (1954-1962), le président français estimerait qu'après son indépendance en 1962, l'Algérie s'est construite sur "une rente mémorielle", entretenue par "le système politico-militaire". 

Selon Le Monde, M. Macron a évoqué aussi "une histoire officielle totalement réécrite" qui "ne s'appuie pas sur des vérités" mais sur "un discours qui repose sur une haine de la France".

Les relations entre Paris et Alger étaient déjà tendues. 

Mercredi, l'ambassadeur de France François Gouyette avait été convoqué au ministère des Affaires étrangères algérien pour se voir notifier "une protestation formelle" après la décision de Paris de réduire de moitié les visas accordés aux Algériens souhaitant se rendre en France.

A ce propos, dans l'article du Monde, M. Macron souligne à l'attention de ses jeunes interlocuteurs que la réduction des visas n'aura "pas d'impact" pour les étudiants et milieux d'affaires. En revanche, ajoute-t-il, l'idée est "d'ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant" et qui "avaient l'habitude de demander des visas facilement". 

En réponse à une jeune fille qui a grandi à Alger, M. Macron assure, selon Le Monde, ne pas penser qu'il y ait une "haine" contre la France "de la société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s'est construit sur cette rente mémorielle".

M. Macron aurait dit: "on voit que le système algérien est fatigué, le Hirak (le mouvement pro-démocratie, à l'origine de la démission en 2019 du président Abdelaziz Bouteflika, récemment décédé, ndlr) l'a fragilisé". 

Dans son échange, le président français aurait assuré avoir "un bon dialogue avec le président (algérien, Abdelmajid) Tebboune", mais il aurait ajouté toutefois: "je vois qu'il est pris dans un système qui est très dur".

Sous le titre "Macron au vitriol sur le +système algérien+", le média francophone 24H Algérie a estimé que le président français avait parlé "comme tous les +historiens+ et les +intellectuels+ de la droite et de l'extrême droite, allergiques à toute remise en cause de +l'héritage+ colonial français et de la reconnaissance des crimes coloniaux massifs commis en Algérie et ailleurs en Afrique".

«Registre mémoriel complexe»

Le journal privé El Watan consacre sa Une de dimanche au "dérapage de Macron", avec une ligne où il estime que "le président français a émis des critiques acerbes vis-à-vis des dirigeants algériens". 

Pour les médias locaux, un autre passage des déclarations de M. Macron est une pomme de discorde. 

"Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c'est la question", se serait interrogé le président français, en rappelant qu'il y a eu "de précédentes colonisations". Avant de se dire, selon Le Monde, "fasciné de voir la capacité qu'a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu'elle a joué en Algérie et la domination qu'elle a exercée", en allusion à l'Empire ottoman.

Les déclarations attribuées au président français ont provoqué une tempête aussi sur les réseaux sociaux, beaucoup reliant les déclarations de M. Macron à la campagne présidentielle en France "pour couper l'herbe sous le pied de (Eric) Zemmour", un journaliste polémiste qui marche sur les plate-bandes de l'extrême droite et se dit décidé à être candidat. 


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.