Anwar Gargash : La rivalité États-Unis/Chine place les pays du Golfe devant des choix difficiles

Anwar Gargash, conseiller diplomatique à la présidence des EAU et ancien ministre d'État aux affaires étrangères, prend la parole lors de la World Policy Conference à Abou Dhabi. (Capture d'écran)
Anwar Gargash, conseiller diplomatique à la présidence des EAU et ancien ministre d'État aux affaires étrangères, prend la parole lors de la World Policy Conference à Abou Dhabi. (Capture d'écran)
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Publié le Lundi 04 octobre 2021

Anwar Gargash : La rivalité États-Unis/Chine place les pays du Golfe devant des choix difficiles

  • La Chine s'impose comme un acteur économique puissant dans la région et constitue le premier acheteur de pétrole brut du Golfe
  • Si la Chine offre des opportunités lucratives de partenariat aux pays du Golfe, les États-Unis restent un allié stratégique bien plus transparent

ABOU DHABI : La concurrence entre les États-Unis et la Chine sur le plan économique et stratégique pèse lourdement sur les pays arabes du Golfe. C'est ce qu'a déclaré un haut responsable émirati aux délégués des pays réunis pour la deuxième journée de la 14e World Policy Conference (Conférence sur la politique mondiale) à Abou Dhabi.

Anwar Gargash occupe le poste de conseiller diplomatique à la présidence des EAU et a été ministre d'État aux affaires étrangères. Il estime que la rivalité géopolitique contraint les pays de la région à faire des choix difficiles en matière de partenariats stratégiques et commerciaux.

Par ailleurs, M. Gargash a exhorté la communauté internationale à dénoncer ces pressions et à ne pas se transformer en pions d'une nouvelle guerre froide. « Je suis convaincu que si ce message parvient à la Chine, aux États-Unis et à d'autres pays, il entraînera, à lui seul, la naissance de ce que j’appelle une obligation morale collective », a-t-il déclaré samedi dernier.

« Nous sommes tous préoccupés, énormément, par la perspective d'une guerre froide qui se profile. C’est une mauvaise nouvelle pour nous tous, dans la mesure où l'idée de devoir choisir pose en elle-même des problèmes au niveau international, et je pense que ce parcours sera semé d'embûches ».

En effet, les EAU, de même que les autres pays arabes du Golfe, ont été pendant longtemps de proches alliés des États-Unis. Depuis un certain temps, la Chine s'impose toutefois comme un acteur économique puissant dans la région et sa soif de pétrole brut la place en tête des acheteurs du Golfe. Cette réalité plonge des pays comme les EAU dans un dilemme de taille.

 « Cela posera un défi de taille pour nous tous », a affirmé M. Gargash. « Pour nous, les Émirats arabes unis, notre partenaire stratégique prédominant reste les États-Unis, mais la Chine constitue notre principal ou notre deuxième partenaire économique – aux côtés de l'Inde ».

Même si les Chinois offrent des opportunités lucratives en matière d'affaires et de partenariats commerciaux, M. Gargash a fait remarquer que les EAU voient dans les Américains des alliés stratégiques bien plus transparents.

« La Chine conservera sa place prépondérante », a affirmé M. Gargash. « La position des États-Unis se dégage des publications, des conférences et des discussions. En revanche, comprendre la position de la Chine est, à mon avis, plus complexe ».   

La guerre d’ordre commercial liée aux politiques économiques de la Chine a, par la suite, évolué en un affrontement entre différentes idéologies. Cela a suscité des tensions grandissantes en mer de Chine méridionale ainsi que des clivages entre les États-Unis et leurs alliés historiques d'Europe.

C'est ainsi que les relations bilatérales entre les États-Unis et la Chine se sont effondrées en 2018, quand Donald Trump, alors président, a imposé à la Chine des droits de douane dissuasifs. Cette mesure a été suivie de restrictions sur l'accès de la Chine aux produits technologiques américains et aux investissements étrangers, sur fond de préoccupations sécuritaires, et de pratiques commerciales chinoises jugées abusives.

Dans la foulée, le président Joe Biden a donné plus de poids aux politiques de son prédécesseur. Il a, en effet, consolidé les alliances anti-chinoises et imposé de nouvelles sanctions. S'inspirant du livre de jeu de la guerre froide, Joe Biden a décrit le conflit entre les États-Unis et la Chine comme étant « une bataille entre les démocraties et les autocraties au XXIe siècle ».

Pour les analystes, les tensions entre les États-Unis et la Chine sont motivées par les rivalités entre grandes puissances, exacerbées par une méfiance mutuelle à l'égard des objectifs stratégiques de l'autre partie, plutôt que par les réalités économiques.

Par ailleurs, M. Gargash a attiré l'attention sur les incidences de la Covid-19 sur les relations internationales, estimant que la pandémie souligne à quel point il est nécessaire de renforcer la coopération et non la confrontation.

« Nous constatons que les changements dans le système international prennent de multiples dimensions », dit-il. « Je pense que la pandémie nous a appris que nos priorités géostratégiques ne doivent pas être uniquement d’ordre politique... mais qu'elles peuvent porter sur d'autres domaines ».

« Chacun de nous doit comprendre que la solution réside dans la communication et non dans la confrontation ».

« Cela ne signifie pas que nous pourrons changer la perception de l'Iran du rôle qu'il joue dans la région, ni celle de la Turquie, ni notre vision du monde arabe et de la manière dont il faudrait le ramener à un système régional plus dynamique. Dans le même temps, nous devons toutefois comprendre que les confrontations doivent être évitées à tout prix ».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.

 

 


Forts bombardements sur la ville de Gaza après le soutien de Rubio à Israël

La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël. (AFP)
La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël. (AFP)
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  • Marco Rubio a promis lundi au gouvernement de Benjamin Netanyahu le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza
  • Quelques heures plus tard, de très fortes frappes se sont fait entendre dans la bande de Gaza, assiégée et affamée, selon des témoins

GAZA: La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël.

Marco Rubio a promis lundi au gouvernement de Benjamin Netanyahu le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Quelques heures plus tard, de très fortes frappes se sont fait entendre dans la bande de Gaza, assiégée et affamée, selon des témoins.

"Il y a des bombardements massifs et incessants sur la ville de Gaza et le danger ne cesse d'augmenter", a déclaré à l'AFP Ahmed Ghazal, un habitant de cette zone.

Cet homme de 25 ans a décrit une "explosion qui a violemment secoué le sol du quartier" peu après 01H00 locale mardi (22H00 GMT lundi).

"J'ai couru dans la rue, sur le site de la frappe", "trois maisons" d'un bloc résidentiel "ont été complètement rasées". "De nombreuses personnes sont emprisonnées sous les débris et on peut entendre leurs cris."

Le porte-parole de la Défense civile de la bande de Gaza, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP que "les bombardements se (poursuivaient) intensément dans toute la ville de Gaza", précisant que "le nombre de morts et de blessés (continuait) d'augmenter".

"Il y a des morts, des blessés et des personnes disparues sous les décombres suite à des frappes aériennes israéliennes visant un bloc résidentiel près de la place Al-Shawa dans la ville de Gaza", a-t-il détaillé, évoquant "un massacre majeur".

La Défense civile avait fait état de 49 Palestiniens tués lundi, dont plus de la moitié à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

Le déplacement de M. Rubio dans la région intervient après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

Rassurer Doha 

Après Jérusalem, M. Rubio se rend mardi à Doha, où il devrait rencontrer le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, pays médiateur entre Israël et le Hamas et qui abrite la plus grande base aérienne américaine de la région, avait provoqué de rares critiques de Donald Trump contre Israël.

Le président américain a assuré lundi à des journalistes dans le Bureau ovale qu'Israël "ne frappera pas au Qatar".

Réunis lundi à Doha après l'attaque israélienne, les dirigeants arabes et musulmans ont appelé à "revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

Le secrétaire d'Etat américain s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

L'offensive israélienne à Gaza a suivi l'attaque du 7-Octobre qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.