Pour le Patriarche des maronites, « les politiciens libanais devraient avoir honte »

 Un Liban neutre, pluriconfessionnel, ouvert à toutes les cultures, solide partenaire de la communauté internationale et fort de ses institutions et de son armée. C’est à cela qu’appelle le patriarche maronite Béchara Raï. (Photo Arab News en français).
Un Liban neutre, pluriconfessionnel, ouvert à toutes les cultures, solide partenaire de la communauté internationale et fort de ses institutions et de son armée. C’est à cela qu’appelle le patriarche maronite Béchara Raï. (Photo Arab News en français).
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Publié le Jeudi 17 septembre 2020

Pour le Patriarche des maronites, « les politiciens libanais devraient avoir honte »

  • Dans un entretien exclusif accordé à Arab News en français, le cardinal Béchara Raï estime que « le Hezbollah a ses propres intérêts qui ne sont pas ceux du Liban»
  • « Macron s’est rendu au Liban au lendemain même de la double explosion alors qu’aucun homme politique libanais n’a osé se rendre au chevet du peuple ; comme Ponce Pilate, ils se lavent les mains de leurs responsabilités »

BEYROUTH: Un Liban neutre, pluriconfessionnel, ouvert à toutes les cultures, solide partenaire de la communauté internationale et fort de ses institutions et de son armée. C’est à cela qu’appelle le cardinal  Béchara Raï patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, alors que le Liban, qui vient de célébrer son premier centenaire, fait face à la crise économique et politique la plus importante de son histoire. Dans un entretien exclusif avec Arab News en français, le cardinal Raï s’est penché sur la crise libanaise, le Hezbollah et la question de la paix avec Israël.

QUESTION: Vous prônez une neutralité active au Liban et insistez pour l’inclure dans la déclaration ministérielle du gouvernement, pourquoi des factions politiques libanaises s’opposent-elles à votre projet ?

REPONSE: Cela m’étonne que des factions libanaises s’opposent à mon projet parce que ce n’est pas un projet personnel, ni un projet du patriarcat. La question de la neutralité active est inhérente à l’identité libanaise. Le Liban, du fait de sa nature, de sa composition pluriculturelle et pluriconfessionnelle est un pays démocratique ouvert à tous les pays de l’Orient et de l’Occident. Le Liban a depuis longtemps toujours été neutre. Au cours des cinquante années qui ont suivi la création du Grand Liban, de 1920 à 1969, le pays est resté neutre. Ensuite, la question palestinienne s’est invitée au Liban, avec l’accord du Caire, qui a permis aux Palestiniens d’effectuer des opérations militaires contre Israël depuis le territoire libanais. Une guerre civile s’en est ensuivie, avec l’apparition de différentes milices. Depuis 1975, nous ne faisons que dégringoler et nous avons perdu notre neutralité. La neutralité active n’est pas un projet, c’est un retour à notre essence, à notre identité. Il n’y a pas de factions qui s’y opposent mais probablement quelques-unes qui tirent profit de la situation actuelle et ne se prononcent pas.

Q: Le Hezbollah ne s’y oppose pas ?

R: C’est le seul qui ne s’est pas exprimé sur la question. Toutes les autres factions ne s’opposent pas à la neutralité.

Q: Que se passerait-il, si le Hezbollah déclarait qu’il s’opposait à la neutralité ?

R: Le Hezbollah nous demande si en adoptant la neutralité, nous permettrons à Israël de nous bombarder et resterons les bras croisés face à leurs agressions. Mais ce n’est pas le cas. La neutralité est composée de trois éléments inséparables et complémentaires. Le premier élément est que le Liban  n’a aucun intérêt à faire partie des conflits et des guerres de la région. C’est un petit pays, ce n’est pas un pays guerrier. Le second élément est lié à la mission même du Liban, qui est un pays de coexistence entre toutes les religions, un pays du dialogue et de l’ouverture. C’est un pays où tous les pays arabes et non arabes peuvent se retrouver et s’entendre.  Enfin  la neutralité réside dans la construction d’un Etat fort avec son armée et ses institutions, qui puisse exercer sa souveraineté à l’intérieur de son territoire, sans être fragmenté en  plusieurs républiques. Ce Liban, État fort, devrait grâce à son armée, être capable se répliquer à toute agression venant d’Israël ou d’autres pays.

Q: Cette vision correspond bien au Liban rêvé par la majorité des Libanais mais où en sommes-nous concrètement ? Quelle sera la situation si cette neutralité n’est pas adoptée ?

R: Le Liban est plus grand et plus vieux que le Hezbollah. Le Hezbollah est né dans les années 80, alors que le Grand Liban avait déjà 60 ans. L’identité libanaise est antérieure à la création du Hezbollah. Le Hezbollah a ses propres intérêts qui ne sont pas les intérêts du Liban, c’est la raison pour laquelle nous en sommes arrivés là aujourd’hui. Le Liban n’est pas un pays de guerre. Nous ne pouvons pas nous permettre une guerre. A cause de cela, nous sommes un pays à genoux, qui est aujourd’hui miné par la pauvreté. Je me souviens du Liban des années 50 et 60, quand le Liban était pleinement neutre. Le pays était prospère, personne n’était au chômage, la livre était une monnaie forte. Il est temps que nous revenions à nous-mêmes, à ce que nous sommes initialement. Aujourd’hui, nous sommes en train de nous suicider ; nous ne pouvons pas sacrifier le Liban pour le bon plaisir de quelqu’un ou d’un parti, que ce soit le Hezbollah ou d’autres. Mais, je vous le répète, le Hezbollah ne s’est pas encore prononcé sur le projet de neutralité active ni en public ni en privé.

Q: Quand le Liban sera un pays neutre, quelles seront les relations qu’il devrait entretenir avec ses voisins proches, comme Israël et la Syrie, et d’autres pays moins proches comme l’Iran?

R: Par le passé, le Liban était en bons termes avec tous les États, à commencer par l’Iran, il existait une grande amitié libano-iranienne. Le Liban n’avait pas d’ennemis. Et le pays n’a aucun intérêt à rompre ses relations avec un quelconque État. Car le Liban est un petit pays qui mise sur les liens culturels, commerciaux et humains. Il n’a aucun intérêt à ne pas avoir des amis partout.

Concernant Israël, le Liban respecte l’accord d’armistice de 1949. Nous sommes malheureusement des États ennemis. Nous n’avons pas commis d’agressions contre Israël mais c’est Israël qui a occupé le Liban et qui ne respecte pas les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, refusant le retour des Palestiniens des pays voisins et la création d’un État palestinien.

Malheureusement, c’est le Liban qui en subit toutes les conséquences.

Q: Pour le moment, un rapprochement s’est opéré entre Israël et les pays du Golfe.  L’accord de normalisation entre Israël, les Emirats Arabes Unis et le Bahreïn vient d’être signé. Est-ce que cela influencera plus tard les relations entre le Liban et Israël ?

R: Il faut insister sur deux points très importants. En 2002, lors du sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu au Liban, une importante initiative pour la paix a vu le jour. Elle envisageait des relations normalisées avec Israël et définissait les différentes responsabilités des États arabes et d’Israël pour parvenir à la paix. A Beyrouth, nous parlions enfin de paix, et plus de guerre. Les pays arabes ont chacun leurs propres intérêts, ils n’agissent pas en fonction d’idéaux utopiques. Ils n’ont pas de Palestiniens chez eux. Nous en avons, c’est différent. Ils font la paix avec Israël en se fondant sur cette initiative de paix, mais le dossier palestinien n’a pas les mêmes répercussions pour eux.

Je ne dis pas que nous devons normaliser les relations avec Israël aujourd’hui mais j’observe la manière dont cette normalisation se fait dans les pays arabes en train de mettre en œuvre l’initiative de paix de Beyrouth. Malheureusement, le Liban s’est retrouvé placé devant un fait accompli : il a du subir toutes les conséquences du dossier palestinien, et s’est retrouvé à combattre au nom de tous les Arabes, Ce n’est pas le Liban qui a choisi ce destin.

Pour ce qui concerne le Liban, il est nécessaire que la communauté internationale applique les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, que les troupes israéliennes qui se trouvent encore dans une partie du Liban-Sud se retirent, que la question de ce territoire disputé à la frontière soit tranchée, afin de savoir s’il est libanais ou syrien. Nous disons qu’il est libanais. Il faut également que la question des réfugiés palestiniens soit réglée. C’est leur droit de rentrer chez eux. Mais en attendant, le Liban paie tout seul le coût de la question palestinienne.

Q: Vous avez rendu visite en novembre 2018 à l’Arabie saoudite, comment cette visite s’était déroulée ? Et comment voyez-vous la politique de changement et d’ouverture?

R: J’ai été invité officiellement par le Roi à effectuer cette visite de 24 h. Je ne pouvais pas rester plus longtemps car je devais ensuite me rendre au Vatican. Je suis reconnaissant pour cette invitation car, lors de mon séjour, j’ai pu rencontrer le Roi et le Prince héritier. Nous avons évoqué la communauté libanaise en Arabie saoudite. A ce moment-là, les Libanais avaient peur d’être licenciés, mais le Roi m’avait rassuré, m’expliquant que l’Arabie saoudite tenait aux Libanais. J’ai également pu parler au Roi et au Prince héritier de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, qui venait de présenter sa démission depuis l’Arabie saoudite. Je leur ai expliqué qu’il était urgent qu’il puisse retourner au Liban, et il est rentré deux jours plus tard. J’ai pu également m’entretenir avec Saad Hariri.

Nous saluons et nous respectons beaucoup les réformes qui sont actuellement entreprises par l’Arabie saoudite. Le Prince héritier est ouvert à la modernisation de son pays.

Q: Comment jugez-vous l’initiative du président français Emmanuel Macron au Liban ? Y a-t-il des garanties de la France pour que le Liban soit un pays paisible et viable ?

R: Le Liban fait partie de la communauté arabe et internationale. Peut-on rester les bras croisés face un pays qui sombre aux yeux de tous, alors qu’il fait partie de la communauté internationale ? Il est évident que non, vous devez l’aider à se remettre sur pied. De nombreux pays ont tendu la main au Liban et pas seulement la France. Mais la France a toujours soutenu le Liban et cela depuis l’arrivée de Saint Louis au Liban en 1100. Il est très important de savoir que la France nous soutient politiquement sans se mêler des questions internes. La France ne peut pas nommer les ministres ou le gouvernement, par exemple.

Je voudrais aussi profiter de cette occasion pour remercier tous les États arabes et non arabes qui se sont précipités pour aider les Libanais dans leur détresse après la double explosion du 4 août dernier. C’est une preuve de la solidarité internationale et arabe envers le Liban. Cela veut dire que le petit pays qu’est le Liban est aimé. La communauté internationale est consciente que le Liban représente une valeur ajoutée dans la région et sur le plan international. Il faut que le Liban aussi soit à la hauteur de cette estime que la communauté internationale et arabe lui porte. Il faut qu’il forme un gouvernement, que ses hommes politiques ne se soucient plus de leurs intérêts et fassent passer en premier ceux du Liban.

L’initiative du président français entre dans ce cadre et est la bienvenue. Il s’est rendu au Liban deux fois en moins d’un mois pour pousser les politiciens libanais à former un gouvernement et à être unis. Ils devraient en avoir honte. C’est comme s’il incombait à la France ou à un autre État de venir en aide au Liban pour parer à la négligence de ses responsables politiques. M. Macron s’est rendu au Liban au lendemain même de la double explosion, visitant le port et le quartier de Gemmayzé, alors qu’aucun homme politique libanais n’a osé se rendre au chevet du peuple. Comme Ponce Pilate, ils se lavent les mains de leurs responsabilités.

Q: Dans cette double explosion, c’est la partie chrétienne de Beyrouth qui a été ravagée, et depuis 1990, l’année qui marque la fin de la guerre civile au Liban, les chrétiens du Liban quittent le pays. Comment faire pour les encourager à rester. Comment faire pour le Liban ne perde pas ses chrétiens comme en Irak et en Syrie ?

R: J’encourage toujours les Libanais, chrétiens et musulmans à rester dans ce pays, car ce qui m’intéresse, c’est une société libanaise islamo-chrétienne. Les mots ne suffisent pas pour les encourager. Nous utilisons les paroles, les principes, les constantes nationales, le patriotisme mais cela ne suffit pas, ils ont besoin de manger, de travailler, de pouvoir se réaliser et réaliser leurs rêves. Cette responsabilité relève des hommes politiques qui devraient assumer leurs responsabilités et cesser de jouer avec l’avenir du peuple libanais, en particulier des jeunes.

 Nous soutenons aussi tous les Libanais pour tout ce qui concerne les aides humanitaires. Avant la double explosion, l’Église avait mis en place des structures d’aide, bien avant la double explosion de Beyrouth et le confinement lié au coronavirus, cela dès le mois de janvier dernier. Nous sommes présents sur tout le territoire libanais pour aider les familles dans le besoin, pour qu’aucune famille ne meure de faim. Mais cela n’est pas suffisant. Les gens ne peuvent pas vivre comme des mendiants, ils veulent vivre dans la dignité. Cette situation ne peut pas durer plus longtemps. Mais que pouvez-vous dire à vos enfants s’ils veulent réaliser leurs rêves en partant à l’étranger où cela est possible ? Encore une fois, il faut que les responsables politiques assument leurs responsabilités. Or, ils ne forment pas de gouvernement, ne résolvent pas les problèmes économiques, n’offrent pas des possibilités d’emploi aux Libanais.

Q: Concrètement que faut-il faire pour que les Libanais ne quittent pas le pays ?

R: Il faut améliorer les conditions économiques dans le pays. Il faut que les Libanais puissent vivre dignement et trouver un travail. Il faut aussi leur assurer la sécurité. Il n’est pas possible que des armes soient dispersées un peu partout. Au Liban, pour n’importe quelle raison, on tire et on tue. La vie a une valeur. Il faut donc un État neutre, un État fort avec sa propre armée, ses institutions qui garantissent sa souveraineté dans tout le pays,  qui assure la sécurité de tous ses citoyens, qui leur permette d’avoir une vie normale au plan économique et social. C’est cela l’État neutre que nous prônons, l’État tel qu’il était pendant les 50 premières années avant qu’il ne dégringole.

Q: Le Liban, « pays message » de Jean-Paul II, est-ce toujours de mise ?

R: Bien sûr, cela fait partie de la nature même du Liban. Notre pays est pluriculturel, multiconfessionnel, il  est unique dans tout le Moyen-Orient. Dans les pays arabes, la culture est différente de celle du Liban. Dans le monde arabe, il y a une seule religion, un seul parti, une seule opinion. C’est l’unicité ailleurs, mais chez nous c’est la multiplicité. Le Liban reconnait toutes les libertés civiles et en premier lieu la liberté de culte et de croyance. Il est prévu dans la Constitution que vous pouvez changer de religion. Nous avons la démocratie. Toutes les cultures et les religions se rencontrent dans ce pays. C’est un lieu de dialogue. Tout les pays de la région ont besoin du Liban, car ici leurs ressortissants respirent la liberté. Tout le monde aime le Liban mais il faut aussi que le Liban s’aime lui-même.

Q: Comment le Vatican aide-t-il le Liban à rester un « pays message » ?  

R: Le Vatican est un État avec une valeur morale, il a ses nonces et ses nonciatures apostoliques dans 165 pays. Il peut soutenir et défendre la question libanaise dans les rapports qu’il entretient avec les États. Il défend la question libanaise et la démocratie dans le pays. Il défend le Liban pluriculturel, pays de rencontre et de dialogue. Le Vatican, tout comme la communauté internationale, attend que le Liban défende sa propre cause.


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.