FMI et G20 s'attaquent au problème mondial des pénuries de produits

Un cargo se dirige vers le port de Bayonne, le 13 octobre 2021 à , New Jersey. (Photo, AFP)
Un cargo se dirige vers le port de Bayonne, le 13 octobre 2021 à , New Jersey. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 14 octobre 2021

FMI et G20 s'attaquent au problème mondial des pénuries de produits

  • Les perturbations des chaînes logistiques sont telles que le président américain Joe Biden a poussé le port de Los Angeles à accepter de travailler davantage la nuit et les week-ends
  • Plusieurs entreprises, dont Walmart, FedEx et UPS, se sont aussi engagées à travailler plus la nuit pour accélérer l'acheminement de leurs conteneurs hors des ports

WASHINGTON : Les dirigeants des pays industrialisés, à Washington pour les réunions du FMI, du G20 et du G7 Finances, ont promis mercredi de s'attaquer aux problèmes de logistique qui créent des pénuries de produits de consommation courante, alimentant l'inflation et ralentissant la croissance mondiale.

Les problèmes d'approvisionnement, provoqués par un rebond de demande de transport logistique avec la reprise post-pandémie et par des pénuries de main d'œuvre, touchent de nombreux pays et ont conduit le Fonds monétaire international à réviser à la baisse les prévisions de croissance des Etats-Unis, de la Chine, de l'Allemagne ou encore du Royaume-Uni.

"Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G7 sont convenus de travailler ensemble pour surveiller les pressions sur les chaînes d'approvisionnement", ont-ils annoncé dans un communiqué à l'issue d'une réunion dans la capitale américaine.

Les perturbations des chaînes logistiques sont telles que le président américain Joe Biden a poussé le port de Los Angeles, où arrivent 40% des conteneurs destinés aux Etats-Unis, et le syndicat américain des dockers, à accepter de travailler davantage la nuit et les week-ends pour réduire les files d'attente qui freinent la livraison de nombreux produits.

Plusieurs entreprises, dont Walmart, FedEx et UPS, se sont aussi engagées à travailler plus la nuit pour accélérer l'acheminement de leurs conteneurs hors des ports.

Ces mesures "vont changer la donne", a commenté Joe Biden, ajoutant que les Etats-Unis "ne devraient plus jamais être dans l'incapacité de fabriquer" les produits dont ils ont besoin à cause de pénuries.

Les goulets d'étranglement vont peser sur la dynamique de croissance "dans les mois et les années qui viennent", avait déploré plus tôt le ministre français des Finances Bruno Le Maire.

"La réponse tient en un seul mot: l'indépendance", a-t-il ajouté, en référence à la dépendance actuelle des industries occidentales vis-à-vis de l'Asie.

Avec les prix de l'énergie, cette question était au coeur des réunions du G7 et du G20.

Le ministre britannique des Finances Rishi Sunak a, lui, appelé le G7 Finance, dont il tient la présidence jusqu'à la fin de l'année, à une action mondiale face à cette crise.

Alors que son pays est particulièrement affecté par ces dysfonctionnements, par ailleurs aggravés par le Brexit, M. Sunak plaide pour une meilleure "coordination" pour rendre les chaînes d'approvisionnement "plus résilientes".

"Nos estimations suggèrent que 8,5% du transport mondial de conteneurs est bloqué dans ou autour des ports, c'est le double de janvier", a indiqué David Malpass, le président de la Banque mondiale. Ces perturbations font grimper le coût des marchandises et les frais d'expédition, des hausses qui parfois, pour lui, "ne seront pas transitoires".

Transition énergétique

La remise en route des chaînes d'approvisionnement "va prendre du temps", a estimé de son côté le gouverneur de la Banque centrale italienne Ignazio Visco au cours d'une conférence de presse du G20 dont l'Italie à la présidence.

Mais il s'attend à ce que, dans les mois à venir, les goulets "s'estompent et les prix diminuent".

Il a toutefois reconnu qu'il y avait "débat" au sein du G20 sur la possibilité que, pour certains produits, les problèmes d'approvisionnement s'enracinent.

"Nous devons comprendre s'il y a des facteurs plus structurels", a-t-il noté.

De nombreux produits se font rares dans les magasins notamment aux Etats-Unis, des vélos aux balles de tennis en passant par les téléphones portables.

Les causes du problème sont multiples. La production est encore régulièrement perturbée par des pics de contaminations depuis le début de la pandémie de Covid-19 alors que la demande est forte.

De plus, de nombreuses entreprises peinent à recruter pour des postes essentiels dans la chaîne d'approvisionnement, des manutentionnaires aux chauffeurs-routiers.

Grand sujet d'inquiétude pour les gouvernements: ces perturbations alimentent la hausse des prix, notamment ceux de l'énergie.

Face à des prix qui pèsent sur les ménages, le FMI a recommandé mercredi de prendre des mesures ciblées pour aider les foyers les plus pauvres et de ne pas recourir à des subventions généralisées qui sont "très coûteuses et profitent aux ménages riches".

De plus, "elles conduisent à des incitations très négatives pour l'environnement" en soutenant la consommation d'énergies polluantes, a souligné Paulo Medas, un responsable du FMI.

"Nous avons besoin d'accélérer la transition énergétique pour devenir moins dépendants aux énergies fossiles, c'est la seule solution de long terme" aux problèmes de la volatilité des prix, a souligné Bruno Le Maire.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".