Qui est Yoshihide Suga, l’autodidacte devenu Premier ministre du Japon ?

Suga hérite d'un grand nombre de défis majeurs (Photo, AFP).
Suga hérite d'un grand nombre de défis majeurs (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 17 septembre 2020

Qui est Yoshihide Suga, l’autodidacte devenu Premier ministre du Japon ?

  • Yoshihide Suga, âgé de 71 ans et le fils d'un agriculteur, était un proche allié de son prédécesseur, Shinzo Abe
  • Bien qu'il ait joué un rôle clé dans la politique japonaise ces dernières années, Suga a peu de liens étroits avec les dirigeants étrangers

Yoshihide Suga a obtenu mercredi la majorité des voix au parlement japonais, devenant le 99ème Premier ministre de son pays. Le chef du Parti libéral démocrate (PLD), âgé de 71 ans, était depuis longtemps considéré comme le favori pour succéder à Shinzo Abe, Premier ministre depuis 2012. Abe a annoncé le mois dernier qu'il démissionnait en raison de problèmes de santé liés à la colite, une maladie inflammatoire de l'intestin avec laquelle il vit depuis un certain temps.

Suga, qui a été officiellement élu chef du PLD lundi, a été le bras droit d’Abe pendant près d’une décennie, en tant que secrétaire de son cabinet. Son rôle est devenu plus important en avril 2019 lorsqu'il a annoncé que le nom de la nouvelle ère impériale du Japon, qui a commencé le mois suivant, serait « Reiwa », qui signifie ordre et harmonie. En conséquence, il a gagné le surnom de « Oncle Reiwa » parmi le peuple japonais.

Il a également aidé Abe à mettre en œuvre « Abenomics », une série de politiques au cours des huit dernières années visant à améliorer l'économie japonaise. Il a tenu des conférences de presse deux fois par semaine et géré la bureaucratie complexe du Japon.

Suga hérite de plusieurs défis majeurs, notamment une crise économique et la pandémie de coronavirus en cours. Il devra également poursuivre le travail accompli par Abe pour développer la politique étrangère du Japon.

Au niveau international, Suga entretient peu de relations étroites avec d'autres leaders mondiaux. Il a admis lors d’une récente conférence de presse qu’il serait difficile d’égaler les progrès de son prédécesseur dans l’établissement de relations personnelles avec d’autres dirigeants, tout en insistant sur l’importance des relations fondées sur la confiance, nécessaires aux rapprochements entre nations.

Il devrait suivre l'exemple d'Abe en adoptant une vision objective de la politique étrangère et en cultivant de bonnes relations avec les voisins du Japon, notamment les deux Corées et la Chine. On estime aussi qu’il continuera à renforcer les relations du Japon avec les États-Unis.

Malgré le peu de contacts noués avec les dirigeants arabes, Suga devrait maintenir des liens étroits avec la région pour un certain nombre de raisons, la plus importante étant les importations de pétrole sur lesquelles le Japon compte énormément.

Cinq pays arabes ont fourni environ 95,2% du pétrole importé par le Japon en juin, l'Arabie saoudite ayant expédié à elle seule 22,9 millions de barils, soit 39,8% du total des importations nipponnes en hydrocarbures.

Suga, qui est le fils d'un cultivateur de fraises, est connu pour être pragmatique et un excellent négociateur en coulisses. Il est entré en politique peu de temps après avoir obtenu son diplôme de l'Université Hosei de Tokyo, lorsqu'il s'est présenté au conseil municipal de Yokohama, la capitale de la préfecture de Kanagawa. Selon les informations biographiques fournies par le PLD, le jeune Suga n’ayant pas assez de relations ou d'expérience politiques, faisait du porte-à-porte lors de campagne électorales, visitant environ 300 foyers par jour - 30 000 au total. Il aurait usé six paires de chaussures juste avant le jour du scrutin.

Contrairement à son prédécesseur dont le père était ministre des Affaires étrangères, Suga est un autodidacte. Son alliance avec Abe est intervenue grâce à la connivence de leurs points de vue sur le retour des citoyens japonais qui avaient été enlevés par la Corée du Nord dans les années 70 et 80. Suga a depuis soutenu Abe tout au long de son mandat de Premier ministre.

Suga a joué un rôle clé dans plusieurs accords commerciaux internationaux d’envergure, y compris avec l’UE, et a aidé Abe à ouvrir le marché alimentaire japonais à davantage de produits étrangers.

Il a également à son actif un bon nombre d’initiatives dont la restructuration des principales banques régionales pour les aider à alléger leur endettement et une réduction des frais de téléphonie mobile.

Selon le journal japonais Mainichi, Suga est un « bourreau de travail ». Sa routine quotidienne comprendrait un réveil à 5 heures du matin, suivi d'une heure à consulter les informations, puis d'une marche de 40 minutes. Il fait également 100 abdominaux chaque matin. Il est à son bureau à 9 heures du matin et y reste jusque tard dans la soirée. Il rencontre ensuite des politiciens ou des universitaires au cours d'un dîner pour discuter des politiques et obtenir leur point de vue.

En dehors du travail, il aime emmener ses collaborateurs pour des crêpes, étant un grand amateur de sucreries.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

Japon: les principaux candidats à la succession d'Abe
Par Etienne BALMER et Mathias CENA/AFP -

La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com