All What I Want is Life: des photographes du Moyen-Orient racontent les manifestations de la région qu’ils ont pu couvrir

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Publié le Jeudi 17 septembre 2020

All What I Want is Life: des photographes du Moyen-Orient racontent les manifestations de la région qu’ils ont pu couvrir

  • La photographie signée Lana Haroun d’Alaa Saleh, la « reine nubienne », est devenue virale sur les réseaux sociaux : elle s’est mise à incarner quatre mois de manifestations de rue
  • L’exposition révèle les émotions communes et les désirs de changement qui lient tous les manifestants et les photographes qui documentent ces mouvements

DUBAÏ: Un homme se tient dans la rue ; il tend les mains en l’air avec colère. D'autres hommes, par groupes l'entourent; gesticulant avec ferveur. Certains arborent le drapeau algérien avec son incontournable étoile rouge. La photo en noir et blanc, du photographe algérien Fethi Sahraoui, capture les manifestants algériens du Hirak qui sont descendus dans la rue en février 2019 pour exiger la démission immédiate d'Abdelaziz Bouteflika. La photographie de Sahraoui résume un moment historique du chemin de l’Algérie vers la transformation politique.

«En tant que citoyen algérien, avant même de devenir photographe, j'ai développé un lien particulier avec les manifestants», explique Sahraoui à Arab News depuis Alger. «Ensuite, j'ai commencé à prendre des photos. C'était ma façon de documenter ce qui se passait autour de moi. Je suis issu d'une génération qui a été trahie par les politiciens. Pendant de nombreuses années, les Algériens ont évité de parler politique, mais maintenant les jeunes parviennent à orchestrer un mouvement pour le changement.»

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Amir Hazim, exposition All What I Want is Life (2020), Gulf Photo Plus. (Photo Fournie)

Dans All What I Want is Life, une exposition récente à Gulf Photo Plus sur l’avenue Alserkal de Dubaï, des œuvres de photographes du Moyen-Orient présentent des scènes de la vague de manifestations récentes dans la région. Le titre est inspiré d'un des nombreux messages gravés sur les murs de Bagdad ravagée par la guerre – All what I want is life – sur l'un des sites où se sont déroulées des manifestations. Le message est celui qui révèle les émotions communes et les désirs de changement qui lient tous les manifestants ainsi que les photographes qui documentent ces mouvements dans l'exposition. 

Des images et des vidéos qui immortalisent les récentes manifestations au Liban, en Irak, en Algérie et au Soudan sont exposées. Leur pouvoir réside dans leur capacité à créer un héritage de ces temps de changement et à préserver l'éthique du mouvement de protestation.

«Les manifestations dans le monde arabe qui ont débuté en 2019 sont le résultat d'un ensemble complexe de circonstances et d’héritages. Cette nuance se perd souvent dans un post sur Facebook, un article de journal ou un tweet, explique Mohamed Somji, photographe et fondateur de Gulf Photo Plus. Notre exposition présente toute la variété des perspectives visuelles des photographes de ces villes, qui, nous l'espérons, offre une histoire plus complète et complexe que celle qui est présentée dans les médias traditionnels.»

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Abdo Shanan, exposition All What I Want is Life (2020), (2020), Gulf Photo Plus. (Photo Fournie)

L'année 2019 a vu des mouvements de protestation à travers le Moyen-Orient qui ont exigé un changement des régimes politiques actuels. Ces cris des citoyens cherchaient à mettre fin à des années de corruption, d'inégalité économique et de politiques perturbatrices, de division et d'exclusion. Presque tous ces mouvements se sont poursuivis jusqu'en 2020. Un changement total et durable reste à venir.

«Couvrir les manifestations me semblait un devoir même si au début j'hésitais, ajoute Sahraoui. L'Algérie a traversé une guerre civile sanglante dans les années 1990 et je suis né au milieu des années 90! J'ai grandi pendant la guerre civile et les traumatismes nous entouraient. Au début des manifestations, nous craignions qu'elles ne deviennent violentes. Mais ça ne s’est pas produit. Les manifestants étaient pacifiques mais cela n’a pas attiré les médias occidentaux. Ces derniers ont couvert le début des manifestations qu'au début, mais lorsqu'elles se sont révélées largement pacifiques, sans violence ni affrontements politiques, la communauté internationale s’en est désintéressée.»

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Roi Saade, exposition All What I Want is Life (2020), Gulf Photo Plus. (Photo Fournie)

Le photographe irakien Amir Hazim couvre les manifestations à Bagdad depuis octobre 2019, lorsque les manifestants se sont rendus dans des lieux publics tels que la place Tahrir pour exprimer leur besoin de changement et leurs griefs contre le gouvernement irakien. Hazim entendait les cris des gens assiégés qui hurlaient, exigeant une vie nouvelle après des années de corruption, de chômage et de pauvreté.

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Lana Haroun, exposition All What I Want is Life (2020), Gulf Photo Plus. (Photo Fournie)

«Le fait de participer aux manifestations et de les documenter à travers mes photos a été l'un des événements les plus marquants pour moi, se confie Hazim, 23 ans. C'était nouveau pour moi et pour ma génération d'aller protester contre notre gouvernement. C'était passionnant, mais aussi dangereux. C'est un choix que vous faites dès le jour où vous décidez d'aller photographier les gens.»

Pour lui, le fait de prendre des photos des manifestations offre des «témoignages visuels» et constitue en soi une forme de protestation. «Ces photographies m'ont fait me sentir plus connecté à ma communauté. », a-t-il déclaré à Arab News. «Vous êtes aux premières loges pour voir la souffrance et pour entendre le besoin de changement.»

Prendre des photos lors d'une manifestation avec des dizaines de personnes avec le risque de violence à tout moment n'est pas facile.

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Myriam Boulos, exposition All What I Want is Life (2020), Gulf Photo Plus. (Photo Fournie)

«J'ai dû ajuster mon appareil photo très vite pour capturer ces moments. Je n’étais absolument pas dans ma zone de confort, ajoute-t-il. C'était aussi la première fois que j'utilisais l'appareil photo que j'avais acheté après avoir obtenu mon diplôme dans le cadre des manifestations. Je veux que les visages et les sentiments des manifestants restent dans l’histoire.»

C’est la musicienne et photographe soudanaise Lana Haroun qui a capturé l’image de cette manifestante devenue la « reine nubienne » du Soudan. La femme est Alaa Saleh, 23 ans, étudiante en ingénierie et architecture de la capitale soudanaise de Khartoum, photographiée par Haroun alors qu'elle se tenait au sommet d'une voiture vêtue de blanc, la main droite levée au-dessus de la tête avec un doigt tendu pointant au-dessus, exigeant un changement.

«Elle appelait au changement», décrit Haroun, qui se rappelle que, ce 8 avril 2019, elle a rapidement sorti son téléphone et pris la photo de Saleh. En quelques heures, l’image est devenue virale sur les réseaux sociaux : elle s’est mise à incarner quatre mois de manifestations de rue contre le régime autoritaire du président Omar al-Bashir.

Quelques jours plus tard, le 11 avril 2019, Bashir était évincé.

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Salih Basheer, exposition All What I Want is Life (2020), Gulf Photo Plus. (Photo Fournie)

«Je voulais donner une image réelle de ce qui se passait lors de ces manifestations et m'éloigner des fausses nouvelles dans le pays, explique Haroun. Sans photos ni vidéos, personne n’aurait su la vérité.»

Haroun raconte combien ont eu peur d'aller aux manifestations. «Certaines personnes sont mortes, mais parfois vous devez vous sacrifier pour la vie que vous voulez vivre», ajoute-t-elle.

En 1999, le célèbre intellectuel palestinien Edwards Saïd a dénoncé ce qu'il a appelé l'état «désorganisé» de la mémoire collective arabe. Il y avait alors un manque de documentation et de conservation de registres. Mais aujourd'hui, le Moyen-Orient, notamment à travers la voix de sa jeunesse, a tourné une page. À la fin d’une des décennies les plus mouvementées de l’histoire de la région, le citoyen ordinaire prend son destin en main. Il veut écrire son propre avenir. Et ces artistes ont donné à leur voix une place dans l'histoire.

Consultez les photos de l'exposition en ligne sur gulfphotoplus.com

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.


Layali Diriyah réchauffe le cœur historique du Royaume

Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
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  • L’événement constitue un pilier de la Diriyah Season, célébration vibrante de la culture saoudienne
  • La gastronomie y occupe une place majeure, avec un large éventail de cuisines saoudiennes et internationales

​​​​​​RIYAD : Layali Diriyah est de retour comme pièce maîtresse de la Diriyah Season de cette année, attirant les visiteurs vers un Al-Murayih transformé en une célébration en plein air de la culture, de la cuisine et de l’artisanat saoudiens.

L’événement se tient tous les jours de 17h à 2h du matin jusqu’en mars 2026. Des allées bordées de palmiers illuminées de guirlandes scintillantes instaurent une atmosphère mêlant l’héritage traditionnel najdi à la créativité saoudienne contemporaine.

Pour de nombreux visiteurs, le cadre lui-même fait partie de l’expérience. Shatha Abdulaziz, une visiteuse, a confié à Arab News : « Mon expérience a été merveilleuse et très agréable. Ce qui m’a réellement impressionnée, c’est l’atmosphère paisible, le thème traditionnel, l’organisation et les détails.

« Bien que je sois déjà venue lors des saisons précédentes, je pense qu’il y a eu une amélioration significative cette année. »

La gastronomie est un attrait majeur, avec un large choix de cuisines saoudiennes et internationales, dont des spécialités italiennes et méditerranéennes proposées par des restaurants exclusifs présents cette année.

« Ce fut une excellente expérience », a déclaré le visiteur Mohammed Fahad, ajoutant que l’attention portée aux détails était remarquable, tout comme « l’authenticité historique dans chaque recoin de Diriyah Nights ».

Il a ajouté : « Cela mêle véritablement le présent et le passé avec une touche raffinée et artistique. »

Des boutiques et stands proposent des articles en édition limitée à ceux en quête d’une expérience de shopping singulière.

Rawan Alsubaie, habituée de Diriyah mais présente à Layali Diriyah pour la première fois, a souligné le caractère exclusif des produits.

Elle a expliqué : « J’ai regardé certaines boutiques et stands et je les ai trouvés uniques, avec des produits introuvables en dehors de Diriyah Nights.

« Il y a des parfums que je n’ai trouvés nulle part ailleurs. J’ai même demandé aux commerçants s’ils avaient d’autres points de vente, mais ils m’ont dit que non, ce que je trouve remarquable.

« Je suis venue en m’attendant à découvrir quelque chose d’exceptionnel et, effectivement, l’endroit est magnifique, surtout durant la saison hivernale. C’est parfait. »

La Diriyah Season de cette année continue de mettre en valeur la richesse de l’héritage najdi tout en embrassant la créativité qui façonne l’Arabie saoudite moderne.

À travers des spectacles, des expositions et des expériences immersives, les visiteurs découvrent les traditions qui définissent Diriyah, ainsi que l'énergie qui anime son renouveau culturel.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com