L'équipe Macron a «trahi» Bayrou en 2017 et tenté de l'acheter, selon deux journalistes

Emmanuel Macron (g) et François Bayrou, à Pau, en janvier 2020. (Photo, POOL NEW / REUTERS)
Emmanuel Macron (g) et François Bayrou, à Pau, en janvier 2020. (Photo, POOL NEW / REUTERS)
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Publié le Dimanche 17 octobre 2021

L'équipe Macron a «trahi» Bayrou en 2017 et tenté de l'acheter, selon deux journalistes

  • «Si vous n'avez le nombre de députés on peut vous garantir des ressources»
  • «Mais ce sont des pratiques que nous n'avalisons pas», a ajouté François Bayrou, précisant que pour lui, Emmanuel Macron «n'est pas dans les petites manoeuvres»

PARIS : Complété avec une citation de François Bayrou au JDD, selon laquelle son parti a "repoussé toute compensation financière" de LREM dans les négociations sur les circonscriptions en 2017


"Trahi" par l'équipe d'Emmanuel Macron sur la place du Modem à l'Assemblée en 2017, son allié François Bayrou s'est vu proposer un dédommagement financier qu'il a refusé, affirment les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans leur livre "Le traître et le néant".


Les auteurs, qui précisent avoir prévenu la centaine d'interlocuteurs qu'ils enregistraient leurs entretiens, citent François Bayrou expliquant qu'il a passé un accord avec Emmanuel Macron peu de temps après son élection en mai 2017 pour se répartir les 577 circonscriptions, dont 144 pour le Modem.


Mais le lendemain le secrétaire général du parti LREM Richard Ferrand n'annonce que 16 circonscriptions pour le Modem. François Bayrou voit rouge mais Emmanuel Macron reste silencieux. François Bayrou "est revenu à la charge et puis finalement il a grappillé" des circonscriptions et obtenu une cinquantaine de sièges de députés, résument les auteurs auprès de l'AFP.


Surtout, certains macronistes ont "sous-entendu qu'ils pouvaient payer, nous donner de l'argent pour compenser", écrivent Gérard Davet et Fabrice Lhomme en citant François Bayrou qui calcule, selon eux, la somme de "quatre millions d'euros".


Interrogé par l'AFP, l'entourage de Richard Ferrand, devenu depuis président de l'Assemblée nationale, dit qu'il n'est "pas au courant" qu'un tel marché ait pu être proposé.


"Il y a eu ce moment de tension autour du nombre de députés que nous allions avoir et en effet des mots malheureux ont été prononcés en disant +si vous n'avez le nombre de députés on peut vous garantir des ressources+", a de son côté expliqué mercredi François Bayrou, interrogé sur Europe 1.


"Mais ce sont des pratiques que nous n'avalisons pas", a-t-il ajouté, précisant que pour lui, Emmanuel Macron "n'est pas dans les petites manoeuvres" et qu'il revotera "évidemment" pour lui s'il se présente en 2022.


"Toute proposition de compensation financière, bien que commune et légale entre partis politiques, a été repoussée par nous sans discussion", a complété dimanche François Bayrou dans une interview au Journal du Dimanche.


Au-delà de cet épisode, les auteurs ont rencontré de nombreux interlocuteurs qui se sont sentis "trahis" par le chef de l'Etat, dont en premier lieu l'ex-président socialiste François Hollande, mais ils n'ont pas eu accès à Emmanuel Macron ni à sa garde rapprochée.


Dans leur enquête, ils soulignent les procédures judiciaires qui semblent "enterrées" sur la vente contestée d'Astom à General Electric quand Emmanuel Macron était ministre de l'Economie (2014-2016). Ils s'interrogent sur la nomination d'Eric Dupond-Moretti à la tête du ministère de la Justice sur fond d'"intérêts conjoints" de l'ex-président Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron.


Ils retiennent de leur enquête sur Emmanuel Macron "un opportuniste habité par son destin, comme dit Alain Minc" avec "une conception du pouvoir qui décrédibilise les contre-pouvoirs" et qui "atomise les oppositions".


Une conception qui accentue le phénomène "d'un pays déboussolé" qui n'a "plus qu'un choix qui sera entre l'extrême droite et un homme raisonnable", résument pour l'AFP les deux journalistes.


Selon eux, il y a les pro-Macron, comme Benjamin Griveaux qui "sont convaincus que cette stratégie est "brillantissime" car les électeurs "choisiront toujours le raisonnable". "Et puis vous avez tous les autres qui sont nombreux, qui nous disent: mais c'est hyper dangereux" parce que "si les gens en ont marre de toi, c'est le chaos".


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).