Démission surprise du président de la Bundesbank, figure de l'orthodoxie monétaire

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Publié le Jeudi 21 octobre 2021

Démission surprise du président de la Bundesbank, figure de l'orthodoxie monétaire

  • Le mandat de Jens Weidmann, le second depuis 2011 et qui devait s'achever en 2027, est marqué par la perte d'influence de Berlin sur la politique de la BCE
  • Le patron de la «Buba» était le chef de file des «faucons», face aux «colombes» plus laxistes au sein du Conseil des gouverneurs de la BCE

FRANCFORT : Coup de tonnerre dans l'univers feutré des banques centrales: l'influent président de la Bundesbank allemande, Jens Weidmann, figure de l'orthodoxie monétaire, va quitter son poste bien avant la fin de son mandat et à un moment clé pour l'avenir de la politique monétaire européenne.

L'annonce de son départ, au 31 décembre, intervient également au moment où l'Allemagne s'apprête à tourner la page Angela Merkel, à laquelle était liée la carrière de ce banquier central qui a incarné l'obsession du pays pour la lutte contre l'inflation.

"Je suis arrivé à la conclusion qu'après plus de 10 ans, c'est le bon moment pour ouvrir un nouveau chapitre - pour la Bundesbank (la Banque fédérale d'Allemagne), mais aussi pour moi personnellement", écrit le président de la "Buba", âgé de 53 ans, dans une lettre aux salariés de l'institution.

Son mandat, le second depuis 2011, n'aurait dû s'achever qu'en 2027.

La démission de M. Weidmann sonne comme un aveu d'échec pour ce chef de file des "faucons" prônant l'orthodoxie monétaire, face aux "colombes" plus laxistes au sein du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

Arrivé à la tête de la banque centrale allemande en pleine crise de l'euro et de la dette grecque, il n'a pu empêcher, en une décennie, la perte d'influence de l'Allemagne sur la politique monétaire menée par la BCE.

Ses réticences face au cap expansionniste pris par la BCE ces dernières années se font encore sentir dans sa lettre de départ :

Il est "crucial de ne pas perdre de vue les risques d'inflation potentiels", qui suggèrent une politique monétaire plus restrictive, écrit-il.

La politique monétaire doit en outre "respecter son mandat étroit et ne pas se laisser entraîner par la politique budgétaire ou les marchés", plaide M. Weidmann.

Jens Weidmann préfère se retirer avant un nouveau round de discussions délicates entre les 25 membres du conseil des gouverneurs de la BCE sur la stratégie monétaire dans un contexte de poussée inflationniste, estime un proche auprès de l'AFP.

Sa décision de partir était même acquise dès cet été, mais il en a retardé l'annonce pour ne pas interférer dans la campagne des élections législatives allemandes du 26 septembre, ajoute cette source.

Le responsable allemand aura été un candidat malheureux à la présidence de la BCE en 2019 face à Christine Lagarde, qui a dit "respecter" mais "regretter aussi énormément" l'annonce du départ de M. Weidmann, en qui elle voit un "bon ami".

L'ancienne ministre française loue notamment sa "volonté de trouver un compromis", qui s'est dernièrement manifestée quand la BCE a adopté, après débats, une nouvelle stratégie révisant la cible d'inflation.

Même regret exprimé par Angela Merkel, dont M. Weidmann fut conseiller pour l'économie : elle a salué "son travail durant des années qui ont été très difficiles en termes de politique monétaire et de budgétaire".

"Le camp des faucons perd une voix importante", commente de son côté Carsten Brzeski, économiste chez ING. Une voix qui "a souvent été incapable de faire accepter ses idées au Conseil de la BCE", relève Jörg Krämer, chez Commerzbank.

M. Weidmann plaide déjà depuis plusieurs mois pour que l'institut se prépare à resserrer la vis du crédit après avoir déployé un arsenal de mesures exceptionnelles de soutien face à la crise du coronavirus.

Mais le banquier allemand a aussi su "jouer collectif" en 2020 quand il a fallu en urgence assouplir la politique monétaire face à la pandémie, d'où l'importance "de savoir qui lui succédera", note Frederik Ducrozet, stratégiste chez Pictet Wealth Management.

La désignation de son successeur s'annonce comme l'une des premières décisions fortes du gouvernement, probablement dirigé par le centriste Olaf Scholz, qui prendra la suite de l'équipe d'Angela Merkel.

Vainqueur des élections, le parti social-démocrate (SPD) négocie actuellement avec les Verts et libéraux du FDP la formation d'une coalition qui pourrait adopter une orientation moins rigide côté politique budgétaire.

Mais le FDP, attaché à l'orthodoxie financière, a souligné qu'il souhaitait "la continuité" au sommet de la Bundesbank, augurant de discussions délicates avec ses partenaires.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.