Au Liban, la fuite désespérée loin de la misère sur les barques de la mort

Khaled Abdallah, 47 ans, migrant libanais rapatrié de Chypre après une traversée clandestine avortée. Il se promet de recommencer. (Ibrahim Chalhoub/AFP)
Khaled Abdallah, 47 ans, migrant libanais rapatrié de Chypre après une traversée clandestine avortée. Il se promet de recommencer. (Ibrahim Chalhoub/AFP)
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Publié le Vendredi 18 septembre 2020

Au Liban, la fuite désespérée loin de la misère sur les barques de la mort

  • "Nous avons vu la mort devant nos yeux, alors que les enfants pleuraient tout le temps", raconte un rescapé qui envisage déjà une nouvelle tentative d'émigration clandestine
  • Selon la Banque mondiale, plus de 50% de la population au Liban vit sous le seuil de la pauvreté, sur fond d'une forte dépréciation, d'une hyperinflation et de licenciements massifs

TRIPOLI, LIBAN : Le jour où son mari a pris le large à bord d'une barque clandestine pour fuir la pauvreté sévissant dans le nord du Liban, Souad Mohamad ne s'attendait pas à ce qu'il soit avalé par les vagues avant d'atteindre Chypre.

"J'attends la dépouille de mon époux", lâche en pleurs la femme de 27 ans.

D'après sa famille, son mari syrien, Chadi Ramadan, avait embarqué à bord d'un bateau clandestin à destination de l'île de Chypre, membre de l'Union européenne et située à 160 km du Liban, qui s'est perdu en mer avant d'être sauvée lundi par la Force intérimaire des Nations-Unies au Liban (Finul), avec 37 personnes à bord, dont un mort.

L'immigration clandestine a récemment augmenté au Liban, pays en plein naufrage économique amplifié par la pandémie de Covid-19 et une instabilité politique.

Selon la Banque mondiale, plus de 50% de la population vit sous le seuil de la pauvreté, sur fond d'une forte dépréciation, d'une hyperinflation et de licenciements massifs.

Début septembre, les autorités chypriotes ont dit avoir intercepté cinq bateaux en quelques jours, avec à leur bord plus de 150 migrants.

"Bloqués en mer"

"Chadi souffrait de diabète et de convulsions. Il n'avait ni père ni mère. Il avait fui le Liban à cause de la pauvreté pour nous procurer de l'argent", raconte Souad.

A Tripoli, l'une des villes les plus pauvres du Liban, ce père de deux enfants, âgé de 35 ans, travaillait comme vendeur ambulant moyennant 20.000 livres (2,2 euros) par jour.

Il avait décidé de tenter la traversée avec des proches de sa femme, dont deux enfants qui sont décédés, faute de nourriture et d'eau, et dont les dépouilles ont été jetées à l'eau, explique Ziad al-Bira. Selon ce proche de Souad, M. Ramadan et une autre personne ont disparu.

Le navire avait quitté le port de Minié le 7 septembre, après que chaque passager a versé cinq millions de livres (560 euros) à un "passeur", raconte Ziad.

Parmi les rescapés sauvés par la Finul, 25 étaient syriens, huit libanais et trois d'autres nationalités, selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés.

"Ils ont été empêchés de transporter leurs affaires qui contenaient de l'eau, de la nourriture et du lait pour enfants", ajoute Ziad.

Les passagers sont ainsi restés "bloqués en mer sans guide, tandis que tout contact avec eux s'est interrompu (...) jusqu'à ce que la Finul les repère", poursuit-il.

Selon lui, le mari de Souad aurait nagé pour tenter de trouver un moyen de sauvetage après la mort des deux enfants "mais il n'est pas revenu".

Un autre membre de la famille, Mohamad, 27 ans, aurait fait de même avant de disparaître aussi.

"Mon fils était au chômage, il s'est enfui à mon insu", raconte son père Khaldoun, 54 ans.

"Le passeur n'a eu de cesse de nous rassurer que le bateau était arrivé à bon port jusqu'à ce que nous découvrions au bout de trois jours qu'il nous avait bernés", déplore-t-il.

Depuis, des membres de la famille tentent en vain d'entrer en contact avec le passeur, un habitant de Tripoli qui a désormais disparu. Trois plaintes ont été déposées par la famille jusqu'ici.

"Fuir de nouveau"

Malgré les risques encourus, des dizaines de personnes ont pris le large en septembre pour échapper à la misère rampante au Liban.

Khaled Abdallah et Mohamad al-Khanji ont décidé avec un groupe d'acheter une barque, en déboursant chacun 2,5 millions de livres (280 euros).

Après 40 heures passées en mer, leur navire a été intercepté par la marine chypriote et renvoyé au Liban.

Khaled, 47 ans, travaillait "17 heures par jour" comme gardien dans une école moyennant environ trois euros. 

Il dit vouloir "tenter de nouveau de fuir, à tout prix".

Mohamad, vendeur ambulant de 37 ans et père de deux enfants, a choisi de fuir après avoir été "incapable" de subvenir aux besoins de sa famille.

"Nous avons vu la mort devant nos yeux, alors que les enfants pleuraient tout le temps", raconte-t-il à l'AFP.

Mais cela ne l'empêche pas d'envisager une nouvelle tentative d'émigration clandestine.

"Soit nous arrivons, soit nous mourons rapidement", affirme Mohamad pour qui rester au Liban est "impossible": Ici "nous mourons à petit feu".


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com